Il était tard. Beaucoup trop tard. Habituellement, Meredith avait déjà trouvé le sommeil, elle n’avait jamais été une couche tard – elle était beaucoup trop sérieuse pour ça. Mais ces temps-ci, la brunette ne parvenait plus à trouver le sommeil.

Elle se sentait mal, malade même. Malade de ne rien pouvoir faire, d’être chaque jour témoin d’un peu plus d’inégalités.

Et elle voulait agir oui, mais Meredith ne savait pas. Meredith ne savait pas quoi faire. C’est pour cela que ses pas l’avait conduite ici – au jardin botanique, entre toutes ses allées où les fleurs dansaient au gré du vent. Elle espérait qu’ici elle pourrait trouver une réponse, qu’elle trouverait enfin quoi faire.

Une voix familière la sort soudainement de ses pensées, alors se retourne doucement Meredith, plongeant ses yeux dans ceux d’Elyas. Elle ne sait pas quoi lui dire, elle lui a fait du mal - elle en est consciente. Mais elle ne pouvait simplement pas faire autrement. Meredith avait la sensation qu’il avait toujours été attaché à son alice plus qu’à elle-même. Mais la brunette lui sourit quand même légèrement, avant de passer doucement le bout de ses doigts sur l’une des nombreuses fleurs de l’allée :

▬ Il est tard, oui. Toi aussi tu devrais dormir, je trouve que tu as mauvaise mine.

Elle n’a rien contre Elyas dans le fond Meredith, alors notre amie ne peut s’empêcher de se montrer bienveillante, comme elle en a l’habitude avec ses proches.

▬ Qu’est que tu recherches, Elyas ?

Sa voix se fait un plus dure, mais c’est nécessaire. Meredith a besoin de savoir, savoir s’il cherche tant à rester auprès d’elle juste parce que son alice lui apporte une sensation de bien-être, cette sensation qui lui manquait tant.

▬ A discuter avec moi ? Ou à profiter de la sensation de plénitude que t’apportes mon alice ? Je ne suis pas idiote tu sais.

Ses yeux viennent alors trouver les siens, et elle attend patiemment sa réponse.

Le malaise est palpable suite à sa question. Mais Meredith voulait savoir. Elle n'avait jamais vraiment sû si Elyas l'aimait elle ou son alice. Et ca l'avait tourmentée. C'était même l'une des raisons qui l'avait poussé à rompre - bien que ce ne soit pas la seule. Le silence qui s'installe ne fait que renforcer le malaise, ses doutes. Et finalement, il brise ce lourd silence d'un rire auquel la brunette ne s'attendait pas.

Alors Meredith détache lentement son regard des fleurs, pour venir soutenir le sien, comme pour essayer de trouver la réponse qu'elle attendait dans ses yeux.

Il n'a pas tort. Il est sûrement le plus blessé de vous deux. Et la brunette le sait. Elle l'avait abandonné du jour au lendemain, coupant définitivement les ponts sans même lui donner une raison valable. Et même avant ça. Elyas était déjà blessé. Meredith le savait et n'avait rien pu faire. C'était son alice qui lui apportait le réconfort.

▬ Je ne suis pas vexée.

Non. Ce n'était pas son genre.

▬ C'est vrai. Tu es sûrement le plus blessé de nous deux. J'ai mal agi. J'aurais dû te donner une raison. Je n'ai pas assez pensé à ce que tu as pu ressentir.

Mais ça l'avait un peu blessée aussi dans le fond Meredith. Parce qu'Elyas était important pour elle - et qu'il l'était toujours. Elle avait eu peur de pas pouvoir l'aider, et fuit par lâcheté.

▬ Tu étais déjà blessé avant Elyas. Et j'ai eu peur. Peur de ce que tu étais capable de faire. Peur de ne pas être à la hauteur. De ne pas pouvoir t'aider.

L'honnêteté avait toujours été une qualité importante pour la brunette. Alors ce soir, elle lui donnerait toutes les réponses qu'il attendait.

Il ne sait pas. Au fond, Meredith l'a toujours su. Elle voulait juste en avoir la certitude.

▬ Je sais.

Elle hausse simplement les épaules, ne sachant pas quoi rajouter de plus. C'était plus à lui de poser des questions désormais.

▬ Je suis là maintenant. Je ne compte plus fuir. Et si tu le souhaites, je répondrais à toutes tes questions.

Elyas n'avait pas l'air prêt à entendre la vérité. Meredith l'avait deviné, lorsqu'il avait baissé son regard, soucieux. Elle était consciente qu'il était peut-être un peu trop tard pour lui donner des réponses. La brunette savait qu'elle était fautive, mais elle avait eu peur. Peur de blesser Elyas en étant trop honnête. Pourtant, Meredith détestait le mensonge ainsi que la lâcheté. Pour elle rien n'était plus important que la vérité - et en fuyant Elyas, elle avait trahi ses principes. Et pire encore, il avait sûrement été beaucoup plus blessé de ne pas savoir.

Meredith aurait voulu lui répondre, lui expliquer pourquoi elle avait soudainement décidé de lui parler, de lui apporter les réponses qu'il attendait depuis sûrement des mois, mais Elyas ne lui laissa pas le temps.

Il n'avait qu'une question.

Pourquoi s'était-elle éprise de lui ?

Meredith n'y avait jamais vraiment réfléchi auparavant. Et personne n'y réfléchissait sûrement vraiment. Elle avait ressenti une attirance, et son coeur s'emballait quand il était près d'elle... Mais encore ? Ce n'était sûrement pas la réponse qu'il attendait.

La jeune femme resta un instant silencieuse, un peu surprise par sa question. Avant de plonger ses yeux dans les siens et de lui sourire légérement :

▬ J'aimais ton côté un peu fier, le fait que tu ne te dégonfles jamais. J'ai toujours admiré ta détermination. J'aimerais l'être tout autant.

Meredith ne savait pas vraiment si elle lui donnait la réponse qu'il attendait. Mais tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle ne s'était pas éprise de lui pour quelque chose d'aussi futile qu'un alice ou son physique.

▬ Mais j'ai aussi aimé ton côté blessé, j'ai voulu t'aider. Mais moi je n'ai rien pu faire.

Non, Meredith n'a rien pu faire, c'est son alice qui l'avait aidé plus qu'elle ne l'avait fait.