— Putain mais faites quelque chose, il nous met une branlée !
Agaçant. Il n’y avait pas d’autre mot pour le décrire. Les adversaires faisaient face à un fauve qui ne faisait que progresser. Avide d’en apprendre toujours plus, avide de dominer ses vis à vis, avide de compétition. Une envie de vaincre qui ne connaissait pas son pareil, la panthère s’amusait tellement.
Bagheera n’avait pour le moment que cela dans sa vie : le basket. Il n’avait pas d’autres ambitions que de continuer à progresser, n’avait pas d’autre objectif que de devenir le meilleur. Ses ambitions étaient peut-être folles… mais il avait au moins le mérite de se donner les moyens de les réaliser.
Une technique racée et gracieuse, des aptitudes physiques bien au-dessus de la moyenne, une motivation phénoménale… le fauve était dans un état de grâce aujourd’hui. Bagheera n’était pas le plus intelligent, pas le plus sophistiqué, il en avait parfaitement conscience. Mais il avait ce don. Qu’il cultivait chaque jour. Un talent qui s’épanouissait petit à petit, un instinct qui se perfectionnait… et une passion aussi ardente que des braises.
Fascinait-il les autres quand il jouait ? Assurément. Énervait-il les adversaires ? Indubitablement. Ses coéquipiers en revanche, jouissaient du fait d’avoir auprès d’eux un leader qui avait enfin appris à tempérer ses sautes d’humeur.
Baghee grandissait et devenait progressivement la meilleure version de lui-même. À la fois en tant que joueur et individu. Sur une dernière accélération en transition, il effaça son dernier vis-à-vis restant d’un spin moove dévastateur, avant de conclure avec un dunk pour ravir les yeux des spectateurs… qui n’étaient pas là. Tant pis, c’était juste pour s’amuser.
La séance d’entraînement prit fin. Tout le monde quitta peu à peu le gymnase. Tout le monde sauf une personne. Toujours la même. Baghee. Plongé dans son petit monde à lui, il faisait ses propres exercices. Conduite de balle, maniement puis une dernière séance de tir où il se motivait à recommencer jusqu’à ce qu’il arrivait à en mettre des dizaines d’affilés. Cela pouvait donc durer longtemps.
Et pendant tout ce temps ; de l’entraînement collectif jusqu’à l’individuel… il n’eut point conscience qu’on l’observait. Or c’était le cas. Sur un tir mal assuré, le ballon rebondit sur l’arceau un peu plus fort que prévu, obligeant la panthère à se retourner.
Il trouva alors quelqu’un assis sur un des bancs… l’observant. En se rapprochant de l’individu, le fauve fut intrigué par un curieux détail. Un masque ? Étrange. Il ne se fit pas prier pour s’approcher d’une personne qui semblait d’un coup prise de panique de s’être fait remarquer.
Le fauve l’interpella alors :
— Yo ! Halloween c’est pas pour tout de suite tsé ? Et au lieu de regarder, tu préfères pas venir jouer un peu ? J’suis là pour encore un moment de toute façon. J’ai raté mon trentième de suite… fais chier.
La petite remarque n’était peut-être pas nécessaire… mais pour une fois la panthère se montrait plus avenante que d’habitude.
Sujet: Re: this is why we play » feat avelino Jeu 31 Oct - 16:15
this is why we play
Le sport est un véritable poison. Il épuise le corps et cause de terribles douleurs dans les jambes, dans la poitrine, dans la gorge quand on n’a plus de souffle. Avelino déteste ça. Il n’y arrive pas. Ce n’est pas comme s’il avait de la force ou du talent, de toute manière.
Lorsqu’il est obligé de faire cette activité haïe à cause des cours, il fait de son mieux pour ne pas trop se mouiller et se blesser. Il n’y met pas énormément d’entrain. Qu’importe, de toute manière ? Les équipes composées, il est toujours le dernier choisi. Et dans un sport de balle, il arrive fréquemment qu’il passe toute l’heure sans même l’effleurer. Enfant invisible qu’on préfère ignorer.
Mais regarder les autres exhiber leur talent sous ses yeux ébahis, ça n’est pas un problème. Il n’est pas jaloux. Il admire, c’est tout. Alors il n’est pas rare de le voir, caché dans un coin du stade à observer les matchs, les compétitions. Parfois, quand il n’a rien à faire – et il n’a jamais rien à faire – il va même voir les entraînements. Comme si ça lui apportait quelque chose. Comme s’il allait se lever plein d’énergie et briller au milieu du terrain.
Ça n’arrivera jamais.
Aujourd’hui, il s’est perdu dans les méandres de l’Académie, et ses pieds l’ont mené comme souvent vers le gymnase où se déroule, si ses souvenirs sont bons, un entraînement de basket. Il n’aime vraiment pas ça. Il s’est foulé la main, et s’est pris un nombre incalculable de ballons sur le coin du nez. Pas fun.
Toutefois, il sait qu’il y a du niveau, qu’il va s’en prendre plein la vue. Car y’a un garçon particulièrement doué.
Et effectivement, quand tout discrètement il entre dans la salle et va s’asseoir dans son coin, le jeune homme en question est là.
Il fascine Avelino.
Alors qu’il ne sait rien de lui, outre le fait qu’il est incroyablement doué.
Et comme promis, il n’en manque pas une miette, et l’étrange adolescent écrase les adversaires sans la moindre difficulté. Ses mouvements sont vifs et transcendent tout sur son passage. Avelino est impressionné. Il ne se lasse pas de le regarder.
L’entraînement est fini et tous les joueurs s’en vont. Demeure seulement le sportif d’exception. Avelino décide de rester un peu aussi. Il fait confiance à son pouvoir d’invisibilité qui empêche les autres de prendre attention à lui – non, ça n’est pas un Alice, mais c’est puissant quand même, car beaucoup pensent qu’il n’est pas là alors qu’il est bien présent, voire même juste à côté. Il sait se montrer extrêmement discret. Se fait oublier.
Ça sera le cas ce jour aussi. Le garçon partira à la fin et lui sera tout seul. Et personne ne l’aura vu.
Pour une fois, ce n’est pas un désavantage. Il ne veut pas être remarqué. Il n’est pas un fanboy, mais son attitude pourrait le laisser penser… alors il se fait tout petit sur son siège, regarde tout attentivement le fauve évoluer sur la piste de danse.
Puis il se retourne. Et leurs regards se croisent.
Horreur.
Il est découvert. Il a surestimé ses capacités de dissimulation.
Et plutôt que de faire comme si de rien n’était, le jeune homme s’approche de lui. Avelino lui, tout gêné, ramasse ses affaires, prêt à partir. Il se sent honteux. Il ne fait rien de mal, apprécie juste le spectacle, mais à l’impression d’être un rustre voyeur.
Mais il ne lui dit rien de mal.
Bon, la remarque sur son masque, il aurait pu éviter, surtout qu’il ne sait rien répondre (« Je cache juste la laideur de mon hideux visage » n’est pas une solution envisageable et usuellement appréciée)
– Heu…
Cette réponse traduit l’éloquence du garçon qui bégaye sous son masque. Il passe plusieurs fois une main dans ses cheveux, embarrassé de s’être fait ainsi découvrir. Et de ne pas savoir quoi dire. Car son invitation est tout à fait gentille mais… qu’il ne peut pas accepter.
– Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, merci, mais… je ne suis vraiment pas bon en sport. J’ai pas trop d’endurance et je ne sais pas jouer… désolé.
Et face à un champion comme ce charmant garçon, il ne fait pas le poids. S’il lui lance une balle, il serait capable de la manquer et de se la faire rebondir en pleine poire.
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