Diamant à l’état brut.
Morphée n’a rien eu à voler. Ni nom, ni histoire, pas même le fragment d’une aventure inattendue. Rien. Il n’avait qu’à vivre pour lui et dévorer toute la réalité qui le façonnait, goutte à goutte. Morphée ne parle pas d’avant : car il n’y a rien.

Car il n’y avait rien.
Car il aurait voulu qu’il n’y ait toujours eu que… rien.

Pas la tapisserie jauni, pas le parquet grinçant, pas les bouteilles vides renversées, pas les verres s’entassant sur la petite table de nuit de maman, pas les cris, pas les négations, pas le spectacle des batailles acharnées, pas les reproches, pas les pleurs irritants, pas la colère, pas l’abandon, pas le retour boiteux, pas les repas sautés, pas le feu qui s’éprend, pas la tapisserie qui noircit, pas le parquet qui s’embrase, pas les bouteilles vides victimes de fusion, pas les verres cassés sur la petite table de la cuisine, pas l’absence, pas la mort, pas la perte, pas une maman à l’odeur de charbon.

Pas non plus l’envie soudaine de vivre autre chose que la vie qu’on subit.




▬ Le drame s’est produit lorsqu’ils (lui & sa soeur) avaient sept ans.
▬ Son père les a alors pris en charge, le temps d’une année à peine.
▬ C’est aux grands parents du paternel qu’il doit le confort de vie qu’ils ont eu.
▬ Bien que le traumatisme ait été intense pour Morphée, c’est à sa soeur, plus fragile (?), qu’on accorda un soin particulier. C’est de là qu’il commença à vouloir monopoliser toutes les attentions.
▬ D’origine enjoué et dynamique, ses professeurs se rendent compte que cette énergie positive s’est renforcée, dans un sens inquiétant. Ses tuteurs expliquaient cela par le choque vécu.
▬ Morphée, pour son passage en sixième, rejoint à la un collège plus proche de chez ses grands-parents ; il perd alors quelques repères, et entame une (des) nouvelle(s) vie(s).
▬ C’est finalement dans ce nouvel établissement qu’il développe un nombre sordide de balivernes/exagérations/inventions (et les réprimandes avec).
▬ Deux ans plus tard, il est invité à rejoindre l’Académie Alice. Friand des lieux où on ne le connait pas, il réagit positivement. En apprenant qu’il s’agit d’une école pour maitriser un « soi-disant pouvoir », il s’offusque et affirme que c’est un petit garçon normal et sans malice.
▬ Après deux ans, il finit par l’admettre. Il se décrit plus sérieusement comme « malade, mais dangereux pour personne. »