le mauvais lapin blanc + tatsuya

Sans doute lui était-il déconseillée de vadrouiller en extérieur une fois ses cours terminés, tant la température de l’hiver ne pouvait que lui promettre qu’une vilaine grippe plus que tout autres divertissements. Pourtant, Heather avait ressenti ce besoin insistant de s’épanouir au calme. Non pas le silence comme on pourrait le comprendre, mais bien le calme d’une nature morte remplie de quiétude. La jeune déléguée avait toutefois pris le temps de terminer ses quelques devoirs avant de s’aventurer dans les tréfonds de la forêt bleue, armée de son livre imagé du moment.

Si on le lui demandait, Heather serait bien incapable de dire combien de temps son esprit était focalisé sur l’histoire qui lui faisait face, une histoire de jeune fille et de lapin blanc. L’histoire, elle ne l’avait jamais vue jusqu’à aujourd’hui, une réelle découverte qui lui faisait décorer chacune de ces pages avec la plus grande des attentions. Les pages tournaient simplement au fur et à mesure…

Mais, finalement troublée dans sa lecture par quelques bruits de pas, le regard qui s’élève d’abord une fois dans la discrétion afin d’observer ce qu’il se passait. Ce léger clignement de sourcils dans l’indifférence, celui qui cherche à rester invisible. Un coup de tête tout au plus qui permette à Heather de remarquer cette chevelure blanche comme la neige. Il en existait un petit nombre au travers de l’académie, mais cette couleur ne lui évoquait qu’une seule et unique personne à l’heure actuelle. Alors abandonnant finalement son livre sur l’herbe de la forêt, ni une ni deux, la primaire était déjà sur ses pieds à courir après le garçon qu’elle avait aperçu.

« William ! »

Et sans même attendre le moindre accord de celui après qui elle s’était mise à courir, Heather sauta pour s’agripper à lui de toute ses forces, s’accrochant à son dos tel un bébé koala. Les pieds l’entourant de la taille.

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Le mauvais lapin blanc || feat Heather

Tout ceci s’était produit parce que j’étais à la recherche d’un lapin blanc.

Des mots murmurés entre lycée, celui d’une petite colonie dans la forêt, c’était ce que l’on racontait. Le tout enrobé de rumeurs d’amour ou d’horreur, la forme m’intéressait peu. Mais des lapins blancs, je n’en avais jamais vu qu’en captivité. Ses paroles collectées dans ma prison de solitude avaient créé cette opportunité. L’hiver aurait dû être mon gardien, et une photo ne prendrait pas longtemps.

Et j’étais curieux de savoir si ces créatures étaient contaminées par l’aura mystique de ce paysage.

Portable à la main, l’air froid m’avait accompagné dans mon périple après la sonnerie. J’ignorais les regards médisants, apeurés ou tristes à mon égard. C’était le monstre face à l’immensité des arbres, l’âme perdu face à la beauté du monde. A l’orée de la forêt, je regardai à gauche puis à droite, personne.

Parfait.

J’entrais dans la forêt bleue comme dans un sanctuaire. La nature était maîtresse, alors je me ferais muet. Dans cette chasse à l’image, mes pas se faisaient longs et silencieux, autant que je le pouvais avec ce corps chancelant. C’était un bon jour, mon bras gauche ne me lancinait presque pas. Plus je m’enfonçais, puis le bruit des animaux couvrait la quiétude de ces lieux. J’avais relâché mon attention, songeant qu’aucun animal ne serait assez suicidaire pour m’approcher. Leurs instincts les préservaient de ce genre d’idée, c’était sans doute ainsi que j’avais appris à l’apprécier.

C’était sans compter la petite fille qui lisait hors de mon champ de vision.

Je ne savais pas comment j’avais pu la loupé, mais elle était là. Je m’étais retourné à son appel pour un inconnu, mais il était déjà trop tard. L’éclair clair s’agrippait à la même vitesse que mon sang se glaçait. J’en fis tomber mon portable. Un cri, sans doute pas le plus masculin, mais c’était un simple réflexe.

« AAAAAAAAAHHHHH !! »

Qu’est-ce. Qu’elle. Faisait. Là ? Le pouls s’accéléra. Les membres se raidirent. La peur, l’effroi s’invitent avait la pensée de ce qu’il pourrait lui arrive. Aucun morceau de peau ne dépassait de mes gants, mon manteau, mais ce contact était insupportable. Je me débattais pour ne plus être son arbre, vociférant comme je le pouvais :

« MAIS BARRE TOI TU VEUX CREVER ? »

Respirer, tenter de calmer son souffle et la soif, mais continuer de vouloir s’échapper de l’étreinte. Je n’avais pas pu apercevoir un lapin mais me voilà avec une fillette inconnue en danger de mort par ma faute.

Cela devait être une histoire de malédiction.

@Heather A. Walsh

L’évidence ne fut pas immédiate. Lorsqu’elle avait entendu ce cri soudain, Heather en était venu à imaginer que William réagissait par surprise, comme s’il jouait un jeu d’étonnement surjoué. Le fait que le son de sa voix n’avait rien à voir avec celle de d’habitude n’avait pas non plus tant étonnée que cela la jeune primaire. Après tout, elle ne l’avait rencontré que quelques fois, bien que très charmante rencontre. Sa voix était pourtant encré dans son esprit comme ce calme plat, une neutralité de blasitude qui lui donnait un grain particulier. Détail qu’ici, n’était aucunement présent dans cette surprise de syllabe.

Et ce n’est que timidement, dans un léger rire enfantin qu’Heather releva la tête. Menton dorénavant écrasé contre le dos de celui qu’elle pensait être William. Ses cheveux avaient sans doute poussé depuis la dernière fois, du moins c’était ce qu’elle s’imaginait dans un premier temps. Après tout, ses cheveux châtains grandissaient tellement qu’ils pouvaient s’arrêter jusqu’à ses genoux s’ils étaient totalement détachés ! Mais pourtant, ce ne fut finalement que lorsque ce corps raidit tenta de lui échapper, qu’Heather se remit un brin en question. Juste une faible seconde qui fut très rapidement validé lorsque de lourds mots venaient accompagner cette impression de refus.

Sans doute y eut-il un long moment d’hésitation qui aurait pu paraître des heures à ce parfait inconnu. L’esprit d’Heather pourtant vif, avait quelques difficultés à comprendre la réaction que pouvait provoquer l’un de ses câlins surpris, elle qui, adorait par-dessus tout ce genre de contact. Alors, ses jambes s’étaient abandonnées, tombant sur l’herbe comme un vulgaire sac à patate. L’une de ses mains étaient restée crispé sur la veste du blanc, tandis que l’autre s’était élevé pour masquer sa bouche faussement horrifier.

« Tu n’es pas William ? »

Question rhétorique, car Heather avait fini par le comprendre en observant un peu plus sa chevelure. Même s’ils étaient plus long, c’est vrai qu’ils ne se ressemblaient pas tant que ça.

« Pourquoi je voudrais ‘‘crever’’ ? »

Parce qu’elle ne savait même pas ce que cela voulait dire. D’un air interrogateur qui prit forme sur son visage dont le cou s’était légèrement incliné.

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Le mauvais lapin blanc || feat Heather

Je ne pus pas réfléchir tout de suite. Cette sangsue m’obligeait à me focaliser sur mon bras gauche qui picotait à son contact. Plus le temps semblait s’allonger, plus que je priais à ce que rien ne se produise. Je voyais le regard de ma grand-mère, de ma mère, cet effroi qui vibrait dans ma cage thoracique.

Plus jamais je ne voulais que ça recommence.

Lorsque l’enfant tomba, je crûs à la tragédie. Mes yeux cherchèrent une étincelle de vie, quelque chose qui me dirait que rien n’était arrivé, que le monde continuait de tourner. Au sol s’agrippant à ma veste, je pus enfin voir le visage de la petite fille en face de moi. Bien vivante, respirante et suffisamment vive pour me poser des questions dérisoires. Je fus tellement soulagé que je tombais à mon tour en arrière, d’un râle pour faire redescendre la tension. Recroquevillé, je reprenais peu à peu la sensation de chacune de mes phalanges. Tout allait bien, rien de grave ne s’était produit.

Je pouvais à partir de là me demander qui était-elle.

Je me redressais, dévisageant avec dureté l’inconsciente. Il semblait qu’elle m’avait confondue avec quelqu’un d’autre, mais je ne pus m’empêcher de penser qu’elle avait risqué gros à être si tactile dans cette académie. J’eus une pensée pour Nerissa, me demandant comment elle pouvait gérer ce genre de situation aussi aisément. Toutefois, cette petite ne devait pas être loin de l’âge de ma sœur. Une vague de tristesse se trahissait dans cette voix qui se voulait être dure :

« Bravo Sherlock, vérifie avant de te jeter sur un inconnu… »

Je marquais la pause, passant ma main dans les cheveux. Ne pas pleurer, elle n’était pas ma sœur. Mais j’avais failli la faucher dans la fleur de l’âge. Le lapin pouvait attendre un peu. Je repris avec un ton un peu moins froid, quelque peu tremblant :

« Parce que j’ai Alice dangereux qui blesse les gens, maintenant tu peux lâcher ou tu veux finir en momie ? Et qu’est-ce que tu fous là ? Tu pourrais te perdre… »

J’étais habitué à ce genre de sortie solitaire, je n’avais un pas si mauvais sens de l’orientation. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Est-ce que les enfants adoraient sortir dans la forêt par ce froid ? C’était louche, tellement louche. Mais pour l’instant il me fallait calmer mon cœur. Tant qu’il avait le droit de battre.

@Heather A. Walsh

Une légère moue qui se dessine lorsqu’on lui évoquer une vérité. Ce n’était pas vraiment normal de sauter sur des gens, encore plus lorsque l’on tombait sur des inconnus… Mais Heather était pourtant persuadée que s’était lui ! Les cheveux blancs qu’est-ce-que c’était beau. Du coup c’est l’air pensive, toujours accrochée qu’elle regard un instant ses pieds. Elle réfléchit un peu pour finalement regarder celui qui n’était pas William.

« Dangereux ? »

Un instant de silence. Ne piquant même pas sur le sens de ces mots, peut-être qu’elle aurait pu être un peu plus attentionnée, qu’elle aurait pu se dire qu’être une momie n’était pas très amusant.

« Oh ! »

Le regard qui revit, les étoiles pleins les yeux. Iris à iris, qu’elle en vient à s’exclamer.

« Tu connais Jasmin. »

Comme une affirmation qui ne pouvait pas être réfutée.

« Jasmin aussi a un Alice dangereux. »

Bien qu’Heather ni comprenait pas grand-chose. Au fond, le sien aussi elle le trouvait dangereux. Parce qu’un jour Eden avait fait tomber son dessert au sol par sa faute. Pour elle, Jasmin était gentil alors elle ne comprenait pas pourquoi on disait de lui qu’il était dangereux. Pourquoi dans le silence parfois, elle entendait ses camarades dire « bon débarras » parce qu’il était monté en classe C. Heather elle, elle était vraiment triste qu’ils ne soient plus en cours ensemble. Parce qu’ils ne se voyaient plus autant qu’avant…

« Mais on est quand même ami ! »

Et sa main se crispe légèrement, parce qu’elle a peur que si elle le lâche, il partira. Parce qu’elle vient de se rendre compte qu’il faisait un peu plus sombre que lorsqu’elle avait commencer ça lecture et pourtant. Pourtant elle l’abandonne malgré toute attente.

« J’étais entrain de lire un livre ! »

Non sans fierté, l’histoire était un peu compliquée.

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Le mauvais lapin blanc || feat Heather

Je restais silencieux, face à cette âme innocente devant moi. J’enviais un peu cette fraicheur de la jeunesse, celle on l’on croit encore à la féérie. Je tentais de réfléchir si je connaissais quelqu’un qui pouvait me ressembler, mais rien ne vint à part Allistair. Un frisson d’effroi me parcourut l’échine. Ne repensons pas à cet individu. Malgré tout, je me demandais s’il y avait vraiment des gens qui appréciaient ce contact. Je repensais à la chaleur qu’elle émanait en ce début de soirée hivernale, mais seul la peur de la Soif s’ancrait dans mon corps.

Il semblait que je ne pourrais m’enlever de cette souillure qui me collait à la peau.

L’enfant me parla de Jasmin, un ami à elle il semblait. Je ne connaissais pas de Jasmin, mais pour elle si. Je ne rétorquai pas, je n’avais rien à gagner à alimenter la conversation. Il y avait toutes sortes de dons dangereux, peut-être qu’il n’était pas si dangereux que ça, comme pouvait l’être la méduse, peut-être aussi qu’il n’avait pas de sang sur les mains. Elle déclara que c’était quand même son ami et je murmurais, plus pour moi-même que pour elle :

« Je m’en fiche de ça… »

Je n’avais aucun intérêt de comment les autres vivaient leurs erreurs. Je ne pouvais pas me permettre ce genre de proximité avec qui que ce soit. On ne me le pardonnerait pas, je ne me le pardonnerais pas. C’était un exil délibéré que j’avais choisi. Vivre seul, à la marge des vivants m’allait. Ou du moins c’était ce que j’avais besoin de croire pour mon cœur fatigué.

La prise s’accentua pour finir par disparaître. La tension diminua d’un cran. Un livre ? Je fronçais les sourcils.

« Lire, dans un lieu pareil ? Tu veux attraper la crève ? »

Même si elle était couverte, les enfants étaient plus fragiles aux températures extrêmes. C’était ce que répétait souvent ma grand-mère dans mes brides de souvenirs, remettant mon bonnet en place. Instinctivement, je penchais légèrement la tête. Essayant de trouver une réponse dans la prunelle de ses yeux. En vain. Je soupirais.

« Tu devrais ren… »

Mais ma voix s’évanouit. En périphérique, je crus voir une tâche blanche. Le lapin ? J’écarquillai les yeux et relevai mon regard.

« … Non, rien. »

Avais-je rêver ?

@Heather A. Walsh

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D’un façon très douce mais pourtant remplie de fierté, Heather ouvre grand ses bras, comme si elle exigeait d’être portée dans l’immédiat. Pourtant, elle ne faisait que s’exposer sous toutes les coutures, allant même jusqu’à faire un tour sur elle même pour que celui-qui-n’était-pas-William l’observe vraiment.

« Mais je suis bien couverte, tu vois ! »

Et de toute façon, il n’y avait que les idiots qui tombaient malade. Du moins, c’est ce qu’elle entendait souvent depuis le début de l’hiver, et elle, elle n’était pas idiote. Ca elle en était certaine ! Mais la vérité vraie, c’est qu’elle n’y avait même pas pensé… La simple idée de pouvoir lire son livre dans ce genre de cadre apaisant avait simplement effacé toute perspective de potentiel maladie que cela pouvait entraîner. Et puis, c’est vrai qu’il faisait froid lorsqu’on y pensait un peu…

« Qu’est-ce-qu’il t’arrive ? »

Heather très réactive qui tourne le dos pour observer au loin, suivant le regarde du faux William. Mais Heather n’y voyait rien. Elle tremble légèrement, un coup de vent qui vient frissonner son corps et emmêler ses deux longues couettes.

« Tu as vue quelque chose ???! »

Qui avait dit que les enfants étaient remplis de courage ? Certainement pas Heather. Son esprit enfantin qui venait à lui jouer des tours, tant son imagination pouvait-être débordante à la suite d’une histoire où l’on chercherait à vous couper la tête à la moindre occasion.

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Le mauvais lapin blanc || feat Heather

Cela n’avait été qu’une vision fugace, un petit éclair dans ce bleu électrique. Je restais indécis quant à l’apparition. Devrais-je la poursuivre ? Je reconcentrais mon regard sur l’enfant avait tremblé à mon changement de comportement. Je clignai des yeux, pesant le pour et le contre d’une telle aventure. Le pour était qu’il y avait une petite chance que je puisse photographier l’animal, si c’était bien elle. Au vu de mon absence voulu d’ami, ce genre d’activités m’occupait et j’aurais récupéré un modèle à reproduire lors des mauvais jours. Le contre, devoir surveille une petite fille imprévisible qui pourrait se transformer en fruit séché à la moindre seconde d’inattention.

Dans tous les cas, je ne pouvais pas vraiment la laisser seule si elle s’effrayait pour si peu.

Mais comment pouvait-on rassurer autrui ? J’avais tellement appris à fuir que je n’avais franchement aucune idée de la démarche à suivre. Je tentais une approche directe :

« Probablement un animal. J’étais venu pour prendre des photos d’un lapin blanc. Mais ce sera probablement pour une autre fois. »

De toute façon elle allait probablement courir partout ce qui rendrait mon approche furtive vouée à l’échec. Je me grattais le crâne, faisant des vas et viens entre les teintes bleutés et la gamine. Tiens ses cheveux étaient emmêlés. Elle était comme ça quand je l’avais rencontré ?

« Tes cheveux… Tu devrais les recoiffer. »

Je ne prendrais pas le risque de le faire moi-même. Je me demandais si ma petite sœur avait elle aussi des cheveux aussi longs. Un poids s’installa dans ma poitrine que je ne cillais pas. Je scrutais la demoiselle, le visage fermée.

« Je vais te ramener jusqu’à la route. Passe devant. »

Si elle était derrière elle pourrait encore se jeter sur moi cette suicidaire. Je secouais les mains pour initier son départ, aussi intransigeant que pouvait être un cadavre ambulant. Avec un peu de chance, une autre piste s’ouvrira à moi quand elle sera partie. Je ne voulais que de la tranquillité, pas de fantôme familiale qui m’hanterait et me ferait regretter mon emprisonnement.

@Heather A. Walsh

Et c’est l’inquiétude qui disparaît d’un battement d’aile. Si facilement remplacée par une excitation enfantine. De simples mots, ceux qui évoquent qu’il n’y avait peut-être rien de mal. Les animaux, Heather ne les craignait pas, on pouvait même dire qu’elle les adorait. Bien que, comme tout autre être vivant, elle avait toujours cette crainte d’user son alice sur eux, malgré son non-souhait.

« Un lapin blanc ? »

La voix bien trop chantante pour ne pas comprendre qu’elle avait une idée derrière la tête. Son regard qui se pose sur son livre, un lapin blanc, il y en avait aussi dans son récit. Comme si cette rencontre, ce choix et cette histoire n’étaient qu’un rassemblement et non pas le biais du hasard. Dorénavant apaisée, son regard abandonne son ouvrage pour observer son entourage. Heather aussi avait envie de voir le lapin blanc ! Alors, bien indélicatement elle vient poser ses deux mains sur sa tête, pour comprendre quel était le souci avec ses cheveux. Ah oui ! À force d’avoir tourné la tête dans tous les sens, ses deux couettes ne devaient plus trop ressembler à quelque chose…

« Je ne sais pas me coiffer... »

Un simple murmure, car Heather éprouvait une certaine honte malgré tout. Elle avait l’habitude qu’on s’occupe de sa chevelure le matin, que quelqu’un s’occupe de faire ces deux couettes tant adorées. Mais Heather, elle était bien incapable de faire la moindre figure avec ses cheveux, et l’avouer devant un plus grand, s’était vraiment une première pour elle ! Alors tant pis, elle ne pourrait pas y faire grand-chose. Retournerait à son dortoir dans cet état, peut-être que certains de ses petits camarades se moqueraient d’elle, mais ce n’est pas comme si elle n’en était pas habituée. Baissant la tête, comme un mélange de timidité et de honte. Ses doigts jouaient dorénavant avec la pointe d’une de ses couettes décoiffées.

« Quoi ? Non ! Moi aussi, je veux trouver le lapin blanc, puis on le trouvera plus vite à deux que tout seul ! »

Finalement, cette pointe de retrait qui disparaît, comme si elle n’avait jamais existé. La tête bien droite, levée et fixant celui qui n’était pas William droit dans les yeux. Le regard flamboyant d’espoir, elle voulait tant voir ce lapin blanc !

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Le mauvais lapin blanc || feat Heather

Les enfants étaient bien des êtres énergiques. La peur s’était dissipée de ces prunelles candides, brillantes d’excitation avant de se confondre en gêne par ma remarque sur sa chevelure. Je me sentais mal, même si n’était qu’un détail. Il me semblait entendre qu’elle ne savait pas remettre ses couettes. Etait-ce compliqué ? Je n’avais jamais eu à me soucier de ce genre d’aptitude. Sans doute que j’aurais pu apprendre si je n’avais pas le monstre qui sinuait dans mes entrailles.

Ne pas y penser.

« Je ne le ferais pas pour toi. », soufflai-je.

Le dire pour garder la distance. Le dire pour que le poids devienne encore plus important. Respirer devenait douloureux, mais je ne montrais rien. Cette souffrance ne devait en aucun cas apparaître au grand jour, sinon je m’effondrais devant cette petite fille. De là rien de bon ne pouvait en sortir.

A son objection, mon regard se durcit, pour la dissuader. Trop tard, sa volonté était écrasante, je le savais déjà. Pourtant je continuais cette mascarade. Je finis par abandonner, simplement parce que c’était perdu d’avance, aussi parce que j’avais peur qu’elle retente le contact à la moindre contradiction. Je finis par pointer mon doigt vers sa direction. Je raclai, non sans une pointe d’acidité:

« Passe devant. Et ne t’éloigne pas trop. »

Tout pour s’assurer qu’elle reste une distance et qu’elle ne me surprenne dans un angle mort. Il y avait déjà eu trop de miracle. Nous n’arriverions pas à attraper le lapin j’en étais certain, car rien ne se passait comme prévu. Ce monde aimait rire du danger, le bleu contaminait ma rétine. Tant que celle qui n’avait pas de nom ne le mélangeait pas avec les apparitons de mon passé, cela devrait aller. Alors, pour me protéger, avant de reprendre la marche. Je lui demandais pour ne pas la confondre :

« Tu t’appelles comment au fait ? »

@Heather A. Walsh

Récupérant son livre qu’elle sert très fort contre sa poitrine, Heather secoue frénétiquement la tête de droite à gauche. Décoiffant de plus en plus sa chevelure d’or. Pourquoi donc était-il si froid avec elle ? Cette petite bouille qui n’était désireuse que de l’aider, que de trouver ce lapin immaculé comme l’avait fait Alice dans sa lecture.

« Mais pourquoi tu veux pas ? »

L’air triste, le visage qui se décompose peu à peu. Heather n’était pas du genre à être ou bien même faire la gamine capricieuse, mais à vrai dire, l’envie de trouver un lapin lui était bien plus intéressante que de retourner auprès des autres. Alors elle reste là un instant, silencieuse à regarder ses pieds qui se tordent un peu. Elle attend, mais remarque très vite qu’il n’en démorde pas, pointe le chemin qui amènerait à la fin de la forêt du doigt. Et c’est qu’elle renifle une courte fois. Peut-être qu’elle allait attraper froid ou qu’il s’agissait là d’une tristesse bien passagère. Mais malgré tout, elle prend sur elle, car Heather sait qu’il faut toujours écouter les plus grands. Que même si elle ne voulait pas, peut-être qu’il y eût une raison derrière tout ça… Alors oui, elle n’était pas très heureuse, qu’elle traînait un peu des pieds pour passer devant et commencer à marcher, ça elle ne le nierait pas.

« Moi c’est Heather ! Et elle reprend du poil de la bête en un seul instant, Heather Walsh et j’ai neuf ans trois quarts ! Dit non sans fierté. Et toi ? »

Quelques pas, un peu à attendre une réponse et finalement. C’est qu’elle s’arrête sans crier garde Heather. Parce qu’elle se rend compte de quelque chose.

« Mais tu sais le lapin, s'il est dans le coin, je peux le faire venir ! Normalement. »

Oui, parce qu’elle n’était pas certaine que ça fonctionnerait, car son alice ne fonctionnait jamais vraiment comme elle le voulait.

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Le mauvais lapin blanc || feat Heather

De sa tristesse, je semblais immunisé. Mon cœur pleurait de ma propre froideur, je ne faillirais pas. Je snobais son interrogation, Même si cela signifiait qu’elle ressemblerait à une sauvageonne. Je la préférais indisciplinée que morte. J’attendis un mouvement, ne laissant pas entrevoir le moindre doute. Malgré son reniflement, il n’y avait pas de négociation possible.

Alors quand la fillette obéit, je ne pus réprimer un léger sourire.

Même si elle traînait les pieds, l’enfant –ou plutôt Heather- s’avérait plus docile qu’au premier abord. Maintenant qu’elle ne se confondait plus avec les apparitions d’autre part, il fut plus simple de la considérer. « Tatsuya Chinuru.», lui répondis-je par simple politesse. Ce n’était pas une mauvaise graine, ce qui me motivait davantage à la ramener à son bâtiment le plus rapidement possible. Mais cela ne fut que de maigres pas qu’elle t’offrit et déjà elle fit résistance.

Pourtant, contre attente, sa proposition piqua ma curiosité.

Je la fixais une dizaine de seconde sans un mot et je finis par me penser légèrement pour me mettre à sa hauteur. Un moyen pour faire venir le lapin ? Il était vrai que venir là pour finalement faire de la garde d’enfant avait une saveur douce-amère, mais une telle prouesse comportait des risques. Surtout que je n’avais pas saisi le dernier mot qu’elle avait sciemment étouffé. Je lui demandai, ma voix un peu moins dure que jusqu’à présent :

« Comment ça ? Ton Alice peut-être ? »

Il était vrai que je n’avais aucune idée du don qu’elle pouvait posséder. En tout cas rien qui peut s’activer au contact physique, sinon elle ne serait pas aussi suicidaire. Je pèserais le pour et le contre selon ce qu’elle avait à m’offrir. Pour un lapin blanc dans les herbes bleutées, que serais-je prêt à risquer ?

Pas grand-chose, mais peut-être un peu plus que normalement, Je tournais machinalement mes clous attendant sa réponse. Tout était en place, si elle se tenait tranquille, peut-être que l’on pourrait être deux dans cette chasse.

@Heather A. Walsh

Finalement, elle avait peut-être eu raison. Après tout, Heather voulait tellement voir le lapin, elle aussi, qu’elle serait prête à tout pour l’aider à le trouver ! Bien qu’en vérité, la primaire avait l’impression de jouer un véritable coup de poker. Il est vrai que ce n’était pas un mensonge, dans la théorie, le lapin pourrait réagir à sa tonalité et donc les rejoindre si elle lui intimait l’ordre. Mais dans la pratique… C’était bien plus compliqué que ça en avait l’air. Pourtant, elle avait acquiescé de la tête de manière très farouche. Le lire toujours bordé dans ses bras.

« Oui, c’est ça ! »

Avec son Alice qu’elle ne contrôlait vraiment pas. Avec son Alice qui lui jouait des tours dès qu’elle jouait avec le capuchon de son stylo. C’est d’ailleurs pour cette ridicule raison qu’aucun de ses stylos n’avaient de bouchon. Et toute sa force dans ses propos avait disparu lorsque la jeune enfant s’était retournée pour faire face à Tatsuya.

« Si il m’entend… Normalement, il viendra. »

Parce que les mots étaient réels. Peut-être que Tatsuya n’accepterait pas une normalité inconsciente, étant donné qu’il paraissait vraiment stressé à l’idée d’être seul dans la forêt avec la jeune bouille.

« Après, j’ai jamais essayé avec une telle distance… »

Car lorsqu’elle s’essayait à son Alice, Heather avait un contact visuel avec la personne qu’elle tentait de contrôler. Du moins dans les faits, lorsque son Alice s’activait sans qu’elle ne s’en rende compte, la jeune primaire n’avait jamais connu la distance qui existait. Alors dans la théorie, la simple écoute lui semblait être un bon compromis.

« Enfin, si tu veux essayer. »

La tête qui s’abaisse, le regard qui plonge sur ses pieds.

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Le mauvais lapin blanc || feat Heather

Un Alice qui pourrait nous aider à voir le lapin blanc. Mon intuition avait vu juste. Toutefois les modalités obscures de ce don me mettaient la puce à l’oreille. Il y avait un loup, il y avait toujours un loup. Je la fixais, les yeux mi-clos, suspicieux. L’énergie d’Heather semblait s’être dissipée, comme si j’avais absorbée toute cette gaîté qui émanait de sa jeunesse. C’était une sensation très désagréable. Il y avait très d’inconnus dans cette Alice. Quand elle avait fui mon regard, je me redressais, et je songeais à sa suite des événements.

En temps normal, j’aurais refusé une telle prise de risque. Mais voilà, j’étais faible à la détresse des enfants. Sans doute voulait-elle être utile, ou cherchait-elle simplement à traque le lapin de sa fantasque histoire. Je raclais ma gorge et lui demanda abruptement :

« Vu que c’est ta voix, comment tu peux t’assurer que cela ne va pas m’atteindre ? »

Parce que les animaux n’avaient jamais été une menace. Dans cette académie, même les ours n’étaient pas les êtres les plus dangereux. J’avais recentré mon attention sur l’enfant. De ses rêves fragiles qu’il était facile de briser, j’espérais moi-même apercevoir l’animal :

« Tu as le droit à un essai, je ne tolérerais pas l’échec, compris ? »

Normalement, je n’aurais jamais laissé tant d’hasards dans ma vie. Si le moindre faux pas mène au drame, mon cœur saignait un peu à la voir si dépité. Ce parasite n’ingurgitait pas ce genre de choses, n’est-ce pas ? Pourtant je me sentais coupable de cette faiblesse. Une brise glaciale me fit tressauter et j’enlaçai mon corps de mes bras. Il y avait tout à craindre et je commençais à regretter d’avoir laissée une gamine le sort de cette sortie.

Je ne voulais qu’une simple photo, rien qu’une photo.

@Heather A. Walsh

Elle réfléchit un peu. Le regard qui, une nouvelle fois, tourne à droite et à gauche. Non pas inquiète, mais observant l’horizon. Des arbres et des buissons à perte de vue, une forêt dont parfois, le vent chantonnait aux travers des feuillages.

« Ma voix... »

Des joues qui rougissent à cette simple idée. Peut-être qu’elle n’irait pas jusqu’à chanter. Après tout, Heather réfrène tellement cette partie de son être, tout ce qui était en lien de près ou de loin avec la musique qu’elle n’oserait sans doute pas chanter face à inconnu. Plus encore, car elle ignorait ce que son propre alice pouvait déclencher, dans le cas où une fois encore, il n’en ferait qu’à sa tête.

« C’est plus dans l’idée du… Est-ce que tu es sûr et certain que le lapin est bien ici ? »

Non pas que la jeune primaire venait à mettre en doute la parole d’un grand. Loin de là, ça ne lui ressemblait aucunement ! Mais la forêt était vaste. Rien ne garantissait que Tatsuya était réellement sur les traces de ce lapin blanc en particulier et pas d’une autre bête. Rien ne garantissait non plus, qu’il n’avait pas tout simplement fuit vers d’autres horizons lorsque tout deux s’étaient rencontrés. Pleins de facteur, de possibilité qu’il ne fallait pas oublier. Plus encore, le nombre d’être vivant qui pouvait se trouver autour d’eux. Alors oui, finalement, c’est bien la panique qui commençait à habiter l’esprit de la jeune enfant.

« Un seul ? »

Une grimace qui se tire, même lors de ses entraînements avec Gladys et Stelian, jamais tout se passait comme convenu lors du premier essai. Et surtout, il était là. Face à elle. Le plus grand facteur qui pouvait s’avérer être dangereux, surtout lorsqu’elle prenait en compte ses réactions des plus étranges et incomprises.

« Tu serais capable de te boucher les oreilles ? »

Complètement. De devenir sourd durant un seul instant pour qu’aucune de ses tonalités ratées ne puisse t’atteindre lors de cet unique essai, et unique échec. Elle en était certaine. Alors, autant minimiser les risques, se disait-elle.

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Le mauvais lapin blanc || feat Heather

Pouvais-je savoir s’il y avait un seul lapin dans les parages ? Je restais silencieux, alors qu’elle commençait à grimacer. Une autre question que je ne pouvais répondre à l’instant. J’étais muet, scrutant en ses prunelles une bride de ce qu’elle pouvait penser. Je fermai les yeux pendant une dizaine de secondes, espérant avoir un peu plus d’informations à lui donner. J’entendais le bruissement de feuilles bleutées, le crépitement de l’herbe, l’irrégularité de la brise.

Je n’avais pas une ouïe super développée, mais j’avais passé suffisamment de temps seul dans la nature, juste à être là, pour reconnaître ce qui sortait de l’ordinaire. Si j’y prêtais attention, il avait bien quelques fausses notes, mais de là à savoir si c’était le résultat de plusieurs entités ou même l’origine.

« Il y a bien quelque chose, mais de là à savoir si c’est un lapin ou non… »

J’étais dans une impasse. Je n’avais pas le pouvoir de boucher les oreilles au point de ne rien entendre. Je n’avais pas de bouchons de musicien et je connaissais leurs limites. Toutefois, il y avait bien un moyen de limiter la casse. . Je déroulais mon écharpe et la laisser couler le long de mon coup. Quelques veines y mourraient et se gelait au contact de l’air.

« Peux-tu l’utiliser sans crier ? Les lapins devraient mieux entendre que nous… »

Je revérifiais l’interface entre les gants et mon manteau. Rassurée, je reculais de quelques pas, prêt à m’emmitoufler les oreilles à tout instant. Les doigts et l’écharpe devraient faire l’affaire. De là j’avais besoin de hausser la voix pour m’assurer qu’elle m’entende.

« Si tu peux activer l’Alice comme si tu parlais normalement cela devrait aller. La balle est dans ton camp. »

Pourquoi prenais-je autant de risques ? Les enfants étaient mon point faible plus particulièrement les filles de l’âge de ma sœur. Il m’était compliqué de détruire ses espoirs et encore moins de voir cette hésitation dans ses yeux. J’aurais voulu lui dire qu’elle en été capable, que tout irait bien.

J’étais faible et j’allais probablement le regretter.

@Heather A. Walsh
(hrp :Tu peux faire que ça foire si tu veux ! )

L’espoir qu’il ne s’agisse pas d’un autre humain ou bien d’une bête dangereuse. Ce dernier point qui en vient à lui glacer le sang d’un seul tour. Mais, la forêt de l’académie accueillait-elle des animaux périlleux ? Depuis son arrivée, ici, jamais elle n’en avait croisé un seul. Alors, cette pensée, aussi rapide que son arrivée, c'était simplement envolée. Et, Heather avait acquiescé. Elle n’avait pas envie de crier, car le risque, si elle se ratait, pouvait être de faire fuir le lapin blanc à tout jamais. Alors, elle se contenterait de ce qu’elle avait sous la main. Et les mots étaient justes lorsque son regard tombe sur son lit qu’elle garde tout contre elle.

« Oui, il n’y a pas de problème. »

Et son regard observe l’horizon, espère peut-être voir un mouvement entre les nombreux feuillages qui les entourent. Pourtant, c’est bien un silence plat, et le de légers coup d’œil envers le grand à observer son installation. Elle ignorait si ça serait suffisant, mais dans le cas contraire, si son Alice venait à s’activer sur Tatsuya, le contrôle devait être amoindrie. Bien qu’en vérité le plus simple encore était là, n’est-ce-pas ? Quelques pas discrets, qui suffisent pour s’éloigner encore du grand. Heather restait toujours dans son champ de vision, bien qu’elle en venait à lui tourner le dos.

« Bon bah, j’y vais. »

Qu’elle se dit tout haut, ignorant si à l’heure actuelle, Tatsuya était capable de l’entendre. Le silence au travers de ses lèvres, car c’est le livre qui s’élève pour faire face à sa main libre. Comme un tambour, c’est de cette façon qu’Heather vient à l’utiliser. Dans sa tête, qu’elle fredonne la rencontre des fées pour garder le tempo qu’elle s’imagine. Ses pensées quant à elles, qui s’échappent au loin. Les yeux clos qu’elle tente d’ordonner, d’indiquer qu’il faut venir à ses côtés.

Mais Heather n’y avait pas pensé. Il était bien difficile de guider lorsqu’on ignorait l’emplacement de chacun. Pourtant, elle ne s’arrête pas. Continue son concerto en espérant avoir une arrivée. Peut-être pas celle qui était souhaitée, mais un froissement de feuille qui s’élève à l’arrière. Derrière elle et derrière Tatsuya aux oreilles bouchés.

Alors ses yeux s’ouvrent tout grand, se retourne d’un seul coup. Fais face à Tatsuya, ignorant totalement ce qui pouvait arriver maintenant qu’elle avait tout arrêté.

hrp: tu sais ô combien je n'aime pas décider

DEUX ÉTOILES Messages : 84 Classe : E

Le mauvais lapin blanc || feat Heather

Elle avait acquiescé, alors je coupais mes oreilles du monde. Mon écharpe chatouillait mes narines. Le silence était une sensation étrange, car même là, je n’arrivais pas à l’atteindre. La voix de l’enfant m’était inaccessible, mais mon souffle résonnait davantage dans mes entrailles. Cela pouvait paraître étrange, mais ce son me rappela que j’étais vivant. J’étais au milieu d’une forêt à teintes bleutées, espérant naïvement l’apparition d’un simple lapin blanc. J’avais pris un risque incommensurable, et pourtant.

Et pourtant je voulais y croire devant ce concerto muet. Je n’entendais pas les sons que produisaient Heather, mais je voyais que ce n’était pas des mots. Je m’étais donc trompée, j’avais parié sur le chant, mais non. C’était tout de suite moins imposant, mais un tel Alice devait être bien pratique. Je regardais ses lèvres se mouvoir, songeant que les Alices pouvaient bien avoir d’autres formes bien moins tragiques.

Elle ouvrit les yeux et instinctivement, je me retournais pour regarder dans la même direction. Je libérais mes oreilles, alors ce visiteur s’approchait. Entre les touffes d’herbes, l’animal détonnait par sa blancheur. Toutefois, il n’avait pas les grandes oreilles escomptées. Au lieu de cela, l’être possédait une tête triangulaire et un museau écrasé sniffant l’air. Ses longs poils s’agitaient à son passage, et j’eus bien du mal à distinguer l’espère. Un petit ours ? Lentement, je me saisis de mon portable et avec prudence, je pris en photo l’étrange entité qui semblaient nous dévisageait. Non ce n’était pas un ours, je le réalisais alors qu’il reprit sa marche vers nous. Un blaireau.

Plusieurs questions traversèrent mon esprit. Déjà, était-ce parce qu’Heather s’était trompé de cible ? Ou bien qu’il n’y avait pas d’autres animaux autour ? Est-ce qu’il y avait plusieurs animaux albinos dans cette forêt ? Il y avait-il au moins un lapin blanc ? Est-ce que le blaireau était à l’origine des légendes ? Les lycéens serait-il vraiment nuls en zoologie ? Je ne pouvais pas m’empêcher d’être déçu, et en même temps touché par la vision de cette boule de poils. Je sentis mes muscles se détendre.

Mais l’animal ne semblait pas vouloir s’arrêter. Sa marche était devenue course. J’écarquillais les paupières un tel spectacle. Normalement les animaux étaient assez intelligents pour ne pas s’approcher de moi, mais celui-ci semblait vouloir foncer tête baissée vers moi. Ou plutôt…

« Heather ! »

Je me retournais derechef, me rapprocha de l’enfant. Peut-être que je suréagissais, peut-être que c’était une coïncidence, qu’il était encore sur le contrôle de L’Alice ou que son agressivité s’était réveillé en réalisant qu’on avait usé de sa volonté contre son insu. Il n’était pourtant haut que d’une trentaine de centimètre, mais il pouvait mordre. Il pouvait la mordre. J’étais de nouveau à côté de l’écolière, me mettant sur la trajectoire entre elle et l’animal. Je détestais mes instincts.

Mon attention se dispersait entre elle et le blaireau. Peut-être que je l’avais énervé davantage à courir comme un idiot. J’étais vraiment un être inutile. Mais s’il y avait un risque, un petit risque. Mes pensées décousues me rendirent hésitant. Souffle court, palpitation, mon regard floutée.

« Et Merde. »

Mes doigts attrapèrent son bras et je me forçais à courir. La peur de semer la mort était plus faible que celui d’une bête sauvage s’attaquant à elle. Mais mon cerveau avait juste grillé, l’adrénaline me faisait l’oublier l’essentiel. Cette fille n’était pas ma sœur, cette fille n’allait pas mourir pour une banale morsure.

Et sans doute le plus important, le blaireau ne nous visait peut-être pas.

@Heather A. Walsh
(hrp : si tu veux que ce soit plus drôle, le blaireau peut totalement arrêter sa course en plein milieu et Tatsu court pour rien XD )