tatoue-moi ft. saada

TROIS ÉTOILES Messages : 85 Classe : F

J'apprendrai ta langue et ton accent
Pour te comprendre
Je serai frivole et décadent
Pour te surprendre

oh, tu la connaissais, belle Saada, la célèbre princesse Fleur d'Oranger trésor gardé de la directrice constellée d'étoiles et de mérites - partout où tu passais, quelqu'un en a forcément parlé, les compliments qui défilent tu viens même à en découvrir de nouveaux et
la curiosité est piquée.

ce n'est pas innocent lorsque tu viens te poser à sa table, à l'heure du repas - rare opportunité de voir Saada sans personne à ses côtés, ou pas encore mais qu'importe, ta présence suffira, tu l'espères, à les chasser ;
ce n'est pas innocent lorsque tu abordes la conversation, fier de toi, le sourire grand, avec une remarque déplacée :
— Mais qui vois-je là ? La grande Saada, qui a refusé de figurer parmi les NOVA ?

sans mépris, non, on ne commence pas avec les hostilités et le dédain pour sa personne évidents - ce serait trop facile, on y insuffle de l'admiration à cette phrase, comme si ce choix avait été le bon et que seule une personne de sa carrure pouvait se le permettre
comme si toi, Dmitry, grand roi, avait du respect pour la Fleur d'Oranger.
il n'en est rien bien sûr, elle est de ceux qui te font rire - les bons samaritains persuadés de faire le bien, ceux à la conscience tranquille et qui transpirent l'hypocrisie
(ton opposé
et peut-être
peut-être ce qu'on aurait été
avec un autre passé)
tu ne te défais pas de ton sourire - comment jouer avec elle ? la séduire, par exemple, pauvre enfant qui n'a sûrement pas connu grand monde dans sa vie de parfaite petite élève on pourrait lui rendre ce service, lui faire découvrir les joies de se laisser aller dans tes bras ;
oui, cette idée là te plait bien,
à toi.

@Saada H. Radjah

— tatoue-moi.DMITRY & SAADA

Saada s’était faite volatile dans les couloirs de l’école depuis le festival sportif ; elle ne se montrait que là où il fallait la voir, assise sur sa chaise en cours, et parfois au réfectoire, mais s’évinçait de toute interaction sociale non-obligatoire avant même qu’elle n’ait lieu.
Elle était devenue allergique aux autres, et aux émotions poisseuses qu’ils déversaient malencontreusement en son cœur –celui-ci avait débordé jusqu’aux yeux de tous les maux du monde et l’avait laissée submergée et impuissante au milieu du chaos.
Depuis, elle n’en pouvait plus ; des autres gens, de leurs émois intrusifs et de sa propre colère qui n’avait de cesse d’enfler sans qu’elle n’ait d’exutoire pour en crever l’abcès au milieu de ses amis aux cols bien étoilés.
Alors Saada mangeait seule au réfectoire, depuis quelques jours, quand elle avait assez d’appétit pour s’y présenter –et de fait, les circonstances n’étaient pas propices pour qu’elle accepte tout sourire une nouvelle présence envahissante à ses côtés

« Mais qui vois-je là ? La grande Saada, qui a refusé de figurer parmi les NOVA ? »

Elle se pinça les lèvres, un peu irritée, avant même de lever les yeux vers lui. Il lui fallut un instant pour se remémorer son prénom –c’était après tout la première fois qu’ils s’adressaient la parole– mais Saada avait bonne mémoire, et Dmitry Kotov n’était pas un nom bien compliqué à retenir. Son regard glissa jusqu’à l’étoile filante épinglée à sa veste et elle réprima un rictus amer.
À sa flatterie, Saada n’accordait aucun crédit.
Le ton de sa voix dissonait trop avec ce qu’elle lisait malgré elle en-dedans.

« Je peux t’aider ? »

Si elle avait répondu sur le ton calme et posé qu’on lui connaissait, un pli discret de ses sourcils trahissait légèrement l’irritation qui montait en elle.

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J'apprendrai ta langue et ton accent
Pour te comprendre
Je serai frivole et décadent
Pour te surprendre

souffle coupé on l’admet à regrets mais les prunelles qui se lèvent et viennent croiser les tiennes sans sourciller, tu comprendrais presque ce qui a poussé la directrice à la choisir ; car, médisant sûrement, tu t’attendais à petite princesse choyée sans force de caractère et tu te retrouves intimidé
de ses sourcils froncés et cette phrase de politesse qui réellement t’intime de déguerpir et lui foutre la paix.
— Eh bien à vrai dire, oui.
non, pas quand elle toise ton étoile sans même cacher son mépris, quand elle ne marchera clairement pas dans le sens que tu lui désires mais tu veux faire quelque chose de cette femme
quoi encore, tu ne sais pas
pourvu que ton irritation de ces derniers jours trouvent une nouvelle victime à faire payer pour les autres, et c’est sur la belle que tu as jeté ton dévolu – toute fragile qu’elle sera entre tes doigts ;
— Pourquoi avoir refusé les NOVA ? Je veux dire, je suppose que c’est une affaire de convictions, abus de pouvoir, tout ça, ça n’a pas l’air d’être ton genre.
Et tu ne te caches pas de sous-entendre que c’est le tien toutefois
— Mais en l’étant, tu ne penses pas pouvoir mieux défendre les gens de ces fameux abus de pouvoir ?
des gens comme toi qui n’ont aucun scrupule à écraser les plus faibles si ton humeur l’a dicté ou que ton quota n’est pas assez ; et tu cherches la faille chez elle, ce moment où elle n’aura rien à te rétorquer, ce moment où tu pourras frapper lui rappeler à quel point elle n’est rien et qui sait, dans un acte de bonté,
tendre des bras salvateurs pour lui donner enfin une raison d’exister.
— N'y vois aucune agression, c'est de la sincère curiosité.

@Saada H. Radjah

— tatoue-moi.DMITRY & SAADA

« Eh bien à vrai dire, oui. »

Saada, méfiante, ne répondit que d’un bref hochement de tête pour lui signaler qu’elle voulait bien l’écouter et l’inciter à enchaîner –quoique son petit doigt lui disait qu’il n’aurait pas eu besoin de ça pour continuer sur sa lancée.
La question suivante lui tira un soupir ténu, agacé ; rien qu’un jour, elle aimerait ne plus avoir à entendre parler de la section NOVA qui lui sortait un peu plus par les yeux de jours en jours. L’ébauche d’un rictus narquois vint néanmoins s’esquisse, fugace, au bord de ses lèvres quand Dmitry laissa glisser des sous-entendus peu subtils.

« Les défendre de ceux de ta trempe, tu veux dire ? fit-elle d’un ton doux en étirant un sourire presque lumineux, complètement contraire à l’acidité de ses mots. »

Au mieux sa colère enflait, sourde et vibrante sous la surface lisse de son calme apparent, au mieux la langue de Saada se faisait acérée ; et celle qu’on n’avait jamais vu jurer ni se moquer de qui que ce soit glissait lentement mais sûrement, depuis des mois, sur la pente du cynisme.

« J’ai passé l’âge de croire au Père Noël, Kotov, fit-elle en reportant son attention sur ce qui se trouvait dans son assiette –mais l’appétit n’était plus au rendez-vous et elle se contentait de triturer une tête de broccoli du bout de sa fourchette dans un geste las et nonchalant. On ne défend pas les gens en rejoignant les rangs de ceux qui les oppressent. »

On ne change pas un système pourri jusqu’à la moelle en l’infiltrant dans l’espoir de le changer de l’intérieur.
Depuis quelque mois, Saada ne rêvait plus de révoltes pacifistes et d’utopies tranquilles. Elle était venue à la douloureuse conclusion qu’on ne changeait les choses que par la force, et que les efforts qu’elle avait fourni depuis si longtemps pour que son col brille de trois étoiles brodées n’avaient au fond pas de véritable sens car son but ultime était vain.
Non, désormais, Saada s’effrayait presque elle-même à rêver
révolutions enflammées
et royaumes effondrés.

« Qu’est-ce que ça peut te faire ceci dit ? Moi hors des NOVA, c’est une gêneuse en moins pour toi non ? Ça devrait t’arranger. »

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J'apprendrai ta langue et ton accent
Pour te comprendre
Je serai frivole et décadent
Pour te surprendre

tu l’écoutes en sirotant ton jus de fruit, le sourire qui ne se défait pas de tes lippes –
intéressant ;
car ce n’est pas par fidélité à l’académie que tu as rejoint les NOVA et c’est faute d’idéaux que tu punis les autres sans une once de pitié pour eux – c’est purement et simplement
par ennui, que tu traînes ta vie, Dmitry, à la recherche de sensations pour remplir ce vide ;
aujourd’hui, ce sera elle, décret du roi et aussitôt appliqué.
— Point du tout, jolie Saada, je me réjouissais à l’idée de voir ta mine renfrognée alors que tu tentais de lutter contre les injustices quotidiennement.
grand sourire de con, et pas de sarcasme – sincèrement, elle est suffisamment jolie pour apprécier les pitreries que sont ses discours d’idéologie ;
— Et tu comptes les défendre comment, au juste, si ce n’est dans les rangs ? D’ailleurs, pourquoi une telle volonté de faire justice partout ?
tu poses ton jus de fruit, bras croisé et torse bombé de fierté
— Tu t’ennuies donc tant que ça dans la vie ?
ça te semble trop gros cette volonté de faire le bien sans une once d’hypocrisie chez la belle
trop gros qu’on puisse ainsi se soucier du mal des autres
et ne rien attendre en retour si ce n’est la fierté du devoir accompli

(trop loin de tes idées,
Dmitry
pour ne pas que ça te fasse envie
en réalité.)

@Saada H. Radjah

— tatoue-moi.DMITRY & SAADA

Lasse, Saada se désintéressa de nouveau de son assiette et posa le menton sur sa main, le coude posé nonchalamment sur la table. Elle observait Dmitry d’un air blasé mais écoutait ses paroles avec plus d’attention qu’elle n’en laissait voir. Loin d’être blessée par ses tentatives de décrédibiliser ses idéaux, elle réprima même un rictus moqueur de sentir en lui des choses contraires à ce que sa langue de vipère sifflait.
Saada lisait en lui comme dans un livre ouvert ; pire encore, elle ressentait à même sa chair la moindre émotion qui pouvait habiter le jeune homme. Elle avait peut-être maudit son alice ces dernières semaines, mais celui-ci lui sauvait la mise aujourd’hui.

« Je ne vais pas perdre mon temps à débattre de mes principes avec toi aujourd’hui puisque de toute évidence tu es là uniquement pour m’emmerder et non par réelle curiosité, fit-elle en soupirant presque, la tête penchée légèrement sur le côté. C’est à se demander qui s’ennuie le plus de nous deux. »

La réponse lui semblait bien sûr évidente ; de son côté, Saada était tellement sollicitée de tous les côtés, entre sa colère, son alice, ses responsabilités de déléguée et la pression latente qu’elle ressentait d’avoir refusé l’étoile filante, que l’ennui lui semblait être un luxe auquel elle n’avait pas eu accès depuis des lustres.

« Si tu tiens absolument à me trouver des failles tu n’as qu’à mettre ça sur le compte de mon alice : je veux que les autres se sentent bien pour qu’ils ne m’importunent plus avec leur tristesse et c’est par pur égoïsme que je fais tout ça ! »

Elle agita une main en l’air avec flegme comme si elle chassait une mouche invisible.
Dans le fond après tout, ça n’était pas tout à fait faux. Il y avait effectivement une part d’égoïsme dans ses choix, qu’il soit lié à son alice où au fait que se battre pour une cause qui lui semblait juste lui donnait confiance en sa vertu.
Cela étant dit, Saada ne s’était jamais vantée d’être exempte de tels sentiments.

« Tout le monde n’a pas comme toi l’intelligence sociale et émotionnelle d’une huître, Kotov. »

Finalement, le sourire mauvais trouva son chemin dans la courbe de ses lèvres. C’était plus fort qu’elle dernièrement, à force de se laisser consumer par la colère sourde qui lui grondait en dedans, Saada avait pris un goût assez sordide pour la moquerie et le sarcasme face à ceux qui venaient la prendre de haut. Elle n’avait plus la force ni l’envie d’être gentille, de comprendre ou de pardonner, et elle avait accepté avec une facilité assez déconcertante le fait de ne plus être la jeune fille parfaite au cœur bon et pur qu’elle avait longtemps cru être.
Ça n’avait jamais été elle, en toute honnêteté.

« Encore que, les huîtres sont sûrement plus douées que toi pour cacher ce qu’elles ont à l’intérieur… »

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