Lorsqu'il n'est pas le centre de sa propre attention, c'est vers sa famille que les pensées d'Adriel dérivent. Les seuls pour qui il pouvait admettre se soucier sans qu'il ne se braque ou ne sente le besoin de détruire leur relation. Les seuls qu'il pouvait prétendre aimer sans que cela ne sonne faux aux oreilles des autres.

Alors il avait pris l'initiative d'aller le voir, s'assurer qu'il allait bien, après cette nuit du 15 janvier. Adriel n'a pu se regrouper qu'avec l'une de ses sœurs, n'a eu d'autres choix que de laisser Elijah et les deux plus jeunes à leur sort. Il aurait voulu pourtant, se lever et partir à leur recherche, assumer son rôle d'aînée et s'assurer du bien-être de sa fratrie.

Mais, aussi puissant se croyait-il, face à des hommes armés, il ne valait pas grand chose. Au final, il avait tout simplement raté l'occasion de s'enfuir comme d'autres avaient pu faire. Et ça, il ne le se pardonnera sans doute jamais.

Ça doit être pour cette raison, que ses pas sont pressants alors qu'il traversait l'étage des simples. Pour ça aussi qu'il arrache presque la porte des ses gonds en entrant sans toquer - mais il ne toquait jamais avec Elijah - et se précipite à moitié à l'intérieur. Il avait déjà vu les petits. Ne restait plus que son frère jumeau.

« Yo Eli, toujours en vie ? »

Un peu froid peut-être, pour de telles retrouvailles. Ce qu'on ne mentionne pas, c'est le soupir de soulagement qui lui échappe presque. La lueur inquiète dans ses yeux qui s'éteint peu à peu. Mais, Elijah sait sûrement tout ça. Ils étaient jumeaux après tout.

« Je suis allé voir les petits avant. Apparemment t'étais avec eux, ce soir-là ? »

Il ferme la porte derrière lui et se jette sur le lit de son frère. Tourne la tête vers ce dernier et attend patiemment sa réponse.

Il fronce légèrement les sourcils, l'air faussement irrité par le commentaire de son jumeau. Puis, il secoue sa main comme pour balayer cette conversation, la minimiser.

« Je suis venu pourtant. Tu aurais pu faire pareil. »

Oui, il aurait pu lui demander pourquoi il avait choisi de ne pas se manifester, attendre qu'on vienne à lui au lieu de lui-même, mais au finalement, Adriel ne s'en souciait pas réellement. Le fait est qu'ils étaient là, maintenant, tous les deux. Et c'était tout ce qui comptait.

La suite par contre, lui plaît bien moins. Le reproche passe mal, cette fois, l'irritation, bien que légère, est bien réelle.

« La prochaine fois, je prendrais le risque de me faire flinguer avec la petite alors. »

Seul, il aurait peut-être tenté de s'échapper oui. Mais avec sa sœur accrochée à son bras, leurs chances de s'échapper avec succès étaient bien minces. Du moins, c'est ainsi qu'il le voyait.

« Elle était terrifiée. L'est sûrement encore un peu. Mais elle va bien. Physiquement, en tout cas. »

Adriel se permet de s'allonger sur le lit de son jumeau. Grommelle un peu à cause du manque flagrant de confort. Mais se retient de faire un commentaire sur le fait qu'Elijah était capable de bien mieux, capable de se hisser plus haut, gagner une étoile et quitte ce mode de vie presque misérable.

Il se retient en se disant qu'il ne sert à rien de répéter une chose qu'il savait probablement déjà, au fond de lui-même s'il ne voulait pas se l'admettre.

« Ça va, les petits ont dit que grand-frère Elijah s'est très bien occupé d'eux. Bien sûr, ils auraient préféré qu'on soit tous réunis, mais au moins, tu étais là. »