Enfance candide, c’est globalement ce qui pourrait résumer le début de vie de Wade. L’enfant vivait dans sa normalité à lui, il se contentait de ce qu’il avait, car c’était tout ce qu’il n’avait jamais connu.

Mais il n’y a rien de normal à rester enfermé à l’étage d’une maison.
Il n’y a rien de normal à ce que seulement quelques personnes dans le monde connaissent ton existence.
Il n’y a rien de normal à penser que la couleur du ciel n’est qu’un conte de fées raconté dans les livres.
Et pourtant, ses géniteurs étaient des parents aimants, occupant tous les deux la profession de fleuristes, tout ce qu’il y avait de plus de normal.

En apparence.

Monsieur et Madame Gardner étaient des commerçants d’une petite banlieue paisible où tout le monde se connaissait. C’est aussi le genre d’endroit où, tout ce qui pouvait paraître louche, n'échappait guère à l’œil et à l’oreille aiguisé de la commère du quartier. Mais le couple de fleuristes aimé et apprécié de tous savaient être prudent quant à ce qu’ils cachaient à l’étage de leur maison.

Mais revenons un instant quelques années en arrière.

Heureux parents à la naissance de leur fils unique, les Gardner avaient vite déchanté lorsqu’à ses premiers pas, l’enfant déclenchait d'étranges phénomènes autour de lui. Cela avait commencé avec les nombreuses plantes vertes qui triplait de taille, lorsque l’enfant riait de bon cœur, ou alors lorsqu’elles allaient jusqu’à faner lors de ses colères.

Horrifié dans un premier temps, leur premier réflexe avait été de vouloir se débarrasser de leur fils unique, mais une idée avait germé dans la tête de madame Gardner. Plutôt qu’une malédiction, elle décida de prendre cela comme une opportunité, une opportunité de développer des affaires florissantes, littéralement.

Ainsi, le couple avait disparu de leur vie d’avant, pour s’installer dans cette petite banlieue lointaine. Un coup risqué, mais madame estimait que gagner la confiance de tous ferait taire tout soupçon.

Quant à Wade, il fut aimé, choyé, gâté… Mais enfermé. Ses parents l’avaient conditionné pour qu’il pose le moins de questions possibles sur le monde extérieur, et tant que l’enfant était heureux, la boutique vendait de plus en plus de belles plantes dans des délais et à des prix qui concurrençait tous les autres fleuristes de la ville.

Mais au fur et à mesure qu’il grandissait, l’enfant était de plus en plus curieux de ce qu’il pouvait bien y avoir de l’autre côté de la porte. Il se demandait où allaient ses parents tous les matins, d’où ils revenaient le soir, d’où venaient tous ses objets qu’on lui apportait, d’où venait la nourriture. Mais il n’était pas le seul à se poser des questions. Dehors, quelques personnes de la ville se demandaient quelle était le secret de la réussite des Gardner.
Puis vint ce fameux jours, où tout a dérapé, l’enfant de plus en plus curieux, avait profité du manque de vigilance de sa mère qui à un midi, alors qu’elle venait lui apporter son repas, tout en jouant un peu avec lui, elle était partit précipitamment n’ayant pas vu l’heure de réouverture de la boutique.

Elle avait oublié de verrouiller la porte.

L’enfant n’avait pu s'empêcher de profiter de cette opportunité pour finalement découvrir “qu’est-ce qu’il y avait derrière la porte”. Bien qu’il avait peur, la curiosité était trop forte, alors il était finalement sorti, découvrant d’abord un couloir, puis un escalier, puis un autre couloir et un autre escalier… Il observait tout dans les moindres recoins des pièces qu’il traversait. Puis… La boutique. Sa mère. Et une femme qu’il voyait pour la première fois. Toutes les deux le fixaient, l’une horrifiée, l’autre intriguée par la présence du petit garçon.

Wade devant l’expression de sa mère, avait laissé la peur l’envahir, alors, avant même que la cliente ne pose des questions à la fleuriste, un chaos se déchaîna dans la boutique, les plantes avaient toutes triplées de taille, certaines s’étaient fanée, la cliente s’était enfui en courant.

Quelques heures, plus tard, une voiture était là pour lui. Pour l'emmener loin d’ici.

Wade se souviendra toute sa vie des derniers mots de sa mère.

C'était belle et bien une malédiction, nous aurions mieux fait de leur vendre dès le départ.