Itu as grandi dans ce château de provence aux murs plus hauts que des tours – tu t’imaginais princesse alors que tes petits pieds dansaient sur les feuilles de cyprès, l’automne tout autour, le soleil bas et ambré qui filait à travers les branches
tu te savais privilégiée c’est pour ça qu’avec grâce tu virevoltais et courais dans les bras de ton frère aîné
époque bénie d’un ciel orangée sans nuages, où les étoiles pointaient leur nez dès que la petite princesse le demandait
puis un jour une licorne apparait
elle toque à la porte du grand château et emmène ton frère avec elle
tu la regardes impuissante et les pleurs de tes parents résonnent à travers la pierre
reviensrevienstu pries le soir, à la lune, agenouillée au sol et tu répètes les mêmes mots les mêmes gestes les mêmes cris
ce n’est pas juste ce n’est pas juste cen’estpasjuste((
reviens))
II tu aimais beaucoup les couleurs, sur les photos, dans le ciel, sur les murs, sur les autres
alors la première fois tu n’as pas eu peur tu t’es soupiré
quel beau rouge
puis tu as remarqué la voix changée et les cheveux plus courts
‘jade’tu es descendue de ta chambre en courant, portée par la voie lactée tu t’es jetée aux pieds de tes parents
‘il est revenu, jade !’ils ont pleurés encore et toujours – sans jamais s'arrêter depuis leur enfant aimé – et une nouvelle étoile s’est éteinte dans leurs yeux car eux avaient compris car jade n’était pas revenu et ne reviendra jamais car c’était abel
et un son dissonant le murmure d’un serpent ((
ce ne sera jamais que le deuxième enfant))
IIIils firent au mieux, essayèrent de te dissuader
tu saignes Abel seigneur tu saignes mais on n’arrête pas une comète et tu compris vite dans ta tête de jeune fille
arrête Abel pas toi aussi je t’en suppliemais les caprices d’enfants sont impardonnables vous étiez ceux désirant des enfants bénis
alors un soir tu franchis les murs plus hauts que les tours armée de courage
la princesse devient aventurière et
tu passes les portes du non-retour revêtue de ta robe à la couleur carmin le temps s’écoule et quitte à brûler
autant le faire à tes côtés