il avait toujours évité les fêtes de fin d'année comme la peste.
elles n'avaient jamais été synonymes de bons moments, n'avaient jamais été marquées de souvenirs agréables si ce n'est que sa mère oubliait momentanément son existence pour retrouver son amour de toujours ; la bouteille.
il s'efforçait donc de ne pas lui rappeler sa présence, se faisant le plus petit possible. ce n'est que lorsqu'il était sûr qu'elle s'était endormi, qu'il filait par la porte arrière pour apprécier l'air froid et la neige fraîchement tombée sans avoir à se soucier de quoi que ce soit.
et ça n'avait pas changé, même après son arrivée ; quel amer bonheur d'avoir été libéré de cette vie pour ensuite constater que les habitudes étaient si profondément ancrées qu'il n'arrivait pas à s'en défaire.

au fil des ans, il avait réussi à fuir les tentatives de pryam de l'inclure dans ses plans pour profiter des festivités.
la vue des sapins décorés, des cadeaux éparpillés un peu partout, des rires et des récits doux-amers des enfances plus heureuses que la sienne lui rappelait tout ce qu'il n'avait jamais eu et le rendait plus morose qu'il ne l'était déjà.
il préférait observer les flocons recouvrir l'académie d'un manteau blanc dans la quiétude de sa chambre, et non pas participer à des traditions qui n'avaient aucune valeur à ses yeux.
le soucis, c'est que ses prétextes devenaient de plus en plus ridicules et faire semblant de s'être blessé après avoir supposément glissé sur une plaque de glace n'avait pas été sa plus brillante idée.
parce qu'un frère déjà bien insistant à se tailler une place dans sa vie le devenait plus encore dès qu'un bobo faisait son apparition et il s'était senti positivement misérable d'avoir menti. et, il s'est dit que, pour une fois, il pourrait céder.

freddie lui avait donc proposé de regarder un film, sans savoir dans quoi il s'embarquait.
surtout vu la tête scandalisée de son aîné quand il avait osé lui admettre qu'il ne connaissait pour ainsi dire, aucun des classiques hivernaux qui pullulaient sur les chaînes lors du mois de décembre.
la nuit promettait d'être longue et enrichissante quant à sa culture cinématographique inexistante.

bien emmitouflé dans sa couverture, trop frileux pour s'en départir malgré le pull de laine qu'il porte, il l'observe s'affairer avec les préparatifs de la soirée sans être d'une grande aide.
de toute façon, dès qu'il ouvre la bouche, il n'a pas le temps de piper mot ou de proposer un coup de main qu'il se fait interrompre.
ça lui fait drôle, cet instant à deux, entre les quatre murs d'une chambre si impersonnelle qu'il en devient self-conscious.
il aurait dû faire un effort avant de l'inviter et poser quelques lumières pour rendre l'espace moins... vide. mais pryam a l'air heureux d'être ici, alors il se dit que ce n'est probablement pas si grave que cela.
peut-être que ce n'était pas une si mauvaise chose, au fond, de profiter du temps des fêtes pour ce qu'il est vraiment ; un moment à passer en famille.

it's the most wonderful time of the year