Under your skin, wherever you go •• Judas

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Under your skin, wherever you go

T’es qui Merlin.
T’es quoi.
Range toi.
Fait des choix.
Bouge toi.
Reste pas planté la.

Au milieu des deux portes. Sans savoir si il doit aller à gauche ou à droite.C’est un garçon Merlin. Sauf qu’aujourd’hui ça se voit pas. T’es un garçon. Il se le repete en boucle. Pour pas oublier. Il veut pas la perdre cette info là. Il y a que ça qui reste, comme certitude, alors on s’y accroche, comme on peut. Malgré le corps féminin, malgrés les cheveux de Maxine en cascade sur ses épaules. Malgrés la poitrine qu’il ne regardes pas. Il a tout d’elle. Mais pas sa façon de s’en foutre. Il sait bien qu’elle s’en moque. Que la situation la fait rire. Lui il rigoles pas. Quand il pense aux regards, aux murmures. Il se fige. Ca fait dix bonne minute qu’il est là. Sans savoir quel porte prendre. Parce que la vie de Merlin, c’est aussi ça. Jamais savoir. Ou se situer. Comprendre les choix qu’on attend de lui. A quel moment il va se tromper.

Alors lorsque la porte des garçons s’ouvre, laissant une volé de gars sortir des toilettes. Il prononce. Doucement. Pour que l’on ne le notifie pas. “ Pardon”. Pardon pour ce qu’il va faire. Et il prie, pour qu’ils ne remarques pas l’apparence changé, pour l’un des leurs. Il retient son souffle lorsqu'il se glisse, longe le mur pour entrer enfin dans cet espace là.

Pourquoi, pourquoi touts les choses simples deviennent compliqué. Pourquoi, pourquoi il a pas simplement le droit d’exister. Pourquoi, pourquoi on se heurte si facilement aux autres. Alors qu’on fait attention, au moindre mot, au moindre pas. Il y a eut ce visage qui se tourne, se visage en double. Les yeux dans les siens. Ca a bousculé le miroir contre le mur.

Qu’est ce que tu fou.
Tu crois allez ou comme ça.
T’imagines mec, il va aller se tripoter dans les chiottes avec ta teub.
Ca se trouve c’est son kiff.
Tain il fou la gerbe.

Toujours, toujours on se fracasse sur la vie des autres.
Toujours, toujours on dérange.
Toujours, toujours, malgré les efforts.
Toujours, toujours.
Être personne.
Être en trop.
Jamais comme il faut.

Il ferme les yeux Merlin. Pour que ça passe plus vite. Il ferme les yeux. Pour avoir moins mal. Il ferme les yeux d’un autre, prés à démolir son propre visage.

Alors lorsqu’il entend une voix qui s'élève. On ose regarder ce qui se passe, de nouveau. Les corps qui partent, sans qu’on n’ait comprit l’exactitude de la scène. Le dos bloqué contre le mur. La peur niché dans l'estomac. La culpabilité, sur les épaules. Parce qu’on ne peut blâmer personne d’autre que soit. On tombe. On tombe parce qu’on a beau dire le contraire. On ne s’y habitue pas.
Jamais.

merlin et judas
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Merlin

Judas

Traîne des pieds Judas au milieu des visages familiers des « potes ». Potes, un terme un peu étrange, un mot pour désigner des amis sans plus, une affection minime. C’était étrange pour ça les relations humaines, on traîne en bande pour la commodité de la chose sans avoir réellement d’attache et d’atome crochu au fond. On arpente en groupe les couloirs alors que les cœurs sont tous solitaires et qu’aucun esprit de camaraderie ne l’est relit. C’était étrange pour ça. C’était lassant pour ça. Judas qui préfère de loin la solitude à un groupe sans saveur, Judas qui pourtant se contraint à arpenter les allées avec eux parce qu’il faut bien faire comme cela.

Alors si le corps fonctionne on a choisi de laisser l’esprit vagabonder ailleurs. On laisse le visage d’Oxana embrumer l’esprit, ça met de meilleure humeur. Main dans les poches il laisse les images capturées de ses sourires étirer ses lèvres. C’est bien, ça fait croire qu’on en a quelque chose à foutre des discussions autour alors qu’on n’entend rien. C’est bien, ça permet de se focaliser sur quelque chose d’agréable. On délaisse le groupe pour se laisser le loisir d’aller poser sa pêche, enfin seule. C’était terrible, les jours de cours, de ne pouvoir profiter de son intimité que pour aller chier. A croire qu’il devait bien être le seul à aimer être entouré mais pas trop. Quitte la forteresse de solitude pour aller se laver les mains, retient une expression dégouté en voyant que deux de ses camarades ne juge pas utile d’aller se désinfecter après avoir uriner. Tous des porcs, pense-t-il dans un grognement. Incorrigible, ce n’est pourtant pas compliquer de se frotter les mains quand plusieurs fois par semaine ou s’astique le cocotier. Tous des porcs… Des cours d’hygiène ne ferait pas de mal à certain.

Alors on garde soigneusement les mains dans les poches, on se tient à une légère mais bonne distance des deux crades qui parlent bien trop fort à son goût Judas. L’envie de vite retourner au pays des songes, de retrouver l’image d’Oxana et de se couper du monde et de leur manière de rustre sans éducation. On réagit à peine à ton pardon quand tu t’avances, faut qu’on nous donne un coup de coude pour qu’on lève la tête avec un regard désagréable alors que les insultes à ton encontre fuse. Et on te voit… Ou plutôt on se voit. Les yeux fermé, souffrant, et ça fait quelque chose. Reflet désagréable, acide, dégoutant. On se voit faible du haut de notre mètre quatre-vingt-dix. Et ça fait quelque chose. Frustration. Culpabilité. Honte. Et ça résonne dans l’arrière du crâne…

Putain tu fais vraiment pitié Judas.

« Et toi connard tu crois que tu l’as fou pas ? »

C’est dit sans agressivité. Presque normal. Qu’est-ce qu’on branle putain ?

« T’as que ça à faire de penser à ta teub ? Elle est tellement inexistante que tu fais une fixette sur celle des autres ? Quand on a l’hygiène et l’éducation d’un porc on a pas tellement de leçon à donner. »

Heureusement qu’on domine tout le monde d’une tête. On se serait fait achever sinon.

« Cassez-vous. »

L’espace d’une seconde, y a le doute, la peur que le groupe prenne le pas sur le reste. Mais finalement ça tourne des talons en grognant et lui il soupire de soulagement.

« Est-ce que ça va ? »

HYE RI

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Est ce que ça va?

Il croit. Il est pas sur. Il croit. Ca pourrait être pire. Ca peut toujours être pire. Alors pourquoi on chiale. Pourquoi on rabats les jambes contre son torse, pourquoi on se courbe pour que t’aperçoives pas ton visage. On a pas envie de ça. Pas envie d’y voir une réaction qu’on connaît bien, dans toute cette palette d’expression qu’on connaît, avec le temps. Souvent en premier, y’a le rejet. Le dégoût. Rarement du positif. Il sait pas comment tu vas réagir toi, toi qu’a pourtant chassé les autres. Toi qui faisait pourtant parmi de ces êtres la, qui crache les moqueries. On cache. Pour pas avoir plus honte. Pour pas perdre un peu plus la face.

On hoche simplement la tête pour te répondre. On est capable que de ça.

Il y a ton corps trop grand, dans lequel on se sent pas à l’aise. Trop grand. Trop fort. Pas à sa taille. Il y a toi, debout, qui le fixe de vos grands yeux. Tes mains toujours dans tes poches. Les siennes qui essuies les perles logé au coins des yeux. Il ne faut pas grand chose pour le bousculer Merlin. Et ca peut importe l’allure que l’on aborde. Un mot de travers. Et on se retrouve porter par les mêmes vagues. Celles qui nous emmènes au large, alors qu’on essaie de garder le cap.

Il connait rien de toi. Il sait pas quoi dire. Garder le silence au quotidien, ca perds les mots au fond du coeur. On sait plus comment les poser. Comment les prononcer. On a fait des efforts avec Elliot pourtant pour réussir à les laisser s'évader. On parle plus. C’est encore maladroit. Alors qu’est ce qu’il devrait te dire à toi.

« Désolé »

On devrait dire Merci. Mais a celui la, on est plus habitué. Si bien qu’on le prononce par défaut.

« Tu devrais aller les retrouver... »

Pas rester là, avec lui, face à un portrait de toi que t’es pas pres a voir. Lorsque c’est Merlin qui pilote les corps, on perd toujours en qualité.

« J’voulais pas… Prendre ton apparence. J’suis désolé. J'peux pas changer pour le moment... »

Désolé de pas avoir demander. Désolé de pas avoir eut d’autre choix. Désolé de t’imposer ça à toi. Il savait pas comment faire. Il est perdu quand Phi et Elliot ne sont pas là. Il y a pas de filer de secours. Personne pour assumer à sa place. Incapable d’agir lorsqu’il est seul. Enfant dans des corps aux allures de géant. Peut importe la taille. Toujours gêné dans ses mouvements.

On veut pas croiser tes yeux. Pourtant, on s’expose à la vu de tous, pitoyable, dans ce couloir.

merlin et judas
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Merlin

Judas

C’était donc ça. Une étrange sensation que de se voir émotif, d’observer de l’extérieur les traits du visage s’affaisser, les larmes couler. C’était donc à cela qu’on ressemblait quand on pleurait. Pas touché, Judas, pas compatissant en cet instant. En vérité on ne ressent qu’un profond dégoût pour cette vision. Pas pour toi, Merlin, mais pour l’effet que ça fait de se voir dans cet état. Une profonde gêne de se voir aussi faible, aussi pathétique. A vrai dire on refuse de se pardonner cet état. Si c’est aussi laid mieux valait ne jamais pleurer, ne jamais tomber. Si c’est aussi fragile, alors autant de ne jamais s’autoriser la faiblesse. Judas dérangé, dérangé de se voir comme cela. Encore une fois ce n’est pas toi, on a le mauvais réflexe de te déposséder de son apparence, de ne voir que le reflet immonde d’un grand garçon qu’il ne voudra jamais être. Car on se demande comment surpasser Zephyr avec ce visage trempé, comment soutenir Isis avec ce corps semblant si frêle, comment être digne d’Oxana avec cette expression si pathétique sur le visage. On ne veut pas Merlin, on ne veut jamais ressembler à ça. Il ne le faut pas, on le ne peut pas. Normal que Juno nous repousse si c’est comme ça qu’elle nous regarde, normal qu’elle ne nous voit pas comme un ami fiable si l’on ressemble autant à un gamin. Déteste ce qu’il voit, Judas. Mais ne te déteste pas toi Merlin.

« Non t’excuse pas. T’as pas le choix, je me trompe ? »

On avait entendu des rumeurs, tu sais ? Des rumeurs à propos d’un gars, d’une fille, on ne savait plus très bien. On disait que cette entité n’avait pas de forme à cause de son alice, qu’il prenait l’apparence des gens, tout le temps. Cette entité c’était toi, n’est-ce pas ? T’étais bien réel, t’étais pas seulement une rumeur, t’avais un cœur, une âme, une identité propre derrière le masque, n’est-ce pas ?

« T’es… La personne avec l’alice qui prend l’apparence des gens, c’est ça ? Alors si c’est ça t’as pas t’excuser, t’as pas choisi d’être là, c’est pas de ta faute, tu n’y peut rien. »

Personne n’a choisi d’être là, tu sais ? La plupart des gens ont oublié qu’on nous avait imposé la responsabilité du don à la naissance. Comme on ne connaît que ça, on oublie qu’on est l'exception de base, on oublie que l’alice est parfois un handicape avec lequel il faut vivre. Y en a qui adopte leur don, y en a qui le subisse. Moi j’ai choisi de l’adopter pour ne pas flancher, pour être utile, mais toi tu ne peux pas n’est-ce pas ? Alors ce n'est pas grave, ce n'est pas de ta faute Merlin.

Un peu gêné, Judas, se gratte l’arrière du crâne en détournant le regard.

« Fait ce que t’as à faire… Je me doute que c’est aussi gênant pour toi que pour moi alors… Bon. »

On hésite. Toujours le regard qui fixe le lavabo.

« C’est peut être un peu cavalier, mais tu ne devrais pas te laisser faire. T’as de compte à rendre à personne, tu ne devrais pas laisser ton alice t’empêcher de vivre. On ne devrait pas subir nos alices. »

HYE RI

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On sait plus trop Judas. Si il y a quelqu’un derrière tout ca. Si on a pas oublié de mettre quelqu’un au commande, tellement on laisse le pilote automatique agir pour nous. Tellement on s’efface. Chaque jour on oublis un peu plus, malgré les collages, malgré les dessins. On oublie à quoi on devrait ressembler. Physiquement. Et ça détruit tout le mentale. On a du mal à trouver des passions, trop occupé à faire attention, aux autres, plus qu'à nous même. On pleure, pour tout, pour rien. Comme débordant de vide.

C’est lui.
Lui qui se cache derrière les visages.
Lui l’ombre, frôlant les murs et les gens.
Ce reflet qu’on ne veut pas croiser dans un couloir.

On a pas le choix. On l’a jamais eut. Comme beaucoup d’autre. Personne ne nous a laissé choisir. Il y a pas de fautif. Juste des abîmés. On sait qu’on est pas le plus malheureux dans l’histoire. Pas le moins chanceux. La listes des gamins brisés, on sait qu’elle est longue. Bien trop. Est ce qu’on a vraiment le droit d’en faire parti, nous aussi ? Est ce qu’on ne se plait pas, dans ce malheur, à appeler ça malédiction. Cette phobie des autres. S’interdir de vouloir approcher ceux que l’on croise, ceux dont on effleure la vie, pour ne pas les décevoir. Comme maman.
Peut être que le corps et l’esprit on arrété de grandir ce jour là. On est resté le gamin apeuré, le gamin qui n’a pas compris, le rejeté. Ce gamin qu’on a empêché de vivre. Qu’on a déchiré sur les photos. Qu’on a supprimé des souvenirs, en un revers de main. Le gamin qu’avait rien demandé. Le gamin qui voulait juste une place quelque part. Celui qu’on a rayé des vies, et qui a fini par ne plus avoir la sienne.

Il a pas voulu Merlin. Devenir tout ce qu’elle a toujours détesté. Il aurait voulu rester au creux des bras. Bordé par cet amour maternel qui allait être bien vite, coupé à grand coup de ciseaux.

Il a volé son identité, elle a supprimé la sienne.
Le temps s’est arrêté sous les pluies d’avril.

Bagage en main, sans aucun mode d’emploi. On a pas comprit comment faire, pour grandir, au milieu d’autre, marchant bien plus droit que nous. C’est peut être pour ça qu’on s’engouffre dans le moindre témoignage d’affection. Que l’on se raccroche à ces bribes d’amour que l’on peut recevoir. Bulle d’air. Dans ces profondeurs de reproche que l’on se fait à nous même depuis ce jour.

Tu fais du bien Judas. Quand tu prononces ces mots là
On est gêné, autant que toi. Pourtant, c’est comme un baume sur le coeur.

Il se dépêche Merlin, pour ne pas laisser le malaise proliférer dans la pièce.
Il réponds, alors que la tête se baisse sur le lavabo, que les mains s’engouffrent dans l’eau. Esprit un peu brumeux.

« Vivre, quand on est personne, j’ai pas encore trouvé comment on fait. »
Il se tient enfin devant toi Judas. De toute ta hauteur. Immobile. Les yeux encore rougis, pour seul différence.
Est ce qu’il peut vraiment faire autrement Judas? il a jamais trouvé d’autre voie que celle qu’il emprunte, jour après jour.

« Est ce que je peux te proposer un chocolat ? Si tu veux. Ou un truc a manger. Il y aura surement du monde au réfectoire. Je te rendrais ton apparence à ce moment là. »

Il a un peu d’argent Merlin. Et même si ça semble ridicule, on a besoin de te remercier, comme on peut. On a trop de mal avec les mots. Alors on fait autrement.

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Merlin

Judas

« Oh, t’en fais pas, j’ai pas vraiment trouvé non plus. »

La vérité à la l’état brute, glisse entre ses lèvres sans aucun filtre. Ça t’étonnes peut-être, on a de l’honneur mais pas de respect pour soi-même. On s’est plongée dans les ombres, dans un rôle étouffant et discret. Petite main en coulisse, Merlin, t’as pas idée. Marcher avec précision sur les fils pour ne pas trop briller, pour ne pas trop en faire mais assez tout de même. Devenu le double, l’ombre du frère, un nom de famille plus qu’un prénom propre, une fonction plus qu’une personne. On s’y était plu et épanouie, Merlin, ça devait être comme ça et pas autrement. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’on avait commencé à ressentir l’envie d’être quelqu’un, d’être un nom, un visage, une personnalité. L’enfance unifie, la suite émancipe. Mais c’était dur d’apprendre à vivre autrement. C’était dur de tromper les mauvaises habitudes de l’enfance, mais ça tu le sais non ? Pourtant on essaye, on fait des progrès. On a appris à se faire reconnaître par l’alice, par les différences qu’on a avec Zephyr. Tu sais, Merlin, c’est arrivé un peu malgré nous. Ça t’arrivera aussi peut-être un peu malgré toi. On te le souhaite tout du moins.

« Mais t’sais dans un sens t’existe aussi par toi-même. Tu prends l’apparence des gens, pas leur personnalité. Là t’as ma tronche, mais tu restes toi à l’intérieur. »

Et on a même envie d’ajouter.

« Du coup, on est pas si ressemblant que ça en vrai. »

Pardon, Merlin, on est maladroit. Les mots sonnent peut-être un peu brutaux mais le message est pourtant doux. On veut te dire que malgré l’alice y a quelqu’un dont on reconnaît l’existence, dont on reconnait la légitimité aussi. On ne se connaît pas pourtant, c’est peut-être un peu mal venu venant d’un étranger, mais c’est un message qu’on souhaiterait te faire passer. Un léger sourire, Judas, on veut te montrer notre bonne foi.

« Un chocolat c’est pas mal ouais. Mais laisse je t’avance. Pour excuser les autres débiles. Ils sont pas méchants tu sais, juste un peu con parfois. »

Juste un peu promis.

« Et… Tu peux garder ma tronche si tu veux. Je m’avance peut-être mais t’as l’air d’être réglo et plutôt respectueux, puis personne ne te fera chier comme ça. Au pire tu tombera sur mon frangin qui te fera une blague de cul ou une amie qui t’engueulera sûrement pour une raison inconnue. T’en fais pas c’est rien d’insurmontable. »

HYE RI

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Toi aussi t’essaie d'être quelqu’un Judas ?
Toi aussi tu voudrais bien, qu’on te vois pour toi ?
Ne plus rester une ombre ?
Réussir à comprendre, enfin, le sens de ce nom, sur les papiers d’identité.

On comprend pas pourquoi tu sonnes pas comme les autres. Pourquoi tu tapes justes, dans tous les mots que t’emplois. On se sent fasciné par ce que tu dégages. Par l’adresse de tes mots à atteindre son coeur. On a entendu les discours. Les théories. Jamais on a réussi à les appliquer. Jamais on y a cru, vraiment. Parce qu’on sait qu’on est l’erreur dans l’équation.

Vous êtes pas si ressemblant Judas, c’est vrai. Toi t’es beaucoup plus fort.
Il est pas toi, ça fait pas un pli.
Il est pas toi. Mais il a pas encore trouvé qui il est lui.
Il est que de passage, il fait qu’emprunter, ces allures de vous.
Reflet déformé.
« Une version loupé. »

C’est prononcé si bas qu’on est pas sur que tu ais entendu. On a sûrement dit ça pour nous. Comme pour se rappeler qu’on doit pas oublié ce qui compose la vérité. Cette vérité qui dérange, ce qui n’a jamais été détrôné. Celle qui s'oppose à la tienne. Celle ou c’est pas si simple qu’il n’y paraît.

« C’est pas grave. T’as pas à t’excuser pour eux... vraiment. »

Ca fait parti des journées. C’est pas grave, on a l’habitude. C’est pas grave, parce que c’est surtout notre faute à nous. On avait qu'à pas être là. A ce moment là. On avait qu'à pas être là, tout court.

Tu sais Judas, tu devrais pas lui faire confiance comme ça. Tu devrais pas lui laisser les clefs. Autorisé l'accès. Il a pas peur. Il a l’habitude qu’on lui raconte des choses alors que ca lui est pas destiné. Il a l’habitude aussi, de se faire engueuler pour d’autres. Ce qui lui fait peur Judas. C’est la dépendance. Sur ce point là, on commence à voir comment on fonctionne. Ca marche toujours de la même façon. Parce qu’on se raccroche trop à ça. Au fait d’avoir le droit. On finit par chercher les silhouettes dans la foule, pour s’y cacher. S’y sentir en sécurité. T’as pas signé pour ça.

« Au réfectoire pour Noel, ils ont un chocolat aux épices. Avec de la chantilly. Ca coute un peu cher, alors vraiment je peux payer. C’est mon chocolat préféré. »

Il dit ça alors qu’il baisse un peu la tête Merlin, qu’il s’avance vers la porte pour partir avec toi. Il a toujours aimé les chocolats, surtout quand sa mère lui en faisait. C’est une des choses qu’il pourra t’assurer aimer. Ca et ce petit univers dans lequel on le laisse gravité.
Quand tu as ces allures là Judas. C’est toi le gars réglo, respectueux. Ca aussi, aujourd’hui, il pourrait l’ajouter aux choses qu’il apprécie.

merlin et judas
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Merlin

Judas

Les insultes que tu tiens envers toi-même on ne les a pas entendus, Merlin. Merlin discret, Merlin qui sait parler tout bas. La dureté et la force des mots qu’on peut avoir pour soi. L’art du dénigrement ça aussi on connaît bien, c’est une pratique obligatoire quand on s’entête dans un rôle de second. Faut savoir rester humble, étouffer sa fierté, la malmener pour marcher droit. Les mots qui tranchent, la dureté du regard face au miroir. Ouais, c’est obligatoire, Merlin.

On se demande où est passé ta rage, tu sais ? Tu insultes ton reflet mais pas les gens qui le critique. Tu pourrais, pourtant. Eux, ils ont eu tort, tu sais. Eux, ils ont eu tout faut. Rien ne justifie l’insulte, rien ne justifie la méchanceté. Judas qui ne supporte pas l'imbécillité des gens en groupe, Judas qui ne supporte d’être relié de près ou de loin à la bassesse des meutes. C’était facile de s’en prendre à toi et en ça on ne veut que tu l’acceptes. Pourtant t’as l’air de balayer l’incident d’un revers de la main, comme-ci c’était là ton quotidien. Pourtant t’as pleuré, Merlin. Est-ce que ça aussi c’était quotidien ?

Un regard vers toi et on se demande comment tu fonctionnes, quelle est l’image que tu te renvois, comment tu l’analyse, comment tu l’accepte. Judas il n’est pas psy, tu sais, il n’a jamais été bon pour ça. Mais Judas sait reconnaître quand on fait passer la haine qu’on a pour soit avant l’amour qu’on devrait avoir.

« C’était inexcusable de leur part. C’est pas des mauvais gars, mais n’empêche, t’avais pas à subir ça. Alors pardon pour eux. »

On s’entête, Merlin. Tu sais, Isis et Oxana te dirait pareil.

Tu proposes une boisson chère, t’insiste pour payer et on se demande bien pourquoi. C’est pourtant toi qui vient d’être secoué, Merlin. La politesse voudrait que ce soit nous qui soyons dans le rôle du servant. T’as t’on dit qu’on était entêté ?

« Laisse, laisse, ça me fait plaisir. J’espère que y aura des biscuits. »

Main dans les poches on avance dans le couloir, comme-ci de rien n’était.

« En fait, mon prénom c’est Judas. »

On s’appelle aussi Dagobert mais ça c’est secret.

HYE RI