Des excuses ou des mensonges

Elle lui a jamais vraiment parlé Cosmos. Pourtant, y’a le sentiment de la connaître. A cause des regards. A causes des murmures. A cause de ce but qu’on partage. Des prises de notes aussi, un peu. T’as presque son admiration tu sais. Toi qu’essaie. Toi qui te loupes. Toi qui recommence. Encore. Encore. Eulalie, sujet d'expérience numéro un. Chaque fois on prête une intention trop grande. On étudie la façon de s’y prendre. Pour pas faire les mêmes conneries. C’est pas le pourquoi tu le fais qui lui pose problème. T’as surement un tas de raison. Bonne ou mauvaise. Elle peut pas critiquer ça Cosmos. Ce serait comme se foutre de sa propre gueule. Le souci, c’est pourquoi comme ça Eulalie. Pourquoi tu fonces dans l’mur, sans aucun autre plan. Pourquoi t’y met toute cette force, pourquoi tu t’obstines à te fracasser le visage sur l’invisible, pourquoi tu te brises, un peu plus à chaque nouvelles tentatives.

Eulalie
A croire que toutes les punitions que tu récoltes ne sont jamais assez grande. Qu’est ce que t’as fais pour t’infliger à toi même un châtiment de la sorte. Si tu voulais vraiment te barrer Eulalie. Si c'était ça le but premier. Tu t’y prendrais autrement.

Elle aime bien te penser idiote Cosmos. Se moquer quand elle te croise. C’est facile. Ca fait presque du bien. De se dire qu’elle est pas comme toi, qu’elle, elle se loupera pas. Ca rassure. Ca permet de se voiler la face. Critiquer les autres, ça a toujours était plus simple que de se mettre face à ses propres vérités. Elle te diras pas Cosmos. Que t’es plus courageuse qu’elle. Elle avouera pas que tous ses plans  elle, tous ses détails, c’est juste pour gagner du temps. Retarder le moment de voir que nous aussi, on va s’casser les dents.

Cosmos elle se trouve les excuses, qui t’manques.
Parce que c’est surement pour ça que tu réfléchis pas. Que tu fonces, tête plus bas que terre.
Tu manques d’excuse Eulalie.

Le pire, c’est qu’elle s’est presque inquiété, quand t’as calmé le jeu. T’as foutu le doute. Sans même le savoir. T’es sa petite constante. Eulalie avec toi on se dit qu’on a pas le droit d’abandonner.

C’est peut être pour ça qu’elle t’a suivi. Sans réfléchir. Tu vois, elle aussi, elle fait comme toi. Des fois, y’a juste le corps qu’agit tout seul. Elle à même pas prit de manteau. C’est peut être elle, la plus idiote. Elle a aperçu la lueur, ta silhouette en hâte. Et quand t’as commencé a escaladé, elle a pas put s'empêcher d’intervenir.

“ Ah, ça y est, tu reprends du service ? “

Elle aurait pu simplement te laisser faire. Te regarder de loin, encore une fois. Prendre de nouvelles notes. Mais peut être simplement qu'aujourd’hui, elle a pas envie de te voir tomber du haut du mur.

EULALIE •• Cosmos

Des excuses ou des mensonges

J’ai pas de temps à perdre.

Elle non plus Eulalie. Elle a pas le temps. Elle aussi Eulalie, elle aimerait escalader les barrière. Elle aussi elle aimerait croire que c’est suffisant. Mettre son cerveau quelques secondes en pause. Taire ce qui passe en boucle Eteindre enfin le signal d’urgence. Ignorer, un instant, le poid qui pèse sur les épaules, le malheur qui fait plier le dos, creuser les joues. Mais ça marche pas comme ça Eulalie. Tu le sais mieux qu’elle, pas vrai ?

J’men vais.

Elle aurait du rigoler Cosmos. Dans ce rire si insupportable, qui s'arrête pas, même lorsqu’il fini par blesser. Elle l’avait pas fait. Pas cette fois. C’est pas tes larmes qui font barrage à son impertinence. Elle te connais pas. Elle connais pas le poid que tu traines, les emmerdes qui t’bousilles. Elle n’en a pas grand chose à faire. Si elle se moque pas Cosmos. C’est a cause de l’echoes dans ta voix. Ca se repercute sur les rambardes de son âme.

Qu’est ce que tu veux ?

Au fond Eulalie, la même chose que toi. Partir loin. Tout balayer.

“ Du service quoi... Les évasions tout ça. Le mode j’m’en vais, j’me casse, j’m’en bats les reins. La barrière rien à branler.”

Elle enfonce les mains dans ses poches Cosmos, comme si ça allait changer quelque chose au froid qui la gagne. Vous avez pas l’air cons mine de rien. A oublier qu’il fait moins huit mille.

“ D’ailleurs, un truc de prévu pour cette partie là ? Ou on reste dans le classique ? Foncer dans le tas, se louper, retourner s’coucher.”

T’as l’air aussi en colère qu’elle Eulalie. Est ce que courir jusqu’à ne plus pouvoir avancer, c’est ça ta façon d’hurler ?

“ Nan mais continue hein, fais comme si j'étais pas là. J’regarde”

T’occupe pas d’elle, on fait comme d’habitude. Elle se tient juste au première loge cette fois, lorsqu’elle s’installe en tailleur à quelque pas. Elle a pas de pop corn, juste des bonbons filé par Aglaé. Ca fera l’affaire.

“ T’en veux un ? Pour la route ? “

On sait jamais Eulalie. Va peut être te falloir des forces pour la suite. La suite de quoi, c’est juste qu’on sait pas encore.

EULALIE •• Cosmos

Des excuses ou des mensonges

Tu t’plantes Eulalie.

C'est juste que vous êtes pas les même, sur ce point. T'as le regard de quelqu'un qu'a plus rien à perdre. Elle en est pas encore là Cosmos. Y'a trop d'chose en prendre en compte, elle arrive pas a les ignorer. C'est peut être même pire. C'est la principale raisons qu'elle a de le passer, ce putain de mur. C'pas pour elle. Ça l'a jamais été.

“ J’donne pas d’leçon.”

Cosmos, elle dicte rien, à personne. Cosmos elle fait tout, toute seule. Cosmos elle demande rien. Elle fait pour les autres, pour pas avoir à demander de l’aide. Pour pas qu’on la contredise. Pour pas qu’on lui dise que ça sert à rien. Que ces ambitions, ce chemin là, ils ont pas l’intention de l’suivre. Cosmos elle se terre dans ces calculs avec des nombres sorti d’nul part. Parce que prévoir c’est se rassurer. Parce que prévoir c’est avancer. A sa façon. Prévoir, pour pas se louper. Parce que le jour ou il y aura une occasion à l’horizon, faudra pas la laisser filer. C’est pas comme attendre le prochain train. Si on loupe le départ, on sera tous cloué ici, un avertissement calqué sur le dossier, des yeux plaqué sur tes occupations.

“ J’fais pas parti des connards qui disent comment faut faire. Qui décident qui à raison. “

Elle fait pas parti de cette horde de cons qui te falsifie la vie pendant que certains crève.

“ Moi j’reste parce que ça m'intéresse...”

Ca simplifierait tout. D’un coup Eulalie, t’enleverais les soucis. D’un coup, tu chasserais tous les nuances. Toutes les ombres de son tableau. Tu te ferais espoir. Alors quand elle te voit si sur, sur de toi, sur de cette putain de barriere qu’elle étudie tous les jours et dont elle n’a jamais entrevue la moindre faille. Essuyant les larmes d’un revers de manche. Balayant le chagrin sans délicatesse. Quand elle voit presque ton torse se soulever, par rage ou par conviction, elle arrive pas a distinguer. A ce moment précis. Ne plus être sur de rien, n’a jamais été aussi agréable. Alors ses yeux se fixe sur toi. T’as toute son attention.

“ Tu vois...Moi ca m’arrangerait bien que t’ai raison. “

Rajoute Eulalie, une donnée dans ses calculs. Deviens sa bonne nouvelle, toi qui fuit les mauvaises.

EULALIE •• Cosmos

Des excuses ou des mensonges

Tu dis ça comme si c'était facile Eulalie.
Tu dis ça, comme si c'était la réponse. La solution.
La seule.
Parce que c’est la tienne.

Elle peut pas.
Pas comme ça.
Pas sans eux.

Il y a pas qu’elle dans ce calcul qui n’a aucun sens. Dans ses pronostiques qu’elle prévoit sur un trop long terme.

Elle peut pas Eulalie.

T’as pas le droit, de débarquer comme ça, ton visage en larme, tes convictions en force. Tu peux pas lui foutre le doute ainsi, sans prévenir, sans mise en garde. Pourquoi tu peux pas juste te péter la gueule, et la laisser rigoler. Sans un, je t’avais prévenu.Juste une rire perdu , dans ce froid que vous ne notifiez pas assez, un rire pire que tout, un rire pour toi, un rire pour elle. Un rire qui aurait perdu son sens au seins même de ses poumons. Un rire pour se dire qu’on a bien fait de pas y aller. Que notre vision, elle dépasse la tienne, a un millier de kilomètre. T’as pas le droit d'être la porteuse de rêve. T’as pas droit s'immiscer l’espoir, lorsqu'elle est seule.

Tu peux pas, t’as pas le droit, de donne l’impression que c’est le moment, le putain de jour J, alors qu’’elle a rien prévu. Tu fous tout en l’air Eulalie.

Tu veux savoir Lalie ? La vérité c’est qu’elle a aucune raison de partir. Qu’elle préférerait rester la, avec eux. C’est une putain d'égoïste Cosmos. Met pas en lumière ses défauts alors qu’elle s’efforce de les enfouir dans l’ombre, qu’elle trace les promesses pour que la conviction soit forte, qu’elle  finisse par y croire, elle même. C’est comme ça, c’est pour le mieux. On doit partir.

Pour les mauvaises graines.
Pour qu’on reste petits, grands, et forts. Pour qu’on reste nous. Même si c’est pas ensemble.
Elle les veut intactes Cosmos, sur ces photos qui n’existeront jamais. Sans retouchesn sans formatage approuvé académie.

On compte sur elle. Elle a une place. Un role à jouer. Elle est le schéma qui se dessine, la route vers la liberté.
On se cherche juste une raison d’exister.

Tu crois vraiment qu’elle va grimper ce putain de mur ? Tu crois vraiment qu’elle va suivre ton plan a toi, toi qu’en a aucun. Alors qu’elle en a façonné des dizaines, des milliers ? Tu crois qu’elle veut se voir banni, au même titre que toi ?

Parle pas des dangereux Eulalie, tu touches un point sensible. Tu dis dangereux, elle entend Jasmin.

Ses jambes se mettent en route malgrés elle.

“ J’peux pas partir”

Alors pourquoi tu te tiens a son niveau. Pourquoi t'agrippes les barreaux.

Fais pas ça.
Pas comme ça.
Gache pas tout.
Cosmos.
Tu sais le sort que l’on réserve aux évadés. Aux tentatives ratés.

C’est juste pour verifier, vérifier qu’elle a tord.
Elle peut pas Cosmos, partir sans vous.
Parce que sans vous, elle a plus de raison de partir.
Tout s'amoindrit, au fil des jours
La lutte devient plus dur.

Elle peut pas
Elle doit vérifier.
Elle peut pas laisser passer.
Elle promet. Elle promet de vous sauver. Même si on imprime au fer rouge qu’elle fait parti de ces tentatives désespérées.
Elle est prete a tout sacrifier pour ces rêves de nous, qu’elle a définie seule.

EULALIE •• Cosmos

Des excuses ou des mensonges

Ca a durée une fraction de seconde.
Un instant.
Un éclat.
Un battement de paupière.
Ca a figé le monde.

Vous avez rien en commun Eulalie, à par ce regard plus loin que l’horizon lui même. Vous avez rien en commun. Et pourtant d’un coup, il y a cet ensemble qui se crée. Quand elle prend ses marques dans les tiennes, qu’elle place les appuies là ou tu sembles toi même les avoir dessiné. Incertaine autant que tu es sur de toi. Malhabile autant que tu semble dérouler la routine. Son coeur s’emballe lorsque la voix lointaine les interpelle, les rapelles à l’ordre. Ordonne comme ils savent si bien le faire. Pourtant, ca compte pas a cet instant, pourtant on continue d’avancer alors que l'âme tremble d’un espoir qu’elle n’avait pas vu venir. Elle pense plus à l'échec, y’a pas le temps pour ça. Elle laisse au loin les pensées confuses. Elle laisse le vide s’emparer d’elle alors qu’un sentiment qu’elle ne comprend pas semble gagné la moindre parcelle de son corps. Elle sait pas si elle veut que ça réussir ou que ça loupe. Elle te suit. Elle comprend toujours pas pourquoi. Pourquoi tu sembles briller comme ça. Pourquoi on a envie de te donner raison alors qu’on t’as toujours donné tort.

Et puis elle a comprit.
Lorsque les yeux fixés sur ta personne se sont fait rond. Lorsque tu as brisé l’impossible, du bout des doigts.

Une seconde.
Un éclat.
Un battement de paupière.
Qui ont changé son monde.

Elle a pas le temps de réaliser vraiment Cosmos, de voir tout le trouble que tu viens d’engendrer. Le corps propulsé. L’impact qui résonne dans les os. La douleur qui ne semble pas l’atteindre. Dos vissé sur le parterre gellé. Les yeux rivé sur un ciel qui n’a jamais paru aussi grand. Vous allez vous faire massacrer. Les pas qui se rapprochent. Elle bouge pas. Elle en est pas capable. Ca resonne. Ca résonne si fort. La scène figé sur la rétine.

“ Bordel de merde.”
Ca a loupé, Eulalie.
C’est un putain d'échec.
Un putain de belle échec.
Elle arrive pas a savoir si elle a envie de rire ou pleurer.
Mais si tu savais comme elle est heureuse.
C’est toi qu’avait raison Eulalie.
T’aurais le droit de balancer ta supériorité. Elle protesterait pas. Tu viens de redéfinir l’avenir. D’ajouter des couleurs.D'illuminer l’espace. Le pire, c’est que tu sembles même pas l’avoir comprit

Son visage tourné vers le tiens, ca échappe un rire qu’elle n’est pas capable de comprendre.

“ On va se faire dégommer”

Pourtant on rigole plus fort, les bras vers le ciel. Ce putain de ciel qu’on pense pouvoir s’offrir. Enfin. T’es la preuve qu’elle attendait.

“ C’est possible… C’est possible meuf. T’es un putain de génie.”

Qu’on l'emmène, qu’on la fracasse. Qu’on lui applique toutes les punitions possible et imaginable. Elle n’en a plus rien a foutre. L’espoire est revenu. Et il porte ton nom aujourd’hui.

EULALIE •• Cosmos