C’est toujours un peu les mêmes pentes. Elle a eut le temps de tester tous les terrains Crush. Elle devrait savoir comment prendre les virages, comment esquiver les gens, à force. Elle continue de se casser la gueule pourtant. Elle a eviter le pire avec ses protections de bébés. Casque, coudière, genouillère. Elle a rien a envié a Barbie roller. Les siennes sont roses aussi. Alors pas d’quoi être jalouse. Mais malgrés tout l’attiraille. C’est une gamelle qui coûte cher. Le dos un peu en compote on longe les murs de l’hopitale pour pas se faire repérer. Faudrait pas se faire chopper par la daronne. Sinon elle va encore se faire sermonner. Ou pire, elle va se foutre de sa gueule. Avant de repartir, coup de vent. Toujours. Parce que c’est tout ce qu’on a le droit d’avoir en étant ici. Mais c’est mieux que rien. C’est déjà tout. Seulement, pas aujourd'hui les réprimandes ou le rire caché, Crush n’est pas d’humeur. Fouillant dans deux trois tiroires et attrapant le nécessaire, elle se fait ninja niveau douze mille pour pas qu’on l'aperçoive. Loupé.

« Oh god Felix t’m’as fait peur, j’ai cru c'était la mère MacNeil. »

Ca va si c’est toi Felix. Ca va toujours quand c’est toi.

L’académie, c’est la maison. L’hopitale, encore plus. C’est peut être en parti à cause du temps qu’on y passe. Peut être un peu aussi, parce qu’on y a vécu nos premières heures. C’est surtout parce qu’il y règne une ambiance familière. Une empreinte de nous, qu’on laisse chacun son tour. Il y a le cassier de sa mère, un peu plus loin. La blouse accroché quelque part, à un porte manteau. Ici, c’est la proximité qu’on a pas le droit d’avoir. Les limites qu’on a pas le droit de franchir. Alors on s’approche tout au bord. Le plus qu’on peut. T’as beau ne pas l’avouer. T’aime bien quand c’est elle qui te répare. Les doigts qu’elle glissent, un seconde dans tes cheveux, avant de repartir ailleurs.

Quand tu repères l'état de ton confrère( con de frère), ca passe tout seul les lèvres. Ca explose dans ta bouche. Un rire qui vaut dix milles commentaires. Finalement. C’est toi qui te moque. On se moque ensemble. De l’un, de l’autre. Ca marche comme ça. Pas autrement. On constates les bleus. On rajoute des pansement quand ca saigne un peu.

« Tu devrais essayer une petite blouse étou, au calme. J’suis sur tu serais sexy. »

Autant qu’avec tes trucs dans le pif là. Sauvage et tout. Ca doit plaire à Aglaé.

« Mais nan mais c’est la merde en ville, avec noël et tout il y a du passage PARTOUT. Impossible de se bouger tranquille. Du coup forcément quand tu prends ta pentes et que tu dois esquiver un mec AVEC DOUZE MILLES PUTAIN DE SACS qui passe par là, ca s’passe moins bien. »

Trouve toi des excuses Crush. T’es naze, c’tout. En rollers ou en squatte, dans tous les cas, Ana s’fou d’ta gueule.

Tu cherches la bagarre felix ? Fait gaffe. Elle te met un coup de pied sauté latérale trois quart arrière dans la face quand tu veux. Même pas peur. Mais peut être qu’au fond, t’as pas tord. Peut être que c’est un danger Crush. Partout ou elle passe, c’est dévastateur. Mais avec toi, ça compte pas. Avec toi, ça marche pas comme ça. Avec toi, y’a aucun danger. Pas d’risque qu’elle te blesse. Elle a promis juré ce jours la. De jamais t’abimer. Seulement te réparer.

«Y’en a qu’on de ces idées j’te jure. Fais quand même gaffe à toi FEEEEELIX. »

Une tape sur l’épaule. Bim. Mais ce coup là, il risque pas de t’ajouter un bleu de plus.
On fini les emplettes dans les tiroirs maintenant qu’on sait la zone sécurisée. Pas d’autre MacNeil à l’horizon. Que vous deux. Elle te vois pas enfiler la blouse, alors forcément, quand elle se retourne, qu’elle te vois comme ça. Avec la pause qui va avec. Parce que nous on fait jamais les choses à moitié. Ca rigole. Encore. A croire qu'on sait faire que ça, quand on est tout les deux.

Elle applaudit, de cette applaudissement lent, celui qui s’avoue vaincu. C’bien toi le plus fort Felix.

« C’toi le plus beau, j’m’incline. Direct j’y crois, direct hop là, on est dans l’personnage. Je te veux dans le prochain film avec virus qui risque de détruire la terre. Stp. »

Elle se rapproche un peu, parce que la distance entre vous, ça a pas de sens. Elle regarde un peu mieux. Elle joue les MacNeil plus âgé, un peu.

« Bon, c’est pas trop grave quand même les fissures aujourd’hui ? Ca va on t’as bien retapé ? Sinon j’appelle le service pour qu’on vienne s’occuper mieux que ça de docteur Felix. T’es quand même une personne de marque dans cet hopital. Avoir trouvé le vaccin contre le cancer, c’pas rien. »

La main sur le front, fait bouger ta tête comme si on avait encore septs ans. On vérifie que tout fonctionne bien, avant de reprendre ce qu’on a stocker, pour nos blessures a nous.

Un jour, on fera plus qu’un. C’est sur Felix.  Un jour, on aura tant terminé les phrases de l’autre, que ce sera de la télépathie. C’est certain. On peut s’inventer les scénarios qu’on  veut. On peut voir plus loin que la vie elle même. On peut refaire le monde, en redéfinir les couleurs. Ensemble, il sera toujours beau. On enchaîne les gestes, tour à tour, les attentions remplis d’une délicatesse amplifié quand on est cote à cote. Quand c’est son tour de passer sous tes yeux d’expert, elle se fait sage.

Elle connait que la médecine du cœur Crush. Et peut être qu’elle opère jamais de la bonne façon. Elle continue à s’appliquer, pourtant. Précision qu’elle voudrait chirurgicale. Parfois, souvent, il y a plus de blessures après son passage.

Elle relève un peu son t-shirt, découvre la griffure qui lui part du bas du dos, pour remonter jusqu'à ses côtes. Elle s’est pas loupé.

« Je ne voulais offenser Docteur Félix. PAAAARDON... Tu trouves pas on dirait j’me suis battue avec un ours ? Si Ana te demande. Tu dis que c’est un Ours. D’accord ? »

C’est plus classe d’imaginer une grosse bataille.

Penché sur elle, la blouse sur les épaules. On notifie la petite plaque. Et le sourire s’étire.

« Docteur MacNeil…. »

C’est pas vraiment un docteur sa mère. Toi non plus, t’en es pas vraiment un.
Mais ce prénom là, apposé juste à côté de leurs noms. C’est jolie.

« Felix MacNeil.... Ca t’irait bien. »

De toute façon, t’es déja un MacNeil Félix, même si y’a pas les mêmes lettres dans le nom de famille. T’es un MacNeil. Depuis le premier jour ou t’as posé les pieds ici.

« C’fourbe un grizzli. On sait jamais a quoi ça pense et tout. »
C’est vrai que t’en a beaucoup croisé Crush.

On rigole de tout Felix. On pourrait même rire de chose triste, elle en est sur. Mais c’est rarement triste, quand on est ensemble.

On est un famille un peu étrange. Il y a pas de nouvelle photo de famille a coller sur le frigo, juste au dessus des dessins maladroits d’une petite Victoire de cinq ans qui n’a plus jamais laissé ses tracés sur des feuilles depuis. On a laissé un peu tout en pause. Par obligation. Mais on s’en sort pas mal Felix, tu trouves pas ? Comme famille, on a vu pire. Elle a pas à se plaindre. On a pas le droit a grand chose. Mais on a le droit de s’aimer. Faut juste pas le dire. Faut pas que ca se voit. Ca ferait des ennuies aux grands MacNeil. Et ca Crush, elle ne veut pas.

Mais on a pas ce souci là ensemble Felix. Toi elle peut crier à la terre entière que si on te touche, elle fait un massacre à la petite cuillère. Elle a pas honte, de dire qu’elle t’aime. C’est pas montrer qu’elle est faible. C’est montrer qu’avec toi, elle est forte.

Ca fait combien d’année Felix ? On pourrait compter. Ca aurait pas plus de sens. Parce que dans sa tête, elle pourrait dire que t’es la depuis le debut. Même si c’est pas vrai. C’est tout comme. Dans sa tête. Dans son coeur. T’as toujours été là. T’es plus un frère qu’un cousin Felix. C’est peut etre pour ça, que le vide qu’ils ont créer entre ses parents et elle n’est pas si douloureux. T’es là. Et t’es un MacNeil. Elle le sait. On a eut tout le temps de le prouver.

Maman, papa, ont les même gestes discret, pour elle, pour toi.
Ces gestes qui te troublent, encore un peu. Ces gestes qui brisent un peu l’armure que t’avais en arrivant. Elle le voit bien. Elle est heureuse Crush. Qu’on est plus besoin de te compter dans les calcules. Par evidence.

« Ouais et puis des bailles à la Game of throne, fait mieux éviter. Après y’a des meurtres tout ça. Ca craint un peu. »

Elle a le corps qui se tord un peu, quand tu te fais docteur improvisé ( peut importe le nom). Faudrait qu’elle fasse plus attention Crush. Mais elle a pas envie. Crush, les barrières, ça lui va pas. Crush les limites, elle connait pas. Il y en a deja trop comme ça, qu’on peut pas tordre. Alors les autres, on se gêne pas.

« Pas b’soin de l'écrire au pire. On sait déjà qu’s’est ton vrai nom. »

Tant qu’on le sait nous. Les autres on s’en fou. De toute, ça a toujours été un peu comme ça. Les autres, c’est pas pareils. Les autres, c’est les autres. Et puis y’a nous. Avec nos vies en parallèles, qui finissent toujours par se croiser. Comme un retour à la maison.

Non Felix, c’est pas la qu’on le verra le mieux. La ou on ça se le voit mieux,c’est invisible. C’est bien caché derrière les côtes. Un peu comme un secret qu’on chercherait pas vraiment à dissimuler. C’est la et tout le monde le sait. Ca se voit pas pourtant, au premier coup d’oeil.

« Ca c’est parce que si tu faisais des rendu aussi fascinants que les miens, tu les signerais ! »

Elle se moque doucement Victoire, des notes et du comportement. Parce que tu peux bien avoir celui que tu veux. Elle s’en moque. Tu peux bien avoir celui que tu veux. Ca change rien. On a peut être pas prit le même chemin, on avance toujours ensemble. Ca peut pas etre autrement.

« J'écris de belles histoires. »

C’est ajouté, les yeux un peu dans le vague. Le regard un peu fière, tout de même. Comme pour se rassurer. Un peu.  Des fois, pas que dans les long textes d'écriture inventés. Elle en écrit de jolie. Des qui font pas pleurer les yeux une fois que c’est fini. Des toutes simples. Des qui font que les choses vont mieux. T’es pas quelqu’un de mauvais, malgré toutes les conneries que tu fais Felix. C’est pas une mauvaise personne non plus pas vrai ? Même si elle blesse un peu, a ne pas penser comme les autres. C’est pas une mauvaise personne Felix. Pas vrai ?
Pas vrai.

« Yes ! J’ai même gagné plus 12 en points de vie. Allez, on s’casse avant d'être prit à piquer dans la pharmacie ! »

Elle baisse le t-shirt comme pour chasser les idées. Les envoyer au loin, comme elle sait bien le faire. On a pas besoin de s’occuper du reste. Comme ça c’est très bien. Pas besoin de plus. C’est bon. Elle est guérie. Un bisous magique de maman aurait pas mieux marché. Comme un reflex agé de dix ans d’age, elle attrape ta main pour t’embarquer au loin. On s’en va Felix. On s’en va tout les deux. Sans savoir ou. Juste, quelque part. A deux.