any song

est-ce que le cœur des autres suit les mêmes tempo ? a-t-on des cavalcades similaires qui battent le rythme dans le petit amphithéâtre des os ? celui de Liu est léger mais joue à deux fois la cadence des pieds, et ça n'a pas finit d'accélérer
tant qu'on n'est pas arrivé.

headphones sur les oreilles isolé de tous les bruits les couloirs ont beau être déserts il préfère quand c'est envahit de ses mélodies, à détection de mouvement les lumières s'allument à son passage
lui qui rase les murs de jour
dans ces moments là il est heureux que ces semblants de projecteurs le remarquent. s'amuse à ponctuer la marche d'un tour sur lui-même, son sac en bandoulière à l'épaule comme un partenaire de fortune, le tenant dans les bras parfois entre deux pas on valse.

ah si seulement ça pouvait être tous les jours les réunions ! mais ce n'est pas comme ça qu'on a agencé l'organisation alors c'est plusieurs fois par semaine et en attendant il retient son souffle. trépigne des grandes bouffées d'air au fur et à mesure il a l'impression de sentir, l'atmosphère se charger d'oxygène dont elle manquait tant. et le soir tombe et Liu compte
un deux trois temps
un deux trois virages
avant d'atteindre le local du club de danse.

s'arrête net
en voyant qu'il n'y a personne d'aussi impatient que lui,
il n'y a même
personne tout court
devant la salle.

on était pourtant à l'heure.

les risettes de courte durée - elles ont disparu - sans comprendre tout de suite Liu s'avance plus prudemment. fini de danser, lorsqu'il se plante devant la porte close aux vitres fumées, le palpitant déjà pétrifié en remarquant que rien n'illumine la pièce derrière, et en posant la main sur la poignée pour ouvrir -
fermé.

l'impression que tout son sang dévale son corps en une seconde, il reste là sans trop savoir quoi faire de lui, l'envie d'être nulle part si ce n'est ici, et si ce n'est pas ici alors nulle part
nulle part. enlève le casque des oreilles pour laisser autour du cou, les dents malmènent les lèvres une seconde, mordent, fort,
et puis Liu soupire et pose son front contre la surface froide de la porte de la salle de danse.
se traite d'imbécile et puis de tous les sales mots qu'il connait
c'était ça c'était donc ça
pour ça que personne ne répondait aux SMS.

aujourd'hui c'est annulé.

any song

des étincelles le long de l'échine - sursaut ! probablement qu'on n'est pas en courant continu, plutôt alternatif, et quand ça connecte avec les autres, réflexe, on s'électrise. tressaille une seconde le temps des voltes-face pour tomber nez à nez avec la luminosité incarnée. les cils papillonnent, Liu comme ébloui. jolie risette et jolis mots, la mélodie de la voix passe au travers et voit trop clair - faut pas s'en faire,
c'est pour soi qu'on pique des fards.

j-je- ouais, nan -

une question à la fois Liu, doit choisir entre oui et non c'est déjà beaucoup de décision. hésitant oscillant. non on ne fait pas de malaise mais oui on est mal à l'aise et non ça ne va pas mais oui ça va aller. oui ou non dans tous les cas c'est la honte.
trois zones rouges - joue droite joue gauche et front trop longtemps posé contre le froid des portes vitrées - dos à elles, Liu y adosse les omoplates, face à toi, il s'efforce de regarder dans les yeux. un hochement de tête, c'est suffisamment vague mais on donne tout ce qu'on a.

... toi aussi t'es là pour la réu' du club de danse ?

on ne sait pas, on demande, on détaille et il trouve qu'on se ressemble. un survet' et des mélodies dans les oreilles c'est l'attirail de ceux qui se rendent au local à cette heure-ci mais quelle que soit la musique
Liu ne se souvient pas t'y avoir vu.
se rappelle que c'est verrouillé derrière lui, les doigts viennent serrer nerveusement la lanière du sac qui lui barre le torse et il détourne le regard.

je- j'crois que c'est mort pour ce soir.

et l'on est triste comme si c'était Noël qu'on avait annulé.

any song

les casses du siècle on en a jamais fait parti tu sais
les teams non plus
Liu avant-dernier au moment de former les équipes et puis sur le banc de touche, n'est pas convié aux événements ni mis au courant des plans. ça se passe sans lui, quand ce n'était pas des complots dans son dos. fut un temps ces œillades complices c'était d'un bout à l'autre de la classe pour faire signe
de nouer ses chaussures sous la table
pour balayer ses cahiers des pupitres
et puis pour se féliciter de le voir trébucher en voulant ramasser les feuilles volantes. à ce moment là on se regardait
comme tu le regardes.

oh il comprend
il saisit cette lueur là et le fait que ce soit rien que pour lui il comprend
pourquoi c'est addictif de faire partie de quelque chose d'un peu secret d'un peu interdit. il garde pour lui
les écouteurs et puis les trois lueurs
sourire, clin d'œil, éclair de malice
inverse un peu les courbes de chagrin sur ses lèvres ça se tord presque dans le bon sens. il aurait voulu répondre
got it
mais Liu n'est pas un pro des petits crimes et tu es parti bien trop vite.

angoissant excitant tu as dis j're c'est pas tout à fait je reviens mais tu confies des choses qui t'appartiennent alors c'est une raison de guetter ton retour, pas vrai ? ah on ne sait pas, on ne sait jamais, parce que l'instinct conclue toujours i'm a joke that's what i am - et te revoilà
toi et les clés
toi et tes clins d'œil
(font cinq lueurs ce soir)
rayonne et fait fleurir
des risettes sur le visage de Liu -
c'est le printemps.

ah - t'as - comment t'as fait ??

le voir pour y croire c'est insuffisant et Liu vient saisir entre les doigts le trousseau - ça tinte comme si c'était précieux - et il serre un instant au creux de la paume. relève une œillade un peu désemparée vers le héros de la soirée.

... tu les as pas chouré quand même...

ça fait tellement plaisir que l'idée l'effraie à peine. ces clés-là mènent à des refuges trop importants. tu veux t'y rendre aussi ? watch la choré en primeur, Liu bredouille hésitant. bah je- j'allais pas te dire d'attendre dehors.. ce serait mesquin de demander de fermer les yeux, alors .. d'accord.

et puis de l'autre coté de la porte on est toujours en sécurité - Liu se tourne pour déverrouiller, déjà intimidé à l'idée que tu puisses observer ses mouvements il tente de ne pas trop écouter le métronome du cœur qui s'affole à l'avance. ça ira ça ira
et lorsque c'est ouvert sans avoir besoin de tâtonner la main trouve aussitôt les chemins jusqu'à l'interrupteur, réveille les plafonniers qui éclaboussent le local de lumière familière. on entre et l'air est pur, c'est comme chez soi qu'on se sent tandis que Liu s'avance dans la salle immense comme il faut pour qu'on ait la place de vivre grand. les petites habitudes, il va aussitôt pour poser son sac là tout un pan de mur couverts de miroir double les étendues

on peut que s'asseoir par terre ici par contre...

et c'était un peu étrange en relevant la tête d'y voir deux reflets
mais au tien on sourit

enfin je sais pas, peut-être tu voulais rester debout ?

danser aussi
après tout t'es fringué pour.

switch on, à l'extrémité du mur de miroir où l'on avait posé les affaires il y avait les sonos qui trônaient là, imposantes comme des idoles - ça fait discrètement vibrer l'air lorsque Liu les allume et qu'elles attendent des notes à diffuser. et derrière lui ta voix, et devant lui ton reflet. il relève la tête et te regarde dans les yeux, un peu plus longtemps que si l'on se tenait l'un en face de l'autre en chair et en os. un sourire furtif, à l'intention de ton double qui papillonne dans la salle.

j'aime bien homie...

volatile ça s'évapore - pas tout à fait. ici il ose
imprégner un peu plus les lieux. c'est un endroit où tu peux prononcer son prénom par exemple. une idée qu'on souffle dans un haussement d'épaules.

... sinon Liu si tu veux.

comme si ça n'avait pas beaucoup d'importance. là tout de suite on est quelqu'un qui s'amuse de te voir complimenter le sol. on n'a pas grand chose de plus. déjà ça et puis de la place pour qu'entre ces quatre murs on puisse se faire tout ou rien. comme ça qu'on fonctionne. à force de se fixer dans la glace les reflets changent - on se désincarne - tu verras au bout d'un moment.

Liu debout devant vos réflexions, vous observe tandis qu'il lève les bras au ciel, les mains se rejoignent et s'entremêlent et il s'étire tout du long. espiègle en dedans, alors qu'on tremblait dehors. tu sais bouger c'est juste t'en as pas encore conscience. avant de se regarder faire. les coudes retombent contre les flancs, il joint ses poignets dans son dos et plie une jambe, tient le pied, étire, repose, répète de l'autre coté. t'insistes. tu dis qu'au dessus des moves de Psy tu titubes. et Liu fait non de la tête, retour des risettes. nan mais je te jure, tu te rends pas compte mais t'en connais pleins des pas de danse. et puis les muscles suffisamment dégourdis, il se détourne de toi dans les miroirs pour se tourner vers toi pour de vrai. rien que tes bras, comment tu savais pas quoi en faire, ça peut donner un move sympa ! comment tu gesticulais - c'est un synonyme de bouger, c'est pas bien loin de danser - Liu imite, et puis, un peu plus fluide, un peu plus lent, et on y est. avant d'interrompre le mouvement lorsqu'il se laisse aller à rire doucement oscillant d'un pied à l'autre, il faut qu'il vienne croiser les bras qu'on agitait contre les côtes pour les tenir. tout l'être à peine fuyant sur l'instant, jusqu'à ce qu'il se redresse de nouveau.
shrug à l'identique - reflet de toi.

vas-y hm.. homie - ah dis-moi ton nom... t'écoutais quoi t'à l'heure en arrivant ? balance et on va danser sur ça..

il désigne les sonos d'un mouvement de tête, abaisse un peu le menton en revenant à vous, smile rien qu'un peu shy. pour commencer ce sera plus sympa
d'essayer de fonctionner comme toi -
on te montrera comment faire.