(end) enterre

TROIS ÉTOILES Messages : 151 Classe : E.

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cassandre & ange

Il y avait eu ses deux mains sur ses joues et dans son cou, il y avait eu Cassandre et la fièvre, il y avait eu son souffle contre ses lèvres. Il y avait eu Ange qui avait des ailes - dans ses yeux à elle - et qui donnait au ciel des couleurs criminelles - croyait-elle. Le souffle soulevé les paupières closes, elle s'était époumonée à aimer trop fort, et ensuite seule - seule - seule
Cassandre avait pleuré
pleuré si fort du vide qu'il avait laissé
du vide qu'il avait peint partout, de toutes les bavures grises qui menaçaient derrière les milliers de teintes colorées.
De sanglots de larmes de terreur elle avait tremblé, seule - seule - seule - et elle n'avait pas appelé Cassidy pour la consoler. Il n'y avait qu'un nom qu'elle voulait appeler, et elle se l'était interdit, pas par fierté, mais parce qu'elle avait peur.
Qu'il ne réponde pas.

Il était tard et le couvre-feu n'était plus qu'à une heure de là. En hiver il faisait déjà noir et les serres n'étaient illuminées plus que par la moitié des lumières du côté où Cassie était installée, plantée là les mains dans le terreau et rempotant le basilic et le persil pour qu'ils tiennent la semaine. Ses mains étaient habiles, mais son esprit absorbé. L'air soucieuse, elle chantonnait périodiquement et d'une voix cassée une mélodie maladroite lorsque, la plante entre les mains, elle
se retourna.

Figée, le souffle coupé, ses mains lâchèrent prise.
La terre et les racines s'étaient étalées au sol.
Avait-elle oublié de respirer ? Elle respira.

« Oh »

Ange, devant elle. Que faisait-il là ?
Elle baissa les yeux sur la plante, tout à coup le coeur brisé de lui avoir fait subir ça - à cette petite chose qui n'avait rien demandé.

« Ah, pardon, pardon ! »

Elle s'abaissa et rassembla en un tas ce qui ne ressemblait plus qu'à moitié à un plant. Pourquoi était-ce si difficile, de relever les yeux ?

« Qu'est-ce que tu viens faire ? Tu- erm- »

Évidemment, ce ne pouvait pas être pour elle. Elle n'était qu'un jeu - elle n'était que l'objet d'un désir assouvi - elle n'était que celle qui lui avait servi, à un moment donné. Elle voulait y croire ; elle voulait y croire si fort.

« Je sais, tu te découvres une passion pour le basilic en pot ! »

Elle ne lui laissait pas le temps de parler, avait rapidement rempoté la plante avant d'elle-même se planter devant lui - très près - et un demi-sourire qui menaçait au bord de ses lèvres. Elle était toujours attirée par les gouffres ; elle allait s'y pencher jusqu'à y tomber et y crever.

« Ou alors tu viens me voir parce que je te manquais trop ! »

Et un rire qui voulait dire que c'était une plaisanterie ; amère car elle aurait aimé que ça ne le soit pas ; mais ses cauchemars lui avaient déjà dit la vérité.

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cassandre
✚ ange

dépasse les espérances - Cassandre
comble ce que c'est d'être un Ange et plus encore
tu le fais prince et puis roi, couronné de tes amours qui le réclament. c'est des calculs élémentaires que d'insuffler des dévotions dans ton cœur page blanche, avide d'être noircie de ferveur, on s'est pris au jeu d'imiter la plus belle des calligraphies
pour signer à même ta peau.
son nom à lui
prononcé avec une voix gorgée de dévotion - à déifier un ange tu vénères malgré toi une idole creuse.
jetées au puit tes prières
et pourtant tu continues - qu'elle est belle
la copie carbone qu'on se fait de l'amour consumé. trois composants pour cette équation = intimité + engagement + passion. malgré des inconnues à feindre ou omettre parfois, avec toi désormais on connait la formule sacrificielle
par cœur.

aujourd'hui tu ne viens pas ? il cherche et guette les signaux avant-coureurs de fin du monde, craint l'envol d'une nuée d'oiseaux tristes vers d'autres ciels que les siens - hors de son jeu - ceux de Cassidy ce serait le pire ils protègent on redoute. tu ne leur diras rien pas vrai ?
même perdre ça l'insupporterait
après tout, c'est le rôle qu'il a choisi de jouer - celui d'une image à aimer comme toi tu voudrais.

ah, tu sens que ça sonne faux ? motivé du désir de s'inventer à tes cotés comme on est capable de l'être
et lorsqu'on n'aura plus de nouveaux qualificatifs desquels se gorger on se réinventera, le vide offert en échange derrière soi
tu pressens l'inévitable, Cassandre
il a commencé à creuser des charniers hier déjà
s'en vient continuer aujourd'hui

cherche et trouve - toujours

Cassandre les mains plongées où c'est capable de vie, les portes des serres ouvertes comme une invitation il s'est tenu à la limite de tes jardins - les siens attendant qu'on les foule. l'épaule contre l'encadrement de l'entrée et les mains dans les poches de l'uniforme il patiente,
avant de sourire de tes réactions (en chaîne)
sans sursauts - ton prévisible attrayant.
c'était comme voir les papillons s'affoler sans rien avoir fait encore
même parler on avait pas eu le temps

avant qu'enfin tu te risques, jolie Cassandre au bord des ravins
tu manquais à Ange.

ok - donc c'est facile comme ça de me décoder. je vois.

la confession, soufflée les lèvres ourlées d'une risette coupable il mordille une fois avant de tourner la tête un instant comme si tes rires désemparaient.
il livrerait des haruspices d'entrailles vides s'il ne passait pas tout une vie à créer des prédictions captivantes. mais avec toi c'est presque naturel, le réflexe de chercher les étincelles dans ton regard elles sont si plaisantes à voir, Cassandre
donnes-en lui encore - ses iris te reviennent.

tu m'évites ? ou tu es vraiment occupée.
contrairement à moi t'as une véritable passion pour le basilic en pot.

calque son espièglerie sur la tienne

je venais pas chercher des plantes aromatiques
mais si tu veux je peux faire comme si.

et Ange donne à lire de l'invisible entre les lignes
imite ce qui passionne dans les serres
Cassandre qu'on enterre irrémédiablement.

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cassandre & ange

Ange avait le don de faire des non-dits qui n'en étaient pas, pour cacher ceux qui l'étaient vraiment. Des sourires qui donnaient l'amour timidement, des regards qui témoignaient de chaleurs si vraies que ça en avait réchauffé son coeur - menteur, menteur, menteur. C'était toujours pour elle, les tempêtes, les désastres, c'était toujours pour sa gueule, à Cassandre, de crever quand il était plus là. Et elle s'était persuadée que c'était de l'amour.
Elle l'aimait, Ange !
Elle l'aimait ! avec toutes ces lettres-là, dans cet ordre-là, avec conviction et avec
avec
des larmes.
Elle suffoquait.

Un sourire glissa à ses lèvres et de ses yeux qui avaient fui les siens, trop intimidés par la manière dont il la dévorait, fuyant les mensonges pour éviter d'y croire trop fort. Mais c'était trop tard, Cassandre y croyait - elle l'aimait à nouveau, comme si aucune des plaies de la veille n'avait existé.

Elle avait hoché la tête ; demandant silencieusement de faire semblant, au moins un peu, que c'était bien le basilic qui l'intéressait, juste le temps qu'elle se remette, qu'elle respire.

« Je ne t'évite pas... »

C'était difficile pour Cassie de mentir, contrairement à d'autres.

« Je t'évite. »

Elle s'était retournée immédiatement, elle ne pouvait pas rester là devant lui - les mains sales de terre et inoccupées qui crevaient d'envie d'attraper son visage ou ses mains, de s'accrocher à son dos ou ses hanches.

« Tu peux faire semblant d'aimer le thym et le romarin, mais ne fais pas semblant de m'aimer moi. »

Elle secoua la tête et un rire décora ses lèvres alors qu'elle s'était remise au rempotage, de l'aneth cette fois.

« J'ai pas le cœur assez solide pour toi. »

Elle se retourna, les hanches contre la table en bois, le regard sur Ange - finalement - le souffle court et ses lèvres suppliant.

Non, finalement,
tout compte fait
j'ai changé d'avis
fais semblant, s'il te plaît.
Aime-moi comme dans un rêve.
Elle suffoquait.

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cassandre
✚ ange

aux grilles des paradis tu regardes avant de laisser la méfiance craindre ce qui pourrait surgir sous les nuages - on se doute de quelque chose -
c'est intangible ces rumeurs vaporeuses,
un pas et l'on tomberait du ciel.

et Cassandre qui fait demi-tour c'est amer
Ange n'aime pas trop la petite saveur de défaite qui pourrait poindre au fond des joues pour recouvrir tout le palais d'aigre-doux - oh c'est loin d'être perdu mais c'est venimeux tu sais,
c'est tout à fait les mots qui poussent à renforcer les emprises, à trouver d'autres sentiers vers toi
c'est encourager le hors-piste,
donner envie à Ange de récidiver différemment
de façon inédite inconcevable jusqu'alors.
plus c'est complexe et meilleur c'est - et les abîmes creusées par l'amour qui ronge tout chez toi c'est d'une profondeur insondable Cassandre, de quoi bouleverser les synapses.
électrisant
d'entendre tu fais semblant
imposteur en cavale, après tout, quoi de plus excitant que de frissonner lorsque les torches des poursuivants manquent d'illuminer une seconde le visage tapi dans l'ombre.
et s'occupant des plantes et non plus de lui tu contredis, et il se fait Echo.

j'aime le thym et le romarin pourtant je t'assure.

réutilise la moitié des mots pour former des phrases nouvelles aimables à souhait, c'est volatile, diffus dans un soupir rieur et empruntant des faux-semblants -
des chemins jusqu'à toi courbés de détours. Ange se redresse pour quelques pas, refusant le visage que l'on voudrait saisir entre les serres tandis qu'il s'arrête presque devant toi
les doigts se referment plutôt
sur les feuilles de basilic.
froissées au creux des paumes et presque portées aux lèvres c'est là qu'elles libèrent toutes leur fragrance et les paupières s'abaissent une seconde, les cils lourds d'âpreté.

c'est juste que j'ai pas vraiment la main verte. toutes mes plantes finissent par mourir.

si toutes les plantes
alors ton cœur Cassandre, imagine
mais c'est rien qu'une confession espiègle, bordée de sourires, après tout c'est toi qui a commencé à parler du végétal
et les prunelles vert tendre surplombent de miséricorde le visage levé vers le sien, on se conforte
lit sur les lèvres offertes des prières ferventes
en silence on entend et Ange répond
des mimétiques fidèles
l'expression de dévot brûlant de se damner au pied des déités de Cassandre, inspiration, comme pour voler rien qu'un souffle
et il est faussement chaste, le baiser d'éthylène
déposé au coin des lèvres dans un sourire et bordé de la main d'Ange qui vient brûler à se poser sous ta mâchoire - là où bat la carotide.

toi je ferai attention,
c'est promis.

la peau diaphane chargée d'onguent d'aromatiques Ange pourrait s'en attendrir, sans pour autant s'éloigner
feint d'être conciliant - serviable, toujours.

maintenant que je suis là je peux t'aider si tu veux.

ne parlait-t-on pas toujours de la première passion énoncée à son arrivée ? la terre s'impatiente Cassandre
elle attend sûrement le retour de tes paumes bienveillantes - et comme elle on étouffe

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cassandre & ange

Cassandre était prise dans un maelstrom confus d'émotions, de signaux alarmants qu'elle ne voulait pas voir et de doutes qu'elle préférait assassiner. Son cœur matraquait contre sa cage thoracique à chaque sourire qu'il lui offrait, chaque rire qui chantait au creux d'elle et elle s'était accrochée avec conviction et déni comme alcoolique des liqueurs de ses mots. Cassandre était ivre de lui, et dès qu'il venait à manquer elle le maudissait et se détruisait. Mais quand il était là, tout était parfait ; quand il était là, elle pouvait se bercer et oublier à quel point cela faisait mal la veille. Il créait des vides en silence.

Il avait suffit d'un chaste baiser pour raviver des frissons au creux de ses reins qui appelaient ses mains. Le souffle en suspends au bord des lèvres, Cassandre l'avait regardé s'éloigner - rien qu'un peu; assez pour que son corps à elle le suive comme aimanté.

Ses mains à elle étaient interdites, souillées par la terre, à quelques centimètres de son corps à lui, et elles se retenaient de crimes contre sa chemise. Elle se para d'un rire, léger.

« Oh, je suis sûre que tu es très doué en jardinerie, pas vrai ? »

A voir comme tu était minutieux dans l'entretien de la fleur qui porte le nom de Cassie, tu avais forcément la fibre pour ça. Tout était si précieusement calculé ; mais ça ne marchait pas, si dès que tu avais le dos tourné, elle se mettait à faner.

« J'avais bientôt fini. Mais si on ne parle plus du basilic... »

Et puisque c'était trop tentant, Cassie leva sa main pleine de terre et la frotta contre le nez de Ange puis sa joue en riant.
En une seconde elle avait de nouveau assassiné la distance entre eux ; oh et tant pis pour la terre ! Elle en avait assez que ses mains se taisent.

« Il y a autre chose pour lequel j'aurais besoin que tu m'aides. »

Alors ses doigts avaient couru lentement jusqu'à ses côtes, dans un frôlement.

« Je me suis sentie extrêmement seule, ces derniers jours, tu sais ? »

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au bord de certains vides les tréfonds sont secrets, invisibles à l'œil nus - aux abords d'Ange, aussi - et tu ris là, devant, et tes éclats de rire sont un peu ces pièces d'or qu'on abandonne au puit pour voir jusqu'où ça tombe. tu ris et
lui pareil - tout de suite après toi
son rictus bruisse presque - tu vois ! si ça réverbe vite c'est la preuve que ça va, que la chute est gentille ; que tu ne risques rien, donc, à t'offrir à ce vide puisqu'il n'est pas bien haut, aucunement mortel.

si tu veux vérifier dis-moi ce qu'il te reste à replanter et tu verras.

tu verras mieux si tu t'avances.

et tu t'avances, et tu attentes même à ce vide - illisible, c'est Ange - le salit en surface où flottait une expression pieuse ; il a fermé les paupières à cet instant précis, sans cesser de sourire, comme s'il recevait tes bénédictions chastes
avant de les rouvrir car tu demandes de l'aide, enfin - du sang sur tes paumes et tu le transformes en complice, en le touchant -
tu parles des crimes commis
des corolles arrachées - les bouquets abandonnés dans les chambres il y a des jours d'aujourd'hui - tu dis que ça s'est terni
sans dire sans toi.

ça va, tu m'as l'air plutôt bien entourée Cassandre.

il t'a laissé le temps pour toi de jeter les fleurs - seulement, pourquoi tu te sens seule Cassandre alors qu'on en apporte toujours des nouvelles ? à défaut d'éternelles. au diable le basilic il y a des serpents dans l'Eden, soudain ;
Ange s'avance à son tour, place une jambe entre celles de Cassandre, et dix doigts au-dessus des hanches de Cassandre - en fait il saisit tout Cassandre, à la fois léger et solide, pour l'asseoir à la même hauteur que les plantes - installée sur la table Cassandre est plus admirable, comme ça,

et du coup c'est ma faute ?

mais regarde il t'admire - minaude quasiment - les iris innocents, sans rancune alors qu'on te laisse faire des crasses ; tu tâcherais ses fringues qu'il ne se fâcherait pas.
regarde - mais pas trop (sinon tu finiras par voir qu'avec la rancune, il manque l'embarras, la honte, le pardon et caetera) - au suivant Ange finit par voiler ses prunelles, les couche sagement pour fixer entre vous, dix doigts au-dessus des hanches de Cassandre, toujours

tu veux que je dise "désolé" ? ça t'aiderait ?

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Cassandre au bord des lèvres, assoiffée s'abreuvait de toutes les chaleurs artificielles qu'il créait pour elle - pour se l'approprier. Un frisson avait traversé sa colonne vertébrale à ses mains sur ses hanches et ses paupières devenues lourdes avaient lentement battu le rythme sur le haut de ses joues.
Le rythme de son cœur presque mort - au ralenti de freiner comme s'il criait d'aimer moins fort. Mais Cassandre était sourde à son propre monde intérieur, trop occupée à installer ses affaires dans celui d'à côté. Son assise avait renversé un pot ou deux, écarté quelques outils et elle n'avait plus eu la moindre peine pour le basilic dont la terre avait été éparpillée.

Il n'y avait plus que son regard et leurs souffles, Cassandre au bord du gouffre.

« Ce n'est pas ce que j'ai dit.. »

Un signe négatif de la tête lui assura que non, "désolé" n'était pas le mot qu'elle attendait. Déjà parce qu'elle n'y croirait pas, ensuite parce qu'elle n'était pas en colère. Jamais, lorsqu'il était là. Plutôt lorsqu'elle était seule et qu'elle avait mal, elle était en colère contre elle-même, en colère et se battant contre des fantômes. Mais il était là, Ange, et tout avait perdu son sens.

Alors les mains de Cassandre partirent s'échouer à ses bras, cheminant tendrement contre lui et glissant jusque sous le haut pour ressentir la peau contre la paume.

« Pas "désolé" non. »

Le regard supplia de laisser crever pour de bon.
Car si elle était morte, Cassandre ne pouvait plus mourir encore.
C'était la chute libre qui était douloureuse.

« Ne me laisse pas seule ce soir. »

Mais les mots suppliaient autre chose, car les yeux savaient mieux que le cœur, et c'était pour ça que Cassie
ferma les paupières.
Car elle ne voulait rien savoir. Et elle s'était approchée de ses lèvres, pour partir à leur conquête.

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viens chercher les regards tu constates qu'il n'y a pas de "désolé" non jamais et toujours l'absence de reproches chez toi
rien que Cassandre qui aime Ange qui aime Cassandre
qui supplie de recommencer encore et encore vos valses
vicieuses aux pas appris ; les lèvres offertes c'est son mouvement favori, d'ailleurs, celui qui fait qu'on s'attendrit lorsqu'elles se tendent aveuglément, celles de Cassandre, contre lesquelles on se sent horriblement vivant, c'est ce temps précis qu'Ange réclame ;
ce temps où tu souffles ce soir seulement Ange entend
demain encore
et répond oui
d'accord

la preuve les yeux clos - parce qu'à défaut d'être sain c'est saint, il trouve, de démontrer ainsi - en s'embrassant ici, dans ce morceau d'Eden, où le froissement infime de la verdure autour couvre à peine celui des habits chiffonnés quand on s'implore, avec la bouche, avec les mains,
il suffit de se demander - de demander à Ange - il te suffit Cassandre de formuler la foi que toi tu lui préfères, et il se la fabriquera, tu sais
tu le sais qu'il fait ça, qu'en échange il ne te demande pas grand chose, rien que tes maux il mange, la solitude de Cassandre il s'en repaît commode, les cœurs et les souffles affligés de ta part ça ne l'écœure pas, jamais
parce que tes baisers, Cassandre, ils font se sentir un humain
qui crève d'une faim humaine, toute simple, forcément vraie
on pourrait t'en dérober encore
encore
encore
ce soir si tu veux
Ange rompt à peine l'euphorie que c'est de t'embrasser, continue de frôler, refuser d'éloigner le visage - c'est souligner la présence - aiguiser d'avance les absences - il vérifie
le sacré des emprises.

tu es sûre ? tu ne préfères pas m'éviter ?

comme tu disais et tu semblais dire la vérité - pas celle qu'il aime -
il préfère l'autre où tu l'ériges en dévoreur de spleen, il vient chercher
les égarements contrôlés il embrasse au coin des lèvres au coin de la joue au coin du cou, toujours sur le fil aux limites des airs à damner, il y laisse des mots pour sceller
Cassie dis-lui encore
encore

tu seras jamais seule Cassie
toujours je reviens
tu vois bien
tu me laisses revenir ce soir alors ?

et tous ceux qu'on voudra ;
abandonne la négation - dis-lui oui pour de bon.

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Ce soir, tous les autres soirs.
Cassandre avait le cœur à lui, le cœur amoureux, le cœur aveugle et obsédé. Cassandre avait les yeux aux siens, les yeux soulignés de cillons de cendres qui lui rappelaient le souffle court, les cris, les larmes, les sanglots hystériques. Cassandre avait le cœur malmené. Elle avait enfermé les souvenirs malades, les angoisses, tout ça dans une boîte fantôme qu'elle avait appelé Mensonges. Elle avait enlacé tout ce qui faisait Ange et l'avait pris pour vrai. Elle avait embrassé des mains des yeux des lèvres tout le paradis qu'il lui offrait.
Ce soir, tous les autres soirs. Cassandre voulait y croire.

Elle l'avait regardé. Dans le silence qui avait suivi sa voix d'Ange, elle pouvait sentir le palpitant au bord de la rupture. Elle avait vu au fond de ses iris des gouffres, entendu dans les dissonances trop lisses les échos de Cassandre.

Oh, il était trop tard.
Cassandre avait choisi de fermer la porte derrière elle. Elle s'était aventurée où les démons dormaient et avait fait de ces antres sa maison. C'était dans les bras d'Ange qu'elle s'était damnée.

« Oui. »

Oh, il était trop tard.
Tant pis si la fièvre finirait par tout ronger.
Elle avait choisi d'être malade
d'un amour pour Ange, pas d'amour pour un ange.

Il était trop tard.
Ce soir, tous les autres soirs.
Ange avait désacralisé les draps où Cassandre avait glissé des prières. Au creux de ses reins et marqué sur la peau, elle avait dessiné le paradis factice dans la mémoire de ses muscles et en peinture sur tous les murs de sa chambre.

Ce soir, tous les autres soirs.
Cassandre avait aimé trop fort, et avait donné ses ailes à Ange.