Sa main était si fragile. Dans mes souvenirs, je faisais toujours attention à ne pas trop la serrer dans la mienne juste avant de dormir de peur de lui faire mal. Il n’était pas rare qu’il vienne s'allonger sans prévenir à mes côtés, et ça, depuis ses toutes premières années de vie. Cependant… Il y avait des nuits ou les chagrins se faisaient plus fort. Des nuits où il s’accrochait de toute ses forces à ma paume jusqu’au moment où Morphée se décidait à l’envelopper à son tour. L’aspect de ses jointures blanchies couronnée par la froideur de sa petite main me rendait toujours triste.
Loukas avait l’air d’être si seul, dans ces moments là.
On lui a conté l’histoire d’une nymphe aux parents d’un certain âge. Une herbe folle aux cheveux cendrés, aimant chahuter dans les sillons de son village natale en faisant carillonner son rire de cristal. Petite sauvageonne au coeur proche de la raison, elle fut le seul trésor de ses vieux parents, une fierté indéniable pour eux qui avaient eu tant de mal à donner la vie. Gentille enfant à aider ses parents à travailler à la boutique de fleurs familiale de la ville, mais peut-être trop naïve lorsqu’elle devenait la muse d’une nuit de ces monsieurs.
Alors un jour, ce fut le béguin de trop. Celui d’un bel homme aux cheveux de feu momentanément expatrié pour des raisons qu’il se gardait de partager. Si unique, mais si redondant dans ses promesses au gout du miel. Un
‘je m’en vais avec lui’ avait suffit pour signer son départ, laissant derrière elle des poussières d’étoiles et des parents ravagés. L’enfant aux ailes dorées aspirait désormais à une idylle loin de cette ville qui l’avait vu grandir. Son absence causa un émoi insoutenable à sa famille; - Sur quelques années, la santé de sa mère s’en dégrada pour ne laisser finalement qu’un vieil homme voûté au comptoir de la solitude. Il fut seul lors des terribles saisons hivernales, à attendre que le temps passe tout en regardant ses fleurs naître puis mourir.
Puis un jour, l’enfant prodige fit de nouveau surface. Avec ces mêmes cheveux en bataille, mais la mine si grise qu’on pouvait en oublier l’heureux événement creusant son bassin. Elle était enceinte de plusieurs mois. Son père, n’ayant que faire de sa précédente disparition, retrouvait aussitôt l’affection sans fin qu’il lui avait toujours offert. Sa chaumière était la sienne, et plus que tout, son désir de reconstruire ce qui avait été autrefois les plus belles années de sa vie le hantait. Sous le serment tacite que cet enfant dont il ne savait pas entièrement les racines en serait les soudures, il tenta maintes et maintes fois de ré apprivoiser sa fille. Mais malheureusement, cette perle d’écume s’était déjà perdue dans la marée, brisée par les vagues d’un amour illusoire.
« Regarde, mon Lou. » Le vent d’automne sèment quelques feuilles dans son souffle
« Je venais souvent ici lorsque j’étais enfant… Tu as vu comme c’est joli ? » des petites menottes s’accrochaient au haut maternel. Une pair d’yeux interroge, puis jauge l’endroit pour finalement scruter la rive d’un cours d’eau. La voix féminine reprends.
« Je n’ai jamais su nager, alors cela va sans dire que ton grand-père était toujours furieux lorsque j’osais m’aventurer par ici pour jouer. Et pourtant… Je revenais toujours. Je ne saurais pas dire pourquoi. » Loukas releva ensuite ses billes d’ambre dans la direction de sa mère.
« Nous reviendrons faire un pic-nic ici quand le temps sera plus doux, d’accord ? »Loukas fut un nourrisson bien portant. Adoré par sa mère et son grand-père, il fut d’abord si choyé qu’on s’étonnait de le voir grandir en un bout de bambin renfermé. Bien que son corps était robuste, on nota des difficultés d’apprentissage et divers retards par rapport aux enfants du même âge. Le problème récurent ? Il ne parlait pas ou sinon très peu. On fit alors savoir que ce n’était pas grave, que chaque enfant avait son propre rythme pour acheminer son développement. En dépit de ces tracas, on veilla sur lui au mieux, et il pu vivre un début de vie bercé par les effluves de l’échoppe de son grand-père. Le doyen était probablement celui qui se préoccupait le plus de lui pendant sa croissance, nonobstant le visage passif de son petit-fils pour le combler d’affection. Les après-midi passés en sa compagnie à écouter les conversations lambda avec les clients caché derrière le comptoir, à apprendre les fleurs et les diverses plantes… Tout paraissait émerveiller silencieusement le jeune garçon. Les mains encore pleines de terre, le doyen se remémore souvent le premier vrai sourire du rouquin une fois sa première graine plantée dans son petit pot en terre cuite. Ce n’est qu’en parallèle que le rideau s’émoussait, pourtant.
« … P-Pourquoi maman… p-p-pas aller avec nous ? » fit-il d’une petite voix hachée, son carnet de coloriage à la main. Le chef de famille n’osa pas regarder le plus jeune, alors il nettoya une seconde fois une assiette d’or et déjà parfaitement lustrée.
« Maman est malade, c’est pour ça qu’elle ne peut plus sortir pour l’instant. » le petit bonhomme au visage poupin attrapa l’un de ses gros feutres délébiles pour le regarder. Le bleu, son préféré.
« Maman… P-p-pourra p-p-pas manger la glace ? » à ces mots, monsieur Doyle ne répondit pas. Lui-même n’en avait pas idée. «
Je suis désolé Loukas. Aujourd’hui ce sera seulement toi et moi. » — et ce fut malheureusement comme ça pendant un certain temps. Touchée par des blessures invisibles mais profondes, la jeune femme n’arpentait la maison qu ‘en fantôme. Mangeant peu, dormant beaucoup. Son père la croyant de nouveau vive avec la naissance de son fils, assistait une fois de plus à sa chute quand celui-ci eu dépassé le stade d’enfant en bas-âge. Peut-être était-ce parce qu’il devenait de plus en plus autonome ? Tout était devenu très compliqué. Il avait eut conscience très tôt qu’elle avait été marquée par l’abandon abrupt de cet homme, et n’ayant jamais été totalement remise, elle n’avait jamais pu retrouver sa fougue d’antan. La naissance de Loukas n’avait été un pansement précaire.
A passer de longs mois dans un cocon devenant de plus en plus froid, le fleuriste s’inquiétait de l’état du garçonnet. Alors qu’il arrivait à rattraper convenablement son retard, il eut l’impression qu’il s’isolait de plus en plus de nouveau dans ses lacunes. Ses sourires s’effaçaient pour prendre l’apparence de petits minois aux yeux évidés, plongés entièrement dans des activités qui ne tenaient qu’a être seul. Comprenant bien assez tôt que leur environnement n’était pas ce qu’il y avait de plus convenable pour un petit bout de vie déjà fragile, il eut l’idée de recontacter d’anciens amis de la famille afin de perpétuer les liens. Il s’agissait d’amis de longue date avec qui ils avaient un peu perdu contact après la naissance des enfants. Loukas les avait seulement vu une ou deux fois tout au plus, mais savoir qu’il passerait du temps ailleurs, surtout avec des enfants de son âge, était un fait rassurant.
« Tu sais, Loukas, dimanche nous allons voir Evan et Adamant. » forçait-il les quelques jours précédent la rencontre.
« Tu ne t’en rappelle surement pas parce que tu étais tout petit, mais ce sont des amis de notre famille. Ils sont juste un peu plus jeunes que toi. Je me souviens encore… A la naissance d’Adamant, tu étais venu lui prendre la main et tu n’as plus voulu la lâcher jusqu’a notre départ de la clinique. Et au moment où Evan est venu au monde… Tu voulais grimper dans son berceau pour te coucher près de lui. » Les yeux dirigés par la fenêtre, le petit garçon ne paraissait pas écouter. Dans un soupire mélancolique, le vieil homme l’imita.
«… Ta mère riait en te regardant, à ce moment là. Cela faisait bien longtemps que je ne l’avais pas vu aussi joyeuse. » et comme s’il venait tout juste de remarquer son erreur, il cassa cette chaine nostalgique par un rire rocailleux.
« Allons choisir ensemble les fleurs qu’on va leur offrir, mon Lou. Tu promet à papy que tu continueras à être gentil avec eux, hm ? C’est toi l’aîné, donc c’est à toi de faire attention. »Contre toute attente, Loukas s’acclimatait rapidement à ses cadets pendant les courtes retrouvailles. Pour un petit garçon qui n’avait pas vraiment d’amis ni de frères et soeurs, il se trouvait à éprouver l’envie de jouer avec eux, à les suivre dans leurs très courtes escapades de jeunes enfants. A les aimer, aussi naturellement que soudainement. Et en voyant ça, son grand-père ne pouvait qu’avoir la conscience légère. Si leur propre famille prenait des allures dysfonctionnelles, il pouvait désormais retrouver la sensation d’un environnement stable de temps en temps. Alors finalement les visites se transformaient parfois en séjour, jusqu’au moment où il passèrent même certaines fêtes ensemble. Monsieur Doyle n’hésitait jamais à laisser son petit-fils car il le savait définitivement entre de bonnes mains. Et de temps en temps, sa mère se joignait à eux quand sa santé le lui permettait... A la plus grande joie de Loukas,
Les jours n’avaient jamais été plus tendres que pendant cette période là. On s’amusait à courir dehors pour à attraper les insectes avec les doigts quand le soleil était chaud. A rire jusqu’a n’en plus pouvoir pendant les parties de cache-cache, pour finir par regarder les étoiles briller jusqu’a très tard le soir par la fenêtre alors qu’il fallait dormir. Comme s’il en allait de son devoir, Loukas apprenait tout ce qu’il savait à ces petites têtes blondes; Comment construire ces cabanes de couvertures à la solidité capricieuse, les noms des fleurs représentées dans son livre d’image favori… Ce qu’il savait, il venait le léguer sans honte. Et s’il fallait effrayer le gros chat menaçant de la voisine du bout d’un bâton pour les protéger, il outre-passait sa réserve pour mettre pied à l’étrier. Tant qu’il parvenait à voir un sourire sur leurs petits minois c’était tout ce qui l’importait.
Puis ce jour là arriva. Le jour où on lui raconta avec tant de bien que de mal qu’Adamant ne viendrait plus jamais les voir. Tenant très fort la petite main d’Evan dans la sienne, ce fut tout d’abord l’incompréhension d’un ‘
pourquoi’ avant de regarder l’autre petit garçon dans sa détresse. Adamant, tout comme ses parents… Avaient disparus, avalés par les impitoyables flammes d’un incendie. ‘
peut-être qu’il ne veut plus jouer avec nous’, supposa plus tard son unique trésor qui restait encore dans toute son innocence. Et Loukas, lui, n’en savait rien. Il avait juste l’impression que quelque chose s’était tordu dans son estomac. Car un ‘plus jamais’, c’est si terrifiant. Pour toute réponse il avait simplement tenu Evan dans ses bras, réprimant les larmes aux coins de ses yeux de justesse malgré ses petite bras tremblant. S’il le tenait si près de lui, c’était encore pour se permettre de tenir debout.
Lointain commençait à être le souvenir de leurs rires à l’unisson.
« Où va t-on quand on meurt ? »
« Dans les étoiles ? »
« Est-ce qu’on peut en revenir, des étoiles ? »Un sanglot qui s’étrange, le coin d’un oreiller mouillé par des larmes nocturnes.
« Et si je parle aux étoiles, est-ce qu’Adamant peut m’entendre ? »
« .. Non. Je veux qu’il soit de retour pour jouer avec nous. Il me manque. Je veux le revoir. »Loukas eut tant de prières silencieuses. Tant de réponses qu’on ne daignait lui dire. Il se rendit de moins en moins chez Evan après cette tragédie, bien que les fêtes restaient les éternelles exceptions. Et comme tout bon malheur ne vient pas seul, ce fut en même temps que sa mère commença à se faner de plus en plus. Alors qu’elle tenait entre longues visites en institut et un plateau garni de pilules colorées l’année passée, ses maux l’affaiblissait. Elle n’était définitivement plus la même femme qu’elle avait été autrefois.
Même si terrible, la vie continuait pour lui et les siens. C’est en grandissant qu’il parvenait à reconnaître goutte à goutte le poison qui n’avait cessé de tapisser les murs de sa maison. Son grand-père commençant à prendre le grand âge, le petit garçon tâchait de l’aider dans ses tâches au magasin du haut de sa petite personne, arrosant les plantes ou bien nouant les jolies rubans autours des bouquets. Mais s’il s’investissait, c’était bien au chevet de sa mère. Lui apportant des repas qu’elle semblait haïr, vérifiant de manière gauche que les cachets quotidiens n’étaient plus dans les compartiments où son aïeul les rangeait pour elle, il gardait la majorité de son temps libre pour le passer à ses côtés.
Loukas se délaissa de son manteau d’enfant pour s’ouvrir au monde froid et indifférent des adultes.
A l’aube de ses huit ans cependant, il commença à tomber intensément malade sur de maigres périodes. Il y avait des jours où il lui arrivait de vomir mécaniquement toute la bile de son estomac, avant de pleurer jusqu’a l’épuisement sans aucune raison en particulier. Son gardien étant dépassé par ce phénomène, il fut convaincu tout d’abord qu’il s’agissait de l’ombre de sa propre fille qui finissait par l'assaillir. Son idée première fut d’abord d’éloigner une fois de plus le rouquin de l’atmosphère néfaste, mais il eut cette fois-ci un grand à le séparer d’elle. Loukas résistait, crisait à peine l’idée était proposée. Même pour aller chez Evan qui pourtant se voyait toujours à être l’un des seuls à lui faire beaucoup de bien dans ces temps difficiles.
Tout ça parce que maman ne lui faisait désormais plus autant mal. Parce que maman parvenait à lui sourire une fois de plus. Qu’elle ne lui tenait plus si fort les bras lorsqu’elle se penchait vers lui pour lui parler. Qu’elle ne lui reprochait plus son bégaiement nerveux quand il lui répondait. Qu’elle ne désirait plus lui couper très court les cheveux pour en oublier qu’ils étaient de la même couleur que ceux de l'homme qui l'avait abandonné.
— Elle pouvait lui dire je t’aime à nouveau. Loukas était heureux. Il avait l’impression de la guérir lorsqu’il était à ses côtés. Et bien que ça le rendait toujours terriblement malade après coup, l’enfant ne s’arrêtait pas sur les affreux contre-coups de cette nouvelle relation. C’était si facile, il lui suffisait simplement de la prendre dans ses bras pour que tout son chagrin s’efface pour quelques heures. Pour que la lumière puisse éclaircir de nouveau son visage. Alors, au delà de ses simples crises pour rester près d’elle, son grand-père ne tarda pas à voir ce manège pernicieux sur plusieurs longs jours d’observation. Loukas s’effaçait, loupant parfois délibérément l’école pour rester à la maison, se résignant même à manger ses repas. Mais plus encore… Il avait sans précautions fait opérer cette magie sur le vieil homme à plusieurs reprises. ‘
je veux rendre papy heureux aussi’, des mots innocents qui résonnaient plus loin qu’ils n’auraient dû. Ce fut bien assez tôt qu’il ne lui laissa plus le choix, l’expédiant de force hors de la maisonnée tout en lui promettant qu’il veillerait sur cette pauvre brebis malade à sa place.
Cette escale fut plus longue que prévue. Evan était toujours aussi doux, et ses parents, toujours aussi prévenant avec lui malgré la distance qu’ils avaient récemment eue. Il fut décidé qu’il reste là-bas le temps de retrouver ses couleurs habituelles. Les premiers jours furent bien difficile mais au fur et à mesure, l’envie de revoir sa mère venait à s’émincer dans un coin de son esprit. Docilisé par la patience qui lui était offerte, la présence d’Evan fut pendant ces moments le feu de cheminé qui continuait à le tenir au chaud. Il n’y avait pas une seule nuit où il ne se glissait pas entre ses draps pour dormir à ses côtés, lui tenant fortement la main tout comme il le faisait toujours avec son grand-père pour trouver le sommeil.
‘On se reverra à noël, c’est promis’ lui glissait-il dans sa dernière étreinte sur le pas de la porte à la fin de sa visite prolongée.
— Mais ce fut un mensonge. Loukas ne reviendrait pas pour noël. Ni pour pâques, ni pour les anniversaires.
En ce jour, ce fut la première fois que le vieux fleuriste retenait autant ses larmes. Il lui avait été compliqué d’expliquer à son petit-fils que son départ était nécessaire. Il lui avait assuré qu’il s’agissait de la meilleure école pour les ‘gens comme lui’ et que par conséquent, ils étaient plus aptes à veiller sur lui. De sa propre initiative, il avait été celui ayant contacté l’académie afin d’expliquer en détail les derniers mois passés ensemble. A ses yeux Loukas serait bien plus heureux là-bas que chez eux…S’il possédait bien un Alice jouant avec les émotions, il finirait par continuer à décliner fatalement s’il restait à leurs côtés. Mais bien sûr, ce ne fut pas sans d’horribles protestation de la part du plus jeune garçon.
Il n’arrivait pas à en vouloir à son grand-père. A vouloir le rendre fier, il avait reprit le tout petit peu d’aplomb qui lui restait pour tenter d’être un bon élève, se forçant à être aussi poli que sérieux. Mais ce à quoi il ne s’attendait, c’était de revoir une petite silhouette familière au détours d’un couloir. Depuis tout ce temps… Celui qu’il pensait disparu dans le ciel était encore bel et bien présent sur terre. Adamant était là aussi, pauvre moïse à peine rescapé du tragique incident qui les avait séparés dans leur jeunesse commune. Et contre toute attente, Loukas ne parvint pas à aller lui adresser la parole. Peut-être était-ce à cause de blessures plus profondes… Qui sait. Il ne trouvait pas le courage d’aller se confronter à lui sans que ça ne puisse faire remonter les fantômes du passé, quand bien même l’affection était toujours présente. Ce schéma se retraçait aussi avec Evan un an plus tard, aussi illogique que ça puisse paraître. C’était comme si Loukas essayait de se dissocier de son passé pour ne plus souffrir lui-même.
Et enfin, cette lettre. Il avait quatorze ans. Alors que les coups de fil étaient ce qu’il y avait de plus simple pour communiquer occasionnellement avec le reste de sa famille, son grand-père avait préféré rédiger cette nouvelle d’une encre maladroite, le papier froissé par l'humidité. Sa mère était morte. Elle avait finalement rejoint les vagues d’elle-même, trouvant éternellement refuge dans ce lac qu’elle avait toujours aimé.
Ce qui s’en suivit, Loukas ne s’en souviens pas vraiment.
La vie ne s’arrête pour personne. L’évolution du jeune homme fut aléatoire à partir de ce moment précis de sa vie. Parfois il eut envie de se laisser consumer par les flammes, absorbant la joie des autres pour combler l’apathie qui se perchait sur son épaule, et parfois, il n’avait que l’envie de rester coucher de longs jours durant. L’académie avait beau être sa nouvelle maison, son opinion d’elle fluctuait selon son envie de garder la tête hors de l’eau.
Aujourd’hui, il est ce qu’il a toujours voulu être. Un grand gaillard qui se pense immuable, au rire non forcé mais aux attentes biaisés quand il s’agit des autres. Il est parvenu à se raccrocher lentement mais surement à ses amis d’enfance, bien qu’il éprouve encore du mal à les regarder droit dans les yeux.
Sans trembler, sans pleurer, Loukas est devenu grand.