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rabbit against monkeys; » Léo
Mia E. Llewellyn
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Mia E. Llewellyn

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MessageSujet: rabbit against monkeys; » Léo   rabbit against monkeys; » Léo EmptyDim 1 Déc - 22:47

rabbit against monkeys;

Le terrier du lapin blanc. Tout y est figé, comme enfermé dans une bulle temporelle où rien ne transite. Seules les pages des livres défilent. Il n’y a pas un son, pas une âme qui vienne perturber ce calme éternel. Enfoncée dans son fauteuil, Claire n’échappe pas à la règle : elle n’émet pas une seule note. Ses lèvres ne bougent pas, scellées par la magie de la bibliothèque. Le lapin n’est pas rebelle, au contraire. Un animal docile, qui se contente de tourner les pages à mesure qu’il en dévore les lignes. Les mots imprègnent sa mémoire, font travailler son imagination. C’est beau, c’est doux, c’est bien. C’est la bibliothèque de l’école, son refuge. Si elle est certaine de ne pas s’y faire embêter, elle vient surtout parce qu’il y a toujours un livre à lire. Les rayonnages sont gigantesques, susceptibles de donner le vertige aux plus phobiques. Oui, la bibliothèque, c’est ça aussi, un univers de rêves et de connaissances entremêlés, qui n’attendent qu’à être saisis.

Le merveilleux terrier du lapin blanc, où rien ne peut troubler sa tranquillité. Un havre de paix aux allures de paradis. Claire disparaît presque au fond du siège, happée par l’action de l’œuvre entre ses mains. Le paroxysme, les points de suspension qui font tout. L’accélération du rythme, la main qui se lève, qui s’étend, vient chercher la victime. Le couteau serré, au creux de la main, tenu très fort, pour ne pas glisser. S’assurer la prise, tout autant que s’assurer la mort. Vite, vite. Battement de cœur qui saute, frissons incontrôlables. La chair de poule. Le couteau s’élève, haut dans le ciel, cache le soleil … C’est là, tout près, si près, en une fraction de seconde, tout sera fini. On n’en entendra plus parler.

Claire se concentre. L’impatience la gagne. Un millième de seconde. Même pas le temps de battre des cils, de respirer. C’est là. Tout près. Si près.
Mais sa bulle éclate. Le terrier du lapin blanc est envahi. Alors que tout se passait pour le mieux, il y a un événement perturbateur. Celui-là même qui fait voler toutes ses barrières, fait hurler son âme. Claire pose soigneusement son marque-page, ferme le livre. Elle se lève et le dépose sur le fauteuil, avant de suivre l’origine du son. Beaucoup, beaucoup trop bruyant.

En s’approchant, elle perçoit plusieurs voix. Deux. Qui ont l’air de s’opposer l’une à l’autre. Une rixe ? Ici ? Ils auraient osé ? L’albinos se mord l’intérieur de la lèvre. En quelques pas agiles, elle traverse la bibliothèque jusqu’à rejoindre les trouble-fêtes. Deux hommes. L’un d’eux est brun, plus grand qu’elle. À vrai dire, elle s’en fiche. Même le plus farouche des lapins blancs se jetterait dans la bataille, s’il le fallait. Claire s’approche de la cohue, les bras croisés sur la poitrine.

« Vous croyez que c’est le bon endroit ? »

Sourcils froncés. L’artillerie lourde pour toute personne connaissant l’albinos. Détail futile pour tous les autres. Dérisoire. Qui aurait peur d’une telle crevette ? Pourtant, le silence de la bibliothèque se trouve complètement ruiné par cette intervention. Le lapin blanc, silencieux lapin blanc, constamment planqué dans son terrier, vient de sortir. Contrairement à son habitude, ce n’est pas une oreille ou une truffe, qui est apparue, non. C’est le lapin, entier. Il est là. Il fait face. Parce que c’est son territoire qui est menacé. Et, ça, Claire ne le laissera pas passer.

« Soit vous vous mettez sur la face dehors, soit vous la bouclez. Mais vous ne nous imposez pas vos singeries. »

Droite comme un I, à attendre que la sentence tombe. L’albinos n’a pas peur. Ses lunettes ne sont plus sur son nez, retirées au moment où sa lecture a été interrompue. Au meilleur moment, ils lui ont fait ça au meilleur moment de l’intrigue. Ils ne se rendent pas compte à quel point ça peut coûter cher, ça. Laisser une timbrée sur un cliffhanger. Pauvres fous.

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MessageSujet: Re: rabbit against monkeys; » Léo   rabbit against monkeys; » Léo EmptyJeu 5 Déc - 16:54


Rabbit against monkeys

Léo aime qualifier la bibliothèque de «havre de paix». Chacun choisit de rester enfermé dans sa bulle, bien au chaud, à l'abri des regards, du bruit et des autres ; et c'est une sage décision. Les personnes ayant décidé de pénétrer dans ce lieu ne viennent pas pour se réchauffer en hiver ou se mettre à l'abri de la pluie, car il y a de meilleurs endroits pour cela.
Le silence est la règle d'or : une formalité qui convient à tous. Jamais le jeune n'avait entendu des élèves se faire réprimander par le bruit qu'ils faisaient, car tout le monde faisait attention.

Le lieu en lui-même est si grand que patrouiller dans ses couloirs pour faire la loi est bien trop épuisant. Ici, personne ne dérange personne, et ainsi aucun n'a à faire la police.

Enfin, en temps normal. Alors qu'il est confortablement installé dans un coin, Léo l'entend. Une voix rauque, qui le dérange. Peu de bruit suffit à l'importuner, un vrai chahut lui fait froncer les sourcils. Il essaye tant bien que mal de se concentrer sur son roman policier. En plein milieu de l'intrigue, il faut rester concentré pour tout suivre et ne manquer aucun détail. Il est nécessaire de faire attention à chaque information que l'auteur décide de donner. Léo aime deviner l'identité du coupable avant la fin. Et pour cela, il faut que son esprit soit fermé au reste.
Mais le bruit l'empêche de continuer sa lecture en paix, il n'arrive plus à rester tranquille. Les mots ne veulent plus rien dire, chaque phrase perd peu à peu son sens.

Avec un soupir, Léo regarde le numéro de sa page pour ne pas l'oublier, ferme son livre et se lève doucement. Pas à pas, il se rapproche de la source de son inconfort, et se plante devant lui.
Plus grand. Plus costaud. Plus âgé. Plus mature, sans doute pas. Il traîne dans les rayons chargés de livres, au téléphone avec quelqu'un, avec une voix qui porte beaucoup trop loin à son goût.

"Pourquoi tu hurles? Tu veux que l'académie entière soit au courant de ta vie? Tu déranges tout le monde."

C'est la plus longue phrase qu'il a prononcé aujourd'hui. L'autre, d'abord surpris par son intervention, raccroche enfin. Léo pense d'abord qu'il a compris et qu'il va s'excuser, mais il en doute ensuite lorsque que ses pieds décollent presque du sol. Il l'a empoigné par le col de son pull noir, en lui demandant de répéter, tout en haussant la voix. Le collégien s'apprête à lui répliquer qu'il est loin d'être sourd, mais une voix féminine l'interrompt. Il découvre alors une fille albinos de petite taille, avec des lunettes sur le nez et qui a l'air de fulminer.
Se faire réprimander parce qu'il a réprimandé quelqu'un, Léo trouve ça un peu décevant. Mais il n'a pas le temps de soupirer lorsqu'il retrouve enfin le plancher des vaches. Le garçon s'est totalement désintéressé de lui, et il s'adresse à présent à la fille. Il lui lâche un "T'as un problème, la bigleuse?" tout en bombant le torse pour paraître plus imposant. Parce qu'en plus d'être bruyant et agressif, il faut qu'il soit vulgaire. Il sent cependant que la jeune fille ne va pas se démonter face à cet idiot, et ne sait pas s'il doit s'excuser pour le dérangement auprès d'elle ou tenter de la défendre. Après tout, elle paraissait forte et autoritaire. Léo sent le mal de crâne arriver ; son après-midi était censé être reposant, pas épuisant. Son polar va devoir attendre.

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MessageSujet: Re: rabbit against monkeys; » Léo   rabbit against monkeys; » Léo EmptyVen 13 Déc - 22:38

rabbit against monkeys;

« T’as un problème, la bigleuse ? » C’est tombé comme un couperet. Une phrase qui énerve, qui pique. Il y a tout, dedans. La désinvolture du mâle, supérieur par sa taille, dominant par son sexe. L’impuissance de la femelle, petite, à lunettes, rat de laboratoire qu’on ne voit jamais ailleurs que dans les couloirs. « T’as un problème, la bigleuse ? » Il l’écrase. De sa voix masculine, qui pousse les graves comme s’il cherchait à la rendre plus virile. Rien qu’avec son intonation, il tente de lui rappeler qui se trouve où, à quel point Claire n’a pas à être ici. C’est cette supériorité insolente, qui donne envie aux gens de lui coller une baffe dans la figure. Porter le premier coup pour s’en prendre une dizaine d’autres. Tomber dans le piège. « T’as un problème, la bigleuse ? » Il est là. Il bombe le torse. Il a lâché le gamin qu’il malmenait pour montrer au monde entier à quel point il est lâche. À quel point il est fort, mais impuissant. S’en prendre à un adolescent plus jeune et à une fille ? Alors, oui, la bigleuse a un problème, certainement, mais il est le cadet de ses soucis. Le cadet de ses peurs.

Parce que Claire n’en a rien à foutre, en fait.

« C’est toi, mon problème. »

Face au colosse, elle ne démord pas. Sa posture reste la même. Impassible, inébranlable. Rien ne la touche, rien ne l’arrête. Il peut bien venir vers elle pour tenter de lui faire mordre la poussière, oh, oui, il pourrait. Mais à quoi bon ? Et puis, Claire n’a pas peur. C’est peut-être pour ça que le gorille hésite un peu. Face à une crevette de cette carrure, il devrait pouvoir gagner instantanément. Il devrait l’écraser, rien qu’à la voix. Mais rien n’y fait. Le balourd n’y comprend rien. Instinctivement, il avance d’un pas. L’albinos ne bouge pas d’un pas, seul un sourire sardonique apparaît sur ses lèvres. Elle est amusée.

« Tu vas faire quoi ? Taper la fille bizarre de la bibliothèque ? »

Il arque un sourcil. Les gorilles comme lui ne comprennent pas trop les enjeux, en général. Ils leur échappent. C’est typiquement le genre de personnes que Claire évite. Elle les trouve creux, vides, inintéressants. Ils n’ont dans le cerveau que la dose d’hormones qui leur permet de faire grossir leurs muscles. Au-delà, il n’y a rien. Juste un vide qu’ils ne parviennent pas à combler avec la gonflette.

Nouveau pas dans sa direction. Pas un seul mouvement chez l’agressée. Le silence. Les regards tournés dans leur direction, à hésiter entre l’intervention et l’observation. Ils choisissent l’observation.
Et il y a Claire, debout. Droite. Silencieuse. Et toujours, toujours, il y a ce sourire.

« On sait jamais, hein, t’as jamais entendu les mythes à mon sujet ? »

Il arque un sourcil.
Elle a touché le point sensible.

« La fille timbrée de la bibliothèque, tu connais pas ? Paraît que je peux te tuer en un claquement de doigts. Que je commande les abeilles. Tu connais pas la meilleure ? Je peux effacer la mémoire. Tu voudrais pas ça, hein ? »

Il hésite. Claire sait qu’elle a gagné. Il n’osera pas toucher un seul de ses cheveux. Elle est trop bizarre, de toute façon. C’est là qu’il comprend qu’elle a effectivement un problème, la bigleuse, mais qu’il est incapable de dire de quoi il s’agit. Dans le doute, il préfère ne pas s’y frotter. Il a un mouvement de recul. Mais ce mouvement amorce quelle suite ? Si l’albinos est sûre de son coup, il y a toujours ce doute. Cet instant de flottement pendant lequel il ne se passe rien. Ces quelques secondes lourdes de sens qui peuvent faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Peut-être est-ce une victoire, peut-être qu’il va essayer de se frotter à la cinglée, finalement ? Sera-t-il le premier à voir son pouvoir ? À le vivre ? Bien qu’elle ne l’espère pas, Claire ne peut pas déterminer la suite. Mais elle ne se laisse pas démonter. Dans le silence de la bibliothèque, toutes les paires d’yeux se fixent sur la scène surréaliste qui se joue. Des bouches ouvertes sous la surprise, qui ne peuvent pas émettre un seul mot. Les spectateurs restent à leur place, tandis que les acteurs poursuivent ce face-à-face qui tient tout le monde en haleine.

Et, finalement, est-ce qu’elle a réellement un problème, la bigleuse ?


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MessageSujet: Re: rabbit against monkeys; » Léo   rabbit against monkeys; » Léo EmptyDim 15 Déc - 12:56


Rabbit against monkeys

La phrase que vient de lâcher l'individu a l'air de déclencher une véritable bombe. Léo sent qu'elle a provoqué une rage intense mais contrôlée dans la tête de la fille. Le regard qu'elle lui lâche est si dégoulinant de mépris que Léo se sent tout à coup rassuré de ne pas être à la place du malheureux. Mais ce dernier l'aura bien cherché, après tout; et n'aurait pas dû sous-estimer l'albinos à lunettes. Comme pour la plupart des colosses dans son genre, il a tout dans les muscles et rien dans la tête.

Le voir perdre son assurance, petit à petit, arrache presque un sourire au collégien. Chaque mot que la fille prononce est comme un coup de poignard dans son ego. Il tente de prendre l'avantage en s'avançant d'un air menaçant vers elle, et Léo se demande s'il doit intervenir. Mais elle ne bouge pas d'un poil, n'ayant nullement l'air impressionnée. Pourtant, il doit bien faire deux têtes de plus qu'elle.

L'entendre se qualifier d'elle-même de fille bizarre interpelle le plus jeune. Il est quasiment sûr qu'elle ment pour tenter de déstabiliser l'autre; les mythes de ce genre, il y en a des tonnes sur les élèves, et la plupart de ses légendes ne sont que des chimères de personnes à l'imagination débordante. Mais le coup de bluff paraît fonctionner contre le garçon, qui se montre toujours aussi agressif; mais cependant moins confiant qu'au départ.

Léo profite de ces quelques secondes de vide pour observer les alentours. Leur altercation a attiré l'attention des élèves présents dans la bibliothèque, mais aucun d'entre eux ne bouge pour tenter de calmer le jeu. Ils veulent une une paire de jumelles, aussi?
Il soupire intérieurement, fatigué d'offrir un divertissement aux autres. Personne ne souhaite voir la situation s'améliorer; ils veulent de l'action, de la violence. Une colère sourde monte en lui. Pourquoi n'y-a-t-il donc plus aucune personne censée dans ce monde?

Reportant son attention sur la confrontation, c'est avec surprise qu'il voit le plus grand soudainement lever la main pour gifler l'adolescente. Il n'a donc rien trouvé de mieux à faire que d'essayer d'écraser physiquement celle qui l'a vaincue avec quelques mots? Tout ça pour sa petite fierté.

Les cris étouffés des spectateurs retentissent avec les battements de son coeur qui s'accélèrent dans sa poitrine. Sous le coup de l'adrénaline, Léo réagit assez rapidement pour saisir au vol son poignet, qui manque d'atteindre le visage de l'albinos.
Le jeune tord l'avant-bras du plus âgé qui ne s'attendait pas à ce qu'il se fasse interrompre, et lâche avec froideur:

"Ça suffit."

Il est plus que temps d'arrêter ici leur confrontation. Léo sent malheureusement que ce n'est que le début d'une grosse catastrophe. Adieu son petit après-midi tranquille à bouquiner.

L'autre semble furieux de s'être fait remettre en place, et c'est par sûreté que le collégien accentue sa prise sur son avant-bras. Il n'a pas envie de rester accroché à son pignet très longtemps. Il hésite. Cet élève n'a pas l'air d'avoir compris la leçon, et il craint que ce dernier ne l'attaque lorsqu'il lâchera son bras. Léo est indécis, comme toujours. Ces quelques secondes ne suffisent pas pour qu'il prenne une décision. Il espère, un peu au comble du désespoir, qu'une personne de l'extérieur intervienne. Mais c'est peine perdue: le temps que quelqu'un de censé prévienne un ou une adulte, la situation aura dégénéré. Il a complètement oublié l'adolescente aux lunettes. Peut-être qu'elle est partie, elle aussi.

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MessageSujet: Re: rabbit against monkeys; » Léo   rabbit against monkeys; » Léo EmptyMer 25 Déc - 22:53

rabbit against monkeys;

La certitude de l’avoir vaincu vole en éclats dès le moment où sa main se lève dans les airs. Il va la frapper. Contre toutes attentes, malgré la prouesse qu’elle a accomplie, Claire va s’en prendre une. Son cœur explose dans sa poitrine, tambourine à toute vitesse contre ses poumons. Il n’y a plus rien à faire : elle a perdu. Et là, d’ici quelques secondes, peut-être moins encore, la grosse paluche de l’autre viendra écraser son visage. Heurter sa peau comme jamais elle n’a été heurtée. Une profonde inspiration, une préparation mentale à voler à l’autre bout de la bibliothèque. Claire est prête à prendre sa sentence, à recevoir un coup pour avoir fait preuve d’une trop grande audace. Par réflexe, elle se mordille la lèvre inférieure. Si c’est ainsi qu’elle doit faire pénitence, alors, ça lui convient. Ce n’est pas nouveau, ce n’est pas terrible. C’est juste une gifle.

Mais le coup ne vient jamais.

Son cœur a beau atteindre sa vitesse maximale, être au bord de l’explosion dans sa poitrine, il ne se passe rien. Pas de choc, pas de heurt, rien. Juste l’absence d’action. Claire ouvre les yeux, observe. Face à elle, le petit brun qui se faisait malmener quelques temps auparavant. Il est là, il tient le poignet de l’autre balourd sans démordre. La bestiole se débat férocement, prête à en découdre dès qu’elle aura repris le dessus. Mais l’autre garçon tient bon. Il a sauvé Claire, il s’est levé pour se battre à son tour. Il aurait pu la laisser, là, aux prises avec l’élément perturbateur de la bibliothèque, mais non. Il n’en est rien. Lui aussi, il s’est dressé face à l’adversité. Il a pris son courage à deux mains et il s’est dit qu’il était temps d’en découdre.

Le rythme cardiaque de l’albinos ne descend pas, au contraire. Il semble accélérer encore, devenir une véritable pile d’énergie dans un corps qui ne peut pas la contenir. Quand le temps s’arrête autour d’elle, alors que l’inconnu semble hésiter, Claire pousse sur ses jambes et se retrouve derrière la brute. Peu lui importe qu’il soit plus grand, ou plus fort. Ils sont deux, il est seul. Ils ont toutes leurs chances. Et puis, de toute façon, si pour vaincre il faut qu’ils se prennent une ou deux mandales au passage, qu’à cela ne tienne. Claire profite que la main de l’autre soit encore tenue par le jeune garçon pour lui asséner un grand coup de pied droit dans l’arrière de son genou. Elle n’a pas énormément de force, mais c’est suffisant pour faire plier la bête. Il tombe, emporté par l’impulsion contre sa jambe. Un grognement lui échappe.

« Je crois qu’il a dit que ça suffit, non ? »

Impassible, l’étudiante ne laisse aucune émotion passer sur son visage. Elle se sert de cette froideur naturelle pour toiser tous ceux qui l’entourent. Si certains se seraient énervés de voir une telle passivité, Claire semble n’en avoir rien à faire. Ces événements sont habituels, selon elle. Beaucoup sont ceux qui se font martyriser et ne trouvent jamais d’aide, parce que personne n’a envie que ça s’arrête. Au contraire, ça trompe leur ennui, leur paix habituelle. Trois personnes qui se mettent sur la figure, c’est drôle. C’est exceptionnel. Surtout quand c’est une paire de crevettes qui ne trouvent plus leur place dans la hiérarchie. Faut pas embêter les plus grands : ils frappent. Claire penche la tête.

« Vous comptez rester plantés là longtemps ? Allez me chercher quelqu’un. »

Une secousse passe dans la foule. Ils réalisent ce qui se passe. La cohue commence alors : qui doit y aller ? Tout le monde se jette la balle, parce que personne ne veut y aller. Ils sont tous là, bouche béante, à attendre que la deuxième claque arrive. Sauf que, cette fois, ils sont tous en train de croiser les doigts pour qu’elle atteigne sa cible. Claire se hisse derrière le balourd. Elle plonge ses prunelles incarnates droit dans les iris du jeune brun.

« Surtout, tu ne lâches pas. S’il gesticule, serre plus fort. »

L’albinos pose une main de chaque côté de la tête de la brute. Elle n’en a pas envie, elle ne le fera probablement pas, mais il faut bien mettre ses menaces à exécution, non ? Si personne ne s’y attaque, personne ne lui fera jamais comprendre qu’il agit de la pire des manières. Ils ne peuvent pas laisser passer un tel comportement. Elle se concentre, fait défiler tous les souvenirs du garçon dans sa tête. Beaucoup d’histoires assez particulières, parfois spectaculaires. Elle décide de prendre la plus honteuse, mais de ne rien en dire pour le moment. Après avoir fait ses fouilles, Claire se penche juste au-dessus du balourd.

« J’ai vu le moment où tu t’es fait dessus, tu sais, à cause de ton père. Tu n’imagines pas tout ce que la mémoire garde en réserve … Alors, tu veux que je te mette la honte devant tout le monde avec ? Ou tu nous fous la paix ? »

Ce n’est pas tout à fait lui « effacer la mémoire », comme elle l’avait prédit, mais c’est presque pareil. Maintenant, il n’y a plus qu’à savoir ce qui compte le plus : son image auprès des autres, ou sa victoire face aux deux crevettes. Cette fois, Claire ne se fait aucun espoir, ni aucune idée de la victoire : la dernière fois, ça lui a coûté bien trop cher.


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MessageSujet: Re: rabbit against monkeys; » Léo   rabbit against monkeys; » Léo EmptyDim 29 Déc - 14:25


Rabbit against monkeys

Non. Elle est toujours là. Elle s'était préparée à recevoir le coup, et la surprise qu'il lut sur son visage lorsqu'elle se rendit compte qu'il était intervenu à temps faillit le faire sourire. Mais cet accès de fragilité ne dure que quelques instants ; elle revient rapidement à elle, se redresse, reprenant son air autoritaire. Elle n'avait pas perdu la face très longtemps: et c'est avec appréhension que Léo la regarde se diriger vers eux. Il espère qu'elle ne va pas en remettre une couche. La foule qui s'était formée un peu plus loin n'attendait que ça: que les coups reprennent, et qu'ils atteignent cette fois leur cible.

Elle lui donne un grand coup de pied derrière le genou, et réussit à faire vaciller la brute. Léo n'est pas surpris; mais il frémit au ton froid de sa voix, et face à son visage impassible. Une fois de plus, il s'estime heureux de ne pas s'être retrouvé dans le mauvais camp.
L'albinos s'adresse soudainement aux spectateurs; elle quémande de l'aide. Léo les fixe, attendant impatiemment que quelqu'un de censé aille finalement chercher quelqu'un. Le collégien soupire intérieurement. Il pense à cette fameuse scène dans les films, où les policiers attendent les renforts tout en essayant de maîtriser tel ou tel criminel.

Finalement, elle se décide à agir. Elle lui dit de ne pas le lâcher. Et Léo se sent soudainement rassuré. Rassuré qu'elle soit là, qu'elle soit intervenue malgré le fait qu'elle l'ait aussi pris pour un perturbateur au début; rassuré qu'elle lui dise quoi faire. Il se fiche de devoir suivre les ordres d'une fille qu'il ne connaissait pas du tout. Car elle, contrairement à lui, sait ce qu'elle fait. Il hoche la tête, lui disant ainsi qu'il a compris, et ressert sa prise sur son poignet. Le garçon n'en mène pas large.

Elle se positionne derrière lui, et lui met les mains de chaque côté de la tête. Léo comprend alors ce qu'elle s'apprête à faire, et un soupçon d'inquiétude le fait douter. Elle n'avait pas bluffé : et détient apparemment un alice pouvant effacer la mémoire. Il espère secrètement qu'elle ne va pas mettre sa menace à exécution. Du moins, pas totalement.

C'est avec une légère angoisse qui lui étreint le cœur qu'il la regarde faire. Ses gestes sont assurés, elle déborde de confiance. L'air concentré sur son visage fait comprendre à Léo qu'elle est sérieuse. Cependant, lorsqu'elle finit son affaire, il peut l'entendre souffler au balourd un moment embarrassant de sa vie. Il manque de pouffer, se retient tant bien que mal, mais ne peut retenir un léger sourire. S'il éclate de rire, leurs efforts à tous les deux auraient été vains: car le plus grand réagirait sûrement encore plus violemment.

Il le sent frémir. Léo connaît ce genre de personnes. Il hésite: il vient déjà de se faire ridiculiser par deux élèves plus petits que lui. Il se sent humilié; il n'est pas prêt à revivre la chose en pire. L'idée de sa réputation prend le dessus, et il leur lâche finalement qu'il a compris la leçon. L'adolescent aux cheveux noirs de jais jette un regard au rat de bibliothèque, et lâche lentement sa prise. Celui qu'il tenait lâche un grognement de soulagement et se met à masser son poignet douloureux.

Du coin de l'œil, Léo aperçoit une personne qui se dépêche de partir. Il espère que c'est quelqu'un qui s'est finalement décidé à prévenir les bonnes personnes. Mais c'est trop tard: le problème est déjà réglé. Le géant ne manque pas de les fusiller du regard tous les deux, l'air de dire: on se reverra. Puis il tourne les talons et sort de la bibliothèque. Un silence de mort règne sur le lieu pendant quelques instants, puis chacun retourne vaquer à ses occupations, déçus du manque d'action.

Léo lâche un soupir de soulagement, ravi que la situation ait finalement tourné à leur avantage. Il fixe la fille qui fait une tête de moins que lui, et lui sourit furtivement. Puis il lui dit d'un ton doux et amusé:

"Victoire."

Il plante ses yeux argentés dans les siens, content de l'issue de cette confrontation.

"Et... Merci d'être intervenue."

Il sait bien que l'albinos n'était pas venue pour lui porter secours, mais à cause du boucan qu'ils faisaient à ce moment-là. Cependant, si elle avait décidé de ne pas venir, le garçon aurait sûrement voulu régler ça avec une bagarre. Et Léo aurait eu des ennuis; car il n'a pas pour habitude de se laisser faire. Mais elle était arrivée. Et, à deux, on est plus forts.

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MessageSujet: Re: rabbit against monkeys; » Léo   rabbit against monkeys; » Léo EmptyDim 12 Jan - 17:19

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La réputation d’une personne est parfois plus importante que le reste. Pour ce gros balourd, l’image que les gens se font de lui a une valeur qui dépasse toute autre réalité. Il pourrait être au plus profond de sa vie, dans la plus grande déprime au monde, tant que les yeux qui se posent sur lui le font avec appréhension, voire peur, il sera heureux. Il a besoin de ça. De savoir qu’il terrorise les plus petits. Il a besoin de cette puissance illusoire qui lui permet de respirer correctement. Si elle n’existait pas, il ne serait plus le colosse qu’il est, il ne deviendrait qu’un simple anonyme dans une foule bondée de gens comme lui. Il perdrait tout son crédit et n’existerait plus. C’est pourquoi il décide d’abandonner la bagarre. Les deux crevettes ont eu raison de lui. C’est la honte, mais rien ne l’empêchera jamais de clamer qu’ils étaient deux, et que la cinglée de la bibliothèque est encore plus tarée qu’on ne le croit. Il pourra se défendre, redorer son blason en allant faire d’autres victimes. Si son secret s’était ébruité, par contre, il se serait effondré. Il s’agit de la solution du moindre mal. Celle qui satisfait le plus, malgré tout.

Il se relève, s’en va. La haine dans ses yeux indique à Claire qu’il n’hésitera pas à leur rentrer dedans une fois de plus dès qu’il en aura l’occasion. Lorsqu’ils seront seuls, probablement. Mais, ce qu’il ne sait pas, c’est qu’ils sont aussi armés que lui. Même s’il a des muscles, même s’il est fort, il fait face à deux personnes qui connaissent un de ses secrets les plus sombres. C’est laid, mais c’est comme ça. Il ne s’imagine pas à quel point les histoires les plus ridicules sont celles qui ruinent le plus un être. Claire n’a pas peur de lui. Elle espère silencieusement que le jeune garçon non plus, à vrai dire. Il ne manquerait plus que ça.

L’albinos l’observe avec une attention toute particulière. Le sourire sur ses lèvres est contagieux, il vient illuminer le visage de la demoiselle, qui se pare d’une mimique timide. Des rougeurs naissent sur ses joues. Ils ont fait une super équipe, à vrai dire. Quand les prunelles argentées viennent chercher les rubis, Claire les laisse un instant. Il y a une telle profondeur dans ce regard. Une douceur qu’elle n’est pas sûre d’avoir le droit de contempler. Le rouge sur ses joues se fait plus présent encore. L’albinos détourne le regard.

« Mmh … heureusement que tu étais là. »

Elle s’approche d’un pas. Ce n’est pas grand chose pour le commun des mortels, pourtant, pour elle, c’est énorme. Un simple pas, timide, incertain. Venir vers l’autre sans être sûre qu’il ne la rejettera pas. Après tout, n’est-elle pas l’étonnante créature de la bibliothèque ? Celle qui peut fouiller dans la mémoire, puis la trafiquer ? Cette capacité pourrait la transformer en véritable monstre, non ? Personne n’aime avoir sa tête dans les mains de quelqu’un d’autre. Personne n’est d’accord avec la possibilité que quelqu’un puisse visiter ses souvenirs et les enlever à sa guise, si ? Claire inspire profondément. Sa nature de rat de bibliothèque a explosé au grand jour, que faire maintenant ? Prendre son courage à deux mains ? Elle expire. Cassidy lui a dit d’aller vers les gens. De ne pas se cacher. Ce jeune homme a l’air d’être quelqu’un de bien. Alors pourquoi ne pas lui donner sa chance ?

Nouveau pas. Cette fois, Claire est plus sûre d’elle. La distance entre les deux est considérablement réduite, ils sont désormais à portée de voix l’un de l’autre, suffisamment pour se parler sans crier.

« Claire. Désolée pour cette étrange entrée en matière … »

Elle hausse les épaules. Le même sourire timide revient, un peu plus affirmé cette fois, autant dans sa présence sur son visage que sur son aspect discret. Claire tente réellement d’y mettre du sien, mais ce n’est pas toujours facile.

« Au moins, on sait qu’on forme une bonne équipe. »

L’albinos pouffe doucement. Elle n’est pas sûre que l’élève qui s’est mis en route pour aller chercher quelqu’un revienne, ni qu’il revienne accompagné. Comme elle n’y croit pas trop, Claire décide de prendre les devants.

« Tu veux qu’on aille s’asseoir ? On sera p’têt’ mieux qu’à rester ici, non ? »

Une tentative. Une folle hésitation quant à ce choix, mais une tentative quand même. Claire, qui se lance à pleine vitesse dans l’inconnu, qui ne sait pas où elle va, mais qui fait de son mieux pour ne pas lâcher ses efforts. Prendre contact avec les gens, leur laisser une chance, leur faire une place. Le collégien ira-t-il dans son sens ?


Léo Woods
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Léo Woods

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rabbit against monkeys; » Léo Empty
MessageSujet: Re: rabbit against monkeys; » Léo   rabbit against monkeys; » Léo EmptyDim 2 Fév - 19:12


Rabbit against monkeys

Lorsque la jeune fille lui rend timidement son sourire et s'avance vers lui, Léo réalise que sa première impression d'elle était fausse. Ou du moins, en partie.

Ce qu'elle lui dit le rassure et lui fait même plaisir: il avait au moins pu se rendre utile. Cependant, il sait que l'albinos se serait très bien débrouillée toute seule. Ou pas?

Elle lui donne son nom: Claire. Puis elle semble s'excuser pour leur première altercation. Léo est loin de lui en vouloir: elle n'avait pas pu savoir au premier coup d'oeil qu'il n'y avait en vérité qu'un seul perturbateur au départ, et non deux. Enfin, le collégien avait fini par en être un malgré lui, lorsque le plus grand avait commencé à s'énerver.

Il est ravi d'avoir envoyé balader ce tas de muscles sans cervelle à l'aide de la lycéenne. Malgré le regard qu'il leur avait lancé, le plus jeune ne ressent aucune peur. Des personnes au sang-chaud, il en avait vu passer. Et celui-là n'est sûrement pas le dernier.

Il se rappelle alors qu'une personne était censée partir chercher de l'aide, et balaie les environs de son regard clair. L'embrouille étant passé, chacun est retourné à sa lecture ou son échange de ragots à voix basse. Le spectacle est fini. Ces élèves n'ont après tout aucune raison de continuer à les fixer, vu que l'élément le plus belliqueux avait quitté la scène. Il se doute que l'élève qui avait enfin réagi ne reviendrait sans doute pas.

Claire rit doucement après lui avoir dit qu'ils formaient une bonne équipe. C'est vrai, ils avaient été plutôt efficaces. Sa phrase le rendit encore plus fier de lui. Ce sentiment est presque inconnu pour lui; il n'a jamais l'occasion de le ressentir.

La voir se radoucir ainsi mit le jeune aux cheveux noirs de jais en confiance. Malgré ses airs autoritaires, elle n'a pas l'air d'être aussi froide qu'il ne le pensait. Il hoche la tête, sent un léger sourire sur son visage. Jamais il n'aurait osé lui dire la même chose qu'elle. Elle lui tend une porte : et il ne se fait pas prier pour la suivre.

"Léo."

Il est si rare que quelqu'un daigne bien lui adresser la parole avec une autre intention que de profiter de lui, qu'il sent sa gorge se serrer. Il n'a échangé que quelques paroles avec elle, et il craint déjà de ne paraître trop insipide, trop ennuyeux pour cette fille audacieuse. Elle dégage un certain charisme, avec ses yeux rouges rubis et ses cheveux clair ; lui est ordinaire et taciturne. Son alice est inutile ; le sien a l'air d'être la manipulation de la mémoire. Tout le pousse à se sentir inférieur aux autres malgré lui.

Non. Il se rabroue mentalement et prend une inspiration. Ils viennent à peine de se rencontrer ; il ne sait pas ce qui l'attend, mais refuse de s'attendre au pire. Il surmonte sa timidité et lui dit:

"Allons-y."

Il commence à se diriger vers le coin de fauteuils vides dans lequel il avait abandonné son livre tout à l'heure; s'arrête un instant pour regarder si elle le suit.

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