dans l'imaginaire fabuleux de zion, la rencontre entre milena et ellui se fera sous l'ombre des sycomores ; cela aura l'allure d'une rencontre inopinée de personnages tragiques. iels se regarderont, les yeux pleins de l'acide qu'iels réservent au monde. et sous les sycomores où milena est reine, zion s'agenouillera pour que son coeur froid devienne son fief à ellui ; iel prendra soin de son égocentrisme et de ses splendeurs, en demandant en retour que milena s'aime plus encore.

cependant ici il n'y a ni sycomores ni royauté, il n'y a que des adolescent-es aux pantalons rêches, et quelques moqueries désabusées envers sa majesté. pour milena, zion deviendra une précieuse s'il le faut - et espère secrètement bien la servir pour devenir la favorite de la cour. mais pour l'instant ce n'est pas dévoilé au monde qu'iel l'aime, alors iel se contente de petits mots consciencieusement écrits sur le coin de ses copies, avec un stylo à paillettes uniquement acheté pour cet usage (et donc sacralisé !), puis arrachés pour être glissés à divers endroits.

ah non zion ne se doute pas d'avoir être aperçu-e. cette fois-ci c'est le casier, la prochaine fois ça sera sous la porte de sa chambre - et la fois d'après dans le pli de sa serviette, quand elle se douchera.

quand iel se retourne après s'être assuré que la note est bien tombée à l'intérieur, iel fait face à sa grandeur sublimée - et en reste circonspect. que se passe-t-il ? où est le monumental moment de leur rencontre qui aurait dû être inoubliable ? alors non ! qu'iel dit en secouant avec vigueur sa tête. non non non. tu vas m'oublier. et l'on fera semblant qu'on se rencontre une autre fois. notre future relation mérite mieux qu'une rencontre nullissime devant ton casier. on dirait un mauvais roman à l'eau de rose. dieu qu'iel les hait.

mais non ! iel continue de se prêter au jeu qu'on attribuerait davantage à une commedia réservée aux planches de théâtre. zion glisse contre le métal des casiers qui crisse sous le contact de sa peau s'y accrochant, et iel observe milena agir.
tu vois, tu ne comprends pas. il faut tout leur expliquer, même à la principauté e son coeur ! iel agite une de ses mains avec un agacement à peine feint car la reine ose raconter n'importe quoi. genre tu penses vraiment que tu es faite pour embrasser le pauvre gars au dernier chapitre ? tu vas t'abaisser à CA ? iel agite lentement la tête de gauche à droite, puis de droite à gauche. sache que je m'appelle zion alors, mais que je m'oppose à l'idée même que tu finisses dans les bras de quiconque par faiblesse sentimentale ! et surtout dans les miens. alors même dans l'idée de rebrousser le chemin de leur histoire, iel s'accroupit et se glisse entre les jambes de milena et le métal, sa main maigre tâtant le sol pour chercher le petit mot qui est tombé de l'intérieur. elle ne le lira pas aujourd'hui car elle ne devait pas casser le rite par sa présence. iel se permet de s'agacer à voix haute, vociférant et pestant contre l'existence toute entière. putain elle est où cette merde. iel relève le nez vers milena, toujours gêné-e par sa présence pour continuer sa recherche de son trésor abandonné au bon vieux sol. t'as pas l'impression de me gêner là en fait ?

tant mieux. tant mieux que loin est l'idée d'apprécier l'instant des deux lippes s'accrochant, d'en sentir le coeur tremblant, ah tant mieux qu'elle n'en parle pas et qu'elle en rejette l'idée - cela aurait fait peur à zion. cela aurait brisé ce mythe d'une reine impériale n'ayant besoin que d'elle-même pour régner et qui assouvirait sa luxure dans les désirs les plus charnels sans jamais aimer l'un-e de ses amant-es.

ah oui, cela est bien mieux comme cela.

la semelle contre son épaule, iel se laisse se faire dégager ; il y a un plaisir masochiste à céder à la demande. zion reste au sol (à sa place), toujours surplombé-e par la présence de milena - et puis quand elle s'abaisse à son tour, iel prend la parole pour répondre à sa question. c'est dans l'ordre naturel des choses que j'te gêne tu vois c'est le rôle de la vermine, alors que toi t'es pas censée le faire. sauf que c'était le cas donc ça m'emmerdait un peu. dans ses explications foireuses qu'iel expose comme une sacro-vérité, il y a une grande quiétude assumée. c'est que zion n'a pas honte de ses regards et d'être diminué-e au côté de milena, cela fait longtemps que son concept de fierté est altéré, détruit par des ambitions plus grandes. et le fait de se faire écraser par milena en fait partie.
"your eyes are fire, their image burnt into my soul, scarred by beauty." iel récite en observant le plafond en même temps qu'elle lit. je l'ai trouvé sur familyfriendpoems point com car j'avais pas d'idée et que je sais pas faire de poèmes le comble pour un-e volereuse d'inspiration. non mais ça me fait vraiment chier, je voulais pas que ça se passe comme çaaaAAAAaaa... iel se lamente.

la menace lae fait frissonner. c'est tellement facile de ressentir quand on aime passionnément (est-ce même une forme d'amour qu'iel ressent pour milena), et iel s'accommode du poids de la nouvelle règle.
milena se débarrasse de l'offrande minutieusement pliée et zion la regarde tomber, sans chercher à la rattraper - si elle décide qu'elle n'a aucune valeur alors zion s'y plie. zion reste immobile, la fixe en l'écoutant parler religieusement.
oh... pas grand chose... iel regarde autour d'ellui et finit par choper le premier bout de papier qui était tombé, s'armant d'un sourire tout aussi tordu qu'ellui.
vraiment trois-fois-rien ! iel sépare distinctement les mots pour "rassurer" milena (comme si elle en avait besoin) et finit par se redresser lamentablement, lui faisant face.
iel ricane et peu et se recoiffe, l'air de rien. oh bah non j'aurais pas l'mérite de chercher à te faire rire. avant de se glisser d'un pas sur le côté pour être libre de ses mouvements. la prochaine fois ça sera mieux ! sorry du dérangement hein !

parce qu'il ne faut pas perpétuer l'affront de sa présence.