Tu l'avais repéré, imprimé sa photo dans ta tête, tatoué son regard sous tes paupières. Noël Devray... Celui qui fuyait dès que tu le croisais, et à raison. Car si tu avais le temps de t'occuper de son cas, tu l'aurais déjà terminé.
Qu'il ait l'affront de sortir avec Cassandre était une chose que tu pouvais (devais) supporter. Mais qu'il ait le culot de la larguer, c'était tout de suite mon acceptable dans ton échelle de valeur.
Et parce que tu te sentais à fleur de peau avec toutes ces histoires de bal, de fêtes de fin d'année et d'état d'urgence de merde, tu avais vrillé après une bousculade de malheur.

— « Devray. »

Ta voix déraille et ton esprit s'enraye. Ton corps te lâche et tes nerfs aussi. Tu le plaques contre le mur le plus proche, bercé par les cris affolés et aiguës des poufs qui en avaient lâché leur téléphone par terre. Si on te filmait, tu perdrais ton étoile durement acquise c'était sûr. Mais si tu le laissais sans finir ce que t'avais commencé, c'était ta fierté qui allait s'échapper.

— « Je vais te le faire regretter. »

La voix caverneuse, presque bestiale. L'orage gronde dans le ciel alors que tu serres les plis de son uniforme entre tes doigts.
Tu lui mets un coup de poing dans le ventre.

— « Ça c'est pour être sorti avec ma soeur. »

Et un coup de tête qui te fit saigner. Etrangement, lui n'aurait qu'une belle bosse. Ta peau fine avait toujours été très fragile.
Et à cette pensée aléatoire, tu te remémores que Cassandre aussi marque facilement.

Dans la peau et dans le coeur.

— « Et ça c'est pour l'avoir jeté comme une merde. »

Un peu sonné par le coup que tu lui avais asséné à la tête (à l'aide de la tienne), tu avais reculé de quelques centimètres ton visage.
Si tu avais fait ça sous le coup de la colère, c'était clair qu'elle n'était toujours pas apaisé. Sa réaction était trop douce, lâche. Comme si le but qui t'animait n'avait pas d'importance. Comme s'il n'était pas valide.

— « Ah parce que tu penses vraiment qu'il existe un moment et un endroit pour que je te fasse comprendre qu'on fait pas du mal à Cassie sans conséquences ? »

Evidemment que non.
Et les conséquences auxquelles TU devrais faire face également, ne te faisaient pas peur. Tu les assumerais comme tu lui ferais assumer.
Tu plaques ta main contre le mur à côté de sa tête, le regard aussi nébuleux que le ciel à cet instant.

— « A moins que tu préfères aller sous la pluie battante qui s'affale dehors. Mais tu risquerais d'attraper froid tu sais... »

Un sourire mauvais s'étira sur tes lèvres fines. Discuter... Comme si ça allait régler les choses. Les mots n'étaient que des déguisements pour permettre aux démons de s'échapper sans être vus. Et tu n'allais pas lui laisser à nouveau l'opportunité de s'en sortir. Pas encore.
Pas après les pleurs que tu as du essuyer.

— « Mais vas-y, crache les tes explications, on sait jamais. »

La colère retombait peu à peu. Tes yeux le dévoraient pourtant encore d'une haine hostile, mais ton souffle se faisait plus doux et les nuages se dissipaient peu à peu. On pouvait le voir au travers de la fenêtre, car une éclaircie vint vous illuminer.
Tu n'avais pas envie de l'écouter, mais ce lâche refusait de se battre et préférait se noyer dans des justifications qui ne t'intéressaient même pas vraiment. Il avait osé la toucher, l'aimer, la souiller, et la jeter. Pour ça, tu avais du mal à le supporter.

Mais peux-tu réellement lui en vouloir de ne plus avoir réussi à l'aimer ? Il dit lui même qu'il n'avait pas voulu lui faire du mal.

— « Et tu crois qu'elle est heureuse maintenant ptet ?! Heureusement que j'étais là au bal sinon elle l'aurait passé toute seule dans son coin. »

Mais tu sentais venir au bout de tes lèvres ton manque d'arguments notoires. Toute cette guerre se basait sur des ressentiments et non sur des faits. Au fond, tu lui avais déjà fait payer.

— « Arrête de me casser les couilles avec ton couloir, j'ai plus rien à te dire de toute façon. Je pensais pas affronter un mec aussi lâche et sans saveurs. En fait c'est une bonne chose que ma soeur soit plus avec un cassos comme toi. Tchao. »

Mais alors que t'allais tourner les talons, l'équipe disciplinaire t'avait déjà repéré. Foutus balances.