Peach, est une petite fille pas comme les autres. Ce n'est pas elle qui le dit, c'est Maman. Du coin de l’œil, elle l'observe, les bras croisés à côté du fauteuil du Monsieur-Au-Tube-Qui-Hurle. Elle se tient droite, Maman se tient toujours droite, avec ses boucles blondes, son parfum lavande et surtout, surtout, son sourire. Ce n'est pas un sourire doux, le sourire doux c'est le sourire de Papa. Non. C'est un sourire fier. Et Peach, vous savez, elle adore ça. Dans les yeux de Maman, il y a des brasiers qui font frisonner Peach d'excitation. Du haut de ses six ans elle ne vit que pour ça. Quand Maman lui sourit, quand Maman la regarde comme ça, Peach se sent vivante, se sent puissante. Depuis qu'elle a commencé à jouer au jeu du Monsieur-Au-Tube-Qui-Hurle, Maman ne la regarde plus que comme ça.

C'est un jeu très simple, vous savez, c'est un jeu où il faut faire semblant. Peach joue à faire semblant depuis toujours, elle jouait à faire semblant avant de savoir marcher. C'est son jeu à elle, ou plutôt c'est le jeu auquel elle joue avec Maman. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle allait voyager dans la Boite-Qui-Roule pour jouer à faire semblant dans plein d'endroits différents, devant plein de personnes différentes. Un jour, elle a jouer à faire semblant d'être une princesse, une autre fois c'était une danseuse, une autre une fille méchante, une autre une fille trop gentille. Puis un jour, elle est allée jouer à faire semblant d'être une sorcière devant le Monsieur-Au-Tube-Qui-Hurle. Depuis, elle ne joue plus qu'à faire la sorcière. C'est un jeu vraiment grisant vous savez, le matin on place Peach dans une grande pièce où la Dame-Aux-Pinceaux vient lui chatouiller les joues avec de la poudre rose, ensuite il y a le Gentils-Monsieur-Miam-Miam qui vient lui donner quelque chose à manger, souvent c'est une tartine de chocolat avec un grand jus rouge. Maman lui à dit que c'était du jus de tomate, mais Peach n'est pas d'accord, elle a déjà vue une tomate, elle sait qu'une tomate ça ne ressemble pas à de l'eau. Ensuite, elle va sûr l'air de jeu, c'est un grand endroit avec plein de monde. Là, elle attend le mot magique et quand le Monsieur-Au-Tube-Qui-Hurle dit "ACTION" Peach sait que le jeu commence. Et on joue comme ça, toute la journée. Peach adore ça, elle ne comprend pas toujours pourquoi elle devrait faire semblant d'être une sorcière alors qu'il y a de vrais sorciers sur l'air de jeu. Peach sait, il y a un monsieur, un grand monsieur barbu, qui avec sa magie donne à Peach des pouvoirs quand elle joue. Peach ne les voit jamais, ses pouvoirs, mais à la télé elle les voit très bien, une étincelle bleu ici, une flamme orange là au bout des doigts. Maman lui a dit un jour que le grand monsieur barbu n'était pas aussi adorable que Peach et que c'est pour ça que c'était elle, et pas lui, qui jouait à faire semblant.

Parfois, Grand-Mère vient. Peach s'appelle comme elle : Dorothy. C'est une grande dame, elle a les mêmes boucles que Maman, sauf qu'elles sont blanches. Peach n'aime pas trop Grand-Mère : elle a le même feu que Maman dans les yeux, mais c'est un feu qui brûle, un feu méchant. Il y a quelqu'un qui aime encore moins Grand-Mère, ce quelqu'un c'est Papa. Papa, d'ailleurs, il n'aime pas grands choses, il n'aime pas quand Peach joue à faire semblant. Il est toujours gentil avec elle cependant, mais il se dispute souvent avec Maman et Grand-Mère. Elle l'entend, elle ne comprend pas tout Peach, mais Papa utilise souvent des mots comme manipulation ou égoïsme.

Peach ne comprend pas, elle a six ans et ne voit pas le mal à jouer tout le temps.


Un jour, Peach à fait de la vraie magie, comme le grand monsieur barbu sauf que cette fois elle l'a bien vue. Elle se souvient, tellement fière sous le regard de Maman, mais cherchant celui de Papa. Elle aurait voulu le ramener avec elle sur l'air de jeu, lui montrer comment c'était drôle de faire semblant, comment Maman était belle quand elle l'observait jouer. Elle aurait voulu le prendre par la main et danser et chanter, comme elle fait toujours quand elle n'est pas sur l'air de jeu. Elle voulait. Elle voulait tellement fort. Une volonté si grande, si forte. Alors comme expulsée de cette enveloppe de chair je suis sortie. Il y a eu des cris. Le Monsieur-Au-Tube-Qui-Hurle est tombé de sa chaise, Grand-mère n'a pas bougé, Maman à applaudit et l'autre Peach, elle, elle m'a sourit.


« Il est hors de question qu'elle arrête sa carrière, Arthur. »
« Ce n'est pas toi qui choisit, tu connais les règles Berenilde. Elle est comme toi, comme ta mère, comme Daisy. »
« J-Je sais, m-mais elle est si jeune, elle aime tellement ce qu'elle fait, el- »
« Je me demande. Aime-t-elle sincèrement ce qu'elle fait ou ce que tu lui fais croire qu'elle fait ? »
« Arthur, ne commence pas. »
« Ô si, je ne vais pas me gêner. On va nous l'enlever, Berenilde, on va m'enlever ma petite fille. Je savais que ça pouvait arriver, mais à six ans j'avais l'espoir qu'elle serait une sans alice... Et c'est justement parce qu'on savait que je t'en veux. »
« Quoi ? Parce que c'est de ma faute en plus ?! »
« Oui. Elle ne savait pas marcher que tu lui polluais déjà l'esprit avec ta folie des grandeurs. Quand l'as-tu laissé s'exprimer ? Quand l'as-tu laissé profiter de sa famille, de nous ? Elle n'a jamais fait ce qu'elle voulait, elle n'a jamais pensé par elle-même, Berenilde. Tu l'as étouffée, je t'avais prévenue, je t'avais dit que ça ne me plaisait pas, que ce n'était pas bien mais tu n'en as fait qu'à ta tête ! Et aujourd'hui on nous l'enlève ! On va l’emmener dans cette foutu académie ! Notre fille ! Parce que tu la vois, elle, seule ? Tu la vois évoluer sincèrement alors qu'elle est totalement dépourvue face à la violence ? »
« Tout ce que j'ai fait je l'ai fait pour elle, Arthur, pour qu'elle puisse avoir toutes les chances de mener une belle vie. »
« Faux. Tout ce que tu as fait, tu l'as fait pour satisfaire tes ambitions malsaines, pour satisfaire les ambitions de ta mère. C'est une mode, dans ta famille, de se servir de ses enfants pour retrouver la gloire perdue des parents. »

Ce jour-là, Peach ne l’entendra pas, mais la gifle sur la joue de Papa fut si forte qu'on l'entendit jusque dans la cuisine.


« Et c'était la dernière prise ! Merci à tous ! »

Peach entendait tout comme dans le fond d'une baignoire. Immergée dans le méandre de l'esprit, elle fait souvent ça Peach, quand ça devient trop fort, elle se réfugie dans l'entre deux, dans cette dimension qui n'appartient qu'à elle. Ici tout devient flou, les visages, les sons, les couleurs. C'était bruyant et calme, une sensation étrange, celle d'être le cul entre deux chaises, comme à chaque fois. Seule, mais entourée à la fois. Dans cet entre-deux. Avec toutes ses autres.

Les pieds vissés à l'ancienne air de jeu, qu'on appelle aujourd'hui un "plateau". Il y a un tonnerre d'applaudissement autour d'elle, les gens s'étreignent, se félicitent. On se presse vers elle, elle sourit. De là où elle est, elle ne reconnaît que sommairement ceux qui se présentent à elle. Le rideau est tombé. Elle a froid, Peach, quand les lumières s'éteignent, la sensation que l'air de jeu n'est plus qu'un terrain vague. On ne peut plus jouer à présent, dépossédée de ce qui était sa consistance, Peach refuse de sortir de l'entre-deux. Elle veut rester avec ses autres, parce qu'elles ne partiront jamais. C'est d'ailleurs avec elles qu'elle va voyager. Il n'y aura pas de retour à la maison, ils attendent déjà, les hommes en noir, à l'entrée des artistes. C'était dans le contrat, c'était ce qui était écrit.

Peach a finit par comprendre, elle a douze ans et elle a cessée d'être une enfant qui joue tout le temps.



- Peach est la fille de Berenilde, une alice, et d'Arthur Marshall, un non-alice, frère de Daisy Marshall, actuelle professeur principale des TECH
- Sa famille du côté de sa mère est une longue lignée de Doppelganger, dont plusieurs membres ont été des personnalités du monde de l'art célèbres
- Peach a été ballottée de casting en casting et grandie dans une espèce de bulle où il n'était question d'apprendre à jouer, chanter et danser
- Ses parents ont finit par croire qu'elle était une sans alice
- Elle a trouvé la gloire en prenant le rôle titre de Gwen, l'apprentie Sorcière, une série Disney Chanel
- La série a été une franc succès et à duré près de six ans
- Peach était une enfant star très connue et médiatisée
- Son alice s'est déclenchée au cour d'un tournage lorsque qu'elle avait six ans
- Sa mère, sa grand mère, ainsi que la firme Disney ont offert de lourdes sommes à l'académie pour retarder son arrivée
- Après le tournage du dernier épisode de la série, Peach a été emportée à l'académie. Ce n'était pas soudain, à vrai dire c'était prévu depuis plusieurs mois déjà. Elle a alors douze ans
- Elle a vécue son arrivée à l'académie comme une désillusion, d'autant plus qu'elle a été victime d'une harcèlement plutôt virulent à son arrivée (rumeurs, moqueries, chahut, violences etc)
- Elle en a tiré un très fort traumatisme, avec le temps, elle a réussie à voire l'académie comme un nouveau départ mais depuis quelque temps, sa vision des lieux est devenue beaucoup plus nuancée