Quand tu le croises, il ne faut pas longtemps pour que tu comprennes que Hassan c’est le genre de gars qui plaît. Un corps sculpté par le sport, des épaules larges, une haute stature accompagnés d’une étrange chevelure blanche et d’uniques yeux verts ; difficile, vraiment, de passer inaperçu. Oui, Hassan il a cette belle gueule qui plaît aux filles. Et puis ce sourire si attachant qu’il adresse aux autres quand il parle, cette voix grave qui fait des papillons dans ton ventre. Ah, ça oui, Hassan il est beau. Mais Hassan il est intouchable. Et tout le monde le sait à l’Académie. Alors tu te contentes, comme les autres, de le regarder de loin, de soupirer en te disant que le karma n’est qu’une pute. Et il fait de même. Car il ne peut rien faire de plus.


Après Hassan, c’est un bon gars. Il est ouvert et il aime les autres. Si t’as besoin d’aide il te tendra la main - mais seulement au sens figuré. On pourrait presque dire qu’il aimerait la vie. Il pourrait. Mais ça, c’est si il n’était pas constamment angoissé à l’idée de faire mal à quelqu’un. Hassan, c’est une boule de peur, il garde tout en lui sans jamais réussir à s’en débarrasser. Il te sourit mais il a juste envie de te dire de fuir, qu’il est dangereux malgré lui. Qu’il veut pas te faire de mal. Mieux vaut prévenir que guérir à ce qu’on dit. Alors c’est lui qui finit par fuir. Parce qu’il ne sait faire que ça. Il fuit les gens. Il fuit les rencontres. Il fuit le bonheur. Parce qu’il estime qu’il n’y a pas le droit. Les assassins n’ont pas le droit au bonheur.


Mais il est humain Hassan. Il tombe amoureux même si il dresse toutes les barrières du monde. Il se crée des liens même si il les fuit. Son cœur est trop petit pour contenir à la fois la peur et l’amour qu’il a pour l’humanité. Il ne lui faut pas grand chose pour s’attacher aux gens. Un sourire ou une marque d’attention, il te retient. Une aide inattendue, un petit mot gentil et tu es son ami. Il est simple, vit de choses simples et les aime de tout son cœur. Comme Blanche.


Ah, Blanche. Sa petite princesse. Son rayon de soleil. Celle qui lui donne envie de se lever le matin, d’être ponctuel et aimer la vie. Celle qui illumine chaque seconde où il respire. Blanche, il l’aime. Tellement fort que s’en est loin d’être sain. Parce qu’il veut la toucher, l’enlacer, l’embrasser. Sentir son odeur contre sa peau, caresser ses courbes légères. Sauf que non. Il ne peut pas. Pas au risque de la blesser. Cette fille qu’il aime de tout son être, qui le ravit à chaque sourire qu’elle donne au monde, est aussi celle qui le rend le plus malheureux. Qui lui rappelle le danger qu’il représente. Il ne pourra jamais avoir les relations normales d’un jeune homme de 19 ans. Alors il s’éloigne, la repousse alors qu’au fond, il voudrait juste hurler au monde tout l’amour qu’il lui porte.


Deux ans et demi bientôt, que leur relation est terminée. C’est lui qui l’a quitté, estimant ne pas être assez bien pour elle. Ne pas être assez bien pour personne en soit. C’est ce qui l’a fait choisir spécialisation militaire. Il a réfléchi mais il ne voyait vraiment pas autre chose. Parce qu’il n’a aucun talent particulier. Il est sportif mais loin d’être doué, sa fibre artistique est dans le négatif, ses compétences de grand scientifique également et vu son intérêt général pour l’avenir et ce qui l’entoure, la politique n’était pas une option. Il ne lui a donc pas fallu beaucoup de temps pour se destiner à cette voie. A quoi d’autre pourrait-il bien servir ?


Quand il dit ça, ne va pas croire qu’il est suicidaire. Loin de là. Il aime la vie, vraiment. Il ne comprend juste pas pourquoi on l’oblige encore aujourd’hui à côtoyer les autres. C’est lui faire du mal pour rien. On lui fait espérer une normalité qu’il ne pourra jamais oser toucher du doigt. On lui rappelle, chaque jour qu’il vit, le danger qu’il peut représenter. Il pourrait être cet ado normal de 19 ans qui tient la main de sa copine dans la rue et l’embrasse au détour d’un couloir. Il pourrait être ce jeune homme qui s’amuse avec ses amis et pleure parfois sur leur épaule. Mais il n’est qu’un monstre tapi dans l’ombre, une bombe à retardement qui, à tout moment, sera capable de faire une nouvelle victime.