les insatiables

Invité

première danse

novembre // juno

Inspiration que tu prends le temps d'apprécier les paupières fermées, c'est te donner l'impression de ressentir ton corps soudainement tout entier - les épaules qui s'abaissent, la nuque qui vogue, les doigts qui s'animent et les jambes qui s'étirent, y a le souffle qui se meurt sur tes lèvres, c'est l'expiration du moment.

Et quand tu vois à nouveau le monde de ton regard capable d'en faire chavirer plus d'un à l'égal du creux de tes mains, c'est comme la résolution de vivre l'instant sans plus réfléchir en se laissant guider par ce qu'il y a au plus profond de toi - ton instinct.

La mélodie de l'enceinte et c'est le corps qui prend vie, c'est les gestes sûrs, calculés, appliqués ; ça s'allonge, ça s'étire, ça fait vibrer l'être en dedans - c'est comme se perdre d'une autre façon pour mieux se retrouver ; vidé de l'esprit que tu traînes à longueur de journée et - arrêt sur image.

Les bruits de pas qui s'avancent, se font plus fort et le corps qui redevient droit, il y a tes prunelles envieuses de ce qu'elles voient ; illuminées par sa présence, c'est comme l'attraction bien malgré toi, pourtant y a cet instinct, tu sais, cette seule chose que tu suis, qui te saisis l'esprit dans le seul but de l'effleurer de tes dix doigts pour la rendre plus folle de toi que tu n'es fou d'elle - Ah ! Zéphyr, on pourrait croire qu'à sa vue, tu te mettrais à japper et remuer la queue pour en redemander.

— J'ai cru que je ne te reverrai jamais... y a la taquinerie visible sous les risettes, tu l'observes comme un affamé et y a les pas qui s'élancent vers sa seule entité - tu sens le frisson de l'excitation traverser ton échine à cette nuit partagée dans l'étau du secret.

Tu lui tends la main
galant de la plus risible des façons.

— À défaut d'une dernière danse, tu m'accordes celle-ci ?

c'est vicieux n'est-ce pas

insatiables
juno-bianca & zéphyr

Il y avait eu des souffles qui avaient brûlé jusqu'à sa peau et toutes les inhibitions qui y étaient accrochées; il y avait eu des caresses de ses longs ongles sur sa nuque, de ses doigts mêlés à la bataille de ses cheveux; il y avait eu son cœur à Juno qui avait accéléré, lui qui d'habitude semblait mort ou endormi, et dans toutes les asphyxies de son âme elle avait retrouvé un souffle qui ne lui avait plus été rendu depuis
depuis.

Il y avait eu des conquêtes entre ses cuisses jalouses; il y avait eu des baisers contre son cou et tout de Juno avait faibli au seul contact qu'il lui avait indécemment opposé.
Il y avait eu beaucoup trop d'un coup, et son corps tout entier s'était mis à crever sous le poids d'émotions d'habitude exilées.

A peine s'était-il endormi que déjà la belle s'était enfuie. Rhabillée aussi vite qu'elle avait été débarrassée, conservant ses apparences, elle avait pris grand soin de l'éviter, sa fierté accablée par la facilité avec laquelle elle avait succombé.

Et tous ces souvenirs entachaient sa quiétude, son impassibilité. Les sensations réveillées d'un cœur laissé à l'abandon et d'une sexualité trop souvent ignorée lui chatouillaient encore les reins et la poitrine. Il avait suffit d'une nuit - même pas ! - un baiser; et elle était tombée sous le charme absurde et agaçant du plus indigeste des petits cons de ce siècle.

Lorsqu'elle avait franchi la porte du gymnase, habillée de son mini-short en tissu noir et de son t-shirt jaune canari, elle avait ôté ses chaussures et commencé à attacher ses cheveux en une queue de cheval haute, évitant soigneusement de regarder Zéphyr - pas encore, pas tout de suite.

J'ai cru que je ne te reverrai jamais.
« J'aurais préféré que ce soit vrai. »

Elle s'était approchée d'un pas assuré, et une fois qu'elle lui faisait face, elle laissa sa main pendre devant elle avec dédain, haussant les sourcils dans une mine glaçante. Un sourire écorcha le bord de ses lèvres perfides, teinté d'une frustration certaine. L'acidité de sa voix avait fini de trancher toutes les fleurs qu'il faisait naître à leurs pieds.

« Je ne suis pas venue pour une valse, Zéphyr. Et je ne t'aurais jamais accordé ma dernière danse, c'est insultant que tu ais eu même le culot de l'envisager. »

Juno n'avait pas l'habitude de fuir les regards, et en se figeant dans le sien, elle devait froidement contenir ses ardeurs, les mâchoires serrées et la gorge obstruée par sa fierté. Et avec ça, elle n'avait pas pris sa main. Un regard sur les bagues à ses doigts ; Juno se surprit à être intimidée. Si même avec ça, elle était dans un tel état, de quoi était-il capable sans ?

Elle avait soupiré, déjà épuisée par l'exercice qu'il lui obligeait.

« Arrête de faire ça, et on pourra danser. »

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première danse

novembre // juno

Les premiers mots prononcés t'arrachent un pouffement d'amusement totalement hermétique à la froideur des engelures qu'elle récitait - c'est qu'en vérité tu te nourrissais allègrement de ses mots grinçants et cassants ; c'était l'impatience de les entendre dire à quel point tu étais agaçant sans jamais pouvoir s'en passer vraiment - mais avec Juno c'était toujours différent.

La main tendue d'une fausse innocence - tu ne faisais pas là preuve de bêtise à croire qu'elle te la prendrait - non, tout au contraire, c'était ta façon à toi de te moquer d'elle sous son nez. Le but n'était pas qu'elle accepte, mais qu'elle refuse - les doigts enserrés sous des bagues de noirs et d'argents, c'était de la provocation en rappel à ce qu'avait fait cette main durant votre nuit de perdition, narguant l'idée que tu l'avais eu au creux de tes paumes, l'air de demander tu veux recommencer ? de ce sourire irritant.

Tu avais l'habitude de ces interlocuteurs qui n'osaient prendre le risque de poser les yeux sur toi et, c'était quelque chose dont tu ne pouvais réellement blâmer - à leur place, sûrement que tu en ferais tout autant. Mais Juno, elle, combien même il y avait cette réticence justifiée, elle finissait toujours par le faire et avec ce quelque chose qui te rendait un peu plus avide d'elle, l'envie qu'elle ne cesse de le faire, qu'elle puisse y ressentir des choses qu'elle pouvait à peine imaginer.

— Aaah... tes mots me brisent le cœur pas le moins du monde - c'est que tu adorais ça ; la main qui se dégage pour se reposer sur ta poitrine, tu avais ce quelque chose horripilant, toujours aussi moqueur et le sourire dévorant je m'excuse d'avance pour toute les offenses que je te ferai, j'ai un peu trop de culot à revendre. et c'était peu dire - sans lâcher la chaleur de ses orbes, tu voguais dans la lueur de ses pupilles avec l'envie terrible de lui imposer de l'intérêt.

Et c'était plus fort que toi, tu sais - elle avait beau vouloir que tu arrêtes, il y avait des choses instinctives où tu ne réfléchissais pas ; or, tu voulais danser à ses côtés et tu avais conscience, qu'à trop l'agacer, tu en perdrais l'intérêt.

Alors tu la libères de ton regard - observant sa tenue avec appréciation, c'était qu'elle était belle, d'autant plus maintenant que tu avais les souvenirs de tes doigts parcourant les courbes de son corps.

— Et au final, tu reviens toujours danser avec moi, le résultat reste le même. et d'un haussement d'épaule, tu revins sur la beauté de son visage pour lui décocher un énième sourire, te reculant de quelques pas en dégageant tes cheveux, te concentrant sur la musique, déjà prêt à commencer si elle le voulait.

un sourcil qui se lève
comme pour lui demander

insatiables
juno-bianca & zéphyr

Juno avait gardé son air fier, le menton levé et le regard glacé ; c'est qu'elle avait le cœur polaire. Un sourcil haussé à l'idée qu'il l'offenserait encore, et un ricanement sec claqua en écho dans le gymnase pratiquement vide. Il n'y aurait pas de prochaine fois, se disait-elle, naïvement - se persuadait-elle, alors qu'elle était revenue d'elle-même.

Elle était restée muette, comme prise sur le fait.
Elle était revenue
D'elle-même.

Elle s'en rendait compte à peine. Pourquoi avait-elle fait ça ? Ce comportement ne lui ressemblait pas, ce n'était pas elle qui revenait avec ses chaînes, c'était elle qui les attachait. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Elle fronça les sourcils.

« Seulement parce que tu es le seul à ne pas rater le deuxième porté. »

C'était faux, bien entendu ; il devait bien y en avoir d'autre ; mais comment lui dire que c'était ses mains qu'elle voulait sur ses hanches ?

Elle se débarrassa des tensions de ses muscles, et s'avança sur la musique pour le premier pas. Quand elle dansait, Juno, plus rien n'existait ; tant pis pour l'orgueil, tant pis pour la décence, tant pis pour tous ces jeux absurdes qu'elle jouait sans jamais savoir où elle allait vraiment.

Et son corps contre le sien, une fois.

Tant pis, n'est-ce pas ?

Si seulement il n'y avait pas eu ses draps, et cette nuit-là. Les souvenirs se rappelaient à elle avec trop de force, et immédiatement ; son corps contre le sien, deux fois ; elle s'arrêta, recula d'un pas sec.

« Je t'ai demandé d'arrêter ça. »

Avait-il fait quoi que ce soit, d'ailleurs ?
Elle ferma les yeux, souffla, et les rouvrit pour les planter dans les siens.

« Que ce soit clair, entre nous, Zéphyr. Je ne le dirai qu'une fois. »

Elle s'approcha d'un pas, à nouveau. Elle n'avait pas peur de lui, pas peur de son contact, pas peur de ses yeux - qu'elle prétendait alors qu'elle était si vulnérable que son âme tremblait.

« Il ne s'est rien passé. Il n'y a jamais rien eu entre nous, et il n'y aura jamais rien. Est-ce qu'on peut terminer cette choré, maintenant ? »