dorloté jusqu'au bout, c'était comme ça que ça devait s'passer ;
parce que maman était là, rien que pour lui. rien que pour son fils bien-aimé. et tant pis pour ce père lâche qui les a quitté trop tôt. trop vite. ils ont pas eu besoin d'le rattraper.
car c'est trop tard ; parce que nathan et sa chère mère, ils vivent un bonheur parfait, non ? et même s'il doit faire avec une alice, elle lui offre tout l'amour possible, et inimaginable. nathan a c'qu'il le faut, mais n'a jamais prié pour que ça reste ainsi ; peut-être qu'il aurait dû...
et ça pouvait s'arrêter-là pour que ce soit une happy end, comme tout l'monde les aime, ces fins si ennuyantes et trop mielleuses. mettez un peu de drama dans tout ça. allez hop, faut que ça brise cet enfant en mille morceaux.
parce que c'est plus rigolo, non ? donc, la suite de ce petit récit subit un retournement de situation très, vraiment très, insoupçonné.
ou pas, c'est bien trop facile à deviner.
alors, maman tombe amoureuse ; encore ? elle n'était pas déçue, par le géniteur de son fils qui l'a abandonné ? il ne l'avait découragée à rester une mère célibataire ? et bien, non. quand nathan a soufflé ses trois bougies, elle s'est remise avec un homme.
c'est ton nouveau papa, qu'elle disait, avec cet niais sur son visage – rien qu'en y repensant, nathan en a la nausée.
cette histoire, qui a viré en cauchemar, a rendu le jeune garçon plus ronchon que jamais. plus boudeur, en gonflant ses joues, en fronçant ses p'tits sourcils tout fins.
et son fameux nouveau père, il était agacé par ça. sauf que, à peine à cinq ans, nathan en avait conscience, et il disait tout haut, lorsque son père adoptif était trop dur avec lui :
t'es pas mon vrai papa, avec en guise de cadeau, un morceau de langue entre ses lippes d'enfant râleur. alors le remplaçant, le faux papa, la figure paternelle indésiré, il s'est juste retenu de lui donner cette tape sur la joue.
celle qui démange tous les parents, quand ils ont en face d'eux, des enfants un peu trop insolents.
puis, vient ce jour où elle est arrivée dans la famille ; la p'tite demie-sœur. et y'en avait que pour elle. alors, la jalousie de nathan a commencé à naître en lui, et à s’accroître. en claquant des doigts, il a commencé à faire tout valser ; mais c'était un gros non de la part de sa mère – il ne fallait surtout pas qu'il se serve de son alice pour traduire sa colère.
mais nathan n'arrivait pas, c'était plus fort que lui. il savait qu'elle était la préférée, et lui le rejeté. même si sa sœur, adorable, tentait de l'apaiser ; ô qu'est-ce qu'elle pouvait être mignonne – il était près à tout lui pardonner, rien qu'en voyant son minois tout rond et tout suppliant.
cependant, il pensait qu'avant, c'était un p'tit garçon spécial, d'après les dires de sa mère, avec un tel pouvoir – il ne voyait pas cela comme un putain d'fardeau. au contraire, il était plutôt fier, comme maman le disait autrefois :
ton alice, c'est ton super-pouvoir, alors nathan, mon petit, tu es comme mon super-héro !
plus maintenant apparemment.
parce que désormais, maman n'a que d'yeux pour sa fille si ordinaire ; parce que son fils, ce sale môme buté comme tout, il a ce don-là, qu'elle a décidé soudainement de considérer comme une intrusion.
alors direction l'académie alice ; il était obligé de toute façon...
c'est juste une happy end pour eux. pas pour lui.