A croire que ca n’a pas suffit de cuisiner tout le mois de décembre. Elle remet ça. Elle n’a pas fait venir les autres aujourd’hui. Tout le monde a le droit de faire une petit pause. On reprendre de plus belle après. Elle ne s’en fait pas trop Crush. Aujourd’hui elle a préparé de quoi faire un goûter. Un goûter dehors. Pas chez Ange cette fois. Elle veut profiter des jours encore froid, des arbres encore nu. De la neige, qui disparaît à vu d’oeil.

Crush elle veut se laisser porter. Laisser la pression redescendre.
Vous voir.
Te voir.

Du bout des doigts congelés elle tapote sur le téléphone. Essaie de faire au plus court pour ranger les mains dans sa veste, au plus vite.

Elle espere que tu l’as pas oublié Zeb.
Parce que si tu la fais trop attendre, elle va finir par s’endormir sur ce banc qui lui gèle le dos, malgrés le tissu épais.
Pour une fois, elle est presque habillée de saisons.
Les jambes replié sur elle même, la tête apposé sur les genoux. On ferme les yeux. Juste deux secondes. Deux petites secondes.
Elle veut pas s’endormir.
Mais c’est dur Zeb’.

Il y a des voix pourtant qui s'élèvent.
Dissimule les insultes dans des voix faussement basses
Raccroche un peu à la réalité.
Elle relève pas la tête.
Ca sert a rien.
Elle préfère encore s’endormir.
C’est pas grave.
Ca lui fait rien.
Elle a l’habitude.
Ca fait pas mal.

Entend la voix, comme un écho rassurant.
Elle reconnait de suite le propriétaire.
Ca affiche un sourire, bien caché derrière les genoux.
Tu sais, t’as pas a faire ça Zeb’.
Zeb’, te fatigue pas.
Tu t’en fais trop. Toujours.
Comme Felix.
Comme Agnés.
Parce que c’est comme ça que vous fonctionnez ensemble.
Elle a de la chance Crush.
Elle le sait.

Elle le sait, elle voit très bien toute la douceur dont vous l'enveloppez. Elle le ressent dans le timbre de ta voix. Tout l'opposé de l’octave qui a résonné la minute d’avant. Releve la tete et glisses ses yeux dans les tiens. Elle a toujours froid Zeb’. Tu triches.

« Même pas vrai. »

Pourtant ca ressert l'écharpe offerte par les parents, pour réchauffer le corps et le coeur. Tu dis attend et elle se fait sage, te laisse te positionner un peu plus proche, réduisant un peu cette distance que tu laisses entre vous à l'accoutumé. Et déjà il fait moins froid. Enclenche l’Alice, et elle dessert un peu le corps crispé. Il est beau ton Alice Zeb’. Elle le trouve doux. Bienveillant. D’une chaleur aussi douce que toi.

« Bonne année Zeb! »

Elle voudrait passer la main dans tes cheveux. Ils sont trop bien rangé Zeb’. Mais elle veut pas Crush, elle veut pas t’imposer ces choses qui ont l’air de te déplaire. Avec toi on fait attention. T’as toujours un peu l’air de marcher sur des oeufs, elle a peur de faire quelque chose qui pourrait te gêner. Faute de te donner de l’amour en tactile, elle t’as ramené a manger.

« J’ai eut peur que tu m’oublis ! C’vrai qu’il fait pas chaud aujourd’hui mais un goûter au grand air, ça ne se loupe pas ! »

Exhibe fièrement le sac où s’entreposent les tupperwars aux couleurs variés.
Elle fixe ses yeux dans les tiens.

« Tu sais, t'étais pas obligé. »

Tu sais Zeb’, faut pas t’en faire. Elle est forte Crush.
Si forte qu’elle en oublie de vaciller parfois.
Vous êtes pourtant toujours là, à veiller à ce qu’elle ne tombe pas.
Prêt si un jour, ça devait être le cas.

« Merci. »

Merci d'être toujours là.
Merci d’assurer toujours les arrières.
Filet de secour qu’on a pas demandé.
Filer d’amour tendu de vos bras ou l’on veut bien se jeter.

Ca fait longtemps Zeb’, que vous marchez côte à côte. Mais elle est pas sur qu’il y est toujours eut cette distance. Elle veut pas que tu partes Crush, elle veut pas que tu t’éloignes, elle non plus. Mais si tu vas mieux comme ça, si tu as besoin de cette espace là. Elle veux bien te le laisser. Tant que tu pars pas trop loin. Rien, Zeb, rien pour que tu te sentes mal. Vous êtes les dernières personnes qu’elle voudrait blesser. Mais elle est pas forte à ça. Parait qu’elle s’y prend toujours mal. Et toi Zeb’, est ce qu’elle te blesse aussi ? A aimer pas comme il faut.

Ca à l’air de faire un peu mal, quand tu répètes pour préciser.
Elle laisse du temps, souvent, avec les gens. Pour être sur que le coeur se repose. Pour être sur de pas en faire trop. Est ce que c’est elle qu’a abusé Zebediah. Elle a fait attention pourtant.

Ca tape d’un coup plus fort dans sa tête.
Y’a un peu de peur.
Peur que ce soit de sa faute, si c’est plus toute à fait pareil.

Descend le torse pour essayer de trouver tes yeux perdu ailleurs.
Force le contact.
Elle veut comprendre Zeb’.
Alors juste pour cette fois, même si tu ne voulais pas ça.
Regarde là.

« Zebediah...ça va ? »

Est ce que ton coeur va bien ?
Dis lui, dis lui.
Elle fera plus attention si c’est le cas.
Dis lui, dis lui.
Elle a trop besoin de toi, elle veut pas que ca se meurt entre vous.
Elle veut pas avoir à accepter que tu t’en ailles plus loin.
Mais si c’est ce que tu veux, elle le fera.

« Dis… »

Ca tangue un peu dans le cœur, se laisse submerger par une vague de peur.
Repose le corps contre le dossier du bac. Respire. Essaie de ne pas montrer, qu’on craints les fissures.

« Mon Alice, il t’a déjà posé problème ? »

Elle sait très bien comment il fonctionne. Elle sait très bien être prudente. C’est plein de données qu’on essaie de prendre, pour composer, comme il faut, avec chacun. Est ce qu’elle s’est trompé dans les dosages avec toi ?

« Il fait effet sur toi ? J'veux dire, c'est supportable ? »

Tu peux lui dire, on ajustera ensemble si il faut.
Tout comme tu voudras Zebediah.

Tu répond et il y a une part d’elle qui doute encore un peu. Mais t’assures, t’assures que tout va bien. Alors que ce soit faux ou vrai. On a qu’a faire comme ça Zebediah. On a qu’à sourire et dire qu’il n’y a pas de mal. Si c’est ce que tu veux. Alors elle le voudra aussi.

On va pas voir l’agitation de tes mains. On va pas relever les tremblements dans ta voix. Le temps de réponse que tu laisses.

C’est supportable. D’accord

« Je peux l'arrêter si tu veux. Si a un moment tu sens que ça déraille, et que ça te fait mal, hésite pas a me le dire Zeb'. »

Elle voudrait juste te serrer, te serrer fort. Dire si ça va, alors pourquoi, pourquoi ça sonne faux dans ton sourire. Mais on se laisse guider par tes paroles, parce qu’on a pas envie de penser qu’on est responsable non plus. On va fermer les yeux Zeb’, si fort, qu’on aura rien à craindre de ce qui se passe. On va fermer les yeux jusqu’à devenir aveugle sur les sentiments qui se créent. On passera au dessus, à dix millions de kilomètre.

« Tant mieux alors, j’ai eut peur de t’avoir fait mal. »

Tu vois, on voit plus rien.
C’est un peu magique.

Vide le sac, d’un tupperware, pour occuper les mains. Pour ne pas trouver les tiens, empêcher que l'inquiétude si installe.

« J’ai fait des gâteaux, plein ! J'espère que t’as faim ! »
Change de sujet.

Elle se dessine, sous tes souhaits.

Respire Zebediah. C’est fini. Et ca va continuer. Si il faut on recommencera. On reprendra à zéro. On reprendra les présentations, avec les rôles qu’on a fini par s’attribuer. Enchanté, Crush, qui n’est pas du tout entrain de te blesser. Enchanté, Zebediah, sans aucun sentiment qui meutrissent la poitrine. Pas de problème. Jamais. On apprendra les phrases par cœur. C’est une gamme qu’elle n’a pas encore appris à jouer. Mais on peut l’apprendre. Pour toi on reculera devant rien. Si ça permet que toi, tu ne recules pas.

« Sauf la fois ou j’me suis servi de toi pour m'arrêter en skate… J’crois qu’on avait des jolies bleus après. »

Si elle se souvient bien. Parce que des histoires à raconter, il y en a des tas. C’est pas pour rien, que ça s’accumule sur le cœur. C’est parce que le temps avec toi, on en veut plus, pour créer les souvenirs.

Tu demandes, et elle se redresse un peu. Fière d’avoir éveillé la curiosité, chassé le malheur.

« Hin hiiiiin. »

Tu attrapes la boite, et quand ça glisse sur sa main. Que le contacte reste un peu. Y’a un sourire. Est ce que se serait si grave Zeb’, de se l'autoriser ? Est ce que ca irait pas mieux, si on laissait aller.

Elle chasse l’idée.

« Tu me prends pour qui ! Je suis vexée! Je suis responsable du club cuisine moi Monsieur. Je fais les choses comme il faut ! Et puis les restes on les déjà mangé avec Ange. »

Laisse le rire percer le ciel. Tu sais, on fait attention à toi. Peut être trop. C’est pour ça qu’on est un peut perdu aujourd’hui, dans ce qu’on doit faire. Dans ce qui est le mieux. On comprend pas. Dans ce que tu veux vraiment. On comprend pas non plus.

On sait juste qu’il faut faire semblant.

« T’es mauvaise langue, pour la peine, je te donne pas la tarte au citron que j’avais fait SPÉCIALEMENT pour toi. Privé. Puni. »

Elle se tourne avec le tupperware pour que tu ne puisses pas l’atteindre. On s’amuse de toi, on s’amuse de nous.
On essaye de garder le cap, de ce qu’on s’est dictée.
Faire comme avant.
Même si c’est juste faire semblant.
A force, ca reviendra peut être, naturellement.

C’est agréable, comme ça. Ca rappelle comme c'était, avant qu’on ne fasse tout bugger. Avant qu’il n’y est autant de barbelés pour retenir tes sentiments. Crush elle fait toujours ce qu’elle veut. Crush elle s’envole à toute vitesse, si vite que personne ne l’a jamais attrapé. Crush qui navigue sur des eaux tumultueuses qu’elle ne connaît qu'à moitié. Carte en main, c’est mal dessiné. On sait jamais trop ou on va. On se pose jamais.

On fait à l’envie.
Et la seule envie, c’est que tu ailles bien.
La seul envie qu’on est, c’est d'être proche de toi.
D’entendre ton rire.

T’es important. Trop pour qu’on se loupe.

« TROP TAAAAAAARD. »

Tend les bras le plus loin que l’on peut.

« JA-JAMAIS TU L'AURAAAAAS. »
La voix qui s'entrecoupe du bonheur de te retrouver.

Fallait pas la provoquer Zeb’. Tu sais a qui tu as affaire pourtant. Elle lâchera rien. En tout cas pas la tarte au citron. Pas comme ça. Elle se débats, esquive tes assauts alors que tu les multiplies. Et puis le mouvement des vagues, le chahut qui la fait basculer. Manque de tomber du banc et se raccroche à toi, pour ne pas passer par dessus bord. Un bras accroché au tien. L’autre qui maintient la boîte évitant de justesse la perte de ressource précieuse.

Le calme d'un coup, après la tempête.

Bascule la tête en arrière pour essayer de trouver ton visage dans toute cette agitation.

« Wow. Un peu plus et c'était vraiment trop tard. Plus de gâteaux... »

Elle prend un peu appuie sur toi, pour se redresser. Si tu la lâches, elle va vraiment tomber.

Accroché à ton bras. C’est une habitude. Combien de fois elle se casse la gueule Zeb’. Combiens de fois tu la retiens. Combien de fois elle te blesse en faisant ça. Tu vois, c’est pareil, c’est exactement pareil. On a parlé de cette fois en skate. Mais c’est en rien différents aujourd’hui. T’as pas de marques sur les genoux. Ton jeans n’a rien. Toutes les marques, on ne les voit pas. Elles sont pourtant bien ici. Elle est sur que si elle posait la tête sur la poitrine, elle entendrait la dissonance.

Enfin tu la regardes Zebediah. Enfin tu ne fuis plus à l’horizon.

Il n’y a plus beaucoup d’espace entre vous.
On l’a réduit, d’un coup.
T’es si près.
Zeb’, t’as oublié les distances.
Zeb’, elle sait plus les regles que tu veux appliqués.
Zeb’ elle sait plus ce qu’elle a droit de faire.
Ce que tu veux qu’elle fasse.
Dis lui s’il te plait.
Elle est perdu.

Elle n’a qu’un pas à faire. Mais ca balance dans sa tête. Se percute les négations, les invitations. Qu’est ce qui fera le moins mal. Ca semble se battre entre ta tête et ton coeur. Elle sait pas comment faire le médiateur.

T’es si proche qu’elle peut sentir ton souffle. T’es si proche, quelque centimètre à franchir. Quelques sentiments. Elle a l’habitude de réduire l’espace. D'épargner les doutes, lorsqu’elle comprend ce qu’on attend d’elle. Mais là, plongé au fond de la mer, elle voit flou. Plonger au fond de ton cœur, ca part dans toutes les directions.

Zeb’ pardon. Pardon elle s’en rend compte. On a ouvert les yeux. On s’est regardé trop longtemps. Elle les voit tes sentiments Crush. Elle voit l’amour. Et c’est beau tu sais. Ca devrait pas te faire mal comme ça. Elle se rend bien compte que tu luttes.

T’accompagner ou te retenir.
Elle s’affole.
Lutte pour ne pas que l’alice s’emporte.
Pas maintenant.

Il y a ce silence qui semble ne jamais finir, dans le non dit, en attente de ses actions.
Fait courir les doigts jusqu'à ta mâchoire, te rapproche comme pour bannir toute la distance qui s'était accumulé. Doucement, de toute l'affection qu'elle te porte, embrasse ta joue alors que l’emprise de ses mains s’accentue. Détache les lèvres, une seconde, avant de les apposer une nouvelles fois, plus longtemps. Un peu plus proches des tiennes. Comme pour demander l'autorisation.


« Zeb… est ce que ça va ? »

On redemande, une nouvelle fois.
Zeb’, est ce qu’on continue à pas voir ?
Elle sait plus, ce que désires le plus fort ton palpitant.

Zeb’, est ce qu’elle doit apposer le troisième baisers.
Trop tard, trop tard, elle avait dit, en rigolant.
Trop tard, trop tard, pour faire semblant.

Crush, tu sais très bien ce que tu provoques. Crush, c’est pas a eux de s'arrêter. Crush tu sais comment ça se passe. Tu sais, tu sais qu'à un moment, ils ne sont plus vraiment eux même. Qu’on peut plus faire demi tour. C’est a toi de savoir, ce qu’il y a derrière. A toi de préserver les sentiments qu’ils ont intactes. Ne pas les transformer à une image que tu ne sais même pas définir.

Comment elle devrait rester, votre relation ? Parce que c'était déjà plus pareil. Zeb’, il y a eut tout cette espace qui n'était pas là, Zeb’, peut être que c’est juste une égoïste. Bien caché derrière l'écoute des sentiments d’autrui. A faire semblant de faire au mieux. Regarde, regarde ce qu’elle te fait. Le pire Zebediah, c’est qu’elle voit pas tout ça. Elle voit pas les ravages. Elle pense que ca va peut être s’arranger, une fois que t’auras vidé tout ton cœur. Elle voit pas que le problème est bien plus gros. Elle voit pas à quel point les barrières que t’as hissé sont hautes. Crush elle ne voit pas si loin. Parce que l’amour ça ne devrait pas faire mal. L’amour ça devrait juste se vivre. Et toi depuis que tu l’aimes, tu meurs a petit feu, à tout retenir.

Elle comprend pas Crush.
Elle sent juste que t’as mal.
Quand tu la sers si fort.

Depuis combien de temps tu retiens ça Zebediah.
Donne lui, donne lui tout. On videra le cœur si il le faut, pour que ça fasse plus mal.

C’est pas ta faute Zeb’.
Pense pas ça.
T’as rien demandé.
C’est elle qu’a merdé.

Répondre à ton baisé. Demander un peu pardon, du bout des lèvres. Elle sait pas ou elle va. C’est elle qu’a allumé la mèche. Elle qui t’as poussé à franchir la limite que tu tenais tant à tenir.

Elle sait pas si c’est qu’elle comprend un peu de ta douleur. Ou si c’est l’angoisse d’avoir fait quelque chose de mal, mais alors qu’on frôle ta joue doucement, on se détache. Ta peine au bout de ses doigts.

« Finalement, il t’a fait mal pas vrai ? Mon Alice… »

Murmure à ton visage encore si proche du sien.
Elle ferme les yeux. Une seconde. Comme pour se reprendre.
Elle a été trop loin, pas vrai ?

« Regarde ce que je te force à faire, c’est pas jolie jolie ! »

C’est glissé dans un rire un peu malhabile, comme pour ramasser les morceaux au vols, avant qu’ils ne s’éparpillent, qu’on ne les retrouve plus.
Tu vois, il y a rien de grave Zeb’. Elle a pas mal. Alors te souci pas d’elle. Zeb’, fait te soucier de toi. Parce que la tête encore proche de ton torse, on sent bien que ça s’affole.

C’est pas ta faute Zeb’... C’est ce qu’elle aimerait réellement te dire.
C’est elle, qui déforme tout.
Qui n’aime pas comme il faut.
C’est elle qui vous fait aimer par défaut.

Elle sait pas si c’est ta peine ou la sienne. Mais ça remplit son être tout entier. Ca se bouscule et elle chavire. Il y a de la colère, il y a de la tristesse. Et surement plein d’autres choses qu’elle ne distingue pas. Il y a le mal, qui écorche tes phrases, les faits trembler. Elle n’ose pas vraiment bouger, elle a l’impression que chacun de ses gestes pourrait te briser un peu plus. Dans un sens, dans un autre. Forêt de ronce, chaques chemins est condamnés.

Je suis désolé.
Dis pas ça Zeb’. S’il te plait.

Tu te détaches, tu répètes et c’est trop. Elle se relève, et c’est les bras qui vient trouver l’arriere de ton crâne pour te caler tout contre elle. T’eloigne pas une nouvelle fois. On a bien vu que a marchait pas. Alors reste là. Tout près. Elle prendra les commandes si tu veux, pour que tu te laisses le droit de respirer, un temps. Tu pourras lui en vouloir à elle si elle se trompe. Si elle te blesse, encore. Juste à elle, pas à toi.

Rassurer, rassurer c’est tout ce qu’elle peut faire. Alors elle glisses les doigts dans tes cheveux. Ils vont être en bataille Zeb’. Désolé. Désolé. Approche son visage pour se perdre dans les mèches folles. Ca s'échappe, devalle ses joues, de toute ta tristesse. Elle veut pas que tu vois, elle veut pas que tu saches. Elle veut pas que tu rajoutes un désolé de plus, à la liste.

« T’excuse pas Zeb’, t’as pas a t’excuser. Y’a rien. Y’a rien de grave. D’accord ? Désolé pour quoi ? Il y a pas de raison de s’excuser. »

Caresse la nuque en te serrant trop fort. C’est instable sur le banc, mais c’est instable sur ton cœur. On a fait tomber les tupperwares. Ca aussi, c’est pas grave.

Ca va aller Zeb’.
T’excuse plus.
T’excuse plus.
Elle a l’impression qu'à chaque fois, c’est une fissure de plus qu’elle accentue.

Elle pleure souvent pour deux Crush. Elle pleure pour les autres, plus que pour elle.

Pleure pas.
Elle peut pas s'empêcher Zeb’
Ca coule tout seul.
Elle a logé plus de tristesse que d’amour dans ton coeur
Et ça glisse sur ses joues.
Même quand t’essaies de les arrêter.

Te détache pas. S’il te plait. Te détache plus. Repars pas comme ça. On fera ce qu’il faudra.
Les gestes appuyés qui caressent tes cheveux, ta nuque. Elle ne ressemble pas a grand chose. Elle arrive pas à savoir les sentiments qui sont à elle. Pourquoi c’est elle qui pleure alors que tu te forces a sourire. Pourquoi tu fais ça Zeb’, pourquoi tu te forces. Pourquoi tu te forces toujours pour elle. Faut pas, faut pas. On devrait jamais se forcer à rien. Personne. Surtout pas toi.

Tu sais, elle aussi elle a besoin de toi Zebediah. Elle aussi elle est un peu perdu quand t’es pas là. Souvent tu lui manques. Crush qu’on dit si volatile, si instable. Si changeante. Elle a ses étoiles fixes. Et tu en fais parti. C’est parce que vous êtes là qu’elle peut s'éparpiller. Qu’elle peut vivre comme elle l’entend. Qu’elle a pas mal quand les critiques fusent. Parce qu’ils n’y a que vous qui comptez. Que le positif. Le reste on ne le voit pas. Il n’existe pas.

Elle ne pensait pas que tu en subirai les conséquences.

Ton front contre son front. Elle respire fort. Pour essayer que ça se calme. Elle a l’impression qu’on piétine son coeur. Mais c’est simplement le tiens qu’on sent se comprimer. Attrape la main que tu as laissé sur sa joue et y pose la sienne, entrelace pour que ça ne puisse se défaire.

« Je te laisserais jamais. Je peux pas. »

Relève légèrement la tête et embrasse ton front.

« Mais faut qu’on soigne ton coeur. »

Zeb’, elle peut pas te laisser comme ça. Elle a déjà vu son Alice déformer les gens, jamais elle ne s’en ai soucier comme aujourd’hui. Elle a l’habitude de simplement disparaître lorsqu’elle constate que les effets sont néfaste. Le temps que ça passe. Le temps qu’on oublie les sentiments. Qu’elle redevienne une dans la masse.Que se désintègre l’amour, comme un mauvais rêve au réveil. Mais avec toi elle peut pas. Pas simplement parce que tu lui demandes. Mais parce que c’est trop pour elle. Parce qu’elle a l’impression que si elle te lâche, elle va te perdre. Tu sais, c’est pour ça qu’elle, elle s’attache pas d’habitude, qu’elle essaie d'être dans la vie des gens, qu’à la surface. Pour pas prendre de risque. Qu’on ne remarque pas, sa disparition.

Resserrer l’emprise sur tes doigts avant d’ajouter, comme pour te prouver qu’elle partira pas.

« On va supprimer tout l’amour. Je me tiendrais loin, je couperais mon Alice quand on voudra se voir. Je t’enverrais des messages tous les jours, et comme ça, on sera quand même pas trop loin, d’accord ? Je pars pas. Jamais. Je veux que t’ailles bien Zeb’. »

Si l’amour ça ne peut pas être une belle chose, si il te pèse. Si tu es malheureux de celui que tu as pour elle. Alors il ne reste plus que cette solution là.

Elle aurait voulu Zeb’, t’embrasser, combler tout le vide. Mais faut croire qu’entre vous, c’est pas comme ça que ça doit marcher. Parce qu’il y a ton coeur qui hurle, qui bloquent tous les gestes. Ton coeur qui retiens, pour se protéger. Pour la protéger.

Si tu souhaites que ça redevienne comme avant. Alors elle va s’appliquer.
C'est le mieux à faire Zeb, pas vrai ? C'est le mieux.

Il ne restera plus grand chose de vous. Les pensées, les souvenirs. Il va falloir oublier. Les sentiments teintés couleur amour, tous ces moments passés ensemble. Ou tu n'étais que victime, au fond. Il va falloir reconstruire, prendre le recule que l’on avait pas. Pas que toi. Tout va changer de couleur. Teinté d’une teinte un peu plus grise, mais qui semble être un peu plus saine. On va recomposer. S'éloigner. Apprendre à être ensemble, sans amour.
Sans Alice.

Il gêne, l’amour que tu as pour elle, c’est ce que tu penses, au fond de toi ?
C’est pour ça Zeb? Que tu t’es éloigné, de plusieurs pas ?
C’est pour ça Zeb’, qu’elle ne pouvait plus te prendre dans ses bras?
Elle vient enfin de le comprendre.

Alors tout ira forcément mieux.
Si on l’efface.

T’excuse pas. Il fallait le faire. T’excuse pas, il n’y a que du vide en elle, a cet instant. Il faut résoudre le problème. Elle veut retrouver ce que vous aviez. Elle veut retourner en arrière, avant qu’elle ne bousille tout. Il n’y a plus que la distance. Comme solution. Cette putain de distance qui a été pour elle une si grande part du problème.

Profite du vide que tu crées entre elle et toi,une seconde, que tu remplies d’excuse, pour ne pas remplir l’espace de ses craintes a elle. Affiche un sourire qu’elle ne sait reconnaître.
Bousculé dans le rictus, par trop de contradiction.

Tu mens Zeb. T’es le pire. Parce que tu es le premier que tu essaies de convaincre.
Elle ne vaut pas mieux que toi.

« J’ai hate Zeb. »

Hate de vous.
Hate de te retrouver, sans les marques imposées à ton corps.
A ton coeur.

Ca ne va pas être dans longtemps.
Si c’est ce que tu annonces.
Alors c’est pas grave.
Elle peut bien attendre.
Elle veut bien y croire.
Faire semblant encore.
Ce que tu voudras.
Zeb….

Se baisse pour saisir une des boîtes aux sol, identifiable à sa couleur. Attrape le haut de ton crâne. Imprime un baiser. Un baiser d’au revoir, pas d’adieu.

« La prochaine fois qu’on se voit, je te prépare la meilleure tarte au citron de ta vie. »

Glisse entre tes mains les morceaux cassés de pâtisserie. On peut pas réparer, c’est plus que des miettes. Mais le goût, c’est encore bon.

« Je rentre désolé, je meurs de froid ! Fait attention a toi, Zeb” ~ L’hiver ça pardonne pas! »

Se détacher, ça fait mal.

Faire volte face.
Savoir que l'on devra être patiente, avant de replonger ses yeux dans les tiens.

Reviens vite Zeb’.
Tu lui manques déjà.