rétrogradé plus bas que terre
monte au grenier et rampe dans la poussière
des comparutions immédiates qui n'attendent pas que les pommettes tuméfiées et les phalanges écorchées post-impact cicatrisent. on a été plus grand que son propre corps, débordé trop fort et percuté l'autre avec une violence folle. et ceux qui sont trop peu sains d'esprits ne méritent pas de fouler les mêmes sols, coucher aux mêmes étages que ceux qui filent droit.
Felix chancèle
porte seul ses affaires c'est des déménagements à l'abri des regards qui s'opèrent. c'est trop frais encore, une poignée d'heures à peine on ne réalise pas trop les ascensions honteuses qu'on est forcé de faire. les cols des chemises décousus de tous les fils d'or, au dessus du toit il n'y a rien.

il réfléchit à si l'on aura la place, rationalise l'immédiat plutôt que de penser à demain.
demain ça se verra que Leonard et lui sont abîmés, qu'il manque un astre sur l'uniforme et Aglaé sera furieuse et Victoire trop inquiète et les amis comme Anaël et Colline ne diront pas grand chose mais n'en penseront pas moins et Iris si on la croise trouvera ça justifié.
c'est humiliant. il sent les entrailles faire des nœuds immenses qui serrent jusqu'à la gorge. Felix n'a pas envie d'être demain.

à quelques marches du pallier le pied heurte l'avant-avant-avant-dernière d'entres elles et c'est les coudes qu'on pose en premier à l'étage des sans-étoiles dans un fracas assourdissant, pour se rattraper sur les mains et puis les genoux plus bas - la chute qui éparpille toutes les possessions renversées par terre.
on râle avec l'air de monter les escaliers à quatre pattes.

p-putaain.

comme si on s'était déjà pas fait assez mal. plus à ça près, il tente de se dire en s'agrippant à la rambarde pour se relever titubant.
c'est douloureux les mouvements.
ça souligne trop les ecchymoses d'aujourd'hui
marque pas dessus et fait penser à Felix
que demain ce sera encore visibles trop visible
c'est certain
cette bêtise-là on ne pourra cacher à personne.

quitte à lâcher-prise, debout sur le palier - chez lui désormais
il file des coups de pied aux livres de cours jonchant le parquet et fait dégringoler les étages gravis
quitte à n'avoir aucune retenue
jusqu'à s'arrêter net en entendant une porte s'entrouvrir un peu plus loin, les airs furieux se reportent vers l'inconnue, et Felix siffle méprisant, vipère

je fais du bruit peut-être ?

et on en fait encore plus en faisant dévaler un bouquin épais comme un dictionnaire, mesquin -
il a fallu que les débordements ça tombe sur toi.

être personne c'est très bien, c'est tout ce qu'il faut à Felix qui a trop entendu son nom prononcé de voix-hautes écœurées. et c'est clair comme de l'eau de roche qu'à la source de l'immaturité c'est contrarié, pas d'alice pour opacifier il est trop exténué pour voiler de discorde ou bien de pacifisme factice. non, tout ce qu'on peut faire c'est avoir désespérément son âge et s'octroyer des caprices - car oui, on sort perdant.

super j'suis au courant - ma mère elle sortirait pas au calme le soutif en évidence merci

froisse les traits du visage et se renfrogne aussitôt des discours de bienvenue, Felix serre les poings alors qu'il n'y a plus rien à frapper si ce n'est les cahiers. c'est que tu parles d'aller les chercher et comme se heurter au mur de tes expressions impassibles est vain il finit de faire dévaler les escaliers à ceux qui restent du bout du pied.
joue la sourde-oreille
jusqu'à entendre sa mine qualifiée d'imbécile.

très bien, admire, j'ai l'intention de battre tous les records et faire la gueule jusqu'à la fin des temps.

point à la ligne on s'assoit, à même le sol du pallier les pieds posés sur la première marche en contre-bas, sur les jambes presque ramenée à soi Felix croise les bras et se tait
s'arme de silence le cœur trop à vif
c'est le dernier rempart qu'il a
se dit
que si l'on attend suffisamment longtemps
sûrement que comme tous les autres tu perdras patience,
échangera les regards insistants pour des demis-tours.
tes interrogations en suspension
ainsi on ne sera jamais triste
et on n'entendra plus son nom.

mais c'est qu'elle n'incommode pas tant que ça, ta présence - sans qu'on comprenne vraiment pourquoi elle persiste
et finalement on lui confie désavoué la moitié des réponses.

... Felix.

le reste ça se voit déjà dans le chaos des affaires éparpillées - ce n'est pas le genre d'attitude que l'on a lorsqu'on saute de joie. la docilité lasse, il pose le menton sur ses bras croisés et observe jusqu'à quelle marche est descendue la colère
avant d'oser regarder l'étrangère en biais.

l'emprise qui lui échappe en horreur, ce que Felix faisait là c'était se complaire dans la punition et les réprimandes. c'est qu'il exècre les déséquilibres qui ne viennent pas de lui - les conséquences résultat de son aura et non de ce qu'il est - et il s'était senti tellement sanctionné sur tous les plans aujourd'hui qu'il fallait être horrible à la hauteur des tourments. sinon ça voudrait dire qu'on était voué à subir, à n'être ni aimé ni détesté correctement -
à ne jamais être totalement à l'origine des sentiments.

alors on n'irait pas chercher les affaires en bas de l'escalier. non. aujourd'hui il fallait être une peste pour de bon. l'insolence idéale, à l'heure actuelle, elle regarderait quelqu'un le faire à sa place. quelqu'un qui ne s'appelle pas Milena, car assise à coté de Felix, elle se faisait revêche à l'identique. alors que faire.

jouer les princesses du grenier.

froisse le visage abîmé d'un sourire, ça tire sur les hématomes et presque fait grimacer mais c'est que la proposition de Milena manque de faire pouffer de rire.

sérieux ? on a droit à des bonniches au grenier ? ça fait longtemps qu'j'y ai pas été, ça a changé depuis.

on se trouve plus fidèle à soi-même tout à coup, et s'il y avait le moyen d'être mesquin jusque sous les toits, alors Felix se sentait déjà un peu plus chez lui. sur les bras croisés la tête s'incline, une joue contre le bras, il dévisage pour de bon Milena avec une œillade intriguée. les airs de cap ou pas cap qu'on lui connaît depuis l'enfance.

... vas-y, j'veux rencontrer les domestiques.

visiter comme il faut les lieux qu'on occupe désormais. attend.. et Felix se redresse, pour s'emparer des feuilles volantes et des affaires à sa portée pour leur faire dévaler les escaliers à elles aussi.

histoire de pas les faire venir pour trois fois rien.

comme ça c'est chaotique comme il faut -
c'est-à-dire comme on aime.