C’était d’une bonne humeur presque dansante, chaque pas qui raisonnaient comme l’écho d’une douce chorégraphie. L’air presque sifflotant, car de nombreux éléments t’étaient plaisant. D’une part, tu irais dans ce salon de thé qui te faisais de l’œil depuis qu’il t’en avait parlé, mais plus encore, tu y étais invitée. Peut-être pas par le meilleur accompagnant qu’il était possible d’avoir pour ce genre de sortie, mais bien assez acceptable, car tu n’aurais rien à payer à ses côtés. Certains clameraient que tu profiterais de sa gentillesse depuis quelques années, fait qui finalement, n’aurait jamais été démenti si ce n’était que par des haussements d’épaules. Car Anton t’était étranger, comme un battement de cœur irrégulier. Une incompréhension parmi tant d’autre que tu avais fini par accepter, tentant parfois de l’apprivoiser. Sans vraiment comprendre son utilité, presque semblable à cette boule qui parfois prend vie au centre de la gorge.

« C’est coquet. »

Des mots que tu arriverais à penser véritablement. Le petit salon de thé qui se présentait avec beauté, arrangé dans un décor qui donnait envie d’y rester. De passer son temps et d’y dépenser tout son argent. Alors, un brin de regard vers ton partenaire, lui qui sans doute plus riche que toi, n’avait pourtant qu’une seule et unique étoile. Un soupir, presque lassé de l’idée, peut-être aurais-tu du viser quelqu’un de plus intelligent qui méritait au moins une doublée étoilée. Et ta tête qui vient s’incliner, légèrement en avant, mais tout autant bancale sur l’une des extrémités. Les yeux grands ouverts durant un instant qui observent Anton, sans même qu’un mot ne puisse sortir. Puis tandis que vous vous asseyiez en face-à-face, un poing serré qui s’en vient à craquer.

« J’espère que ce n’est rien de grave. »

Du moins, rien qui t’énerverait dans l’immédiat. Ta posture qui avait radicalement changé par rapport à l’habituel proposé durant tes heures de cours sans intérêt. Ce dos bien droit qui n’avait même pas besoin de s’appuyer contre le dossier de la chaise.

« Hum… Ça dépend surtout quel genre d’accompagnent tu veux… »

Le menu d’une main, tandis qu’une autre s’élève à ta bouche. Pensif des choix qui s’y proposer dans ce salon de thé inconnu au bataillon d’unes sans étoile.

« Sans doute un Earl Grey pour la simplicité, mais je ne suis pas certaine que sa senteur de plaira. À longueur de tes mots, ton regard parcourt les différents thés proposés. Oh du Pu-Erh ! De quoi faire mon bonheur. Presque mélodieuse tant cette découverte t’avait ravie. Huuuuum…. Soit un Bai Mu Dan, soit un Earl Grey pour une première… L’un sera un peu plus doux et délicat, tandis que l’arôme de bergamote du deuxième pourra te paraître un peu fort si tu n’as pas l’habitude… Mais il reste assez… Commun, donc vous irez sans doute bien ensemble. »

Et un grand sourire angélique, sans la moindre arrière pensée, attendant son choix. Toi, tu avais déjà jeté ton dévolu.


@anton rizzo

C’est un très léger signe de tête, celui qui est accompagné du regard doucement clos. Si tu étais persuadée d’une unique chose dans le monde, du moins, après les Pokémon, c’était bien en matière de thé. Il est tout aussi vrai que les goûts et les couleurs varies en fonction du palais, c’était d’ailleurs pour cette raison que tu lui conseillais la simplicité. Ce thé que tu ne buvais plus maintenant, sauf si tu en avais besoin comme accompagnement ou bien pour te remémorer l’amertume du passé. Et dans le pire des cas, même si la tragédie se mettait en place, tu espérais de tout ton cœur qu’Anton n’irait pas s’en plaindre. Le thé devait être apprécié dans un brin de sourire, un silence doux pour permettre à l’arôme de bercer l’ensemble du corps par sa descente.

Et d’un simple geste de la main, tu refais passer ta chevelure à l’arrière de ta personne. La serveuse qui rapidement vous rejoins. Tes mots doux et sans violence qui dicte un thé Pu-Erh accompagné de quelques financiers aux pépites de chocolat. Une envie illégitime de se mordiller les ongles, comme une prise de conscience de l’habitude d’Anton. De longues années qu’il partageait ta vie et tu avais fini par le connaître, à ton plus grand damne dirait-on. Et tandis qu’il commande son thé, tu lui proposes d’y rajouter une salade de fruit pour accompagner la possible nouveauté gustative.

« Maximilien ? »

Cette tête qui s’incline sur le côté, balayant d’un simple geste le mouvement que tu avais effectué pour les placer à l’arrière. Une courte seconde de silence qui te permet de faire un tri dans ton esprit, histoire d’y voir un visage, d’être capable de lui répondre.

« Hum… Il est très blond et très riche. »

Léger acquiescement, comme une fierté prouvée.

« C’est un héritier après tout. Fin d’après ce que j’ai compris. »

Mais là n’était pas vraiment la question.



@anton rizzo

Tu hausses des épaules avec le plus grand des désintérêts. Aries, t’avais bien grand mal à comprendre l’étonnement de ton partenaire, après tout, tu n’avais fait que répondre à sa question, pour la moins étrange. Mais pourtant, il ne semblait pas s’en satisfaire. S’en suit alors un roulement du regard, celui qui s’élève au plafond pour revenir sur le garçon qui t’accompagne. Très rapidement, il semble tourner l’histoire du revers de la main, comme si la question n’avait jamais eu lieu. Alors, c’est un haussement de sourcils incompris, tu n’arrivais encore moins à comprendre où il souhaitait en venir.

« T’es bizarre. »

Et ce, sans la moindre arrière-pensée. Tu n’avais même pas pris le temps d’y réfléchir, de tourner ta langue dans ta bouche où qu’importe ce qui est conseillé dans ce genre de cas. Incapable de mâcher tes mots, seuls tes idées, premières fonts surface de tes paroles. Mais malgré tout, Aries, tu n’irais pas chercher plus loin dans ce questionnement, car ça ne t’intéressait pas plus que ça. Après tout, tu ne connaissais pas réellement l’héritier des De Monaco, alors tant qu’Anton ne reviendrait pas sur ce sujet dès plus spécifique, jamais tu ne chercherais à l’aider de ton savoir absolu.

Puis c’est l’esquisse de sourire, celui discret au coin des lèvres, la serveuse qui revient à votre table avec un plateau d’argent orné de votre commande. La présentation des desserts était vraiment adorable, les théières possédaient des détails minuscules. Une ambiance qui s’était rapidement installée entre les deux de la table, vos regards remplient d’étoiles. Une partie de toi avait envie de remercier Anton de t’avoir amené ici, de t’avoir permis de découvrir ce qui serait ton petit coin de paradis. Mais très rapidement, ces pensées s’envolent. Cette envie qui disparaît d’un claquement de doigt, aussi rapidement qu’elle ne t’était apparue.

Ce léger sourire sincère très rapidement transformé en sourire forcé. Le genre de sourire qui monterait jusqu’aux oreilles, incitant les yeux à se fermer légèrement. La bouche bien fermée dont aucune dent n’est permise de s’échapper. Pourtant, la tête qui s’incline légèrement sur le côté.

« Ne touche déjà plus à rien, veux-tu ? »

Tu en venais presque à être impressionnée au fait qu’Anton était capable d’être maladroit, même lorsque les choses ne s’y prêtaient pas… Un soupir de lassitude lorsque tes mains s’avancent jusqu’à sa théière pour la récupérer et la reposer sur la table.

« Tu es vraiment incroyable. »

Et dans le mauvais sens du terme. Bien heureusement, le désastre n’était pas si visible que ça, autrement Aries, tu serais sans doute morte de honte de sortir en public avec un tel individu.

« Le thé doit être versé délicatement et pas comme un barbare. »

Et d’un coup de poignet délicat, tu images tes propos.



@anton rizzo

Le poignet toujours faiblement incliné, suivant simplement le mouvement le liquide qui s’échappe de la théière pour chuter dans la tasse de porcelaine qui était présente à cet effet. Telle une douce cascade sans le moindre flot superflu. Ton regard reste fixé sur tes gestes, sans même élever la moindre once d’intérêt a ton partenaire. Lui qui pourtant présente des excuses à plusieurs reprises. Les faits sont là et totalement superflus, tu aurais beau en être énervée d’être face à cet incapable qui n’était même pas capable de se servir du thé correctement. Et c’est finalement lorsque la théière reprend une position droite, lorsque ce poignet se redresse qu’un soupir de lassitude s’échappe de tes lèvres pour accompagner tes propos mordants.

« Ça, c’est un fait que j’ai accepté depuis un bon moment déjà, c’est complètement débile que tu t’en excuses seulement maintenant. »

Pour que finalement cette histoire de service continue. Tu en viens à abandonner la théière d’Anton pour attraper la tienne, tes bras qui viennent délicatement se plier pour exécuter de nouveau ce délicat geste, mais auprès de ta tasse, cette fois-ci.

« Ici et là. »

Assez évasive, car au fond, tu n’avais pas de réelle explication. On aurait pu s’attendre à ce que tes parents puissent t’avoir apprit la tradition anglaise. Mais rien ne te liait ni au sol britannique, ni au sol irlandais. Tu étais plutôt loin de ton pays natal, de celui qui sublimait ton existence. Aucune origine quelconque qui pouvait finalement se lier à ce savoir qui n’était qu’entièrement tien.

« J’aime le thé, c’est tout. »

Et tu n’avais pas besoin de chercher plus loin. Tes mots étaient sincères bien qu’ils pussent paraître ambigus pour quiconque. Un trait de chaleur qui s’échappe de ta tasse lorsqu’elle s’approche de sa fin, la théière qui se redresse pour reprendre contact avec la table ronde.

« Maintenant, je te conseille d’attendre quelques secondes avant d’y tremper tes lèvres. »

Tremper ses lèvres dans un premier temps, lorsque la température du thé était encore assez chaude pour pouvoir humer la chaleur. Cela permettait aussi de savoir s’il était possible d’apprécier le thé immédiatement ou si notre lien avec la chaleur était un peu plus faible, nécessitant une attente plus prolongée.

C’est alors que ton regard s’élève enfin, regardant droit dans les yeux Anton que tu avais semblablement ignoré de ton sens visuel. Les bras qui se lèvent légèrement pour en poser les coudes sur la table. Ta tête supportée de tes mains dorénavant jointes.

« Le truc dont tu voulais me parler, c’est ta question sur Maximilien ? »


@anton rizzo