frappe moi jusqu'à ce que tu pleures ▬ capasmo

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on va se déchirer à s'aimer et on aura mal de se l'avouer

au cœur de l'arène

Asmo passe rapidement dans le réfectoire. Ses yeux parcourent les tables avec vivacité. Il repère des morceaux de pain abandonnés, quelques biscuits, des compotes parfois. Il se mordille les lèvres, joue avec ses piercings qui cliquettent contre ses dents. Il n'est plus au grenier depuis déjà quelques semaines mais il continue à aller déposer à manger là-haut.

Parce qu'il ne peut se résoudre à arrêter, à les abandonner et aussi et surtout parce qu'il lui faut continuer à bouger. Continuer à se mouvoir pour continuer à exister. Pour arrêter de penser.

Il passe à côté d'une table, rafle une miche de pain, une deuxième un peu plus loin. Quand soudain, une voix l'interrompt et l'interpelle, mauvais. Asmo se retourne et l'autre marque un temps d'arrêt, réalisant à qui il avait à faire. Mais il n'est pas seul et les trois étoiles piquées à son col lui donnent une légitimité factice. Alors il détaille Asmo méprisant.

- On vous donne si peu à manger au grenier pour que vous soyez obligés de voler ? Prenez un peu sur vous et montez les échelons, c'est pas si difficile.

Le col d'Asmo est déchiré et l'étoile maudite qu'il est censé arborer n'est pas visible. Ses dents grincent sous la provocation. Il carre ses épaules et laisse le mépris exhaler de sa personne. Il toise l'autre et un sourire sans âme vient caresser ses lèvres.

- Si gagner des étoiles au col signifie finir aussi minable que toi, ça m'intéresse pas vraiment. Et puis t'as fini de manger, va pas me faire croire qu'avec le banquet que t'as eu, t'as encore envie d'un morceau de pain ? Tu vas finir par plus rentrer dans ton magnifique uniforme décoré de nombreeeuuuses étoiles.

Narquois, mauvais, provocateur. Asmo aurait dû tourner les talons à ce moment parce que déjà, on se rassemble autour d'eux. Les regards amusés des lions qui regardent l'arène où vont se déchirer les chiens. La foule grogne et ricane, piqué dans son orgueil le grand prince perd patience et se répand en insultes sur le grenier. Asmo réagit au quart de tour et le chope par le col. Ses yeux fixent encore ailleurs, mais sa voix et basse, menaçante.

- Parle encore de nous comme ça, j'te mets en pièces.

Tout ça pour une miche de pain.

Une enfant, craintive, reconnait un membre de la section nova. Elle vient tirer sa manche et pointe le duo. Battement d'aile de papillon provoque ouragan.

caprice & sa douceur

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Where do all the planes go? Where do all the bombs go?
Where does all the food go? There's riots in the jungle
✚ asmodée || début février

sombre ciel de janvier, fait déborder la nuit sur le jour - et l'on n'a pas vu les heures défiler jusqu'à février - il y fait sombre. je croyais connaître la carte du ciel sur le bout des doigts et pourtant, en les passant là où ça bat, je me surprends toujours à effleurer un astre auquel on ne s'attendait pas. filant NOVA, météore incendiaire, avait fendu l'azur après les événements du quinze pour heurter en plein cœur sans laisser le choix. enfin, ils avaient posé la question. ils m'avaient regardé dans les yeux, la main tendue hypocrite oui ou non. et j'ai vu, les détails sordides dans leurs prunelles. c'était oui ou rien, oui ou les efforts réduits à néant.
alors forcément
qu'on n'a pas dit non.

je ne sais pas dire non. c'est un mot que je n'aime ni sur mes lèvres ni sur celles des autres - je crois que c'est pour ça que Papa m'a appelé Caprice. des caprices, c'est toujours ce que je fais quand on perturbe mes trajectoires, et ils sont d'autant plus terribles lorsqu'on fait dévier celle des gens que j'aime. des caprices, c'est ce qu'il fallait à tout prix éviter en ce moment - les temps sont troubles - alors hier, et aujourd'hui encore je me tais.

on s'était assis près des fenêtres avec Blossom pour déjeuner et malgré tout le vide en dedans, c'est tellement comblé de chaos que je n'ai pas touché à mon assiette. le cœur lourd, je crois que c'est la faute à l'insigne qui pèse sur la chemise - j'ai beau affectionner les étoiles, celle-ci me déplaît. mais je ne dis rien, je préfère ne rien dire, ah - si seulement je pouvais ne jamais rien dire
à qui que ce soit.
prière silencieuse que le calme perdure,
jusqu'à demain au moins.

et non - ça allait être aujourd'hui, visiblement.

arraché des pensées alors que le geste est volatile au possible, l'attention accordée à Blossom, elle est détournée tout à coup par une élève, toute petite élève encore qui tire sur un pan de chemise pour me montrer quelque chose. ce que l'on voit d'abord c'est la précision inquiète de son visage inconnu - elle me fait penser à Miel les soirs de cauchemar - et puis
l'on suit son regard, fil d'Arianne menant tout droit au remue-ménage à l'autre bout du réfectoire.

les yeux rouges je reconnais
ta colère je la connais - Asmodée
Asmodée, qu'est-ce que tu fais
(pas aujourd'hui, s'il te plaît...).

aussitôt je me lève, traverse le self file droit au milieu des tables, presse le pas, craignant que tu ne lèves les œillades furieuses vers le garçon que tu tiens par le col. je ne sais pas ce qu'il a pu te dire, je me doute du nombre d'étoiles qui orne son poitrail - ne laisse pas ces détails te faire perdre pied Asmodée, aujourd'hui ce n'est vraiment pas le bon moment.

Asmodée...

je suis obligé de dire tout haut, ton prénom en entier, je suis obligé de ne pas le taire à cet instant - je suis désolé
désolé de venir saisir
ton avant-bras qui n'empoigne pas
désolé d'appliquer
le geste tendre à cette situation là, et
de le rendre un peu plus ferme désormais.

... tu ferais mieux de le lâcher.

désolé si c'est injuste - je le jure
c'est pour toi qu'on l'est, aujourd'hui.

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au cœur de l'arène

Asmodée brûle au dedans, de rage contenue et échappée. On a pas la force de retenir les langues de flammes enragées qui s'échappent de nous. On a pas la force de préserver la paix factice de cette académie. On a pas la force de faire semblant de s'écraser devant un triple, qu'il ait cherché sa raclée ou non.

Asmodée n'a jamais eu cette force. Jamais eu la force de courber l'échine. Mais Asmodée est seul à la barre de son bateau, pas de famille, pas de frères et sœurs, pas de parents au dehors qui désespèrent de ne pas le voir revenir. Asmodée est seul.

Alors, ceux qui sacrifient leurs principes, leur morale pour quelques coups de fils en plus, non, il ne les comprend pas. Ceux qui sacrifient tout ça pour protéger leurs confrères, Asmo ne les envisagent même pas. Il y a ceux qui résistent, ceux qui se contentent - eux, on les tolère - et ceux qui sucent - eux on les méprise.

Mais le mépris parfois, a un visage trop connu, entre le prince des étoiles, l'ange et le traitre. La voix qui l'interrompt a bercé ses rêves puis ses cauchemars de trahison, a hanté la tristesse de ses nuits. Asmo se fige, relâche le gars qui s'éloigne un peu et arrache son bras de la main douce de Caprice.

Il refuse les frissons qui parcourent son échine, il refuse les battements de son coeur qui s'accélèrent. Il les refuse parce qu'au col, là, il y a une étoile filante. C'est son prénom complet qui résonne, celui qui a été prononcé tendrement, celui qui avait perdu le démon en lui. Mais là, entre les lèvres de Caprice, le démon est de retour et l'ange est là pour le punir.

- Ne me touche pas Nova.

Voix sèche, glaciale. Pas de prénom, juste la rancœur. Il se redresse, toise Caprice de sa taille. Ils sont entourés, les loups attendent leur tour, l'affrontement qui va se jouer. Celui qu'on connait comme le démon du grenier avec ses yeux étranges contre le gentil, le frêle Caprice de la section Nova.

Y'en a-t-il dans l'assemblée qui réalise à quel point ce duel les déchire ?

Aucun, ils attendent simplement l'affrontement et le sang. Et Asmodée n'a pas l'intention de le fuir, au contraire.

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✚ asmodée || début février

Asmodée, fais lâcher prise et arrache mon nom. le geste vif souffle brusque et les lueurs vacillent, il fait froid tout à coup. Asmo', toi aussi ? la prosopagnosie. je ne savais pas qu'on était deux à ne pas reconnaître les visages. ne me touche pas comme si j'avais la peste, le bout des doigts empoisonnés tu repousses écœuré. pourtant c'est comme d'habitude, les gestes et les mots, ce sont les miens - c'est moi, Caprice.

qui cherche tes yeux à l'instant, scrute les ciels noirs à la recherche des géantes rouges. mais les anonymes, ils ne méritent pas la moindre œillade, pas vrai ?

l'absence de rayons rend l'atmosphère glaciale, pourrait condenser les souffles presque. ça brille pourtant faiblement au col - et si j'arrachais l'insigne, je me demande si tu m'écouterais. je pourrais écraser l'étoile filante du pied comme on éteindrait un mégot, voir si ça empêcherait les départs de feu aux rideaux. malgré les débuts d'incendie je suis resté flegme, et les gens autour qui forment des arènes, j'ai ignoré - je ne veux pas croire qu'on se trouve tous les deux au centre d'un ring, Asmodée,
je t'attends encore.

c'est pas comme ça que je m'appelle.

soupiré plus qu'autre chose, anxieux qu'on reste planté là à l'orée des forêts furieuses.

je ne t'en veux pas, Asmodée
je sais que je regarde mal -
mais toi tu sais
tu sais comment je te vois.

et l'impatience à l'origine des faux mouvements, agacé j'insiste, tend la main pour saisir la tienne, griffe peut-être en tentant de défaire la colère pour qu'on quitte les lieux - allons-nous en.

allez viens, ne reste pas planté là.

je ne veux pas que ce soit ta place, Asmodée, laisse-moi t'emmener ailleurs,
quelque part, n'importe où, plutôt qu'ici
où il faudrait que je me livre aux litanies
que tu exècres tant.

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au cœur de l'arène

N'importe quel autre nova aurait simplement eu le droit à un mépris moqueur saupoudré de colère, mais Caprice face à lui subit la déception et l'amère trahison. Asmo lui fait payer un choix qu'il n'a même pas cherché à comprendre.

La voix du prince est un soupir, comme s'il savait déjà qu'il allait réagir comme ça, qu'il allait se rebiffer comme un coq piqué dans son ego. Non Caprice, tu ne t'appelles pas Nova, tu es tellement, tellement plus que ça. Mais, aujourd'hui, maintenant, je ne peux pas le dire, parce qu'on est blessé au dedans, terriblement blessé et perdu. Caprice l'a appelé Asmodée et alors qu'on aimait entendre ce nom sur ses lèvres - dépouillé de toute sa cruauté - il revient ici sec comme du papier de verre et ça crisse aux oreilles.

Caprice le rattrape, ses ongles dans sa peau et lui intime de venir. Asmo ne bouge pas, le toisant de sa hauteur. Un sourire mauvais étire ses lèvres. Il lui abandonne sa main cette fois et promène son regard sur les élèves. Celui qu'il a agressé le foudroie du regard, pressé qu'on en finisse.

- Tu as choisi un rôle Caprice, et le prénom enfin comme un venin, assume le jusqu'au bout et donne à ces gens le spectacle qu'ils attendent.

Montre toi digne toutou d'une académie qu'on exècre. Ne le fais pas s'il te plait, je ne peux pas te haïr.

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✚ asmodée || début février

Asmodée abandonne les projecteurs rejoins dans l'ombre je t'en supplie quittons la scène et une fois en coulisse on déchirera ce script écœurant tu sais bien, que les braises ne me dérangent pas je n'ai pas peur de les saisir à même les paumes du bout des doigts - mes doigts s'agrippent plus fort à ton bras pour dire je t'en supplie, tu sais bien que la nuit c'est toi qu'on choisit.

mais de jour à la lumière des badauds trop curieux, tu ne te rends pas compte du supplice - l'amnistie impossible, je n'ai pas le droit, tout comme tu n'as pas le droit - tu n'as pas entendu leurs petits discours et les grandes représailles entre les lignes. et c'est effrayant de t'écouter parler de premier rôle et de représentations - fait lâcher ta main, froisse le visage dépité qu'on se refuse à tourner loin de toi.

tu crois qu'on joue là ?

regarde-moi Asmodée si l'on se dérobe tu pourras fusiller à ta guise, hurler aussi fort que tu le veux car je pourrai garder la colère au creux de moi et la taire - ici, ils tendent tous les lèvres pour s'en abreuver et si tu les empoisonnes trop, je ne pourrai qu'être tout aussi moribond pour faire vomir le poison.
dans un coin du champs de vision, je sens bien que celui que tu as bousculé est assoiffé de haine - ne sois pas généreux, Asmodée, pas aujourd'hui. à mon tour, je pose des prunelles glaciales sur lui pour décourager la pyromanie, et puis, te reviens aussitôt, froid au possible il le faut.

sois correct, excuse-toi,
et on n'en parle plus.

ou je ne pourrai plus
parler en mon nom
m'appeler Caprice -
c'était ma dernière réplique Asmodée.

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au cœur de l'arène

Les sens brouillés par une colère qu'on ne devrait pas avoir. Asmo aveugle et arrogant jette de l'huile sur le feu de sa vie brisée. Les doigts de Caprice autour de son bras lui font mal, ils serrent de plus en plus, cherchant à retenir, à préserver une amitié un amour qui part en lambeaux.

Il finit par lâcher et la colère, la déception qu'on distingue du coin de l’œil sur ses traits tant aimés nous brise un peu plus au fond. Asmo serre les dents, refoule sa tendresse et ses excuses, nourrit sa fierté blessée et sa colère grondante. Il est égoïste là, à ne penser qu'à lui et son pseudo honneur bafoué, il est cruel et torture celui qu'il aime sur la place publique. Il se tend au fouet d'un bourreau qui ne veut pas de lui.

Caprice s'indigne, tente de régler pacifiquement les choses, il demande des excuses. Mais il ne les demande pas à la bonne personne, il les demande à Asmo. Évidemment, c'est lui qui a déclenché physiquement les hostilités mais l'autre a initié les insultes, mais l'autre a le mépris dans les veines et au col.

Un sourire dur étire les lèvres d'Asmo.

- Ce n'est pas à moi de m'excuser, ce n'est pas moi qui ait commencé. Il m'a insulté, il a insulté les sans-étoiles.

Tout le monde le fait Asmo et il n'y a encore que toi pour espérer un avoir gain de cause dans la lutte des classes. Caprice t'aurait donné raison, mais c'est toi qui a frappé Asmo, c'est toi que tous ont vu craquer le premier. Et ton allure, tes yeux, ta position, ta réputation, la foule a déjà trouvé un coupable plus facile à incriminer que le parfait trois-étoiles.

L'autre dans son coin s'agite, fort de la foule il pointe le démon du doigt et postillonne.

- Il a volé, je l'ai vu, regardez dans ses poches, il a volé de la nourriture.

Asmo hausse les épaules, acquiesce.

- Vous êtes pleins comme des porcs, on a rien à se mettre sous la dent, il est normal que je me serve.

Et l'autre s'avance à nouveau, prêt à exiger justice, prêt à descendre ce maudit moins que rien qui l'importune. Du regard, il cherche le soutien de Nova, de l'autorité, de Caprice déchiré dans son dilemme.

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