on s'était promis
juré en silence dans la petite pièce en ruine de l'enfance que l'on ne se quitterait pas (jamais si possible)
elior et colline
ont mis en commun les prisons sans qu'on se le dise.
on a jeté la clé sans un bruit - car c'est tellement grand ces néants en vous, ça n'a pas de fin pour qu'on entende tinter quoi que ce soit.
et l'on fait semblant parfois
de plus en plus ces temps-ci (il trouve)
semblant de ne pas voir que l'eau s'infiltre par les murs lézardés
plus ça pleut en dedans et moins on a pied
dans le bus colline se demande quand est-ce qu'on va se noyer.
sous les grisailles bleues des yeux d'elior il sent que des déluges menacent il y a déjà le vent des soupirs qui se lève.
et dans l'infini des non-dits complices colline veut rire de vous-même ou bien s'arracher la peau il ne sait pas trop
il hésite sur la marche à suivre et fixe sourdement la ville qui défile, digère avec patience en attendant le moment où l'on se dira va-t'en ou bien reste. un peu l'histoire de colline ces attentes jamais formulées, où l'on se languit d'avoir des certitudes - la dernière fois qu'il a demandé si on le garderait à ses cotés jusqu'à la fin il avait poussé la réponse décevante dans des escaliers en colimaçon.
va-t'en ou bien reste, c'est quand ?
colline n'en sait rien de la seconde où il arrive ces moments-là - à grandir dans un microcosme établis il ne connait les heures de laisser-aller à l'insouciance aussi légère que pesante que depuis qu'elles s'écoulent aux cotés du garçon qui tangue à sa droite
elior et colline, tentent d'apprendre à grandir sans perdre l'équilibre
s'agrippent tous les deux à la même barre dans la geôle métallique du bus qui s'emplit des doutes de soi.
à l'abris des œillades qui forcent le trait on se laisse à esquisser ce qu'on veut
quand on est à deux en ville il n'y a pas de famille recomposée qui compte
on est elior et colline qui se fichent de ce qu'on pense et qui n'ont besoin de tromper personne - un après-midi pour entrecouper le factice et ne pas vriller fou c'est ce qu'il faut.
mais c'est peut-être l'arrêt qui approche ou bien l'eau qui monte -
colline qui respire à peu près d'habitude sent la surface qui frôle le bas du visage pour bientôt voler le souffle et resserre l'emprise des doigts sur la barre et tourne la tête pour oublier une seconde le regard prison d'elior.
à retourner volontiers dans la cage parce qu'on y a grandi il s'interroge sur la peine à purger
s'il y a vraiment la rédemption à la fin du nous - si ça rime à grand chose tout ça au fond.
une centaine d'après-midi comme celui là et pourtant -
pourtant lorsqu'arrive le moment de descendre il se demande toujours s'il va lui dire
tu viens
nan nan, trop marre de ta face de cauchemar j'descends à la prochaine.
alors que tout le corps est déjà prêt à suivre les pas du premier
parce que c'est le terminus
et puis parce que c'est elior.
crissement des pneus sur la route et ronronnement du moteur
le retour sur terre a un triste goût de pétrole qu'on goûte quand même parce qu'on veut faire plaisir
il faisait meilleur dans le bus et sur le trottoir colline frissonne.
on n'avance pas alors qu'il reste des pas à faire pour rentrer pour de bon c'est qu'il a en horreur les choses qui s'achèvent
alors il fait mine de vouloir regarder la carriole métallique s'éloigner jusqu'à disparaître du champs de vision,
planté là sous l'abribus ça offre rien qu'un peu de répit
avant d'oser dévisager elior pour de bon.
mec. ta tête.
un constat pas une critique, un soupçon de moquerie mais les risettes ça ne condamne rien,
c'est la première fois que tu me racontes R à ce point sur le trajet du retour j'ai cru tu dormais debout à la fin.
et comme pour filer une décharge de vie colline file tape du bout du point sur le buste - peut-être que ça fera repartir le cœur.
ça y est elior on s'est p't'être tout raconté on a p't'être plus rien à se dire à partir d'aujourd'hui.
dit comme ça, parce qu'on a pas le droit de demander ce qu'il y a pour de bon,
on a juré en silence on ne sait pas bien pourquoi- on est déjà en prison
pas de retour en arrière.
juré en silence dans la petite pièce en ruine de l'enfance que l'on ne se quitterait pas (jamais si possible)
elior et colline
ont mis en commun les prisons sans qu'on se le dise.
on a jeté la clé sans un bruit - car c'est tellement grand ces néants en vous, ça n'a pas de fin pour qu'on entende tinter quoi que ce soit.
et l'on fait semblant parfois
de plus en plus ces temps-ci (il trouve)
semblant de ne pas voir que l'eau s'infiltre par les murs lézardés
plus ça pleut en dedans et moins on a pied
dans le bus colline se demande quand est-ce qu'on va se noyer.
sous les grisailles bleues des yeux d'elior il sent que des déluges menacent il y a déjà le vent des soupirs qui se lève.
et dans l'infini des non-dits complices colline veut rire de vous-même ou bien s'arracher la peau il ne sait pas trop
il hésite sur la marche à suivre et fixe sourdement la ville qui défile, digère avec patience en attendant le moment où l'on se dira va-t'en ou bien reste. un peu l'histoire de colline ces attentes jamais formulées, où l'on se languit d'avoir des certitudes - la dernière fois qu'il a demandé si on le garderait à ses cotés jusqu'à la fin il avait poussé la réponse décevante dans des escaliers en colimaçon.
va-t'en ou bien reste, c'est quand ?
colline n'en sait rien de la seconde où il arrive ces moments-là - à grandir dans un microcosme établis il ne connait les heures de laisser-aller à l'insouciance aussi légère que pesante que depuis qu'elles s'écoulent aux cotés du garçon qui tangue à sa droite
elior et colline, tentent d'apprendre à grandir sans perdre l'équilibre
s'agrippent tous les deux à la même barre dans la geôle métallique du bus qui s'emplit des doutes de soi.
à l'abris des œillades qui forcent le trait on se laisse à esquisser ce qu'on veut
quand on est à deux en ville il n'y a pas de famille recomposée qui compte
on est elior et colline qui se fichent de ce qu'on pense et qui n'ont besoin de tromper personne - un après-midi pour entrecouper le factice et ne pas vriller fou c'est ce qu'il faut.
mais c'est peut-être l'arrêt qui approche ou bien l'eau qui monte -
colline qui respire à peu près d'habitude sent la surface qui frôle le bas du visage pour bientôt voler le souffle et resserre l'emprise des doigts sur la barre et tourne la tête pour oublier une seconde le regard prison d'elior.
à retourner volontiers dans la cage parce qu'on y a grandi il s'interroge sur la peine à purger
s'il y a vraiment la rédemption à la fin du nous - si ça rime à grand chose tout ça au fond.
une centaine d'après-midi comme celui là et pourtant -
pourtant lorsqu'arrive le moment de descendre il se demande toujours s'il va lui dire
tu viens
nan nan, trop marre de ta face de cauchemar j'descends à la prochaine.
alors que tout le corps est déjà prêt à suivre les pas du premier
parce que c'est le terminus
et puis parce que c'est elior.
crissement des pneus sur la route et ronronnement du moteur
le retour sur terre a un triste goût de pétrole qu'on goûte quand même parce qu'on veut faire plaisir
il faisait meilleur dans le bus et sur le trottoir colline frissonne.
on n'avance pas alors qu'il reste des pas à faire pour rentrer pour de bon c'est qu'il a en horreur les choses qui s'achèvent
alors il fait mine de vouloir regarder la carriole métallique s'éloigner jusqu'à disparaître du champs de vision,
planté là sous l'abribus ça offre rien qu'un peu de répit
avant d'oser dévisager elior pour de bon.
mec. ta tête.
un constat pas une critique, un soupçon de moquerie mais les risettes ça ne condamne rien,
c'est la première fois que tu me racontes R à ce point sur le trajet du retour j'ai cru tu dormais debout à la fin.
et comme pour filer une décharge de vie colline file tape du bout du point sur le buste - peut-être que ça fera repartir le cœur.
ça y est elior on s'est p't'être tout raconté on a p't'être plus rien à se dire à partir d'aujourd'hui.
dit comme ça, parce qu'on a pas le droit de demander ce qu'il y a pour de bon,
on a juré en silence on ne sait pas bien pourquoi- on est déjà en prison
pas de retour en arrière.