house of memories ✧ Elijah.

tu tournes en rond, entre la chambre ouverte de celui (ou celle) qui vous a laissé entrer, et le couloir. T'es préoccupée, incapable de garder ton esprit dans l'instant présent. Tu divagues, beaucoup trop.

tu sais même pas pourquoi t'es là, mais dès qu'une porte s'ouvre, tu fais partie des premiers qui s'y engouffrent. Pour quoi faire ? Pour t'occuper, pour fuir, pour oublier, qui sait.

tu balades ton regard parmi ceux présents avec toi. Jusqu'à lui, au fond de la chambre, tout seul, dans un coin.

Eli, toujours un peu à l'écart, toujours en train d'observer ―ou d'attendre ? Point de repère, tu avances doucement en sa direction, évitant de croiser son regard jusqu'au moment où tu t'installes à ses côtés.

ça fait parfois un peu mal, d'être à côté de lui. Parce qu'Eli, c'est synonyme du bon vieux temps, des années de rires et d'insouciance. Lui et Adri, ont été une grosse partie de ta courte vie. Alors oui, être à côté de lui, ça fait mal un peu parfois.

on ne se rend compte de ce qu'on a perdu qu'une fois que c'est vraiment perdu, c'est ça ? Si tu pouvais retourner en arrière, qu'est-ce que tu changerais ? T'en sais rien. T'aurais certainement collé une claque à Adriel pour lui remettre les idées en place, et éviter de perdre deux de tes points de repères d'un coup. Mais c'est trop tard alors, tu chasses cette pensée de ta tête. T'y penses souvent, sans faire exprès.

assise à côté d'Eli, tu prends ton courage à deux mains pour prononcer quelques mots.

― salut Eli.

dans ces moments-là, chaque parole compte, alors tu fais attention à ce que tu dis.

― tu t'amuses bien ?

t'aurais pu commencer par un "ça va ?" mais pour quoi faire ? Pour qu'il lâche un "oui oui ça va" qui ne signifie rien ? C'était pas la peine.

— gitano;

UNE ÉTOILE Messages : 43 Age : 26 Classe : F

house of memories — alexandra

Ton regard n’était captivé par rien.

Dans cette pièce dans laquelle tout le monde s’amusait trop bruyamment.
Tes yeux divaguaient entre la curiosité que tu portais au genre humain, et l’intérêt plus fort encore que tu accordais à cette ravissante boisson qui coulait dans tes veines. Tes iris dilatés témoignaient de l’effet qu’elle pouvait avoir sur son corps tendu. Trop tendu depuis les événements passés.
Si tendu qu’en vérité, tout en toi ce soir était inhibé.
Tu n’étais qu’une bande passante, laissant toutes les informations se balader sans jamais t’atteindre. Rien ne retenait ton attention. Ni les rires benêts d’un gars amusant la foule, ni les sourires qu’une nana lui portait en l’appelant Adriel. Non. A la place, tu préféras l’ignorer, et reprendre une gorgée de ce succulent nectar.
Ce soir, il te rendait plus introverti que tu ne l’étais déjà. Toi qui avait appris, avec un verre ou deux, à te laisser un peu plus faire, ce soir, c’était entre toi, la musique et tes démons que tu t’entretenais.
En réalité, tu ne savais même pas pourquoi tu étais là. L’on t’avait invité comme l’on inviterait un paquet de sottises à trouver place dans une poubelle. Tu connaissais ce monde autant que tu l’ignorais, et réciproquement. Ils ne te connaissaient que pour cette étiquette que tu étais pour eux, pas pour ce que tu étais pour toi. Ce n’était qu’une soirée clandestine comme une autre, où vous alliez encore devoir se carapater sec lorsque l’un des képis du bazar allait vous tomber dessus.
L’adrénaline n’avait même pas été une raison non plus. Enfin, bon, avouons finalement que la bière avait été le seul et réel facteur et argument qui t’avait possiblement fait accepter.
Assis sur l’une des chaises derrière le bureau transformé en table de jeux trempés d’alcool, ton regard amorça finalement une longue introspection de la pièce, qui te porta très vite sur la porte d’entrée. Tu la regardas alors passer celle-ci avec adresse. Celle pour laquelle ton intérêt se vit gravir subitement un échelon. Ton cœur sembla presque se serrer dans ta poitrine, silencieusement, sans aucune différence notable sur ton visage. Voilà longtemps que tu ne l’avais pas vue. Longtemps que tu ne lui avais pas parlée.
Tu étais soulagée de la voir sauve. Tu avais bien pensé à elle, c’était évident. Tout comme tu avais pensé à ta famille. Tout comme tu avais pensé à Elyas. Et à Pandora, ce qui était encore une énigme, de ton point de vue.
Elle avait pourtant été la seule que tu n’avais pas contactée. L’unique écart sur ta liste qui te faisait passer pour un véritable connard. Et ton cœur tirait, tirait parce que tu te trouvais con, un véritable abruti. Personne ne te vit détourner ton regard pour prendre une gorgée de ton verre, dissimulant la lèvre que tu mordis de gêne.
Elle ne pouvait pas t’en vouloir. Tout comme tu ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir été le même fantôme que toi.
Tu ne pouvais en vouloir qu’au passé de ne pas avoir été clément, avec toi, comme avec elle. Comme avec Adri.
Ta mâchoire se serra lorsqu’elle se rapprocha de toi, mais tu ne fis rien paraître de ta confusion. En réalité, elle était minime à côté de la sensation de douceur qui sembla envelopper ton corps. Cette mélancolie, ce petit truc du « bon vieux temps ». A l’ancienne.
Lorsqu’elle partagea sa première accolade, tu glissas un regard sur elle, ce regard froid que tu t’évertuais à rendre à n’importe qui. Cette glace pourtant si friable lorsqu’on savait employer les bons mots.

« Salut Alex. »

Ta voix était rauque, peut-être un peu fatiguée par l’alcool. Le haussement d’épaules que tu rendis à la seconde parut las alors que tu te perdis un sourire léger.

« Autant que la mousse qui frétille dans mon verre, comme tu peux le voir. »

Puis tu glissas à nouveau tes lèvres sur la dernière gorgée de ce verre qui tournait un peu dans ta tête. Tu l’avais certainement bu trop vite. Ou alors, peut-être ne le tenais-tu juste pas. C’était fortement possible.

« Toi aussi tu t’es perdue pour venir jusqu’ici ? »

Il fallait bien avouer pour toi que tu n’avais rien à foutre à cet étage, Elijah.

« J’compte pas rester trop longtemps là de toute façon, il n’est pas loin de 22h. »

L’avertissement sera pour plus tard.

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Elijah était semblable à une étoile éteinte, ou à un soleil sans chaleur. C'est que la douleur touche tout le monde, c'est qu'Eli a lui aussi pris les balles perdues entre Adriel et toi en plein cœur. La solitude est dure, elle n'épargne personne, ni même les cœurs les plus tendres.

c'est quand tu le vois comme ça, que tu voudrais retourner en arrière.
tout faire différemment; essayer de changer les équations.
peut-être qu'il y avait eu de meilleurs choix à faire;
au fond, qu'est-ce que t'en sais.
on ne remonte pas le temps,
on ne retourne pas en arrière.
ce qui est perdu ne revient jamais.
ou peut-être différemment.

― l'étage des doubles c'est le mien tu sais.

tu te dis qu'il a certainement un peu forcé sur la boisson lui, pour oser te demander si tu t'es perdue alors que
c'est chez toi ici.

tu voudrais reprendre ton rôle,
tout mettre de côté.
lui caresser la tête et lui dire qu'il peut se laisser aller, que t'es là,
qu'il est en zone protégée;
que ce soir, certaines balles ne l'atteindront pas.

qu'est-ce qu'on doit faire dans ces moments-là ?
quand on veut aimer, chérir, mais qu'on ne peut pas;
quand on veut tout annuler, faire comme si rien n'existait;
qu'est-ce qu'on peut faire quand on dix-neuf ans,
qu'on a vécu beaucoup et peu en même temps.

qu'est-ce qu'on peut faire quand on est fière comme toi,
et qu'on ne sait rien de la vie,
du moins si peu que c'en est inutile ?

tu poses ta tête doucement sur son épaule.
comme le pilier qu'il a été.
même si aujourd'hui Elijah, t'es bancal.
mais on n'oublie rien t'en fais pas,
on n'oubliera jamais rien.

― c'est moi qui te fais fuir comme ça ?
il ne le voit pas, mais tu souris en parlant,
alors il l'entendra certainement.

ne t'enfuis pas encore,
pas maintenant.
laisse-la gagner quelques minutes avec toi,
quelques minutes de calme, d'apaisement.

— gitano;

» heads or tails ♝ Elijah
» ❝ lost but not forgotten ❞ — elijah
» (( hopes and dreams unravel )) ft. elijah
» pour nos pères – elijah † elior
» the supporting role of an incredible comedy ♝ Elijah