Venir assister aux entraînements des différentes équipes de sport avait fini par devenir une habitude pour Aedan, même s’il n’était pas entièrement attentif à ce qu’il se passait sur le terrain, il appréciait l’ambiance de l’endroit. Ce petit rituel pouvait sembler étrange au premier abord. Après tout, c’était un garçon relativement solitaire, et par association l’on pensait souvent qu’il devait aimer le silence.

À vrai dire, c’était même plutôt l’inverse. Pour une raison qui lui était obscure, Aedan appréciait particulièrement lire, écrire ou même réviser dans les endroits qui grouillaient de monde, bercé par le brouhaha ambiant et sa musique qui retentissait dans l’une de ses oreilles au travers du seul écouteur qui fonctionnait dans cette paire qu’il gardait avec lui depuis déjà plusieurs années.

Aujourd’hui, il avait décidé de venir étudier tout en observant le club de volleyball en plein entraînement, jetant parfois quelques coups d’œil aux joueurs. Bien qu’il soit entré à l’Académie très jeune, il ne connaissait pas énormément la plupart des élèves qui jouaient. Les seuls noms qui lui étaient réellement restés en tête étaient ceux de la classe des dangereux.

Aedan cultivait une fascination étrange pour ces derniers. Peut-être ne s’agissait-il que de simples apparences, mais ils semblaient tous avoir cette aura de confiance autour d’eux qui le rendait admiratif et parfois même jaloux.

Il savait pertinemment que ce complexe était étroitement lié à la relation qu’il entretenait avec son Alice. La peur de brusquer, celle de blesser alors que tout ce qu’il voulait, c’était vivre en paix. Savoir qu’il pouvait contrôler le corps d’une autre personne, arrêter son cœur et ce par sa simple volonté… S’avérait terriblement terrifiant pour lui. Enfin, tout ça, ce n’était rien de plus que de la simple théorie. Aedan n’avait pas autant de contrôle sur son don.

Quand la fin de l’entraînement fut finalement sifflée, Aedan referma le manuel dans lequel il avait le nez fourré depuis un moment déjà et rompit ses divagations à propos de ses propres échecs – qui ne l’aidaient en rien à progresser.

Il se leva pour quitter les gradins et prit la direction de la sortie quand il entendit un fracas derrière lui. Instinctivement, il se retourna pour comprendre d’où venait le bruit mais se rendit compte que ce n’était rien d’autre que quelqu’un qui avait abruptement posé les cônes qui délimitaient les terrains.

Il voulut à nouveau se tourner vers l’avant pour reprendre sa route, mais rencontra une surface plastifiée qui s’écrasa contre lui de plein fouet. En l’espace d’une seconde, il perdit l’équilibre et recula de plusieurs pas en arrière pour éviter de lamentablement tomber.

Quelques secondes lui furent nécessaires pour se rendre compte qu’il avait percuté l’un des joueurs, Mayer, se rappela-t-il sans difficulté, ainsi que le bac rempli de maillots.

S’il avait réussi à ne pas se retrouver face contre terre, ce ne fut malheureusement pas le cas du contenu du bac, désormais étalé au sol. Aedan voulut s’excuser, mais fut rapidement devancé par le garçon en question. Et entendre quelqu’un qu’il jugeait plus important que sa propre personne, lui parler ainsi et s’inquiéter – même peu… C’était à la fois inattendu et plutôt déstabilisant. Dans genre de situations, Aedan était plutôt habitué simplement se faire discret, s’excuser et filer.

« Oh, je, non, non tout va bien ! C- C’est juste un bac… » Lui répondit-il, le visage toujours crispé par la surprise plutôt que par une potentielle douleur. « Désolé, je vais t’aider à tout ramasser, je, euh, je regardais pas où j’allais comme un idiot et… » Il ne termina jamais sa phrase, s’abaissant – pour disparaître, mais aussi pour s’atteler à la tâche.

Ce qui pouvait être lu comme de l’indifférence sur son visage s’avérait plutôt être de la consternation. Depuis sa plus tendre enfance, Aedan avait toujours admiré ceux qui réussissaient, sans leur avoir pourtant adressé la parole ne serait-ce qu’une seule fois.

C’était une opportunité, il le savait. Mais il n’avait tout simplement pas la moindre idée de comment se saisir de cette dernière.

« C’est, euh, dommage que vous n’organisiez pas plus de matchs, » Lança-t-il complètement aléatoirement sans avoir réfléchi pendant des heures à ses mots pour ne pas paraître maladroit ou même gênant. « Je veux dire, vous vous débrouillez bien, » Il activa son Alice l’espace d’une seconde pour détendre ses épaules. Entretenir une conversation était déjà immensément dur pour lui, mais en plus avec Mayer… « Oh, euh, j’en oublie presque mes manières, je m’appelle Aedan. » Fit-il avec un sourire maladroit suivi d’un petit rire nerveux.

C’était pas si difficile, se dit-il. C’était cent fois pire.

@Côme Mayer Pavé César ! Désolée ; c'est parce que c'est le début. Mes prochains posts seront moins longs.