Il y avait un peu d’impatience, ce cœur qui bâtait à tout à l’heure. Mais, il y avait aussi cette boule au ventre qu’Heather n’était pas réellement capable d’identifier. Comme si son dernier repas lui avait retourné le ventre, au point même qu’elle se demandait si elle ne devait pas passer voir le monsieur docteur après son rendez-vous. Du moins, parce qu’il s’agissait d’une naïveté enfantine, que l’idée qu’un quelconque stress puisse entraîner douleur dans son corps lui était impensable. Jamais Heather n’aurait pu comprendre qu’elle avait peur, peur d’être un échec et de ne pas pouvoir réussir à le dompter. Qu’elle allait jusqu’à craindre que l’aide directe de son aînée n’allait pas être suffisant pour y arriver.

Alors que pourtant, son air joyeux exprimait tout le contraire. L’impatience d’y arriver, d’enfin pouvoir jouer durant les cours de musique sans être traité de boulet. Pouvoir s’exprimer peut-être un jour, chantonner sans craindre le moindre effet indésirable pour autrui, danger ambulant qu’elle pouvait être. Parfois. C’est sa flûte à bec qui se sert fort contre sa poitrine, ses mains qui pourraient saigner tellement la pression est forte. Elle qui appréhendait déjà le début, alors qu’en passant sa tête dans la fente de la porte, Heather n’y remarqua qu’une pièce vide. Pourtant, elle n’était pas timide alors Heather pouvait arrêter cette comédie.

Simplement rentrer dans sa salle de RTA pour s’asseoir sur une chaise non loin de la fenêtre. De là, elle n’avait qu’à attendre son arrivée. Entourée d’un silence sombre qui, elle l’espérait, se transformerait bientôt en concerto de bonne nouvelle. À croire que tout pouvait être si simple et que l’espoir d’une dizaine d’années que tous les problèmes puissent être balayer en quelques heures seulement, soient assez suffisant.

L’ensemble de ses craintes incomprises qui s’envolent, l’insouciance qui renaît dès que son visage passe par l’ouverture de la porte.

« Gladys ! »

A peine avait-elle eu le temps de sauter de sa chaise que son aînée était déjà à ses côtés, l’attrapant dans ses bras. Heather qui n’avait, de toute manière, eu besoin que d’ouvrir grand ses bras, désireuse d’un contact avec la grande. Accrochée pour y faire perdurer l’étreinte un temps supplémentaire.

« Ça va super bien ! »

L’inquiétude dorénavant inexistante, comme si la chaleur de son aînée avait réussit à faire disparaître le moindre de ses maux. Plus encore ses pensées avaient été adoucit, maintenant dans l’idée du lendemain. Son anniversaire qui arriverait très bientôt, l’idée des cadeaux et des câlins. Tant d’amour, peut-être qui lui serait donné en son jour. Ah ! Elle avait tellement hâte. Mais aujourd’hui, ce n’était pas demain. Alors il ne fallait pas non plus, trop s’imaginer le lendemain.

« Non ne t’inquiète pas, je viens d’arriver ! »

Et un pas en arrière, la pression de sa part qui s’affrite. Heather aurait pu rester des jours et des mois dans les bras de Gladys, mais si elles s’étaient donnés rendez-vous aujourd’hui, c’est parce qu’elles avaient une affaire importante à traiter. Un problème qui existait depuis plusieurs années et qui s’avérait être plus handicapant qu’autre chose. Alors Heather avait pensé, un peu, parfois. En la regardant jouer, les yeux grands ouverts comme un éveil enfantin, qu’il était possible que Gladys lui vienne en aide.

Même si ça pouvait paraître utopique, même si elle n’avait pas la connaissance absolue. Heather avait bien besoin de cette petite bride d’espoir, pour espérer qu’un jour on ne la craindrait plus comme maintenant.  

« Regarde j’ai pris ma flûte. »

D’une grande fierté, le bras qui se tend, montrant la flûte à bec comme s’il s’agissait d’un saint grall convoité par l’entièreté du monde. Bien satisfaite de son appartenance, il est cependant vrai qu’Heather aurait préféré meilleur instrument. Non pas qu’elle se sentait prête à calomnier cet instrument, mais l’envie de voir plus grand était irrésistible depuis bien longtemps. Et cela, même si elle se savait bien incapable de jouer le moindre son, de peur que son Alice vienne totalement posséder sa musique.