Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.
Louis Aragon.
Il y a en toi une haine indescriptible, contre les autres, contre toi, contre tout.
Tu te refuses à l'amour parce qu'il est plus difficile, tu ne te confies jamais parce que tu préfères écouter, tu laisses les problèmes là où ils sont en espérant qu'ils disparaîtront. Mais il remontent toujours à la surface, grignotant ton sommeil, nourrissant tes cauchemars.
On te demande si ça va, tu réponds
évidemment. Les larmes au bord des yeux, dis-moi pourquoi tu mens?
Fidèle jusqu'au bout t'aimes pas trop qu'on t'oublie ; alors on s'entoure de beaucoup de potes et de peu d'amis. T'aimes te fondre dans la foule, disparaître dans le tourbillon de gens qui évoluent autour de toi et passer de groupe en groupe, le temps d'exister aux yeux de quelqu'un l'espace de quelques instants. Mais tu sais très bien qu'il y en a que quelques-uns qui peuvent vraiment te supporter, et c'est pour
ceux-là que tu vis.
Et tu détestes cet endroit, cette injustice, ces faux-semblants et les lois qui régissent ce monde où tu aurais aimé ne jamais poser les pieds. Si tu veux crier ta vérité, personne ne peut te condamner au silence ou à l'embarras.
Car jamais tu n'abandonneras.
Infréquentable et
irresponsable, tu détestes qu'on te donnes des ordres et tu exècres le fait qu'on tente de te manipuler ou de te juger. Et ça tu supportes pas, ces autres qui se permettent de juger sans rien savoir. Les personnes superficielles, trop couvées, trop chanceuses. Tu détestes l'hypocrisie. Personne peut te forcer à dire quelque chose que tu penses pas. C'est pour ça que le système tout entier de l'académie te répugne : et toi Kagerou, tu luttes pour trouver ta place, pour garder la tête hors de l'eau, pour ne pas foutre le feu au lieu et t'asseoir dans un coin en regardant les bâtiments cramer avec les âmes de ceux que tu hais.
Tu vis pour toi et pour personne d'autre.
Pourtant, si t'hésites pas à apporter ton aide à ceux que tu aimes quand ils en ont besoin, tu refuses d'en demander aux autres et fais preuve d'une grande
indépendance, que tu considères comme un devoir. Il n'y a rien de pire que le fait d'avoir des dettes envers les autres.
T'es pas très abordable Kagerou, mais une fois qu'on te connaît on peut s'attacher.
et en grattant un peu à la surface, on découvre d'autres facettes de ta personnalité auxquelles on ne s'attendait pas. On s'habitue à tes manières, à ta franchise désarmante, à tes violentes montées d'émotion, à ton
obstination.
Tolérant et
ouvert d'esprit tant que personne ne vient t'emmerder, ces bons côtés-là ne s'appliquent pas à toi et tu te refuses le moindre échec, la moindre faille, la moindre erreur. Les défauts les plus incompris tu les oublies, comme cette
attirance que tu ne peux accepter.
T'es le jour et la nuit Kagerou, le noir et le blanc, la
violence et la douceur à la fois. C'est normal que tu fasses fuir les autres : t'es qu'un amas d'émotions instables se disputant violemment pour prendre le contrôle.
Impulsif, tu te laisses emporter bien facilement pour pitoyablement regretter tes actes après. Et tu ne peux que te haïr encore plus lorsque tu uses de la force sur les autres -malgré le fait qu'ils l'aient toujours mérité-. T'as l'impression de
lui ressembler.
Alors faut arrêter de croire que les miracles ça peut exister ici bas. Y'a que dans la vie des autres, des plus beaux, des plus riches qu'on en trouve.
Tu cherches à t'accrocher, mais sans trop savoir à quoi. Le sexe t'aide à oublier que tu refoules au plus profond de ton être cette attirance pour les garçons ; que t'es jamais tombé amoureux ; qu'en vérité tu sais rien de la vie d'un couple, ou de l'amour tout court. Les cigarettes calment tes nerfs à vif et ton stress dû à cette inquiétude qui t'étreint le cœur constamment. Tu absorbes les malheurs des autres mais ne relâches jamais les tiens.
Est-ce donc ainsi que les hommes vivent?