into the unknown

then, sing in a swirl
of golden memories
the loveliest lies of all

nana, les neiges arrivent.
avec l’automne le feu de tes histoires
et l’hiver, le blanc de tes mots.

comme toi dans ta chaise, entouré de tes inconnus, augustus craint que les oiseaux se perdent. dans le froid, on ne sait jamais. parfois le gel s’insinue à travers les ailes. parfois le gel fait chuter les cœurs libres. il a lu ça quelque part et depuis,

à l’aurore, augustus se réveille. l’angoisse qui comprime ses rêves. et si les oiseaux, dans le ciel, devenaient rares ?

à l’aurore, se lever, l’esprit étriqué, crainte invasive.

à l’aurore, s’habiller, assis sur son lit, attendre le jour – le vrai.

au matin, se lever puis partir.

la gorge dans l’air s’évertue de vivre. des bouffées sous le dôme qui attisent. attisent les yeux levés. ils attendent la venue des feuillages bleus, plus bleu que le ciel. quand les pas se recouvrent d’ombres, que la flore l’harmonise à ses couleurs, augustus fredonne.

tu te souviens nana – forcément maintenant tu te souviens de tout,
quand le vent agitait le ruisseau,
tu aimais prendre la petite boîte d’où jaillissait des notes
à la clarté grinçante. et la petite boîte dans le vent
chantait

aux mâts hissons les voiles,
le ciel est pur et beau,
je vois briller l’étoile
qui guide les matelots !  

mais non, c’était toi nana qui connaissait les paroles.
il n’y avait dans tes mains, que la musique.

augustus, ce matin, fredonne ta musique. et les feuilles et les branches et les racines craquent sous ses pieds. parfois il en échappe un rire. près d’un chêne augustus s’arrête. l’écorce bleue lui a paru l’interpeller. comme s’il ne s’était pas reconnu dans l’apostrophe, il s’est un peu penché vers l’avant, l’oreille tendue. augustus à l’écoute du gémissement des branches.

et puis,
soudain

le spectacle de sa naissance.

de ces oiseaux quittant les bras du chêne, qui s’élèvent au-dessus de sa tête – le bruit des ailes. la délicatesse des ailes.

bon matin, vous semblez énergiques aujourd’hui, l’arrivée de l’hiver vous plaît ?

augustus, immobile, fouille dans le sac qui traîne contre sa hanche, pendu à son épaule. il ne fait pas de bruit, comme une chorégraphie, économe des geste et du son pour ne pas effrayer celui resté perché, ceux qui reviennent ou se posent près de ses pieds. communauté peu nombreuse.

je vous ai apporté des graines de tournesols aujourd’hui. un peu de mie de pain et oh…

tandis qu’il sort le sac de provision, qu’il s’agenouille lentement dans les feuilles de bleu délavé, mortifère, augustus croit reconnaître l’oiseau resté perché. plisse les yeux, tend le cou, se redresse.

le plumage de sa tête est le même, en dessous du bec, le duvet, la pointe des plumes… le moineau qui

ses lèvres s’étirent, heureuses trop heureuses de le voir encore et toujours.

c’est toi, non ? il y a quelques jours ? (lève une main près de ses cheveux, baisse la tête, regard à demi-certain) tu viens souvent dans cette forêt ? tu as faim ce matin ?

et de ses doigts rougis par le froid, parce qu’augustus ne porte jamais de gants lorsqu’il rencontre les oiseaux, de ses doigts, il écarte les bords du sac, le tend haut vers le chêne. le bruit de ses pas fait craquer la forêt. des mésanges revenues, parmi elles d’autres repartent au-dessus du feuillage.  

tiens, tu peux te servir.