mis à part le prénom et les cheveux colline t'as rien d'un paysage sublime et il est pas question de faire de la randonnée paisible avec toi faut plutôt marcher sans pitié sur le bucolique
cracher sur les teintes douces du pastoral et recouvrir les toiles de couleurs bigarrées. vivre façon édulcorée et marcher sur le fil des entre-deux ça t'excites oh que ça te plaît de faire les choses comme il faut pour pouvoir profiter ensuite des zones de flou où l'on a le droit d'être excentrique ; tant que l'on ne franchit pas certaines limites ici tu sens bien qu'il y a moyen de s'amuser à être aberrant
et t'en profites.

et t’as un de ces regards qui résonne, comme un appel à l’étreinte, et pas n’importe laquelle parfois ; celle de nos deux mains autour de ta putain de gorge. on dirait que tu fais exprès, à force on se demande pas si tu cherches un peu
pour voir jusqu'où tu peux aller avant d'avoir des terreurs viscérales qui t'obligent à tout annuler. si ça fait mal c'est que tu voulais.
peut-être pour ça que t’es jamais surpris quand ça se retourne contre toi et que la vie te fout des claques ?

mais c'est que sous les airs désinvoltes tu crèves d'envie face au je-m’en-foutisme de certains, jaloux des gens qui survolent les choses, la convoitise d'un cœur qui s'imprègne trop facilement
alors tu préfères errer dans un infini rassurant plutôt que d’affronter les détresses humaines, tu procrastines, reportes toujours le moment de choisir. quitte à ce qu'on cesse de t'attendre. faire croire que c'est toi qui foule l'univers alors que la moindre gravité enserre les os et manque de tout écraser en dedans.
une étoile à la dérive, tu préfères écouter les histoires de ceux qui gravitent autour de toi plutôt que de te pencher sur la tienne, aux contours incertains.

colline nommé n'importe comment, saute à pieds joints dans tes sauts d'humeur
ton cœur balance entre l'idéalisation à la dévalorisation de tout et surtout de toi. tu cherches
tu tentes, met à l'épreuve l'univers
t'effaces
tu veux que tout soit passionné comme il faut avant la dernière chance

même si parfois t'hésites à laisser les horreurs esquissées
dans l'espoir d'en vivre mille de plus.

‡‡‡‡‡‡

trouble de la personnalité borderline ϟ
pas besoin de promettre quand on peut rectifier le tir à coup d'alice ϟ du coup il s'engage jamais ϟ abuse du bouton "charger une partie" même avec ses gars sûrs ϟ parce qu'il ouvre trop sa gueule des fois et que "mange tes morts" c'était un peu too much alors il reload pour dire plutôt "euh nn corentin je suis pas d'accord avec tes opinions" ϟ et puis des fois rien que pour voir les choses dégénérer il choisit de laisser les bails intacts ϟ un jour il a perdu son fut en cours de sport mais personne s'en souvient parce qu'il a rembobiné ϟ ne jamais s'être tapé la honte au lycée c'est sa plus grande fierté ϟ pro des regards allumeurs mais aussi des très incendiaires ϟ expert en ragequit dramatique quand les choses le saoulent ϟ le définitif sur la peau, des tatouages faits maison quand il arrive un truc pour de bon ϟ cherche trop souvent la merde ϟ cherche trop souvent tout en fait ϟ s'éparpille en espérant se trouver ϟ mais c'est que c'est compliqué de s'engager dans une voie lorsqu'on peut gommer la moindre esquisse ϟ lorsque de toute manière le tableau finira jamais accroché ϟ live fast die young c'est cringy comme slogan mais il se surprend à aimer ϟ c'est pour oublier qu'un jour ces cinq minutes ces cinq secondes seront les dernières sans retour en arrière

I ϟ papa c'est pas mon père
caprice c'est pas mon frère
la famille c'était l'excuse pour avoir des alices à posséder
la maison c'était qu'un business plan dérangé
c'est l'histoire d'un collectionneur.

II ϟ sous couvert d'être un bienfaiteur il existait un collectionneur
de jolies petites choses
affublé de beaux costumes ornementés d'un sourire éclatant il se tenait là sur le perron des orphelinats les plus lointains
constamment à la recherche de trésors en devenir.
"vous n'auriez rien remarqué d'inhabituel parmi ceux-là ?"
demandé avec une fort accent français.
et au coin des chefs-d'œuvre dérobés
l'homme signait alors

devray.

celui-ci a les yeux camaïeu des prés
(ce sera colline c'est décidé)


III ϟ tirés par quatre épingles les appartements bélissimes changeaient au fil des ans
résonnaient toujours de rires d'enfants pour couvrir les faux-semblants
des toiles de maître sur les murs blancs et de la fioriture aux plafonds.
des frères et des sœurs de toutes les couleurs au patronyme qu'on n'aurait jamais offert à un être humain.
ils s'appellent colline & caprice & miel & teddy
se font tantôt rire tantôt la guerre du soir au matin.

carré d'as entre les mains
colline & caprice ce sont
les petits favoris du collectionneur
(de pique et de cœur)
la fine stratégie, c'est pourtant simple ;
caprice la vision acérée s'imprègne du moindre détail
et colline est là pour pouvoir recommencer en connaissant le jeu des autres.

IV ϟ venait le premier dimanche du mois
(toujours le premier dimanche du mois)
et l'immense salon se changeait en paradis secret des jeux répréhensibles
le collectionneur invitait de la belle élite et il se mettait à danser des volutes de fumée au dessus des tables
à valser les dés et les cartes sur le velours rouge
il était alors l'heure de saigner la bourgeoisie en faisant comme si l'on jouait fair-play
le rictus modeste à chaque victoire
ah ! ce soir je suis en veine il faut croire !

les merveilles de son coté pour tordre le cou aux probabilités
cent-pour-cent de chances de gagner.

et l'on s'endormait sur du larcin secret
les cauchemars étaient à dorure
chez les devray.



V ϟ caprice & colline
colline & caprice
se livrent des batailles intestines de plus en plus impitoyables en grandissant. qu'il est difficile de faire des affaires tout en surveillant les garnements.

les probabilités que tu sois un gros naze caprice ? cent-pour-cent !! papa c'est moi qu'il préfère
moi qu'il préfère
les bourgeois on pourrait tout autant les dévaliser sans toi ah c'est sûr au prochain déménagement c'est toi qui saute c'est toi qui saute haha
à la poubelle
aux oubliettes caprice !

et tandis que l'on faisait ses valises pour l'énième fois caprice décèle plutôt des signes chez papa que c'est de colline dont on se débarrassera.
après tout colline
saigne du nez et a des migraines à se frapper la tête jusqu'au black out ces derniers mois
le petit prodige aux jours comptés
se sent au bord de l'échafaud.

tandis que l'on descend les valises dans les escaliers colline voit caprice lui arracher son sac des mains avec des rires mesquins
assure qu'il n'en aura plus besoin quand il dit ça colline a envie de lui en décoller une immense
et de surtout pas rembobiner

tais-toi tais-toi caprice c'est pas vrai c'est pas vrai papa
me laissera jamais derrière vous ça s'peut pas
c'est pas parce que tu vois tout qu'tu peux inventer des détails
ça s'peut pas !

l'éloigne d'une impulsion amère sous le coup de la colère
caprice
dévale les marches
dévale les marches
dévale les marches
heurte le rez-de-chaussée avec des airs de pantin désarticulé.

colline
donne une seconde chance à ton frère
reviens en arrière
reviens en arrière
reviens en arrière


jamais jamais jamais de la vie
pleure colline tandis que le collectionneur rassemble la sculpture brisée là dans ses bras
colline aurait tout annulé s'il avait vu que caprice ne respirait plus
mais en l'entendant le maudire en contrebas
il a dit non

commettre des miracles pour caprice l'immondice
jamais de la vie.


VI ϟ cette année-là
on avait raté l'avion
à cause de toi caprice à cause de toi
et le collectionneur s'était vu saisir ses petites merveilles
on avait mis les murs à nu et vidé la maison
de tous ses enfants.

t'avais raison.
les probabilités que papa vous abandonne sans trop de regrets ?
cent-pour-cent.

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