le silence est reposant. l'hiver a installé son manteau glacial, fait frissonner les plus fragiles et immobilise les folies qu'on réserve au printemps et à l'été, les grandes séances d'amusement sous le soleil cuisant des beaux jours. oona parcourt la forêt comme son domaine, a plongé ses pieds dans l'eau glacial, ses orteils devenant bleus au contact de l'eau qui ne gèle pas grâce au courant perpétuel. elle saisit la petite serviette enfouie au fond de son sac pour les essuyer, finit de le faire dans l'herbe tendre mais toute aussi froide, et enfile ses chaussettes puis ses chaussures en cuir. elle met son sac à dos contre un arbre, pas loin de sa cachette avec ses copains, foulant les lieux, suivie par ses propres craquements. elle est fugitive, se rend immatérielle pour s'assurer la discrétion, file sans être arrêtée par les obstacles, revient sur ses pas en distinguant une silhouette connue d'à peu près sa taille.
elle s'arrête, cesse d'utiliser son alice, les cheveux en pagaille.
dans un silence parfait, elle observe chandra se mouvoir et - puis donner un coup de pied dans son sac.

elle n'est pas touchée par le geste, pas affectée pour un sous : cela démontre plutôt une frustration de la part du plus nerveux des deux, une colère qu'elle compte bien assujettir. jusqu'ici elle n'a jamais trop réagi aux provocations de chandra, le laissant agir avec un mépris inné, flottant au-dessus des insultes sans lui adresser trop de regards. l'intimité du lieu permet qu'elle brise le mur arrogant qu'elle a dressé pour le frustrer.
elle accourt sans un bruissement, réactivant son alice : elle arrive à travers un arbre pour le plaquer par surprise contre celui qui est derrière lui, le saisissant violemment à la gorge. tu refais ça je t'enfonce mes doigts dans ta gorge. elle appuie ses phalanges dans la chair du cou, menaçante. elle est un peu plus grande, de cinq centimètres, et reste tout proche de lui en gardant ses deux mains sur lui. t'es vraiment un parasite, personne veut de toi alors reviens par ici une seconde fois ou je t'arrache les yeux. sa voix est dramatique, théâtrale : elle illustre comme un grand méchant de dessin animé avec une froideur grandiose, le regard sévère. je t'arracherai les yeux à la petite cuillère. un temps. et je les mangerai. tu fais quoi ici ? tu veux quoi ?