orgueils et préjugés (anaël)/LITTLE WOMEN AU

UNE ÉTOILE Messages : 129 Classe : f.

Ce n'est jamais bon signe lorsque la jeunesse s'enfuit

les doigts crispés sur le pinceau, meliwen sait qu'elle risque de gâcher sa toile d'un mouvement ravageur si elle continue à peindre en étant aussi frustrée. esseulée dans le grand atelier illuminé par les immenses baies vitrées, sa vieille tante doit vaquer à des occupations mondaines tandis qu'elle, elle s'étend dans une éternelle amertume due au comportement déplorable de celui qu'elle ne veut même pas nommer en l'instant. quelle honte ! en premier lieu, il fut en retard - et en deuxième, un rien déboussolé par l'ivresse !
elle ne pouvait pas s'afficher dignement, bien qu'il n'était question de profiter d'une telle occasion sociale pour lui toucher quelques mots amicaux, à ses côtés ; cela fait quelques mois déjà qu'elle tente de se forger une réputation et elle ne veut que tout cela détruit par un impertinent.

voyez-vous, lui a les avantages de sa propre richesse et d'être un homme : ainsi est-ce lui qui décide qui il fera balader sous les branches pesantes de la pinède, et qui il regardera jusqu'au restant de ses jours. meliwen est bien obligée de combler les dépenses d'une famille nombreuse et coûteuse par un mariage avantageux et il est hors de question qu'il vienne gâcher ses chances d'une telle manière, avec un tel aplomb déconcertant.

s'il suit les manières, il ne cherchera pas à la revoir avant d'avoir glissé au moins une lettre à lui faire parvenir et se couvrira d'humilité auprès d'elle pour se faire pardonner. mais la réalité est plus railleuse car elle l'aperçoit en chair et en os au-delà de sa toile. elle dépose son outil sèchement sur sa palette et se lève, dépoussiérant son tablier sans tâches et bien élégant. de si bon matin ! et vous ne vous vous confondez même pas en excuses. vous n'êtes pas la bienvenue ici, je n'accueille pas les lords que je méprise. sa voix est pincée et au-delà d'être profondément furieuse, elle est blessée de la légèreté de l'autre dans une affaire publique. hier, vous n'avez pas seulement eu un comportement déplorable mais vous m'avez aussi fait honte à faire mine que l'on se connaissait alors que vous étiez ivre. à une soirée mondaine. ça suinte le mépris et surtout - surtout elle veut oublier qu'elle est capable de l'aimer pour rendre son ire plus crédible. pour ne pas avoir à le regarder elle s'affaire à bien aligner ses pinceaux, les sourcils froncés dévoilés par ses cheveux relevés en une couronne tressée.feat. @anaël quinn / AU LITTLE WOMEN

des rêves d'avenir
en notre nom

autour d’elle, des fleurs, des chaises, installation de natures mortes et de l’artiste. entrer, incliner la tête ; on sait très bien que ces boucles nonchalantes – pour l’heure – ne sont pas la bienvenue. petit sourire à ses gestes, rire amical contre les reproches. retire son manteau, puis s’assoit. on admire les grandes fenêtres, regarde le sol, regarde meliwen. la chaise est confortable. si ce n’est les accoudoirs, un peu compressé non ?

alors tandis qu’elle s’affaire à lui tourner le dos, anaël s’affaire à passer les jambes par-dessus l’un des bras de la chaise, pieds dans le vide, croise les mains au-dessus des genoux. hoche la tête, toujours ce petit sourire. parce qu’on est content d’être venu te voir au lieu de t’écrire. ces innombrables caractères mondains emberlificotés simplement pour se faire pardonner.

right. good morning meliwen. quelle coïncidence que je vienne pour « me confondre » en excuses, précisément. est-ce que tu complimentes aussi les lords que tu méprises ?

référence à la soirée désastreuse. on en retire un peu de bon, des compliments lâchés dans l’amertume. acerbes certes, mais on rit aujourd’hui, tentative de te dérider un peu. on n’a pas menti lors de vos retrouvailles, après toutes ces années sans nouvelles ; tu es devenue magnifique meliwen. aujourd’hui, c’est bien toi qu’on vient voir.

ivre à une soirée mondaine, (hausse les épaules, les sourcils) qui ne l’est pas une fois dans sa vie ? d’accord. d’accord. (précéder les remontrances à la blague) i admit : tu m’as invité, je suis venu, et de la pire façon qui soit pour toi. (geste maniéré, main tendue vers toi) pour ta réputation. je te demande pardon de vive voix, ce serait dommage, après tout ce temps, que l’on garde si mauvaise souvenir l’un de l’autre.

les yeux étudient l’espace, s’attardent quelque peu sur la toile, posée sur un chevalet.

so now, est-ce que je fais toujours partie de ces lords que tu n’accueilles pas chez toi ? c’est que je suis déjà bien installé tu vois.

se cale contre la chaise. bien confortable les pieds dans le vide. si tu établies une distance, meliwen, pas lui. la familiarité d’autrefois trop précieuse, on veut la conserver encore aujourd’hui. ça se voit dans l'éclat des yeux.feat. meliwen / au little women

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Ce n'est jamais bon signe lorsque la jeunesse s'enfuit

il a toujours cette légèreté insolente, cette légèreté sans crainte que seuls les hommes et les enfants peuvent avoir à l'égard des femmes : entre elles, elles se massacrent. et surtout il n'a rien à perdre - n'est-ce pas ? il ne l'aime pas, sûrement pas de la manière dont elle l'aurait voulu. il ne se plie pas en quatre pour se plaire car il doit avoir l'intime conviction qu'elle reviendra toujours à lui -
et c'est vrai.

quelle insouciance ! il le sait déjà qu'elle ne va pas le rejeter, qu'elle ne va pas s'atteler à la douloureuse tâche de la congédier pour son honneur et sa fierté à elle - et c'est terrible comme sensation d'être impuissante face à sa propre affection. quelle affliction !

elle rougit en fronçant des sourcils, et maintenant que ses pinceaux sont bien alignés, elle les nettoie un à un (toujours aussi furieuse) pour continuer à s'occuper les mains. c'est déjà cela. son ton est pincé, elle est honteuse d'accepter d'aussi piteuses excuses alors qu'elle pourrait demander bien plus. elle relève son nez en plissant ses yeux, pointant le pinceau entre ses doigts vers lui. ne vous avisez plus d'utiliser quelques compliments que je vous ai fait pour vous moquer de moi cela dit. d'en faire une arme, surtout quand ils sont aussi sincères - cela leur retire une valeur profonde. elle en revient à son essuyage. en l'honneur de votre grand-père, vous pouvez rester. elle pousser un soupir assez discret pour être toujours aimable. je me fiche de garder mauvais souvenirs de vous, ce n'est pas comme si nous allions passer notre vie ensemble, n'est-ce pas ? elle finit par récupérer la toile finie pour la déposer au-dessus d'autres, dans une petite pile. j'ai d'autres projets qui nous éloigneront l'un et l'autre. elle est dos à lui, toujours face à la toile. comme me marier avec ce milliardaire devant qui vous m'avez humilié hier. elle fait demi-tour vivement, restant face à lui. allons bon ! heureusement qu'il ne m'en veut point, vous savez que je peux être terrible quand je suis en colère. car là n'est rien par rapport à ses réelles fureurs, qui ne sont que des mirages - elle serait sûrement incapable de rester dans un état si froid face à anaël.
et pour finir, elle l'observe de haut en bas. tu ferais un piteux modèle, tu ne sais même pas te tenir sur une chaise.feat. @anaël quinn / AU LITTLE WOMEN

des rêves d'avenir
en notre nom

pince les lèvres, coup de menton affirmatif. c’est la magistrale prestance du pinceau qui l’intimide, on va dire. promis il conservera tes compliments sagement rangés dans sa poche, secret bien gardé.

trop aimable, je ne manquerai pas de le remercier de m’offrir une si favorable providence, even now.

pourquoi rester brouillés meliwen, pourquoi une telle question équivoque. il tique anaël, toujours confortable sur la chaise, lève un sourcil intrigué, moue amusée. suit ton manège, fixe la petite pile de toiles et
penche un peu la tête soudain.
regarde-le meliwen, c’est bien à lui que tu t’adresses non ? il ne s’effacera pas dans l’espace parce que tu l’évites.

tu l’évites oui. des projets ? ironie du ton. pousse une exclamation exagérée, hoche la tête, à la grande annonce. enfin ton visage se tourne, lui apparaît. anaël s’incline sur la chaise, tape doucement dans ses mains ; ce sont ses félicitations officielles. rire instinctif quand tu rappelles tes colères. certes, j’en ai été témoin par le passé. la sensibilité des artistes qu’on aime dire pour plaisanter. la sensibilité de l’esprit. jo et toi avez toujours su l’animer, l’exprimer. pas de la même façon, assurément. et la vie l’a éloigné de l’écriture de l’une pour mieux (re)découvrir la toile de l’autre. du moins, veut-il croire à ce style convenu. pour l’instant.

sa remarque le fait se redresser. anaël, à son tour, se regarde de haut en bas. grand sourire.

oh maintenant c’est « tu ».

pose les mains sur les accoudoirs. d’un mouvement souple, ramène les jambes vers l’avant, les croise, dos bien calé contre le dossier capitonné. cou altier. un temps. puis fixe meliwen, moqueur sans méchanceté. écarte les bras puis les laisse retomber sur les accoudoirs.

suis-je mieux à présent ? et pour quelles raisons mademoiselle se soucie-t-elle que je fasse un bon modèle ? tiens, je sais.

lève l’index ; just look.
quitte la chaise. fait quelques pas. se plante dans l’espace, regarde les grandes fenêtres, les pinceaux, les décors. au fond de l’atelier, une colonne qui se veut de marbre, entourée d’autres chaises. les yeux grands, malice, dévisagent meliwen.

puis anaël s’installe à gauche de la colonne. moitié bien assis, un pied au sol, le second posé sur le velours de l’autre meuble.

comme ça. vas-y, dessine-moi.
ainsi, quand nous serons éloignés par l’argent de ton fiancé, tu auras un souvenir de ma personne telle que tu la connais. d’ailleurs, parlons donc de ce généreux milliardaire ; ce n’est pas n’importe quel gentleman qui pardonnerait si aisément les écarts des amis de sa future épouse.

mime une moue de reconnaissance.

je suppose que ce sont ses goûts raffinés pour ton talent qui te plaisent. quel dommage que nous n’ayons pu discuter.

et anaël prend la pose, joue la nonchalance.
feat. meliwen / au little women

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Ce n'est jamais bon signe lorsque la jeunesse s'enfuit

si elle devait s'attarder sur toutes les remarques d'anaël, ce n'est même pas qu'elle n'aurait plus de souffle mais c'est l'esprit qu'il lui manquerait car il a le don d'aspirer les derniers soupçons de sa patience. elle ne répond donc pas à ses diverses provocations et se contente d'abord de lever deux yeux volontairement hagards à son égard, le suivant du regard sans bouger. ses doigts se crispent un rien face à son indolence puis finissent par saisir un crayon à papier traînant-là, se rapprochant de lui carnet à la main. elle accepte silencieusement la requête et déplace une chaise plus légère pour venir s'asseoir face à lui, s'installant correctement pour être à l'aise.

elle commence à dessiner tandis qu'il parle encore, répondant en ne lui adressant des coups d'oeil seulement pour croquer le dessin. nous ne sommes pas encore fiancés. mais sa proposition est proche à vrai dire, je le sens. et s'il pouvait lui, anaël, lui proposer aussi ! lui retirer la douleur de son amour un rien - même par dépit. encore une fois elle dirait oui rien que pour lui, rien que pour combler le trou créé par jo jusqu'ici. je n'ai aucun talent anaël. elle le dit franchement et le pense tout autant, sans lamentation aucune. je n'ai pas d'avenir artistique, je le sais bien : il y a une différence entre être une bonne peintre et une bonne artiste. je n'applique que des choses qui me sont connues. elle s'arrête dans son esquisse un instant, insatisfaite par cette discussion qui ne rime à rien - car elle n'a pas à se justifier face à lui, c'est un fait. elle ne lui doit rien et pourtant sur ses lèvres résident une constante amertume. et puis tu exprimes cela comme un jugement de valeur totalement malvenu car tu n'as rien à dire sur son comportement à mon égard car tu fais toi-même aucun effort. peut-être pourras-t émettre une critique constructive quand tu seras aussi courtois avec moi qu'il l'est, n'est-ce pas ? qui s'y frotte s'y pique : et elle a des épines dans le coeur faites pour le blesser.feat. @anaël quinn / AU LITTLE WOMEN

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