divine solitude

« Chère personne qui lira ces mots,
Je suis sincèrement désolé de voler quelques minutes de ton existence en complaintes. Mais parfois, il est si utile de s’exprimer par écrit, vider son sac. Pour ne pas craquer, pour ne pas commettre des gestes regrettables.

Je ne sais même pas si quelqu’un trouvera cette petite bouteille un jour. Ni même si on me lira jusqu’au bout, ou si mes mots resteront vierges de tout regard. Est-ce vraiment un problème ? Non. Car je suis très gêné de rédiger cette lettre.

Heureusement, je ne la signerai pas.

J’ai besoin d’exprimer ce que je suis. Mais je ne sais pas. C’est bête, non ? Être en soi, être quelqu’un et ignorer son moi profond. Je ne sais pas comment l’exprimer clairement, je suis désolé.

Mais la vérité est que je suis las de cette vie. Las de ce que je suis, de cet Alice qui est la cause de tous mes soucis. Il ne m’a amené que du négatif, et si un jour je flanche, ça sera pour cela. Moqueries, rejet, regards dégoûtés. Je les ai toutes endurées. Sans jamais craquer. Ou alors, en secret. Je me suis caché, mais est-ce vraiment la solution ? Je n’ai plus de dignité. Plus d’honneur, et les gens en jouent.

Je ne suis pas un garçon difficile. Je ne demande pas la mer à boire. Je veux juste être apprécié. Recevoir de véritables sourires. La sincérité dans les regards. Je n’ai pas grand-chose à offrir, je suis nul, mais je peux donner tout ce que j’ai. Comme j’ai toujours fait.

Pourquoi être entouré d’amis est si facile pour les autres ? Pourquoi je ne suis pas capable de nouer un seul vrai lien ? Pourquoi l’amour m’est refusé, interdit ? Je rêve pourtant de fonder une famille, être heureux. Une fille, un homme, je m’en moque.

Je songe juste à l’amour véritable. Celui qui donne de petits papillons dans le ventre. Rien d’autre. Des mains entrelacées, quelques baisers – faudrait-il encore que j’y arrive. Ça suffirait amplement à mon bonheur ultime.

Exister, pour de vrai, pour quelqu’un. Ne plus être une ombre invisible.

« C'est horrible de se dire que personne ... absolument personne n'a besoin de toi. »

Je m’arrête ici. Je ne sais pas qui tu es, sans doute nous sommes-nous déjà croisés dans un couloir, sans nous remarquer. Je ne veux pas inspirer ta pitié, je suis simplement satisfait d’avoir été lu jusqu’au bout, si tel est le cas. Oui, ça me comble de joie.

Ne préviens personne, s’il-te-plaît. Je n’ai pas besoin d’aide. Je vais déjà mieux.

A. »