Une démarche nonchalante rythme tes pas qui s’aventurent dans les couloirs du lycée.

Un soupir tumultueux traverse la frontière de tes lippes, évacuant cette surabondance de frustration qui remue dans tes poumons – comme pour les laver de cette impureté qui t’empoisonne. Les journées s’accumulent et l’affichage du nouveau règlement t’emplit d’étranges émotions – celle d’une moquerie pleinement assumée à la vue d’une direction incompétente, et celle curiosité alarmée face à ces invraisemblances.
Tu es un petit peu perdu, Zach, face à ces conspirations secrètes qui t’incommodent.

Ton esprit troublé réclame une distraction pour se défaire de ces questionnements incessants qui refusent de s’éclipser – oh non, elles s’accrocheront à chacune de tes pensées jusqu’à trouver leur satisfaction dans des réponses concrètes. Cela ne te ressemble pas, Zach, de t’embarrasser avec des sujets qui ne te concernent aucunement, ou même qui impliquent cette prestigieuse académie que tu méprises si ardemment. Pourtant… Pourtant tu te surprends à faire abstraction de tous ces sons qui pullulent dans ces allées pour t’enfermer dans tes pensées.

Tu donnerais tant pour rencontrer la route de Sasha et de sa bonne humeur contagieuse.
Ou la silhouette d’une Jenna débordante d’énergie qui balaierait tes soucis avec une idée foireuse mais follement motivante.

C’est une longue rivière ébène que tu finis par reconnaître ; une jeune fille figée en face de la porte d’une salle peu familière, visiblement réticente à l’idée d’y pénétrer à en croire sa main hésitante. Saisi par la curiosité, tu t’approches d’elle d’un pas décidé, tes bras se glissant derrière ta nuque.
Elle t'interpelle.
Et l’entente de ton prénom, toutes syllabes, prononcées, t’a toujours parue étrangère. Non désagréable mais étrangère, comme si ces sons aux allures trop élaborées, trop chrétiennes revêtaient une sagesse qui te correspond si mal.

— Tiens, salut Eriu. Tu fais quoi ici ?

Une présence aussi surprenante qu’agréable ; sans doute la seule Trois-Etoiles à reconnaître une certaine forme d’intelligence de ta part et qui, de par son respect et sa sympathie, a su dissiper toute forme d’hostilité chez toi.
Eriu, cette lumière qui rayonne parmi les étoiles et qui, pourtant, connaît les mêmes ténébreuses incertitudes de la vie qu’un astre éteint comme toi, celle d'un avenir incertain.

Crois-tu aux esprits ?

C’est prononcé avec un sourire si étrange.
Les esprits. Ton raisonnement rationnel aurait sans doute rejeté l’existence de toute créature paranormale, assoiffée d’une réalité palpable, si tu n’avais guère bouquiné un ou deux ouvrages traitant sur le sujet des hantises qui habitaient en ce bas monde ; puis, des articles Wikipédia et des vidéos Youtube afin de compléter cet intérêt pour le fantastique, le surnaturel. Oh, bien sûr, tes sources scandaliseraient probablement tes aînés, toutefois, tu t’en moques éperdument.

— Tu parles des esprits comme les Poltergeist ou les hantises ? J’ai déjà lu un ou deux trucs sur le sujet. Tu marques une pause, presque comme une hésitation. C’est… fascinant. avoues-tu enfin.

Néanmoins, rien n’a su confirmer leur existence en-dehors de ces si beaux récits qui souhaitent tendrement bercer les lecteurs dans leur besoin de fantaisie.
L’existence des alices devraient pourtant, elle aussi, appartenir à ces jolis contes, te dis-tu dans une nécessité d’aussitôt te contredire. S’il y a bien un lieu qu’ils devraient abriter, ce serait l’académie.
Alors, tu saisis brusquement la poignée en arborant un sourire ardent et complice, car toi aussi tu as terriblement envie d’y croire.

— Eh, tu permets que j’vienne vérifier avec toi ?

Tu ne lui laisses pas le choix, le timbre de ta voix transpirant d’assurance.
Tu baisses la poignée dans un geste impulsif, ouvrant l’accès à ces lieux si mystérieux. Car, malgré ton tempérament analytique, tu as toujours démontré une étonnante spontanéité irréfléchie.

— On y va ? Y a personne.

Ce qui est certain, c’est qu’en détaillant rapidement la pièce, tu sens cette atmosphère lourde qui en émane.

Des cris, des bruits de grattement, une impression de malaise… Une histoire de possession...
Des termes angoissants qui t’envahissent de sentiments contradictoires – la curiosité discrète qui scintille dans tes yeux et l’absence d’intimidation ; ton visage refuse de pâlir face au manque de preuves, ne fonctionnant qu’avec un raisonnement inductif – le besoin d’une manifestation tangible pour concevoir les concepts les plus abstraits.
Une soif de confirmation qui balaie tout soupçon de prudence, car l’ennui et l’inconnu incarnent les seuls dangers qui te menacent.

Les légers rires d’Eriu se confondent avec les manifestations discrètes de sa crainte. Ta proposition pleine de fougue a étonnamment su séduire son manque d’assurance – proposition que d’autres auraient décliné en raison de ton impertinence. Une approbation timide mais réelle.

Tu restes derrière Eriu qui pénètre à son tour dans la salle oppressante ; tu demeures hermétique face à l’atmosphère inquiétante, comme si ta bravoure insensée avait supprimé son effet préoccupant.
Puis la porte claque dans un bruit tumultueux, arrachant à Eriu une exclamation d’effroi et de colère qui trace des traits scandalisés sur ton faciès jusque-là serein.

— Eh, c’est pas moi ! Ca doit être le vent.

Vaine tentative de calmer le cœur trépignant contre la cage thoracique de l’étudiante affolée – une explication dénuée de sens, tu conviendras Zach ; tu traces un rictus légèrement moqueur sur tes lèvres, signe pour dédramatiser la situation.
Ta main empoigne la poignée afin de la baisser, sans le moindre succès ; tu renforces tes vains efforts, et toujours rien.

— C’est sérieux ?

Ton pied s’appuie insolemment contre le mur afin de te servir d’appui dans ta manœuvre ; rien n’y fait. Regard agacé adressé à Eriu.

— Bon bah, c’est fermé à clé. Soit un élève dehors nous a écoutés et nous fait une mauvaise blague, soit… Lueur d’espoir, sourire intéressé. Soit ce sont plus que des rumeurs.

La deuxième option stimule davantage ton intérêt, si friand d’un petit peu d’action dans le tourment qui t’occupait. Au diable le nouveau règlement de l’académie ! Au diable les préoccupations ! L’étrangeté de ces lieux accapare actuellement la totalité de tes pensées. Ton beau rictus prend des allures inquiétantes.
Une sonorité déchirante bien que faible résonne dans la salle, et pour la première fois, Zach, ta pompe cardiaque rate un battement.

— T’as entendu ? Tu parlais pas de « bruits de grattements » ? Ca venait de là-bas, je vais voir.

Et tu te diriges fièrement vers un bureau…
Peut-être es-tu le pire soutien qu'Eriu aurait pu espérer.

Petite note pour dire que je laisse Eriu choisir de ce que va subir Zach, c'est vu en PV, je lui donne la permission de le ""jouer"" l'espace d'un post.

L’humeur influençable d’Eriu s’imprègne de l’ambiance anxiogène de la salle ; dépourvue d’initiatives, elle demeure la plus prudente de votre petit groupe – fidèle à ses trois étoiles scintillant de sagesse.
Insensé es-tu, Zach, de t’avancer audacieusement devant les bruits menaçants ; aventureux comme si rien ne pouvait t’atteindre. L’instinct de survie s’est affaibli face à l’imprudente curiosité – intuition à laquelle tu obéis aveuglément.

Tu t’imposes jusqu’à ce qu’une entité assombrisse impitoyablement ton champ de vision ; propulsé en arrière, ta pompe cardiaque rate un battement en constatant la masse noirâtre qui s’empare de ton corps. Tu n’entends plus rien, Zach, ton corps ressent des sensations contradictoires et les vertiges s’intensifient pour te plonger dans un évanouissement mérité.
Plus rien.

Combien de minutes se sont écoulées, Zach ?
La notion du temps devient si floue alors que des sons étouffés parviennent à tes tympans ; puis, des effleurements au niveau des lèvres. Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est... Tu demeures trop sonné pour expertiser le problème. Puis, ton souffle finit par reprendre un rythme plus conventionnel ; et finalement, tu t’extirpes des bras de Morphée pour te redresser doucement, tout doucement.

La vision embrumée et le cœur palpitant, tu respires fort. Inspire, Zach, expire. Inspire afin d’oxygéner ton cerveau qui cherche maladroitement à regagner ses sens aiguisés. Oh, qu’elle est désagréable, la sensation des battements cardiaux dans ton crâne, si désagréable que tu plaques une main contre ton front comme pour le maintenir, comme pour les calmer.

Quelques secondes défilent, puis tu adresses un regard à Eriu, avec un léger sourire ardent.

— C’est bon. C'est bon. J’suis réveillé.

Vaine tentative d’éclipser l’inquiétude pesante, tu as toujours détesté céder à la panique ; tu te sers de ton autre main pour te relever sur tes deux jambes, manquant de perdre l’équilibre l’espace d’un instant.

— Rah... J’ai tellement mal à la tête, c’est affreux.

Le goût du sang perlant sur tes lippes se fait sentir sur tes papilles gustatives, te permettant d'estimer la menace ; et tu soupires, l’air presque décontracté.

— Bon, au moins j’ai compris : j’arrête de faire le con pour l’instant.

Désormais, la prudence prendra le relais de la curiosité, plus apte à juger la situation que cette dernière ; désormais tu réfléchiras davantage avant de prendre des initiatives, Zach. Le danger qui environne est finalement bien réel. Bien réel et surtout, totalement inconnu.

— Tu peux me dire c’qui s’est passé…? Faut qu’on en prenne note pour pas se faire avoir une deuxième fois.

Ou plutôt que tu ne retombes guère dans le piège.