Il s’agissait de l’une de ces heures de retenu qui rythmaient tes journées chaotiques.

Une sentence pourtant bien méritée, conséquence logique de ces manœuvres douteuses qui occupent ton temps libre ; malgré cela, tu refuses de te résoudre à simplement subir des punitions qui ne changeront jamais les traits de personnalité qui te façonnent.
Ce n’est qu’une perte de temps. Pour toi, et pour le surveillant qui se tient devant la porte verrouillée qui te sépare encore de cet emprisonnement contrariant. Tu le sens à travers ses prunelles rayonnant d’hostilité que seul son sens aigu du devoir l’a conduit à supporter ta présence – oh bien sûr, le plaisir est partagé.

Un besoin de liberté urgente ainsi que d’insolence alimentent ton esprit en cet instant.

Ton surveillant semble farfouiller dans sa serviette pour dénicher le précieux trousseau de clés qui vous permettrait d’avoir accès à cette prison ; un sourire mauvais se peint sur ton visage tandis que tu profites de son inattention pour te faufiler derrière lui et prendre la poudre d’escampette.
Tu t’élances discrètement dans les couloirs, descendant deux par deux les marches des étages ; sa silhouette disparaît de ton champ de vision, bien que tu entendes le bruit de ses pas, et tu décides de t’introduire sans vergogne dans l’ombre de la première personne que tu croises – tu disparais alors. Ta seule porte de sortie pour échapper à ton malfaiteur.

Les minutes passent et tu reconnais alors la verdure des grands parcs.
Et tu commences à fatiguer.

Brusquement tu t’extirpes des ténèbres pour atterrir devant ton cher messie, essoufflé. Les deux mains ardemment agrippées sur tes fines cuisses, tu redresses ton regard mi-clos en direction du visage de ton sauveur involontaire ; au premier abord, la teinte rosée te fait d’abord rater un battement – oh oui, tu associes si vite cette détestable couleur au détestable Matisse ; toutefois ton humeur s’attendrit à la vue d’une jeune demoiselle.
Un visage inconnu.

— ‘Scuse. Genre vraiment, désolé.

Le souffle retrouve sa cadence habituelle, dans l’urgence de t’expliquer.

— J’sais que ça a l’air super flippant mais désolé : en fait tu m’as tiré d’un mauvais pas sans le vouloir haha. Même si j'suis sûr qu'il va sûrement rappliquer ou un élève responsable.

Un soupir, accompagné d'un coup d'oeil derrière toi. Il n'est pas là.
En réalité tu comprendrais si elle refusait de croire à ta petite histoire.
Néanmoins, tu cherches sincèrement à lui adresser le fond de ta pensée, glissant tes bras à l’arrière de ta nuque et arborant un gigantesque sourire.

— J’espère que j’t’ai pas trop brusquée. Et même si t'as rien demandé, merci infiniment haha !

De toute manière, les bonnes manières n’ont jamais été ta tasse de thé.