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perles de sang <gabin-lucie>
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MessageSujet: perles de sang <gabin-lucie>   perles de sang <gabin-lucie> EmptyVen 6 Déc - 0:19

Achille avait le cafard.
Lorsque la fin d’année approchait, que le bonheur gagnait les moindres personnes, entre la fin des cours et les fêtes, il réalisait la grotesque évident qui régissait sa vie : l’absence d’amour et de moindre affection, et le fait que son quotidien se limite à la persécution d’autrui. En soi, Achille n’était pas triste. Il n’était simplement pas heureux - et il avait appris à faire avec, de la même façon qu’on se laisse bercer par le monotone des jours, d’une simplicité soporitive et meurtrière. Le regard levé au ciel, il souffla doucement sur ses cheveux pour dégager la vue incolore d’un plafond qu’il connaissait par coeur, lors des plus sombres insomnies.

Le monde tournait. Son estomac tournait.
Et il tournait de l’oeil, dans ces alentours de rouge carmin, sanglants et pétris de cette morbide senteur. Noir et blanc, carreaux d’une blancheur troublante et de ces ténèbres engloutissantes. La pièce tremblait, incertaine et volatile, prête à quitter les attaches d’une réalité pour ne devenir qu’une vive et terrifiante vision.

Alors, il se sentit prisonnier - de son esprit comme d’une peur abrupte - et ses mains se trouvèrent enchaînées à la chaise qui était désormais délaissée de tout confort. Sa force sappée, il en perdit toute volonté de se débattre, ne trouvant qu’un amer espoir en la recherche d’une aide désespérée.

Ses affaires réparties sur la table tremblaient, amorçant un concert de tintements assourdissants. Son regard s’attarda sur ses ciseaux, leur délicate lame, perforant son nuage de pensées opaces, son coeur meurtri, sa peau si pâle d’un vermeil de merveilles.

Il songea et sourit et gloussa et éclata dans ce rire dément qui scindait cet univers si poli de mensonges en un tableau haché de larmes invisibles.

Son visage trouva le réconfort du contact de ses mains, ses pieds celui d’un sol qu’il martelait encore et encore et encore jusqu’à sentir sa tête tourner et le monde s’envoler et ses perceptions se briser face aux chocs puissants, récurrents, maladifs, imprégnant toute sa peau d’une tempétueuse crise de folie.

Achille respira. Une, deux, trois fois. Compta ses contines, récita ses classiques, chercha une ancre quelconque, une accroche profonde, une réalité sincère, pour tant qu’elle fut assez forte pour le tirer de cette impasse d’esprit.

“La plaine d’automne où sur l’herbe, souffla Achille d’une voix tremblante, la rosée ressemble à des perles qui, lorsqu’on les veut saisir, tout d’un temps s’évanouissent.”

Et sa respiration se calma, tout doucement, tout en un, jusqu’à embrasser ce flux régulier d’un écoulement doucereux - et alors, Achille ouvrit les yeux. Le corps en sueur, il mit un certain temps à se remettre des bribes de son cauchemar, se redressant dans une pièce aussi sobre qu’à l’accoutumée.

La bibliothèque. S’était-il endormi ici, durant l’une de ses lectures ? Il prit un temps pour ausculter son propre corps, constatant l’absence des moindres blessures. Il devait se rendre à l’évidence, il n’allait pas bien. Pas bien du tout, et le climat actuel ne faisait qu’accentuer ces émotions enfouies. Rocket, Elyas… son univers s’effritait avec les vestiges d’une confiance factice, et peu à peu, Achille disparaissait, invisible au monde et à ses tournants.

De toute évidence, il avait besoin d’aide - et si cette évidence lui trottait depuis un moment, l’exécuter n’était pas chose aisée. Après une grande inspiration, Achille attrapa son téléphone et fit défiler les différents noms de ses contacts. L’impassibilité de son visage suffit à traduire ses sentiments ; et le coeur lourd, il s’arrêta sur Gabin-Lucie.

hey.

je sais qu’il est tard, mais

t'es dispo ?

j'ai

besoin de voir quelqu'un.

je suis à la biblio


Il se sentait couler, et il se concentra sur sa respiration pour ne pas s’évader à nouveau.
Au moins tout allait bien, songea-t-il.
Il profita de ces sentiments bonifiants, ne ressentant pas l’écoulée régulière des gouttes vermeils sur son bras entaillé. Légèrement, peut-être bien, mais assez pour le défaire de la certitude d’une réalité à l’abri de ses rêves autodestructeurs.

La rosée ressemble à des perles qui, lorsqu’on les veut saisir, tout d’un temps s’évanouissent.

perles de sang <gabin-lucie>
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