les vieilles habitudes ont la vie dure et cassiopée tu devais reconnaître que ta précédente confrontation avec ollie t'avait ébranlée plus que tu ne l'admettais. et dans les poussières de ton passé s'élevait le portrait d'andy. elle lisait mieux que les autres tes moues les plus impassibles et elle savait comment te faire aller mieux depuis tellement longtemps que tu priais chaque jour pour qu'elle, au moins elle, ne te laisse jamais tomber.
le monde pouvait s'effriter à tes pieds cassiopée tant que laëstiel se tenait droite elle aussi tu avançais.

les yeux rougis par le manque de sommeil et les larmes oubliées dans le lit de ta chambre tu savais que la rouquine abandonnait son lit le plus tôt possible pour réveiller ses muscles sur la piste. difficilement cassiopée tu sors de ton cocon chaud pour affronter le froid de l'hiver

il est beacoup trop tôt en ce jour de décembre et le soleil n'est même pas encore levé. armée d'un simple manteau beaucoup trop gros les cheveux lissés lâchés en cascade dans ton dos tes talons cassiopée font tâche sur la piste ou les baskets de laëstiel résonne

« bonjour laëstiel! j'espère que je ne dérange pas ta course... je me disais que ça faisait un moment qu'on ne s'était pas vraiment parlé toi et moi » et c'était de ta faute cassiopée

le teint de ta peau le rouge de tes yeux lui envoient des signaux que quelque chose ne va pas pourtant tu n'oses pas l'importuner sur ça (et même si elle te manquait terriblement c'est pourtant pour ça que tu viens la voir)
un remord de devoir briser son harmonie tranquille cassiopée mais c'était pour t'en remettre et éviter d'encore disparaître

tu restes stoïque même si devant andy tous tes murs tombent et tu te retrouves souvent comme mise à nue lui offrant ta vulnérabilité cassiopée tes émotions et ta dévotion.
en laëstiel tu remettais toujours un jugement ultime comme si son avis primait sur celui des autres (même si le tien s'affirmait sans appel) et elle savait tout de toi alors que plus le temps passe et plus tu ne sais rien d'elle

personne ne te vois jamais fragile ou encore vulnérable mais tu affichais devant laëstiel un miroir brisé comme si la réflexion de tous tes doutes finissaient par s'évader de leur prison. et devant laëstiel tu te décomposais en espérant qu'elle te remette encore une fois sur pied. mais cette fois-ci aucune larme aucune douleur.
cassiopée tu te prétends à ce moment à la recherche de l’ataraxie comme seule définition du bonheur.

« j'ai reparlé à ollie et .... ça n'a pas bien fini » il fallait s'en douter

tu redoubles d'attache cassiopée sur ton large manteau comme s'il suffisait à te protéger. en dessous tu étais en poussière et le vent vient geler tes jambes presque nues. laëstiel habile paraissait toujours si forte et même si toi aussi, o'cesair ne se laissait plus autant dévorer par ses songes comme tu en es habituée flores

« il a réalisé que j'étais un monstre
et tu sais, je commence à croire qu'il a raison »

et alors que laëstiel te rapatrie sur les gradins (tu devais sans doute donner l'air de t’effondrer à n'importe quel instant) tu ne tiques pas quand ta chair chaude rencontre le verglas du banc. à ce moment-là rien n'était plus froid que ton âme et encore elle avait du mal à geler. tu as du mal cassiopée à discerner l’objectivité et la compassion de laëstiel. c'était fou comment dès qu'il s'agissait d'elle tu perdais tout sens du vrai et du faux. elle était pour toi un genre d'apôtre éternel qui tordait ta vérité à sa convenance. et malgré toute ton indépendance et ta volonté tu revenais toujours vers elle quoiqu'il t'arrive. tu répliques le ton mauvais (on commençait à te retrouver cassiopée)

« il m'a aperçue dans un couloir et ce connard m'a dit que je lui manquais »

c'était se faire violence que de reprendre ses mots sans penser à son visage sans penser à sa voix à son ton au désespoir dans lequel tu semblais l'avoir plongé. et foutu pour foutu il t'avait entraîné dans sa chute

« laëstiel son alice c'est une image. on éteint l'écran et il disparaît. moi je suis permanente.
puis il m'a demandé pourquoi je l'avais quitté. j'ai voulu éluder la question mais
ça faisait trop mal de le voir souffrir parce que j'ai été effrayé alors
je lui ai dit.

et il l'a mal pris. je m'y attendais après tout
il m'a insulté et ...
bref tu connais la suite »

comme si cassiopée ton alice c'était toi. mais c'était plus que les apparences cassiopée. pour toi comme pour les autres tu étais juge absolue et tu les guidais tous vers un avenir certain. ni brillant ni sombre mais tu les guidais toujours en pointant ton doigt au loin

c'était touchant la candeur dans ses yeux l'ingénuité de ses pensées. laëstiel n'avait pas eu la chance de se brûler pour apprendre et si toi cassiopée tu diabolisais parfois ce que tu ne tolérais pas, laëstiel en revanche suivait aveuglement ses convictions mais ne semblait jamais apprendre de ses erreurs. mais peut-être qu'elle ne tombait jamais d'assez haut pour comprendre qu'elle chutait

« si seulement ça n'était que ça laëstiel ...
dis moi, comment tu le prendrais toi, si on te traitait ouvertement de salope manipulatrice qui ne pense qu'à jouer avec les gens puis de les jeter ? »

ta voix était devenue froide, atone. on s'attendrait à te voir pleurer devant la violence de ses propos et pourtant ton visage reste figé. seulement, quand ton impétuosité reprenait le dessus, la remarque de laëstiel adoucit tes traits. elle était toujours mignonne, o'cesair. et si elle n'avait pas toujours les mots parfaits elle savait au moins défaire les situations les plus compliquées.

« évidemment que ça m'a touché. je l'ai aimé laëstiel. et lui aussi m'a aimé. mais comment il peut dévaloriser et rabaisser quelqu'un aussi violemment alors que quelques minutes avant il prétendait m'aimer encore ? »

c'était ça le problème cassiopée. tu tombais toujours pour et avec les plus toxiques. ceux qu'on ne suspecte jamais d'être corrosif alors qu'ils dissolvent eux-même le plus puissant des acide. et toi aussi quelque-part tu n'apprenais pas de tes erreurs et tes romances étaient cycliques
malgré tout tu n'en revenais jamais plus forte qu'avant

« au moins, ollie a gagné une chanson qui lui sera dédié la prochaine fois que je me retrouverais sur une estrade.

les monstres ne sont pas tristes mais ils se vengent, tu sais »

elle avait raison. pourquoi s'arracher la peau se brûler les os pour lui faire payer le prix fort. il avait déjà tant souffert quand tu l'avais laissé. laëstiel avait raison ça serait que de te trahir que de le poignarder en retour. la tension dans ton regard semble s'évaporer doucement et la haine se change en ardeur. cette ardeur qui motive à avancer à tout détruire sur son chemin
mais sans mauvais sentiment ni aucun ressentiment

« dis moi, comment tu fais pour toujours rester si sage ? »

c'était rhétorique parce que cassiopée il n'y a jamais vraiment de réponse à t'apporter. ton souffle chaud se perd dans le froid du dehors alors que laëstiel se rapproche doucement mais sûrement de ton corps. d'un geste ancré dans la routine tu passes une main dans tes cheveux et tu remercie silencieusement celui qui t'a envoyé o'cesair pour ne jamais t'éloigner du chemin que tu t'étais auparavant tracé.

« merci laëstiel pour exister »

et puis même si c'était ton coude qui faisait pression sur la gorge d'ollie c'était toi qui avait le plus souffert à ce moment-là cassiopée. ça prendrait du temps à soigner et ça en prend toujours plus car le tissu cicatriciel est toujours plus fin qu'à chaque entaille. mais ça finira par guérir et tous seront là pour te voir irradier de vertu. c'est toi qui les guidera vers le plus beau lendemain et ça sera après ta lumière qu'ils courront
un sourire timide à tes lippes ; réconciliée avec toi-même

« tu sais il ne signifiera jamais 'rien' pour moi. seulement tu as raison. j'en ai assez de courir après le bâton qui finira toujours par revenir me tabasser. il est grand temps d'avancer »

ton instant de faiblesse touchait à sa fin. il était temps pour toi cassiopée de reprendre contenance et surtout de ne plus te laisser aller à la moindre contrariété qui se dressait sur ton chemin. tu n'avais pas fait tous ces efforts, prouvé ta valeur à autant de gens pour finalement t'effondrer quelques pas avant la sortie. il était temps de finalement remonter sur ton trône et de réaffirmer ton règne. tu étais la grande cassiopée mariposa flores et pour l'heure tu devais te réapproprier le visage de la représentante du conseil des élèves;
prouver à tous que tu méritais ce pourquoi tu t'étais ardemment battue

« oui, tu dois avoir raison. »

tu réajustes ta posture alors que laëstiel se lève du banc. tu souris à sa proposition mais tu n'étais pas en l'état de courir ce matin. tu adorais la sensation de satisfaction après un effort sportif et intensif mais malgré toute ta motivation, tu ne pouvais pas te permettre de courir avec les talons que tu avais au pied

« j'aurais adoré courir avec toi mais tu comprendras que je ne peux pas courir avec des talons. je t'attendrai sur le banc quand tu auras fini. je trouverai de quoi m'occuper pendant ce temps-là ne t'en fais pas. comme ça on pourra manger ensemble et cette fois on parlera de toi. »

tu n'étais sans doute pas la seule à vivre un quotidien mouvementé cassiopée mais tu monopolisais la discussion depuis ton interruption. il était temps de se tourner vers l'avant et comme pour marquer la renaissance de ton ascension, tu devais tirer un trait sur les chaines qui te retenaient et tu avais commencé à te libérer cassiopée.
tu adresses à laëstiel un énième sourire avant de la voir se diriger vers la piste.

haussant les épaules, tu tournes le dos à laëstiel cassiopée, tandis qu'elle retourne vers la piste, tu braves le froid une dernière fois pour te diriger vers ta chambre. cassiopée tu prends le temps de te recoiffer pour redescendre vers les douches, là où tu étais censée retrouver ton amie. c'était vrai qu'à une époque, laëstiel partageait le même rang que toi ainsi que les privilèges qui l'accompagnait. tu te contentes de lui rendre un sourire, l'oreille pas tout à fait attentive : les yeux accrochés à ton téléphone.

quand elle revient tu reportes finalement toute ton attention sur elle, tes lippes s'étirant avec malice et franchise

« pas de soucis, tu n'es pas longue de toute façon. tu sais, j'ai assez vidé mon sac ce matin, je crois que je n'ai plus de raison de me plaindre. mais toi! n'as-tu rien à me raconter ? je suis sûre qu'il a dû se passer pas mal de choses depuis la dernière fois que nous avons parlé, je me trompe ? »

la tendresse dans tes pupilles trahissait ton sourire malicieux. laëstiel n'était pas tout à fait du genre à se confier facilement sur les sujets qui la tracassait. elle ne se laissait pas abattre ni engloutir par ses tourments. toi cassiopée tu laissais quelquefois tes émotions te gagner, malgré ton tempérament posé. ta rationalité était profonde et intense mais aussi bancale. laëstiel ne laissait plus la place au doute. alors subtilement ton alice toujours actif te rendait la tâche plus facile. quelque part, à peu près personne ne pouvait vraiment se méfier de toi cassiopée; là résidait un de tes meilleurs atouts.

et la discussion reprend de plus belle, laëstiel échangeant des banalités devant le côté lisse de sa vie à elle. tu ne doutais pas qu'à l'avenir vos coversations seraient moins centrées sur toi cassiopée mais tu devais admettre que l'attention des autres te plaisaient.
la journée continuerait alors son cours sans plus de pensée qui plombe ni d'accrochage quelconque.

(fin du rp)