à l'heure des éthers sombres
on sait que l'on trouvera les papillons de nuit dansant là où c'est éclaboussé de lumières
les ailes lourdes de dentelle dans des vapeurs d'éthanol -
à mille lieues des serres on accourt
auprès d'équivalents de lieux du crime où l'on se plaît à retourner pour chérir la petite satisfaction des méfaits passés,
vérifier si c'est toujours aussi parfait
(toujours - toujours s'abreuver où c'est intarissable) les traits angéliques auréolés d'anonymes - entouré d'un millier de masques cachant sûrement bien plus sain que lui -
le patronyme familier résonnant d'antan (Devray) est une invitation
frissonnant secrètement
qu'on l'appelle Ange de nouveau.
c'est vêtu de noir que l'on s'est mêlé au rose pâle
ce soir rien que ce soir, et demain - demain il laissera la foule oublier la charmante concupiscence accoudée au zinc des comptoirs. les rictus perlés d'alcool qui languissent patiemment que le halo couronnant l'Ange attire les éphémères - tout comme ces insectes le charme valsant sous les éclairages ne vit qu'une nuit à la fois
et l'on ne pensait pas que les ailes malmenées
- jamais tout à fait arrachées -
te mèneraient jusque làque tu te ferais volatile un jour ici
loin de tout près de lui, toi débordante d'émotionel bridé par des corsets de soie, drapée de somptueuses chrysalide -
collision des regards à la courbe gracieuse de tes épaules
lorsqu'au cœur d'une danse tu lances une œillade affriolante derrière toi.
Ange attrape au vol,
capture même si c'était pour un autre
c'est à lui désormais.
on avait feint dos à toi pour dévoiler une nuque facile à séduire qui finira - forcément - par se tourner, retourner à tes cotés, les chorégraphies langoureuses dans un coin de sa vision comme si ce n'était pas déjà trop tard. fleurit dans les joues le goût de l'interdit - un gorgée de whisky et puis toi
Cassandre.
il est loin le temps où tu avais de la terre sous les ongles.
qui fait éclore une risette à l'indolence chaste -
toi qui danse et qui dit bonsoir à celui que tu as appelé tant de fois,
ce soir on n'a pas le droit d'épeler
Ange -
et cette règle du jeu l'amuse, il accueille toutes tes conditions au nom des siennes
il n'appellera pas Cassandre ni
Cassie comme si souvent soufflé au creux de toi longtemps auparavant
mais c'est tout comme si c'était hier lorsqu'on mystifie les raisons entourant la présence - réminiscence du bon vieux temps.
j'ai oublié les fleurs tu ne m'en veux pas ?
c'est visiblement ce qu'il faut comme offrande à l'autel de tes bras,
offerts, pour vénérer Cassandre,
si c'est pour te voir danser comme ça je suis presque capable de revenir demain aussi.
soufflé innocemment comme si laisser valser les papillons dans les atmosphères chargées de spiritueux suffisait - tandis qu'on est venu jusqu'ici
appelle-moi comme avant et je t'appellerai toi aussi comme tu aimes tant.