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juno-bianca & jason

« C'est bon, je vous ai assez vus, dehors. »

Les sept directeurs, dans leurs costumes bien apprêtés et sous leurs chevelures impeccablement coiffées, s'étaient lancés un regard circonspect, mais n'avaient pas discuté plus longtemps. Ils s'étaient tous levés en saluant respectueusement leur supérieure. Il n'y avait eu que Erina, directrice de production pour la branche secondaire de l'entreprise, qui eut l'air de s'attarder plus longtemps. Elle avait attendu, debout derrière son siège, que tout le monde soit parti.

« Sans vouloir vous manquer de respect, Madame, ... »

"Madame" avait levé son regard noir vers son employée. Allait-elle se mettre à la tutoyer ? Elle arqua un sourcil. Erina ne poursuivit pas sur la voie dans laquelle elle s'était engagée, et partit plus livide qu'elle n'était entrée.

Juno-Bianca, seule récidiviste d'une réunion préoccupante par son inefficacité, braqua son dos dans le fond de son fauteuil, visiblement insatisfaite et agacée. Un coude posé, elle se prit l'arête du nez d'un air irrité lorsqu'une frêle jeune fille s'invita dans l'encadrement de la porte.

« Madame ? »

Juno-Bianca releva les yeux pour les poser sur Emy, sa secrétaire, et son visage sembla se détendre légèrement.

« La commande particulière du laboratoire est arrivée. Je vous la garde à l'accueil. Au fait, Isis-Mae, votre sœur, est en bas. Dois-je lui appeler un chauffeur ?
Merci Emy. Et non, ça ira, je descends. »

Sans plus de commodités, la secrétaire quitta la pièce sur un sourire maladroit et on pouvait entendre ses petits pas se presser dans le couloir. Juno-Bianca s'était levée, avait attrapé son manteau beige et son écharpe brune au crochet sur le mur et les avait gardés à son bras, l'autre main occupée par son sac en cuir. Six ans et la signature de Juno-Bianca était toujours la même : le bruit inlassable de ses talons trop hauts qui claquaient contre le sol dans l'expression d'une marche ferme.

En arrivant dans le hall d'entrée, Juno-Bianca aperçut sa sœur, à qui elle adressa un regard dénué de toute la haine passée. Elle s'était approchée.

« Isis, il y a un problème ? »

Sur toutes les affiches de la marque cosmétique Rhodes on pouvait y voir le visage de Isis-Mae ; elle en était devenue l'égérie.

« Je réglerai cela moi-même. Considère que tu seras débarrassée de ce poids d'ici la fin de la semaine. »

Elles s'étaient quittées sur une embrassade sobre avant que Juno-Bianca ne s'avance vers le bureau d'accueil, où la charmante hôtesse en tailleur lui tendit le paquet que sa secrétaire lui avait réservé. Juno-Bianca déposa le colis dans les mains de James, son chauffeur, qui s'exécuta immédiatement à ranger le colis dans le coffre de la voiture qui les attendait déjà devant la porte de sortie. Pile à l'heure, comme d'habitude. La vie de Juno-Bianca était réglée comme du papier à musique ; et elle en était le chef d'orchestre.

Le trajet dura vingt-deux minutes durant lesquelles James et elle avaient échangé quelques banalités et politesses, dans une complicité joyeuse qui caractérisait la plupart de leurs conversations. Ils passèrent le portail d'une propriété privée et la voiture s'arrêta devant l'entrée de la maison. Elle arrêta James qui sembla vouloir sortir de la voiture.

« Non, laisse. Je m'en occupe. Va garer la voiture. »

Elle sortit, s'empara elle-même du colis dans le coffre avant qu'il ne parte la remettre dans leur garage.

La neige recouvrait en un tapis épais les étendues de gazon qui longeaient l'allée et le soleil d'hiver rendait presque aveugle tant il était brillant. Les chemins avaient tous été soigneusement dégagés, et Juno-Bianca songea à l'augmentation hypothétique de son jardinier qui, visiblement, faisait du zèle. Lorsqu'elle s'approcha de la porte d'entrée en cherchant ses clés dans son sac, ce fut trois boules de poils blanchies par la neige qui s'étaient mises à courir vers elle. Deux noirs et un blanc, c'étaient trois spitz nains qui venaient poser leurs pattes sur la jupe noire de Juno-Bianca qui les avait accueillis avec beaucoup de tendresse.

« Oooh, bonjour mes amours, Maman est rentrée plus tôt aujourd'hui ! »

Elle avait fini par parvenir à ouvrir la porte malgré les trois bébés qui faisaient la fête autour d'elle, et elle referma derrière elle. Les chiens s'étaient mis à jouer entre eux, courant jusqu'au living où ils roulaient sur le tapis, nerveux de joie.

« Je suis rentrée ! »

Sa voix résonna dans l'immense hall alors qu'elle se débarrassa de la veste et l'écharpe sur le porte-manteaux, dégageant légèrement le col de son pull en laine.

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Les années s'enchaînaient à un rythme incontrôlable.
Lui qui avait passé sa vie à redouter son retour dans le clan O'Cesair, à la fin de ses études, avait eu la chance de rencontrer une femme aussi brillante que Juno-Bianca, capable de balayer de façon pragmatique toutes ses angoisses.
Le bannissement de ses parents du clan O'Cesair l'avait libéré de ce poids, même s'il s'était retrouvé dans un premier temps sans endroit où rentrer, elle s'était occupée de tout.
Juno-Bianca s'était occupée de lui, l'avait gardé proche d'elle, dans toutes les situations.
Elle avait bâti son empire, uniquement à l'aide de son alice et de son charisme.
Admiratif, Jason avait contemplé cette femme obtenir ses richesses.
Elle lui offrait le luxe, de l'amour, une vie stable dans laquelle il n'était contraint à aucune tâche si ce n'est de l'aimer et s'occuper d'elle.
Une activité pour laquelle il se serait de toute façon dépassé, car son monde commençait au visage de Juno-Bianca et s'arrêtait à ses pieds.

Il avait apprit à vivre à deux, vivre pour deux.
Oublier ses complexes car il ne voulait pas l’embarrasser.
Portait son masque fièrement, conscient qu'en sa compagnie, il était absolument intouchable.
Vivait dans un petit cocon, une sublime maison animée par les différentes employés de maison et les trois chiens de sa compagne, dont il s'occupait soigneusement en son absence.
Mais il y a des choses qu'il refusait de laisser aux agents d'entretien de la maison, comme le nettoyage des affaires de Juno-Bianca ou la préparation de son thé.
C'est avec minutie qu'il s'occupait, comme une secrétaire, des détails de sa vie privé.
Dédiait sa vie à ce qu'elle n'emporte aucun soucis avec elle lorsqu'elle quittait cette maison.
Pas contraint, simplement par amour pour elle.
Profitait du reste de son temps libre pour dépenser de l'argent dans ses gadgets improbables, persuadé de pouvoir un jour l'impressionner avec une lampe qui change de couleur en fonction de la chaleur.

Elle rentrait à l'heure, comme tous les jours.
Et lorsque le bruit de ses talons frappaient le sol de la maison comme ils le faisaient déjà dans les couloirs de l'académie, Jason était déjà présent dans la cuisine pour l’accueillir.
Arrivait donc dans le hall, réajustait le nœud de sa cravate et s'approchait d'elle pour déposer ses mains sur ses hanches.
Plongeait son regard dans le sien, car orphelin en son absence.
Sa voix était douce.
Heureux de la voir, comme tous les jours.

« J'ai préparé ton thé, il attend dans le salon. »

Haussait les épaules, se plaquait un peu plus contre elle.

« J'ai essayé de préparer des croissants aux amandes mais, c'est un échec. Je suis parti en acheter à la boulangerie. »

Il avait apprit à être pragmatique, lui aussi.

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Juno-Bianca aimait la vie qu'elle avait construite. A une époque elle avait rêvé de régner sur un empire comme celui qu'elle bâtissait encore en ces jours, et de l'utiliser pour être seule impératrice inattaquable en haut de sa tour où elle contrôlait tout autour. C'étaient des desseins malsains qui l'avaient rendue obsédée et malade. Désormais, même si le résultat était approximativement le même, elle n'était au sommet d'un empire que parce qu'elle s'y sentait à sa place et qu'elle aimait mettre à profit ses atouts pour construire la vie dont elle voulait profiter ; elle s'était hissée si haut en si peu de temps en transformant sa colère non plus en poison mais en outil, et toutes ses ambitions n'en étaient que plus atteignables.

Elle aurait pu se targuer d'avoir trouvé ce chemin en elle-même et de l'avoir arpenté seule, mais la vérité, c'était que jamais elle n'aurait trouvé tant de paix s'il n'y avait pas eu à un carrefour de sa vie la main de Jason qui s'était tendue vers elle. Les autres pouvaient bien dire ce qu'ils voulaient ; pouvaient voir leur relation comme unilatérale si ça les enchantait ; Juno-Bianca, jamais, n'avait douté qu'il l'avait sauvée. Non pas de la mort, mais de quelque chose de pire encore.

Lorsqu'il arriva près d'elle dans le hall, elle le gratifia d'un sourire heureux, et profita de l'étreinte qu'il lui offrait. Se lasserait-elle un jour de ses tendresses ? Ce jour n'était pas arrivé en tous cas.

Une de ses mains s'était glissée au cou de Jason, alors que l'autre tenait encore le paquet. Elle caressait l'arrière de sa tête lorsqu'elle hocha la tête.

« Merci mon ange. »

Habilement, d'une seule main - elle avait pris l'habitude de le faire désormais - elle détacha les sangles à l'arrière de la tête de Jason, et détacha également la chaîne secondaire, pour l'accrocher au porte-manteaux à côté.

« J'ai quelque chose pour toi. »

Ouvrit le paquet carton devant lui et le laissa tomber lorsqu'elle en sortit un collier en cuir vert. On aurait dit un collier de chien, mais il était parcouru en son intérieur par des fines plaques métalliques qui épousaient parfaitement les courbes du cou de Jason. Elle lui accrocha soigneusement, visiblement soucieuse, et recula d'un pas en glissant ses mains dans les siennes.

Ce n'était qu'un prototype et cela faisait déjà des années que son laboratoire travaillait dessus, mais celui-là avait fonctionné aux derniers tests. Elle se mordit la lèvre inférieure.

« Là, essaie de parler. »

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Lorsque Juno-Bianca sortait le collier du paquet, Jason haussait un sourcil, interloqué.
Pas méfiant.
De toute façon, si elle voulait qu'il porte un collier de chien, il l'aurait fait sans discuter.
Mais se demandait alors quel intérêt de sacraliser ce fameux collier ?
Elle le lui accrochait autour du cou, soigneusement et Jason se doutait bien qu'il ne s'agissait pas là d'une simple lubie de sa reine.
Juno-Bianca l'incitait à parler, sans son masque et en temps normal, il est évident qu'il aurait refusé.
Aurait refusé, auprès d'une autre personne.
Mais ne refuserait jamais rien à cette femme, elle qui avait déjà tenu sa vie entre ses mains et l'avait sauvé de l'enfer de pierre.
Il y a de cela très peu de temps, les cicatrices étaient encore fraîches.
Avait toute confiance en elle et son génie, persuadé que peu importe ce qu'elle pouvait attendre de ce moment, tout se passerait bien.
Tout se passait toujours bien, avec elle.
Et le choix de ses mots devait être important.

« Je t'aime, Juno-Bianca. »

Sa voix se faisait entendre autrement que par un murmure.
Parfaitement audible, comme si son alice n'avait jamais existé.
Sentait une légère réaction du collier lorsqu'il s'exprimait mais cela n'avait rien de particulièrement embêtant, une réaction à laquelle il s'habituerait bien vite.
En tout cas, ses mots ne provoquaient aucune catastrophe, aucun dommage.
Jason était devenu... Normal.
Cela pouvait sembler stupide, pour le plus grand nombre.
Mais il avait attendu pendant si longtemps de pouvoir lui exprimer, de sa propre voix, la force de ses sentiments.
Les larmes deviennent des perles au coin de ses yeux, il s'approche rapidement d'elle pour l'enlacer et l'embrasser.
D'une fougue qui l'avait toujours habité, lorsqu'il regardait l'impératrice.

« Tu m'as offert un endroit où vivre, l'amour et maintenant tu m'offres une voix ? »

Glissait ses doigts sous son haut, se collait contre elle alors que les larmes coulaient sur ses joues.
Avait besoin de sentir sa chaleur au bout de ses doigts, comme pour s'assurer que tout ça était bien réel.
Comme si c'était bien sa vie.
Et ça l'était.

« Tu es mon ange gardien. »

Il n'aurait pas trop d'une vie à lui donner.
S'il le pouvait, il déposerait aussi les suivantes à ses pieds.
Elle qui avait la liberté de le piétiner mais qui avait décidé, à la place, de l'aimer et partager sa vie avec lui.
Une âme pour deux.

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" Je t'aime, Juno-Bianca. "
Soudain en apnée, restée pendue à la voix qu'enfin elle entendait, un battement en moins le palpitant trébucha. La réciproque se perdit aux lèvres devenues muettes, les yeux comme toujours parleraient à sa place, gorgés d'un bonheur qui ne témoignait même pas de la moitié de ce qui se battait dans sa poitrine.

Juno-Bianca n'avait, en fait, pas cessé d'être un démon ; mais c'était en portant ce titre comme une bannière qu'elle était devenue un ange ; le sien - son "ange gardien" sonnait étrangement juste de sa part, peu importe tous les écarts à la prêche qu'elle avait commis. Juno asseyait sa propre religion.

Elle avait glissé ses mains sur ses joues - peu lui importait les larmes qui s'écrasaient désormais sur ses doigts - et forçait le visage de Jason à lui faire face.

Tout ; elle aurait tout fait pour lui ;
Alors tout elle l'avait fait ; le ferait encore.

Elle posa son front contre le sien, un sourire grimpa à ses lèvres et c'était dans un murmure désormais qu'elle s'exprima.

« Je t'aime, Jason. »

Puis un rire, témoignait de l'euphorie qui secouait sa gorge.

« Par contre ça ne te permet pas de crier. »

Elle songea qu'elle n'avait vu Jason en colère qu'une poignée de fois, et qu'élever le ton, dans sa langue à lui, voulait dire parler au volume auquel elle parlait habituellement.

Dans leur proximité, Juno-Bianca avait baissé les yeux. Les paupières mi-closes, et dans un mouvement tendre, elle scella leurs lèvres dans un baiser que, si elle ne l'avait pas voulu si long au départ, fut relancé par son propre désir, immédiatement incendié par les émotions qu'il faisait vivre en elle ; c'étaient ses doigts sa chaleur contre sa peau c'était son regard et désormais
c'était aussi sa voix.

Avança d'un pas qui le fit reculer, les bras glissèrent autour de son cou et la distance n'était jamais assez annihilée.
Songea que des croissants et du thé les attendaient au salon.
Les chiens étaient revenus sauter à leurs pieds.
Juno-Bianca baissa le visage et le sourire étirant ses lèvres, adressa un regard à Jason avant de quitter ses bras, dans un mouvement lent.

Elle avait abandonné ses chaussures à l'entrée du salon, une fois que ses pieds purent rejoindre le parquet et les tapis sans avoir affaire au carrelage - il était trop froid pour y marcher.

« Je crois que je vais devoir remplacer la directrice de production, Erina. En plus de n'être qu'à moitié compétente, son ambition est fragile. Je me moque qu'on conteste mes décisions et qu'on me tienne tête. Ce que je déplore, en revanche, c'est qu'elle n'ait pas eu la force de le faire jusqu'au bout. »

Le ton était indifférent, hautain. Elle aimait l'insolence, lorsqu'elle était juste et dosée, lorsqu'elle présumait un combat à venir, une bataille dans laquelle elle pouvait évaluer la force de ses pions. En revanche, elle méprisait la médiocrité et la lâcheté.

Elle s'était installée dans l'un des canapés et avait tendu son bras vers Jason, par-dessus le dossier, ses doigts à peine repliés qui lui disaient de la rejoindre.

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Jason ne s'était jamais senti aussi en paix et en sécurité que dans ses bras.
La vie n'avait pas toujours été tendre, ni pour l'un ni pour l'autre.
Ils avaient été victimes toute leur vie des quolibets, des réputations, des on dit.
Jason était un garçon froid, distant, effacé.
Juno-Biance une fille hautaine, arrogante et dominatrice.
Mais au contact de l'autre, ils étaient parvenus à voir au travers de tout cela, derrière cette image néfaste et pesante.
Jason était un homme tendre, serviable et prudent.
Juno-Bianca une femme forte, intelligente et fidèle.
S'acceptaient l'un l'autre, ce que le monde n'était pas capable d'accepter d'eux.
Et lorsque le baiser se prolongeait, il se sentait toujours vivre un peu plus, à son contact.
Contre elle.
Mais jamais en opposition.
S'était juré de faire pour elle ce que personne d'autre n'accepterait de faire.
Pour s'assurer que, jamais en sa présence, elle n'ait besoin de demander.

Lorsqu'elle l'invitait à le rejoindre sur le canapé, après avoir mis fin à une étreinte toujours beaucoup trop courte à son goût, c'est avec un sourire sincère et une mine réjouie qu'il prenait place à ses côtés.
Ses paroles n'avaient rien de surprenant, elle s'occupait de diriger une entreprise et à ce petit jeu, elle était excellente.
Peut-être pas le management le plus doux mais qui était-il pour contester ses choix ?
Elle avait bâti un empire à son jeune âge, avait éclipsé toute concurrence - pour ne pas dire écrasé - et savait exploiter au mieux ses capacités.
Jason ne nourrissait aucun problème d'ego en sa présence, se savait inférieur socialement et intellectuellement s'il venait à se comparer à l'impératrice.
Mais pour cela, il ne ressentait qu'une inépuisable source de fierté et d'admiration pour celle qui partageait sa vie.
N'avait eu comme ambition que de la voir réussir, heureuse.
Et il partageait ses victoires autant que ses - improbables - défaites.

Attrapait ses jambes qu'il étalait sur ses cuisses, commençait à masser ses mollets puis ses chevilles, pour la détendre.
Haussait les épaules, non pas indigné par les propos presque déshumanisant concernant la directrice de production - il se gardait bien de toute jugement, en ce qui concerne Juno-Bianca - mais plutôt étonné par la nature de ce qu'elle semblait demander.

« Mon amour, peux-tu vraiment reprocher à qui que ce soit de ne pas vouloir se lancer dans une bataille ouverte avec toi ? Tu n'es pas du genre à lâcher le morceau. Moi, j'ai vite abandonné. »

Tu te souviens, à la bibliothèque ?
N'abandonnait pas par dépit, tout simplement qu'il ne ressentait pas le besoin de s'imposer auprès d'elle.
Elle avait déjà tendance à lui faire plaisir sans qu'il ne demande rien - le collier en était une preuve - et de fait n'avait aucune envie de se forcer à la contredire.
En un sens, le fait qu'elle accepte aussi bien sa nature anti-conflictuelle et qu'il accepte son aspect dominatrice faisait de cette relation tout ce qu'il y avait de plus sain.

Jason se crispait un instant, le regard fuyant et baissait la tête.

« Mes parents. »

Dégluti, dérangé à l'idée d'aborder leur requête.

« Ils veulent me voir. Nous voir. Ils posent des questions sur toi. Ils voudraient te rencontrer. Si tu veux bien. »

Dire qu'il aurait aimé pouvoir faire sa demande en mariage avant ça.
De peur de la faire fuir, peut-être.

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Son corps s'était laissé tomber dans le canapé, la tête en arrière et une de ses mains glissant sur le bras de Jason, caressait vaguement, d'un air absent. Elle avait relevé la tête lorsqu'il parla de son abandon, un peu circonspecte. Elle n'avait jamais considéré qu'il avait abandonné, il avait accepté une défaite avant de perdre la face, ça n'était pas de la fuite. La différence avec Erina, c'était qu'elle se montait la tête comme une rivale et se racontait une histoire où elle pouvait prétendre à son trône alors qu'elle n'avait ni l'étoffe ni la force. Jason n'avait jamais rien prétendu. Elle ne releva pas, cependant, ponctua simplement d'un Hm qui se désintéressa rapidement.

Puis venaient les parents de Jason.
Tout à coup elle se redressa, et ses deux mains glissèrent sur ses bras. Il n'avait pas besoin de beaucoup de mots ; même aucun ; Juno-Bianca n'avait pas besoin qu'il lui dise pour comprendre que tout était encore si fragile les concernant.

« Et toi ? »

Si elle devait être tout à fait honnête, ça lui était complètement égal ce que les parents de Jason voulaient. Elle n'avait déjà pas ce genre d'obligations morales à propos de ses propres géniteurs, elle se voyait mal s'incomber de la moindre obligation pour ceux de quelqu'un d'autre (même si ce quelqu'un d'autre devait être aussi essentiel et précieux que Jason l'était).

« Tu veux que je rencontre tes parents ? »

Aucun sourire, aucun rire ; Juno-Bianca était affublée du plus tendre des faciès cependant.

« Je mentirais si je disais que l'idée de les rencontrer ne me plaisait pas. Je veux dire... »

Elle haussa les épaules.

« Ils sont une partie de ta vie, pas vrai ? »

Et moi, Jason, je ne veux pas être seulement une partie. J'habiterai toutes les parties ; et je serai ton entier.

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Juno-Bianca était de ces rares personnes à demander son avis à Jason.
Même les parents de ce dernier, bien qu'ils n'eut pas beaucoup l'occasion d'apprendre à le connaitre, ne s'était pas encombrés en premier lieu de son avis sur la question.
Ils avaient formuler la requête, comme si cela était une suite logique à sa relation avec Juno-Bianca.
Comme s'il avait besoin d'une approbation quelconque de leur part pour se donner entièrement à elle, être sûr qu'elle était la bonne.
Mais qu'elle était la bonne, il le savait depuis l'académie.
Depuis ce premier baiser.
Depuis cette première fois.
Depuis les quatre temps.
Son regard plongeait dans le sien, s'autorisait une réflexion dont il avait cruellement besoin pour remettre en place ses idées.
Est-ce qu'il considérait cette rencontre comme un passage obligatoire ?
Certainement pas et le jugement de ses parents importaient peu, si cela concernait la femme dont il était amoureux.
Est-ce qu'il était terrifié à l'idée de réunir ces deux aspects de sa vie dans la même pièce ?
Un peu.
Ses parents le rappelaient à cette époque maudite du clan, des complexes et de la solitude.
Juno-Bianca représentait dans sa vie un astre autour duquel il pourrait gravité toute sa vie, simplement à la recherche de son regard.
De peur que ces deux forces s'entrechoquent et s'annulent, il avait toujours retardé l'échéance de cette rencontre.

Après une profonde inspiration, il déposait son front contre le sien - pendant des années, c'était l'unique moyen qu'il avait d'imiter une embrassade lorsqu'il portait son masque - avant de s'exprimer, la voix enfin libre.

« Ce n'est pas que cette idée m'enchante, je veux dire... Je n'ai pas besoin de leur avis pour savoir ce que je pense de toi. Ni d'une approbation. Mais. »

Ses doigts quittaient ses jambes pour venir gratter l'arrière de sa tête, comme pour l'aider à pousser sa réflexion un peu plus loin.

« Je t'aime, Juno-Bianca Rhodes. J'aimerais que tu sois complètement à moi mais j'ai l'impression que c'est impossible, si je ne me décide pas à me donner entièrement à toi. Alors voilà. »

S'allongeait contre elle, pour l'entourer.
La garder précieusement contre lui, comme le plus beau trésor.
Parce qu'on ne pourrait jamais lui arracher.

« J'aimerais que tu acceptes de rencontrer mes parents. Ça sera sûrement chiant et ils parlent toujours un peu du clan mais... C'est mes parents. Et je ne suis pas sûr de pouvoir être vraiment libre si j'évite de les fréquenter. Et si je veux partager un peu de ma vie et de mon bonheur avec eux, ils doivent savoir que c'est toi. Que ça l'a toujours été. »

Au diable les vieilles rancunes.
Même si elles savaient être tenaces.

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Elle l'avait gracié de son silence, l'écoutait avec attention, respectait chaque temps dont il avait besoin. Elle pouvait seulement imaginer les incertitudes qui l'habitaient, vu son rapport particulier avec ses propres parents, mais à l'écouteur - à le ressentir - c'était comme si ça faisait partie d'elle ; comme s'il faisait partie d'elle, qu'importe qu'il ne faisait écho à rien de ce qu'elle avait vécu elle-même. Elle l'avait vécu à travers lui.

Elle s'était autorisée un minuscule sourire qui sembla flotter sur ses lèvres plus que de réellement les étirer, et hocha la tête dans un mouvement léger alors qu'elle passa ses bras autour de lui. Elle ferma les yeux, profitant de toute la sécurité qu'il lui offrait - Juno-Bianca n'en avait jamais suffisamment, et il ne s'était jamais fatigué à l'entourer, faire barrière entre elle et tous ses démons.

« C'est d'accord. »

Bougea légèrement pour se blottir plus confortablement contre lui, et leva la tête pour le regarder ; que plus de les entendre, il pouvait la voir prononcer ces mots-là.

« Jason. »

S'assura qu'il écoutait plus attentivement qu'à tout autre moment.

« Je ne partirai pas. »

Elle n'avait posé aucun regard malveillant sur lui, elle ne l'avait même pas diminué ou insulté dans sa vulnérabilité ; elle était loin de tous ces comportements. Il avait fait écho en elle et elle s'était imprégnée des incertitudes de Jason pour en faire les siennes, et les combattre avec lui. Pas pour lui ; avec lui ; pour eux.

« Je suis amoureuse de toi. Je n'ai pas besoin de tomber amoureuse des parents de mon compagnon. »

Enfouit à nouveau son visage contre lui.

« Et je n'ai pas peur qu'ils ne m'aiment pas. Tout le monde m'aime je suis une personne exceptionnelle. Ceux qui ne m'aiment pas ont simplement des insécurités à régler avec eux-mêmes. »

S'arma d'un rire.
Comme si elle n'y croyait pas vraiment.
Et balaya toute tension en glissant ses ongles dans son dos, alors que ses lèvres venaient embrasser ses clavicules. Entre deux baisers, elle avait levé sa voix,

« Ont-ils déjà proposé une date ? une occasion ? »

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Elle était rassurante.
De toute façon, au vu de l'influence qu'elle avait sur lui, n'importe lequel de ses mots avait de l'importance.
Juno-Bianca avait fait le choix d'utiliser cette influence non pas pour le contraindre à la soumission mais afin de panser ses plaies, de l'entourer d'un voile protecteur.
Jason n'était pas un homme influençable, du moins pas en règle générale.
Mais il était évident que lorsqu'il trouverait sa compagne, cette relation orienterait l’entièreté de sa vie.
Et il pouvait remercier dieu - ou peu importe la force supérieure qui veillait sur lui - pour être tombé sur une personne aussi bienveillante à son sujet que Juno-Bianca.
Pour lui, c'était même elle, cette fameuse force supérieure.
Lorsqu'elle formulait son amour pour lui, Jason ne pouvait s'empêcher de se sentir comblé, revitalisé à l'écoute de ses paroles.
N'avait pas nécessairement douté de ses sentiments, il avait apprit à lui faire confiance et savait qu'elle n'était pas du genre à prononcer ces mots à quelqu'un d'autre mais, entendre cela de sa bouche avait quelque chose de...
Sécurisant.
Ses mains descendaient le long de son dos, se déposaient délicatement sur ses fesses.
Ne pouvait qu'approuver les propos de l'impératrice.

« En tout cas, tu es la personne la plus exceptionnelle qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie. Et j'ai vécu à l'académie alice donc autant dire que des gens spéciaux, j'en ai vu... Beaucoup. »

Ses baisers contre ses clavicules éveillaient en lui des frissons, des pulsions qu'il manifestait par des caresses.
Est-ce qu'ils avaient déjà proposé une date ou une occasion ?

« Non, pas vraiment. Je crois que c'est un peu difficile pour eux aussi de faire le premier pas à cause de notre...
Histoire. »

Dit-il, le regard un peu perdu dans le vide.
Il se reprit, plantait ses yeux sur elle et ses courbes.
Aurait voulu rester dans cette bulle toute une vie, ne jamais être interrompu par qui que ce soit.
Que ce soit ses parents, le jardinier ou la faucheuse elle-même.
S'il devait choisir un alice, ça serait certainement quelque chose capable de figer le temps pour que jamais elle ne se sépare de lui.

« C'est mon anniversaire, dans une semaine. On pourrait en profiter ? Dans tous les cas, on fera comme tu veux. »

Comme toujours.
Pour toujours.
Parce qu'ils étaient tous les deux heureux, comme ça.

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Juno-Bianca, dans une infinie tendresse, s'était laissée noyer là, et c'est le cœur plein qu'elle fermait les yeux, commença à mordre gentiment la peau de son cou, juste en-dessous du collier.

Elle ouvrit légèrement les paupières lorsqu'il parla de son anniversaire. Évidemment, Juno-Bianca n'avait pas oublié. Elle était tellement loin d'avoir oublié que tout était déjà minuté - organisé. Elle sembla pensive.

« Ah, ton anniversaire, oui, c'est vrai. »

Les baisers s'interrompirent et elle eut l'air de réfléchir un instant. Elle n'allait pas annuler les deux billets d'avion et l'hôtel, pas vrai ? Mais comment garder la surprise, si elle devait lui donner un argument pour que rencontrer ses parents soit reporté ? Trop tôt ? Allait-il penser qu'elle avait peur de les rencontrer ? Ah..

« On est vendredi, pas vrai ? Pourquoi pas demain, ou après-demain ? On profite du week-end, et comme ça on fera ton anniversaire ici, à deux ? »

Peut-être que c'était trop tôt, qu'il avait besoin de préparation - mentale et organisationnelle.

« On demandera à James de nous y conduire, je suis sûr qu'il acceptera. »

Elle avait pris l'habitude de donner congé à son majordome le week-end ; quand elle ne travaillait pas, elle n'avait pas besoin d'être allégée du poids du quotidien ; mais leur relation particulière empreinte de complicité pouvait aussi lui permettre de lui demander ce genre de faveurs sans avoir peur d'essuyer un refus - puis elle le payait assez bien pour qu'il y gagne aussi.

« Il faudra juste voir avec tes parents, dans ce cas. »

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A l'écoute de sa réaction, de ses directives, Jason buvait ses paroles.
Elle proposait une organisation un peu différente de ce qu'il avait planifié mais, à dire vrai, ça lui convenait tout aussi bien.
L'idée de fêter son anniversaire juste avec elle était d'ailleurs plus réjouissante.
Elle avait pour habitude de ne jamais oublier cette date, lui réservait toujours une surprise.
Du coup, il avait aussi prit pour habitude de ne pas questionner son organisation et encore moins lorsque ça pouvait concerner son anniversaire ou une fête quelconque.
A vrai dire, quand bien même sa proposition se terminait sur une interrogation, elle ne laissait finalement pas à Jason le temps de la contredire.
Peut-être parce qu'elle avait conscience que de toute façon cela n'était pas son intention.
Il suffirait donc qu'il confirme avec ses parents.
Jason hochait vivement la tête, comme pour acquiescer et se redressait lentement, l'emportait avec elle.
Enroulait les jambes de Juno-Bianca autour de ses hanches et baladait ses mains dans son dos, profitait de pouvoir enfin lui parler entre deux baisers.
Ce collier était une petite merveille de technologie et le fait qu'elle puisse abattre autant de ressources pour lui faciliter la vie le rendait heureux.
Jamais personne n'avait investi autant d'énergie à faire son bonheur que Juno-Bianca.
Elle qui avait toujours eu cette réputation d'esprit malin et indomptable n'avait jamais eu pour lui que tendresse et mot doux.
Se demandait s'il était simplement chanceux ou alors l'élu d'une prophétie.
Jason n'allait de toute façon pas s'en plaindre, bien conscient qu'il n'y avait pas sur cette terre une femme capable de lui correspondre plus que Juno-Bianca.

Son regard baignait dans le sien, ses lèvres fondaient sur les siennes et dévalaient le long de sa nuque, balayait ses cheveux à l'opposé d'un rapide geste de la main.
Ressentait tellement de gratitude pour elle.
Et tout cela avait atteint un stade complètement nouveau depuis le dernier...
Evènement.

« Juno, je... J'aimerais te parler de quelque chose. »

Dégluti, un peu embarrassé à l'idée d'évoquer ses dernières actions.
Ne savait même pas s'il avait le droit d'en parler, question de sécurité.

« Après ce qu'il s'est passé dernièrement, j'ai beaucoup réfléchi et... Je ne sais pas si ce que j'ai fait était la bonne chose à faire. Je sais que je ne regrette pas. Et que si je devais le refaire, ça serait sans hésitation. Mais pendant que tu... T'occupais de moi. Je me suis rendu compte combien je te devais, que tu ne m'avais jamais abandonné. Pas une seule fois. »

Ne savait pas s'il était capable de lui rendre l’ascenseur.
Et n'avait pas non plus envie de résumer tout ce qu'il ressentait à un simple "merci", s'aurait été insultant pour elle et pour leur relation.
Alors il voulait l'exprimer, à sa façon.

« Je veux que tu saches combien ça compte pour moi. Que je ne laisserais jamais personne te manquer de respect ou être insultant envers toi. Tu es... Toute ma vie. Je ferais toujours tout ce que tu veux. Toujours. »

Parce que le simple terme de reine ne suffisait plus à exprimer sa dévotion.
Elle était tout son univers.
Son âme sœur.

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juno-bianca & jason

Le sourire avait fané aux lèvres. Les derniers événements avaient flotté dans l'air, comme un souffle glacé sur sa nuque, et elle l'avait écouté en silence.
Elle pouvait encore sentir l'odeur du sang, le voir disparaître emporté dans le siphon de la baignoire. Elle pouvait encore voir le visage de celui qu'elle avait fait accuser à sa place, hurler soudainement en voyant le regard de Juno-Bianca posé sur lui.
" Ce n'est pas moi, écoutez-moi ! Elle a tout manigancé, je suis innocent ! C'est lui ! C'est elle ! C'est eux ! "
Elle aurait imité encore ce sanglot écœuré et vaincu vingt fois si ça pouvait épargner à Jason d'être celui dans la voiture.
" Sale pute ! Démone ! Je vais te crever, Juno-Bianca Rhodes ! "
Mais les preuves étaient indiscutables, et Juno-Bianca n'aurait eu aucune raison de se séparer de son meilleur directeur marketing, pas vrai ? Il lui avait rapporté des millions...
Mais Jason.
Jason valait tous les sacrifices.

Mais pourquoi lui disait-il tout ça, maintenant ?
(Avec cette voix)
Avait-il peur ? Elle l'avait questionné du regard. Non, elle lui avait dit qu'elle s'était chargé de tout, et il avait eu confiance en elle dès lors (n'avait jamais arrêté) ; elle le savait. Sentait-il des poids le peser ? Non, elle avait tout mis en place pour l'en débarrasser. Elle haussa les sourcils. Coupable ? Certainement pas.

Elle ouvrit les lèvres, légèrement, baissa les yeux.

« Pourquoi maintenant ? »

Releva les yeux vers lui.
Cherchait une réponse dans son regard plutôt que dans ses mots - ils avaient appris à communiquer ainsi plus que dans les déclarations, après tout. C'était nouveau que sa voix s'exprime.

« Tout va bien, pas vrai ? »

Il n'y avait pas un nouveau cadavre à aller cacher, il n'y avait pas des culpabilités morbides dont il fallait le débarrasser ?

Elle secoua la tête.

« Tu sais... »

Devait-elle lui répondre ? Elle se mordit l'intérieur des joues.

« Quand tu es revenu... »

Couvert de sang et le regard vide.

« Je ne me suis même pas posé de questions. Je savais quoi faire, comment le faire, j'étais... un automate avec des instructions. J'imagine que c'est ce qu'il faut... »

Pour démembrer un corps et l'éparpiller sans sourciller ; pour faire condamner quelqu'un en qui on a confiance depuis des années ; pour faire tout ça dans un laps de temps limité et s'endormir le soir-même avec les images et les odeurs encore fraîches. Boire son thé le lendemain matin en regardant le lever du soleil d'hiver et se demander quelles chaussures elle allait mettre pour aller travailler.

« Je ne me suis même pas posé de questions, car il n'y avait aucune question à poser. »

Juno-Bianca n'avait eu aucun doute.
Elle avait scellé sa confiance il y a de cela des années et n'avait plus jamais questionné ses agissements, sinon pour le comprendre ; pas pour aller contre lui. Ainsi, lorsqu'il était arrivé devant elle, qu'il lui avait dit.
" Juno-Bianca "
Il avait tué un homme et elle ne l'avait pas questionné.
Elle s'était demandé comment le garder près d'elle.

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jason & juno-bianca

" only you "

Depuis plusieurs jours, tout remontait dans son esprit.
Sa réaction devant la menace, la peur que quiconque puisse lui enlever l'amour de sa vie.
Le fait qu'il n'autoriserait personne à le séparer de Juno-Bianca, même s'il devait commettre pour ça l’innommable, l'interdit.
Balayerait n'importe quelle personne qui bloquerait la route à l'impératrice.
Pourtant il n'avait pas faire preuve de réflexion, avait agit sur le coup de l'émotion et par conséquent, avait mis en danger celle qu'il s'était juré de protéger.
Ne ressentait aucune culpabilité pour le meurtre ; aucune regret.
S'il s'était opposé à elle, il avait mérité son sort.
Même dans la classe danger et lors des missions, il avait toujours agit ainsi : la vie humaine n'avait d'importance que si elle n'interférait pas avec la sienne.
Jason ne faisait preuve d'aucune pitié, ne pardonnait pas ceux qui mettaient en péril sa sécurité et celle de Juno-Bianca.
Le seul poids qu'il ressentait, c'était celui d'avoir risqué de compromettre la vie qu'ils avaient, ce qu'elle s'était évertuée à construire.
Elle avait réussi à tout arranger, cette fois-ci.
A faire accuser un autre homme, pourtant précieux aux yeux de son empire.
S'était débarrassé de toutes les preuves, du cadavre.
Cette fois.
Et si la prochaine était différente ?

Jason baissait la tête, n'affrontait pas son regard.
Ce n'est pas qu'il n'avait pas confiance en elle ; bien au contraire.
Juno-Bianca était bien la seule et unique personne en qui il pouvait avoir confiance, sur cette terre.
C'est en lui qu'il n'avait pas confiance.
Sa capacité à se contrôler.
La classer danger l'avait élevé comme un tueur, l'académie avait fait de lui un soldat.
Jusqu'où pourrait-il aller pour la protection de son amour ?
Jusqu'à l'intolérable.

« Tout ça... J'ai risqué tout ça, sans réfléchir. Je ne pouvais simplement pas tolérer que quiconque puisse te menacer. C'était stupide, ça t'as mis en danger. Et le pire c'est que je recommencerais, Juno. Je ne pense pas pouvoir m'en empêcher. Me retenir. »

Déposait ses mains devant son visage, honteux.

« Je suis désolé. »

Il se laissait tomber contre elle, enroulait ses bras derrière son dos.
Le visage au creux de sa poitrine.
Contre elle, le seul endroit où il pouvait se sentir en sécurité.

« J'ai besoin de toi, Juno-Bianca. J'ai besoin de toi pour vivre, que tu me contrôle. »

Enfonçait un peu plus son visage dans sa poitrine, murmurait à même sa peau.

« Je suis perdu, quand tu es loin de moi. »

Son amour pour elle n'avait pour limite que le nombre de battements qu'il restait à son coeur.

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juno-bianca & jason

Juno-Bianca avait accepté la douleur. Elle avait accepté en son sein les nœuds et les vertiges qui incombaient à l'Amour ; elle avait accepté d'avoir mal, pour tout le bien que ça lui faisait en échange. Alors quand Jason se réfugia contre elle, une main se leva à l'arrière de sa tête, traçant un chemin à travers ses cheveux, tandis que l'autre glissait dans son dos. Et tant pis si son cœur lui paraissait être serré si fort qu'il pourrait étouffer ; Juno-Bianca avait accepté la douleur - pour lui, pour eux.

Elle avait appuyé à l'arrière de sa tête, l'avait entouré de ses bras et baissé les lèvres pour qu'elles se déposent sur le haut de son crâne.

« Très bien. »

Elle attrapa son visage et le força à reculer, pour qu'il la regarde. Elle passa ses doigts contre ses joues, ses mâchoires, puis à son cou elle passait ses ongles sur son collier. Elle abaissa les paupières de moitié et le regarda de sous ses longs cils noirs.

« C'est donc une laisse, que je t'achèterai. »

Sa voix, à aucun moment, n'avait tremblé ou ri. Elle n'avait fait preuve d'aucun humour et il ne s'agissait là d'aucune plaisanterie. S'il voulait qu'elle le contrôle, elle le ferait - et il n'aurait pas à lui demander deux fois. Elle pouvait bien se charger de prendre toutes les décisions et choisir tous les chemins, tant qu'il avançait avec elle.

Elle croisa les deux bras devant elle, attrapa le bas de son pull ainsi que le chemisier en-dessous et retira tout dans un mouvement habile, laissa ses vêtements derrière elle, sur l'accoudoir. Elle se pencha sur Jason, les bras partant à la conquête de son cou, se hissa sur ses genoux qui formaient un angle droit pour être plus haute que lui, et de cette hauteur, le força à relever la tête pour qu'il la regarde encore.

Elle lui adressa un sourire.

« Je dirais douze minutes avant que James ne revienne. C'est peu.. »

S'empara de ses lèvres, quelques secondes à peine, déposant des baisers fugaces mais désireux de goûter à lui.

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jason & juno-bianca

" only you "

Juno-Bianca ne représentait pas uniquement ce qu'il s'imaginait être le grand amour.
Elle était aussi son refuge, son réconfort.
Et au creux de sa poitrine, entre ses bras, il savait que rien ne pouvait lui arriver.
Ou plutôt qu'elle ne laisserait rien lui arriver.
Que ce soit le clan maudit des O'Cesair ou bien les fantômes de l'académie.
Ce n'est pas tant qu'il avait besoin d'être protégé par qui que ce soit, Jason était suffisamment dangereux pour ne pas risquer grand chose de ses opposants.
C'est simplement qu'avec elle, il n'avait besoin de faire aucun effort.
N'épuisait aucune force dans une bataille, son énergie n'avait pour cibler que son adoration pour Juno-Bianca.
Et c'était parfait ainsi.

Lorsqu'elle évoquait l'achat d'une laisse, tout ça dans un sérieux suffisamment communicatif pour lui faire comprendre qu'elle ne plaisantait pas un seul instant, Jason répondait d'un sourire.
Il n'était pas impossible que le lendemain, il retrouve une laisse sur la table de nuit.
N'en serait pas étonné.
Pas gêné non plus.
Cette fameuse laisse ne ferait que traduire la situation : il était déjà sous son emprise.
Jason savait aussi que cela ferait plus d'office de jeu pour s'amuser en privé, elle ne l'abaisserait d'aucune manière en publique, en cela il était confiant.
Acquiesse d'un hochement de tête.
Au moins de cette manière, il ne risquait pas de la mettre en danger une nouvelle fois, c'est tout ce qui compte.
Juno-Bianca commençait à se dévêtir.
Cela n'avait plus rien de brusque aux yeux de Jason : faire l'amour avec elle était devenu en quelque sorte un passe temps auquel ils s'adonnaient tous les week-end, dans tous les endroits de la maison.
Elle savait qu'il était incapable de résister à ses charmes et s'en amusait, pour l'éveiller.
Une fougue que le temps n'avait pas été capable de les déposséder.
Si le temps qu'elle lui indiquait était un peu court - il n'aimait pas se brusquer, surtout lorsqu'il s'agissait de goûter à sa reine - Jason acceptait de relever le défi.
Défi auquel il allait lamentablement échouer, bien entendu.
Jason arrachait les coussins du canapé qu'il envoyaient au sol avant d'attraper Juno-Bianca par les fesses pour la faire décoller un instant.
S'écroulait avec elle au sol, sur les coussins.
Lui enlevait ses vêtements.

« C'est cruel, ce que tu fais. Tu n'as donc aucune compassion pour moi ? »

Attrapait un plaid sur le canapé pour s'en couvrir afin de ne pas être interrompu s'il était toujours en elle, passé le temps imparti.
Certainement que lorsque James arrivera, il aura toujours la tête entre ses cuisses.

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juno-bianca & jason

Le temps n'était pas une donnée que l'on prenait en compte lorsque la fièvre grimpait si vite du bas du ventre au haut des joues. On n'entendait plus que les chaleurs obsédées qui se gorgeaient d'elles-mêmes, qui mordaient la peau et la chair à n'en plus faire sens, à faire perdre la tête. C'était les paupières mi-closes et le souffle qui brûlait ses lèvres, les mains qui glissaient dans ses cheveux, Juno-Bianca avait perdu toute notion ; les secondes ne se comptaient plus qu'en souffles ; parfois un rythme était battu par des spasmes qui prenaient ses jambes et les pieds qui s'échouaient contre le sol dans des bruits sourds.

La voix de James s'était élevée depuis l'arche qui séparait le couloir du salon.

« Madame, j'ai terminé ma journée. Je vous souhaite un bon weekend. »

Ramenée à la réalité d'un coup, elle s'était relevée rapidement, mais perdit son équilibre - et Jason qui n'arrêtait pas..

« Non, attendez, James- nh- »

Un rire décora ses lèvres, une main poussant sur le front de Jason, tendrement.

« On aura besoin de vous ce weekend, si ça ne vous dérange pas-ah- »

James s'accommoda bien vite des souffles qui ponctuaient les phrases de Juno-Bianca ; comme s'il y était habitué. Il acquiesça et tourna les talons sur un sourire bienveillant.

« Bien, madame. Je serai à la véranda lorsque vous serez disposée à me fournir plus de détails. »

Et sur le chemin vers la véranda, il avait signalé à une des domestiques d'éviter le salon.

Le temps n'avait plus eu aucune importance. La table basse avait été poussée plusieurs mètres plus loin et tous les coussins, les plaids, les vêtements étaient disposés ici et là, faisaient un tapis informe sur le parquet.

Un rire avait glissé au visage de Juno-Bianca qui se noyait dans sa propre extase. Elle avait cherché le regard de Jason qui était désormais à côté de lui, et glissa sa main dans la sienne, son front partant à la rencontre de son épaule.

« Je t'avais dit douze minutes, Jason. »

Papillonna vaguement des yeux avant de se relever sur ses avant-bras, et grimpa au-dessus de lui, le visage pratiquement collé au sien.

« Tu t'occupes d'appeler tes parents ? Je dois retrouver James à la véranda. »

Et elle restait là, les doigts à son visage et son cou, comme si, bien qu'elle savait quels devoirs l'incombaient pour mener ses projets à bien, elle avait été désertée de toute envie de quitter cet instant.