nightmare
completely aware.
inspire, expire
gauche, droite
et continue, continue, avec les muscles qui se tendent et qui disent
arrête mais rune est bien trop buté pour écouter, mais rune a des objectifs dans sa tête et ah il fait encore trop jour pour rentrer et se perdre dans ses pensées, il préfère encore récurer le sol de la ferme jusqu'au dernier grain de poussière si ça peut lui permettre d'être satisfait (lui, un peu trop perfectionniste sur les bords, tiré à quatre épingles quand il ne s'agit que de lui)
l'après-midi file, court, s'en va, et pas grand monde s’enquiert de ce qu'il se passe à la ferme entre noël et nouvel an (et rune, lui, s'ennuie souvent profondément) alors il est tranquille (peut-être trop) et il n'a que les bêtes pour lui envoyer des regards désobligeants (parfois il se demande si eux aussi ils reçoivent ses pensées droit dans leurs cerveaux)
quand le jour décide de tirer sa révérence, rune l'accompagne. de ses pas assurés, il choisit de passer par la forêt des rêves (les arbres bleus et la lumière mystique) comme il le fait souvent ; le froid ne mordant pas sa peau après tant d'efforts, il prend son temps -marche, s'arrête, écoute les oiseaux, avance, recule, s'assied,
entend couiner
rune n'est pas quelqu'un de curieux. enfin, pas beaucoup. mais là, juste au bout des bois, on dirait des appels de détresse (des sos, un méchef) alors l'innocent s'y rue, avide d'aider des âmes à retrouver leurs allégresses
mais ce sur quoi il tombe c'est une gamine (une prêtresse)
des assauts dans le regard et des imperiums dans ses phrases (déesse)
sa figure pas bien épaisse qui s'évertue à cacher ses secrets (pécheresse)
il fronce les sourcils, l'étranger, le perturbateur, le non-initié
qu'est-ce qu'il se passe ? d'une candeur insoupçonnée
il s'approche -regarde par-dessus l'enfant
trouve un nouveau christ crucifié
n'a que les yeux qui s'écarquillent et les lèvres tremblantes
un cadavre vivant, troué dans un ventre qui se tord, des cris silencieux qui appellent à l'achever
mais qu'est-ce que - mais rune n'a plus de mot alors il attrape la gamine par le poignet et s'agenouille auprès du pauvre, pauvre lapin
tu m'expliques ? (a-t-il envie d'écouter ?)
et il se prépare, doucement, à l'inévitable
(il devrait bien réussir à lui casser le crâne avec une de ces pierres planes)