fut un temps où la colère n'avait pas encore sa place au creux de son estomac. fut un temps où ses illusions frivoles avaient encore lieu d'exister.
fut un temps comme aujourd'hui, où il était allongé sur le lit de son dortoir et dévorait sans modération les iris de celle qu'il appelait sa dulcinée.
ils avaient passé l'après-midi ensemble, capitonnés entre ses quatre murs, loin du bruit des couloirs et de l'extérieur. dans leur cocon d'amour fin et cruellement réel. du moins, il en avait l'impression. sous les draps de l’insouciance, tout semblait plus vrai que ça ne l'était.

t'es belle. il avait brisé le silence.
baigné des rayons de fin de journée, son corps luisait d'une beauté rare qu'il appréciait pouvoir admirer. il n'avait peut-être pas le grand vocabulaire d'un romantique, d'un poète, mais comment romancer une telle pureté? il se devait d'être direct.
non vraiment, t'es belle.
il était incapable de lui dire quelque chose d'autre. tout semblait si simple et si beau. trop beau.

fut un temps où les choses étaient réellement si faciles. fut un temps où il se tournait vers elle, lui souriait et murmurait je t'aime, cass dans le creux de son oreille.
et tout allait bien, la terre tournait et son coeur battait. sa colère était encore réprimée et insoupçonnée.
il aurait fui s'il avait su que viendra un temps où elle partirait.
tu veux qu'on fasse quelque chose ensemble ce soir?