des airs tranquilles de vierge aux yeux mi-clos il était vrai qu’on ne voyait jamais s’esquisser la moindre expression contrariée sur ce visage d’aurore - encensé - encadré de la dorure des cheveux comme une auréole et béni de petits airs saints ah, Liu entend bien qu’on puisse trouver cette idole liturgique, tant rien ne l’atteint.
ce qu’il ne comprend pas toutefois ce sont les éclats de rire et de regards qui tranchent aussitôt et résonnent jusqu’à l’âme, qui font trembler passionné le moindre incertain et toujours toujours ce nom sur les lèvres qui revient comme une ritournelle entêtante ; elle dit Nausicaa ci Nausicaa ça parle parle parle de plus en plus jour après jour de toi - Liu ne te connaît pas (plus que ça) et pourtant insidieusement tu te glisses sous la peau sous les os, incontournable, inévitable Nausicaa on craint de te voir surgir tant tu sembles toujours là, jamais très loin.
ton ombre plane, soit-disant bienveillante, elle a posé les mains sur les frêles épaules de Cosmos et comme un linceul tu entoures de bonnes paroles, prêches tant que ce sont tes phrases qui surgissent trop souvent d’elle ; on trouve ça effrayant on n’a pas envie pas envie de te connaître.
du moins pas comme elle. lorsqu’on l’interroge sur les origines de la fascination les prétextes sont nimbés d’abstraction - alors que Liu fait l’effort pour garder les images nettes quand c’est toi c’est trouble et confus indiscernable, Nausicaa on ne sait pas qui tu es.
Liu est venu chercher ce soir.
lui qui n’explore jamais la pénombre est désormais bien là, il avance au cœur du dédale de couloirs à l’étage supérieur et les éclairages tamisés de l’heure du couvre-feu éclaboussent à peine où il met les pieds. un pas après l’autre et puis tressaille en manquant d’en faire un de trop sur des bouquets de fleurs - le parquet devant ta chambre, baignant dans les corolles blanches et sang. il y a tellement tellement d’offrandes qui s’amoncellent - c’est donc à ça que ressemble un autel.
et maladroitement, comme quelqu’un à qui on n’a jamais vraiment appris à prier - c’était bien le cas - Liu s’agenouille sans un bruit. se sent impie, d’observer, les mots et les carnets, et puis de finalement tendre la main pour saisir entre les doigts, toutes les petites attentions entassées là, peut-être qu’en commettant l’affront d’y regarder de plus près on en saura un peu plus sur toi, Nausicaa.
Nausicaa Williams
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Sam 16 Mai - 21:37
Il y a le labeur visible et le labeur invisible. Contempler, c'est labourer ; penser, c'est agir. Les bras croisés travaillent, les mains jointes font.
comme des exanthèmes sur une dépouille les chrysanthèmes prolifèrent et s’étendent aujourd’hui jusqu’à son lit. Nausicaa les enlace à mesure qu’elles prennent de plus en plus de place, y plonge le visage pour respirer les effluves. les soirs sans sommeil il s’enivre avec, y porte les lèvres, ses paupières closes parce qu'il y a de l'impudeur là-dedans ; elles lui rappellent sa mère, sentent comme elle. il voudrait lui montrer, les autels chargés, car sûrement qu’elle serait fière. il en offre tout le superflu à qui veut, mais les fleurs jamais. les fleurs il garde et s’y baigne.
c’est ainsi que Nausicaa aime tout le monde tout le monde sauf les pilleurs de tombe.
les traits tirés d’insomnie, arrachés des corolles par du bruit derrière la porte du temple, ils sont restés flegmes et immobiles à guetter les indices de présence. sent que ça remue de l’autre côté, entend, la mélodie indicible propre à ce qui peut être nuisible, ce qui ne donne pas mais qui prend ; c’est l’idée qu’on froisse les bouquets qui le pousse à se lever tout à coup et il a traversé la chambre le pas chancelant, l’esprit brumeux encore, fait ouvrir la demeure en deux temps
trois mouvements, cherche, trouve et tombe nez-à-nez avec ta silhouette agenouillée. qu’est-ce que tu fais? prononcé sans animosité ; car l’image sainte d’un Père miséricordieux ne se superposera jamais à la sienne, c’est ce qu’on s’était juré. l’expression est tout simplement paisible, car c’était celle d’un adolescent qui se considérait méritant de tout ce qui pouvait bien trôner au pas de sa porte et qui ne comprenait pas qu’on puisse songer à lui dérober l’aumône.
et il remarque alors ce que tu tiens du bout des doigts ; s’illumine de sourires véhéments en reconnaissant. oh, tu venais jeter un coup d’œil aux dessins ? il te rejoint alors à même le sol, s’accroupit pour arriver presque à ta hauteur et te prendre le carnet des mains. ceux-là c’est Cosmos qui me les a fait. tu vois bien, c’est son portrait qui orne les versets, et les regards presque fervents te reviennent tout entier, Nausicaa a levé les yeux vers toi tout à coup tandis qu’il tourne la page de ton coté pour te montrer ; elle est douée, pas vrai ? l’air de dire - regarde comme c’est à moi.
Liu Zhu
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Sam 16 Mai - 21:39
Ever seen a devil with a halo? Ever seen an angel with some horns? Everybody got their own demons Everybody fightin' their own war
sursaut, provoqué par la porte ouverte, ça avait beau être doucement, pour son cœur trop à vif c’était à la volée - et Liu lève des regards à expier en direction de celui qui surplombe, son nom au bord des lèvres, elles en tremblent à prononcer
N-Nausicaa-
ce que l’on faisait, c’était censé rester secret.
on redoute que tu infliges des châtiments - c’est ce que fait le divin lorsqu’on foule ses jardins, pas vrai ? mais rien de tout ça. l’instant qui suit, Liu a l’impression de faire face à un enfant ignorant qu’on l’a couronné d’épines tu aurais du sang à la tempe que tu ne le remarquerais pas ne vois pas le mal qu’il y a à être là (où l’on ne devrait pas être)
à admirer des esquisses - elles non plus ne devraient pas être là.
tu fais comme si ça t’appartenait de plein droit et déclenche un frisson d’effroi chez Liu qui est resté les mains tendues au vide créé par tes gestes qui reprennent. submergé d’envie de répliquer - évidemment qu’elle est douée ! on le sait, on voyait briller, on a vu la flamme vaciller et que c’est injuste qu’elle se ravive dans tes paumes ces derniers temps ! et malgré les flots de peur, les mots refont surface
t’es pas sensé avoir ça !
et puis les gestes, émergent à leur tour et malgré lui Liu referme les doigts sur le carnet et te l’arrache ramène vers et contre soi - oui, c’était ton nom et tes images Nausicaa, mais tu aurais enserré le poignet pour forcer à écrire que ses œillades t’accuseraient à l’identique.
dis-lui- … dis-lui d’arrêter de te donner ses affaires.
c’est chancelant mais décidé, car on redoute que Cosmos cesse de dessiner dans les marges de ses cahiers pour t’offrir tous ses croquis à jamais.
Nausicaa Williams
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Sam 16 Mai - 22:58
Il y a le labeur visible et le labeur invisible. Contempler, c'est labourer ; penser, c'est agir. Les bras croisés travaillent, les mains jointes font.
on le dépouille comme s’il avait du sang sur les mains et Nausicaa a l’instinct de coucher les regards une seconde pour regarder ses paumes, avant d’aussitôt revenir au larcin. dévisage sans comprendre les chefs d’accusation, aveugle du mal dont on l’accuse. les expressions froissées incompréhensibles, rendent impossible d’y lire le chagrin en braille même s’il y passait les mains. ses œillades, tout comme lui, sont innocentes à cet instant. de quoi tu parles ? halluciné des airs si revêches alors qu’il t’a ouvert la porte de chez lui, accueilli au perron du lieu de culte, tu dévalises et désignes coupable tandis qu’il n’a brisé aucun précepte. tu crois que je lui ai volé ? qu’on a que ça à faire d’aller dérober des cahiers ? ou que je lui ai demandé.
et l’idée lui fait presque retrouver le sourire. sûrement que tu songes aux images tant médiatisées de ceux qui lavent le cerveaux, plongent les doigts à même les eaux pour remuer les sentiments et empoisonner à la source. mais Nausicaa ne fait rien de tout ça.
sur un de ses genoux il pose le coude, appuie les rumeurs de la tête inclinée contre son poing tout en observant tous les présents échoués à vos pieds. il aurait râlé si tu avais marché sur les roses, mais ça n’avait pas l’air d’être le cas. je l’ai pas obligé à laisser ça là, alors je vois pas pourquoi je l’obligerais à faire le contraire. c’était peut-être parce que c’était aussi simple que ça que c’était aussi insidieux. soupir pensif pour seule preuve des songes insondables qui le font taire à cet instant. il semble alors trouver la pensée qu’il cherchait, remonte des abysses songeuses. tu t’es pas dis qu’elle aimait bien m’offrir ses dessins ? Liu, les yeux clairs qui reviennent à toi sont des lagons paisibles dans lesquelles les gens choisissent de se noyer. peut-être que ça l’aide à aller mieux. et tu n’y peux rien.
Liu Zhu
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Dim 17 Mai - 1:23
Ever seen a devil with a halo? Ever seen an angel with some horns? Everybody got their own demons Everybody fightin' their own war
la fatalité aiguisée, elle tranche net dans les frêles menaces de Liu, prête à sourire même - ça le sidère de te voir arborer des risettes aussi sereines - et que tu te sous-entendes des allures de salvateur le dérange viscéralement. aussi tremblant que les frênes on a tout de même vu des choses que tu n’oserais pas imaginer, Nausicaa elles ont le beau rôle les divinités comme toi, la misère humaine à l’abri de tes regards tu n’as aucune idée de ce que c’est d’être l’autre.
mais Liu sait, Liu a vu ressenti ce que c’était d’être Cosmos.
ça faisait un mal de chien d’avoir les mêmes mains l’espace d’un instant et de les voir se serrer à la gorge, pour étouffer pour de bon ou bien tenter de se défaire de la corde qui serre qui serre qui serre et les gens qui viennent déposer de jolies choses au pas de ta porte ou bien à tes pieds ils les ont saigné, tu comprends ? non, tu ne comprends pas comment le pourrais-tu -
tu te trompes, t’as tout faux ! c’est pas ça qui va l’aider c’est pas de toi dont Cosmos a besoin !
et il se maudit d’être trop écorché pour trembler à l’idée de dire c’est moi, c’est moi qu’il lui faut.
secoue la tête pour repousser dans un coin de l’esprit les envies de fuir à tout prix tes regards, l’urgence naturelle de se volatiliser - on est trop émotif et déjà les doigts tressaillent sur le carnet qu’il tient il en remarque un autre et puis un autre et les reprend un à un.
tout ça, c’est inutile. c’est pas comme si tu pouvais faire des miracles ou guérir les gens d’un claquement de doigts comme les dieux qu’on prie d’habitude. t’es quelqu’un- t’es quelqu’un de normal, ton pouvoir c’est pas d’exaucer les vœux, tu jettes juste de la poudre aux yeux et ça met des gens en danger -
pioche à même les fleurs, plonge les doigts au cœur des bouquets, nerveux à la frontière d’être paniqué, il en arrache des pétales. et les bras chargés de cahiers, Liu prend son courage à deux mains pour lancer droit dans tes yeux.
alors arrête d’accepter les offrandes de Cosmos !
laisse-les lui, au moins ça.
Nausicaa Williams
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Dim 17 Mai - 2:45
Il y a le labeur visible et le labeur invisible. Contempler, c'est labourer ; penser, c'est agir. Les bras croisés travaillent, les mains jointes font.
nonchalant, les avant-bras posés sur les genoux, Nausicaa avait observé déblatérer avec une mine déconfite puis consternée. il ne savait pas s’il avait de la peine, de la pitié, ou bien les deux à la fois. c’est qu’il interrogeait naïvement tes croyances, Liu, demande simple sans remise en question, et toi toi qu’on n’a obligé en rien, toléré à l’entrée des jardins tu as foulé les parterres sans une once d’hésitation bafoué, craché du ressentiment à la figure de sa religion. tu trouves ça inutile parce que ça te parle pas, c’est pas une raison pour dénigrer ce que ça apporte aux autres.
ça le chagrine que tu aies abîmé les roses ; les blanches, ce sont ses préférées. quand même l’idée qu’il y en aura d’autres les jours prochains le console, quoi que tu en dises, car malheureusement ce que tu exiges tout effronté, Liu, c’est impossible. je peux pas faire ça. sans excuses pour ponctuer. pourquoi faire ? tu as raison : il y a bel et bien de la fatalité au cœur de ce qui te dérange. distraitement Nausicaa récupère une des fleurs chiffonnées pour amener à soi, les blés des cheveux s'échouant sur ses yeux tandis qu’il en arrache tendrement les corolles restantes du bout des doigts, une, et puis deux, et puis trois. si ta copine vient déposer ses cahiers devant ma porte c’est parce qu’elle croit en moi. et si elle croit en moi, c’est qu’à ses yeux, il n'y a rien d'autre qui vaille la peine de se montrer dévoué. tu comprends ? soupiré paisible comme on ferait pour apaiser un enfant. et toutes les pétales à ses pieds désormais, il en détourne le regard pour relever les yeux vers toi. peut-être que c’est pas en toi qu’elle croit parce que... je sais pas, parce que tu l’as déçue auparavant ? ce genre d’événement qui brise les images saintes. et si ce n’est pas déjà fait, il est encore temps. tu penses pas qu’elle serait déçue si elle te voyait reprendre ce qui n’est pas à toi ?
Liu Zhu
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Dim 17 Mai - 3:15
Ever seen a devil with a halo? Ever seen an angel with some horns? Everybody got their own demons Everybody fightin' their own war
tout le sang rattrapé par la gravité, ça dévale le corps pour laisser livide, rend Liu presque transparent, à mesure que tu prononces tes sermons. éventre toute l’assurance, les entrailles se contractent nerveusement sur du vide et pour combler l’absence de confiance l’estomac fait des nœuds. se sent rose blanche au creux de tes mains, tu lui arraches ce qui couvre le cœur. met en évidence la faiblesse de l’esprit et du corps trop fragiles pour se faire idole d’argile. et soudainement ça afflue dans ses veines, irradie coupable c’est plus des artères mais des coulées de lave. enflamme le visage tout à coup Nausicaa tu dis qu’on la déçoit, elle, au passé et puis au présent désormais et toi avec, peut-être.
sûrement. pourquoi cette pensée le terrorise tout à coup ? à toi on ne te doit rien, à elle on lui doit tout. la rédemption et le minimum de fierté, c’est elle. et les carnets, c’est elle. droit dans les yeux tu affirmes ce n’est pas à toi.
et c’était sûrement pathétique mais c’était lui, tout à fait Liu de sentir la gorge se serrer sans prévenir pour essorer le cœur gorgé de larmes et les faire monter aux yeux. le coin des cahiers tout contre le poitrail, ils piquent au creux des côtes à mesure qu’on les tient plus fort.
n-non- comment tu peux dire ça ? qu’est-ce que t’en sais, tu- tu la connais pas, tu sais pas c’qu’elle pense.
ce que Cosmos pense de toi, on peut admettre que oui, probablement, mais il y a l’alice qui justifie alors que pour Liu, tu n’as aucun moyen de vérifier. et la Cosmos qu’il connait, elle ne s’insurgerait jamais qu’on lui rapporte ses cahiers d’école - alors tu mens, forcément que tu mens, Nausicaa.
hésiter à croire en toi on ne veut pas.
Nausicaa Williams
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Dim 17 Mai - 3:57
Il y a le labeur visible et le labeur invisible. Contempler, c'est labourer ; penser, c'est agir. Les bras croisés travaillent, les mains jointes font.
au travers des fêlures béantes c’était simple d’y voir clair. les sentiers menant au cœur, ils sont évidents, presque en ligne droite à emprunter serein. le miroir de ton âme, Liu, il est brisé réassemblé, lézardé il déforme, et les contours de ton reflet pulvérisé, c’est aisé de les dessiner à sa guise. est-ce que c’était une pensée viciée ? Nausicaa constate sans déliquescence pourtant. il n’a pas l’intention de te dire, viens, rejoins-moi c’est toi qui t’avances seul, Liu, à partir du moment où tes affirmations se sont vues ponctuées de points d’interrogation.
il n’a pas les réponses que tu cherches et ses regards s’inclinent, tout le savoir pudiquement rhabillé par les cils clairs. rien que ses connaissances à lui, résonnent tendres comme des convictions inébranlables. je me contente pas de laisser tout ce qu’on m’apporte s’entasser là, tu sais. j’ouvre les lettres, je lis les mots. les gens qui viennent, je m’intéresse. je tiens beaucoup à eux. à elle, quoi que tu en dises.
à la façon des albums de famille qu’on ouvre avec soin, Nausicaa tend la main pour piocher une des enveloppes trônant au milieu des fleurs. silencieux le temps de lire le nom au verso, et puis te montre rien que le recto, désinvolte. ça c’est quelqu’un dans ta classe. je te dirai pas qui c’est.
mais vu que tu sais pas qui c'est, je peux te dire que le mois dernier cette personne m’a confié qu’elle se faisait vomir parfois après les repas. il garde entre les doigts et observe l’écriture quelques secondes, avant de poser derrière lui. tant qu’on y est, son regard s’éparpille, fouille distraitement dans les offrandes. tomber sur un sachet de graines le fait sourire tout à coup. ah, ça c’est Jasmin. il est trooop ce môme je te jure. j’ai promis de passer aux serres jeudi prochain, c’est pour ça, il me file des trucs à planter. s’en amuse comme si tout cela était intact mais ce n’est pas le cas, Liu, malgré qu’il reporte des œillades placides sur toi Nausicaa n’a pas oublié. tu reposes les offrandes de Cosmos, du coup ?
promis, je lui dirai rien. je t’aime bien.
Liu Zhu
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Dim 17 Mai - 5:04
Ever seen a devil with a halo? Ever seen an angel with some horns? Everybody got their own demons Everybody fightin' their own war
les cahiers se sont écornés contre ses os, mais tes mots Nausicaa ils ont transpercé comme si ce n’était pas de peau qu'on était fait mais de papier.
tes obsécrations impudiques, elles évoquent à l’identique les attendrissements et les supplices. des litanies qui placent le meilleur comme le pire d’une vie sur le même plan de réalité, aussi faciles à tenir au creux des mains que les enveloppes scellées et les sachets de grains. forcément que c’est tentant de s’en remettre à ton emprise - elle est si dénuée de doutes et de craintes. tout ce qui pèse lourd sur le cœurs et les organes, tu pourrais changer en plume volubile à chasser d’un soupir.
et tes regards, et tes sourires plus tu les accordes à Liu et plus ils éclairent, à la façon des rayons de soleil qu’on se plaît à remarquer lorsqu’ils franchissent une lucarne pour nous éclabousser pour l’illuminer lui, rien que lui à cet instant.
je t’aime bien, c’est effrayant effrayant comme il en frissonne lorsqu’il sent que les mots se lovent paisibles tout contre sa psyché.
il voudrait que tu sois intéressé que tu dises qu’il est “trooop” que tu t’inquiètes s’il ne se sent pas assez que tu prononces encore des promesses que tu propose de partager des secrets Liu pourrait il pourrait tout te dire il pourrait tout te confesser pour que tu tiennes beaucoup à lui aussi.
et parce que l’idée que Cosmos puisse ressentir la même amnistie le terrorise, elle file l’impulsion de s’éloigner à tout prix, fait rejeter la foi comme une mauvaise greffe, Liu se redresse pour recommencer à tracer les frontières, secoue négativement la tête
non- non je les emmène avec moi, hors de question que je te les laisse.
qu’on t’abandonne, des lambeaux d’elle. quand il se lève il en a presque la nausée, tant c’est à contre-cœur. le sentiment d’avoir été mordu, les crocs refusent de lâcher prise et se tenir debout c’était tirer quitte à se faire arracher un morceau de chair. c’est une purge d’articuler le plus assuré possible -
et tant pis si tu ne m’aimes pas.
il trouvait sa réplique à vomir, comme si quelqu’un la lui avait plongé de force dans la gorge et qu’il la recrachait aussitôt, les entrailles déjà trop pleines de prières et de mots d’amour. et une envie de pleurer lui monte à l’amorce des volte-face, mais Liu ravale, détale aussitôt - il fallait se persuader que ce qu’on avait pillé ce n’était pas des autels sacrés mais bel et bien des tombeaux.
Nausicaa Williams
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Sujet: Re: pilleur de tombe {{ nausiu Lun 18 Mai - 15:10
Il y a le labeur visible et le labeur invisible. Contempler, c'est labourer ; penser, c'est agir. Les bras croisés travaillent, les mains jointes font.
c'était peut-être s'être montré naïf comme un enfant que d'avoir attendu les moi aussi en écho à ses je t'aime, mutique et sans aucun doute qu'on n'entendrait que oui— Nausicaa s'est figé lorsqu'à deux fois tu lui réponds que non.
surplombé d'hors de question il a levé les yeux, tendu les lèvres pour suivre le mouvement, lui toujours immobile accroupi parmi les dévouements en fatras.la bienfaisance des autres l'éclaboussait jusqu'aux chevilles façon giclée de sang post-sacrifice, et voir que tu l'y dévisageais mal fait soudain se sentir comme au cœur d'une scène de crime.
les carnets de Cosmos à l'abri dans tes bras sont des agneaux qu'on n'égorgera pas. ça déclenche des sentiments inédits—qu'on le prive des feuillets où elle s'est tant appliquée à l'écrire le dérange—c'était ce geste précisément qui rendait les lieux mortifères tout à coup, c'est toi, Liu, qui rompt la tranquillité de l'endroit, ton attitude c'est celle de ceux qui refusent d'abandonner les bouquets, déposeraient des fleurs artificielles aux cimetières ; car à quoi bon laisser la vie faner aux pieds de Nausicaa.
et ses sourcils se froncent et il n'aime pas cela— ce n'est pas toi qu'il n'aime pas Liu mais ton image impie à cet instant qui file des urgences de ramener à soi, alors qu'il s'était juré ne jamais se risquer sur ces sentiers là. rien qu'accueillir, sans retenir au creux des mains. on n'est pas un mauvais prêcheur qui font claquer l'entrée des temples après ceux qui s'y risquent— mais à te voir tourner les talons, il se dit alors "j'aurais peut-être dû" ; oui peut-être que la prochaine fois, en plus de tendre les bras il les refermera et puis tant pis.