Sujet: And finally she crunches the apple ♛ Cassiopée Ven 27 Déc - 19:57
Opium et tentation
Picotement particulier au fond des cordes vocales, pétillement de puissance, don abjecte, tentateur. Personne ne se rend compte de ce qu’on peut faire en manipulant l’alchimie des cœurs, en créant inspiration et rejet, amour et crainte. Personne ne se rend compte du potentiel destructeur, de ce que l’influence représente comme pouvoir, des horreurs qu’il peut laisser derrière lui, de ce que les mots peuvent déclencher dans les esprits.
Ce n’est qu’une voix. Ce n’est que factice. Ce n’est que temporaire. Tu sais bien.
Mais tu sais aussi, Que ça compte, Que ça murmure à l’oreille, Une vérité fabriquée, Et que c’est suffisant, Pour que danse notre paume le monde.
Une dangerosité cachée, jamais marquée, jamais osée. Un potentiel qu’on enfoui au fond du cœur par respect pour l’éthique, pour cette légitimité du bon rôle, du mot humain. On s’entoure de chaîne, s’enferme et se bride pour ne pas devenir le monstre qu’on pourrait être. Ah, Cassiopée, toi tu sais, tout ce qu’on pourrait faire, tout ce qu’on se refuse de faire. Parce que le monde ne tourne pas comme on le souhaiterait, parce qu’on se préoccupe beaucoup trop de ce que le monde des autres est. Ah, Cassiopée, toi tu sais, l’attrait de la puissance. Ah, Cassiopée, sais-tu alors, tout le dégoût qu’inspire la peur de la puissance ?
La voix qui s’élève dans l’auditorium, face au public invisible, celui qu’on s’imagine, celui qui n’existe pas. Aglaé qui brille, une idole ici aussi parce que tu n’es pas la seule. Une fille qu’on remarque, une fille qui veut être remarquée, parce qu’on s’est convaincue que pour survivre et faire survivre les autres il n’y avait que d’autres choix que d’être dans le haut du panier. Toujours le picotement de la puissance alice dans le fond de la gorge, on a retiré le serre-tête prison pour laisser s’exprimer ce qui est contenu. Une envie de tout lâcher, au milieu de l’instabilité et de l’incertain. Ce serait mentir de dire que tout va bien. Il y a toujours ce flou, Cassiopée, ce vide, cette dualité. Aglaé elle se fait la guerre depuis son premier jour, Aglaé elle se bat contre elle-même depuis le commencement.
Ta silhouette qui pénètre dans son antre, t’es supérieure d’étoile mais on ne te voit que comme une égale. Ferme la bouche en te regardant du haut de l’estrade, à ton expression Aglaé ne peut que sourire en remettant son serre-tête en place.
« Un récital exécrable pour tes oreilles, Flores ? »
il y avait une myriade de variété dans les dons que l'humanité se procure. cassiopée plus qu'un alice la nature vraiment t'avais gâtée quand on te voyait et pourtant comme si ça n'était pas assez tu détenais le don rare de savoir chanter. longtemps encore tu t'étais crue unique dans ta situation mais au sein de l'académie tu avais eu la surprise de constater que dans l'orchestre il n'y avait plus assez de place pour ton aria il n'était pas rare de te voir traîner autour de l'auditorium et il t'arrivait régulièrement d'échauffer ta gorge; de sublimer ton chant
comme démangée par un désir viscéral tu constatas que ton royaume s'était vu dérober par un visage qui te paraissait familier. elle avait retiré son boulet de prisonnière et si au fond de toi tu savais que tu devais le signaler tu avais l'intime pensée que tu resterais muette pour cette fois-ci. cassiopée tu savais trop bien comment le chant était un appel à la catharsis et tu ressentais la peine d'aglaé dans chaque note qu'elle atteignait. tu te sentis comme rapatriée quand elle t'adressa quelque mot cassiopée
« ça manquait d'âme, lynch, pas vrai ? tu sais de quoi je te parle, n'est-ce pas ? laisse moi te montrer »
tu montes à ton tour sur scène cassiopée et alors qu'aglaé prend place là où tu te situais quelque instant auparavant, tu commences à chanter, laissant ton alice la subjuguer. si vos voix se valaient, entre vous il y avait un fossé. toi cassiopée tu faisais de ton alice ta force et ton chant avait une assurance rare, malgré la douceur de tes notes. le contraste se sublimait par la dualité de tes vocalises. aglaé avait, elle, un chaos intérieur qu'elle interprétait dans ses chansons et elle calait ses émotions sur chacune de ses notes.
ton solo terminé tu devais laisser l'artiste derrière (un énième sacrifice) pour laisser la représentante du conseil s'exprimer. ton alice faisant toujours effet, comme pour mieux la faire parler
« si tu as des problèmes avec ton alice tu devrais m'en parler. je sais que ce n'est pas ce que tu veux entendre mais tu comprendras que je suis obligée de le faire remonter aux responsables si c'est le cas. c'est le serre-tête qui te dérange ? ou alors c'était pendant l'utilisation que quelque chose coince ? explique moi aglaé s'il-te-plaît »
tu savais pourtant que le vrai problème n'était pas vraiment son alice. plutôt ce qu'elle se disait dans sa tête. le ton doux et ton regard se veut sincère cassiopée pourtant tu sentais la nécessité de laisser ton alice activé alors que c'était si tendrement demandé
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