Il a la peau sensible, il a l’âme en charpie.
Il est la bête sauvage, au sourire de glace.

Tu te dis qu’à force de sourire, on finit par sourire sincèrement. C’est peut-être ce que tu cherches ; le bonheur, incertain, magnifique, inégalable, qui n’existe peut-être plus ; n’a peut-être jamais existé. Tu n’es rien, rien de tout ça Agone. Tu es l’enfant sauvage, abandonné au plus jeune âge. Tu es le sourire aux lèvres qu’on n’oublie pas ; l’étoile si lumineuse à travers la nuit, qu’on ne peut s’en détacher. Tu accroches les regards, tu attires les rougeurs et les respirations saccadées.
Et peut-être que tu le sais ; peut-être que tu aimes ça. Peut-être que tu en joues.
Tu es l’apollon de ces gens ; le dieu vivant.
Vantard, prétentieux, vaniteux.
Tu es celui à qui on ne dit pas non, car tu ne le supporterais pas.

Agone, tu as les yeux aux reflets des blés, aux reflets de l’être abandonné. Rien ne te résiste, sauf toi-même. Tu ne sais pas qui tu es, tu ne sais pas où tu vas, ni même ce que tu veux. Tu es l’être faussement superficiel, pour qui la beauté est le privilège divin. Tu as le regard aiguisé devant la beauté des choses. Tu pourrais être la luxure, le désir, le plaisir. Mais tu n’es que l’enfant perdu dans un corps d’homme.

Tu es la larme égarée à la frontière d’un monde trop vaste pour la joie. Tu es l’enclume qui coule dans des abysses trop profonds que ton regard même ne peut y plonger ; tu as les yeux de l’océan, les yeux de ceux qui se noient.