ah il aime les rituels et les manières - qu'on lui dise presque
installez vous je vous prie même si tout cela se passe des formalités qu'on affectionne tu lui arracherais presque une esquisse de sourire, Tamara. et le bord des lèvres crispe un rictus tandis qu'on acquiesce, avant de se détourner de toi car même si l'âme d'enfant apprécie admirer les tours de passe-passe, l'on est pas là pour les prouesses de magie -
Swan ne voudrait pas avoir l'air trop admiratif de l'utilisation si frivole de ton alice, Tamara, alors fais ce que tu as à faire
et lui aussi sera fidèle à lui-même.
repose désabusé sur l'angle du matelas, il pourrait presque se laisser aller à s'y affaler mais le dos reste droit, assis Swan ramène une cheville sur l'autre cuisse et croise les jambes dans un angle impeccable,
et puisque tu le demandes Tamara ça tombe bien
on allait raconter quand même.
tu vois c'est toujours un peu comme ça les jours de cours de maîtrise mais aujourd'hui, je sais pas, c'était plus difficile que d'habitude de la fermer en les entendant parler d'applications d'alice avec autant de désinvolture. je veux dire, ça ne te scandalise pas que l'on nous encourage à suivre des voies totalement minable alors qu'on passe toute notre jeunesse à maîtriser un don qui nous distingue de tous les autres ? moi ça m'exaspère. et quand cet imbécile d'enseignant s'est mis à conseiller à une élève douée de guérison qu'elle devrait rejoindre discrètement le corps médical des sans-alices pour soigner les plus désespérés sans jamais se faire remarquer, ça m'a fait vriller. forcément, j'ai levé la main et j'ai soulevé le fait que c'était super mesquin de nous encourager à jouer les bénévoles. qu'elle ferait mieux de monter sa propre affaire et que si les gens voulaient qu'on accomplisse des miracles pour eux, et bah qu'ils raquent et paient le prix d'un miracle. mais bon, évidemment pour la team médecins sans frontière ce genre de business plan c'est une idée de connard sans scrupules
alors tant pis, qu'elle gâche son alice à soigner des appendicites, j'm'en cogne.
l'endurance des souffles à toute épreuve ça avait été récité d'une traitre comme un discours appris par cœur - Swan bon orateur, toujours à l'aise lorsqu'il est question de dire tout haut ce que l'on pense tout aussi haut. en harmonie avec lui-même et ce sont des mélodies qui résonnent claires.
elles s'interrompent au moment où l'on te voit tendre le verre qui ramène un peu de couleur aux pensées grises - comme un cocktail de mauvais sang flashy, celui que l'on voit jaillir en geyser dans les films d'horreur de série B. et ça suffit à calmer les impatiences de Swan, qui n'est pas déçu pour la première fois ce jour-là. pioche aussitôt au fond des poches pour déposer le montant exigé au creux de la main de Tamara -
lui et toi d'accord sur un point,
tout travail mérite paiement.
bref, tu comprends pourquoi j'avais besoin d'un daïquiri fraise là maintenant.
dont on s'empare désormais, pour porter aussitôt aux lèvres
et c'est tout ce qu'il faut pour faire taire Swan ne serait-ce qu'un instant, il prend le temps d'apprécier comme le font les plus grands, boit une gorgée à peine avant de garder le récipient cristallin au creux des mains, évalue jusqu'à la présentation tandis qu'on fait claquer la langue contre le palais
fait naître des touches d'édulcorées au fond des joues,
ça adoucit les mœurs.
... si tu n'étais pas aussi douée en mixologie tu m'agacerais aussi Tamara -
mais tu t'en sors plutôt pas mal.
ce sont les mots de Swan pour dire
c'est vraiment bon.