Rien n’était jamais vraiment secret dans l’école ; c’était une chose qu’elle avait vite appris en arrivant à l’Académie et une leçon qu’elle se répétait constamment pour s’éviter de dévoiler des choses qu’elle ne voulait pas partager avec les oreilles indiscrètes et les bouches trop bavardes. Dans un sens, ça ne l’avait pas beaucoup dépaysée ; dans le milieu des mondanités diplomatiques aussi les langues savaient beaucoup se délier pour raconter les derniers bobards, et on l’avait éduquée de sorte à ce qu’elle ne l’oublie jamais.
Garde des bouts de toi secrets car ce qu’ils ne savent pas ne sera jamais utilisé contre toi.

Mais là, elle n’avait pas pu faire autrement, Saada. Elle aurait voulu une rupture sans bruit qui ne fasse pas de vagues mais c’était incompatible avec le tempérament de Leonard, et elle le savait très bien. Alors tant pis, elle avait pris sur elle, et elle avait tenté d’ignorer les mots durs, les regards froids, et les colères envahissantes ; elle avait fait la forte pour se prouver à elle-même qu’elle avait fait le bon choix.
Qu’on se mêle un peu trop de ses affaires, elle s’y était résignée.
Que ça vienne de son propre frère en revanche, c’était plus dur à laisser couler ; et parce que Saada avait décidé de grandir et ne plus se laisser envahir, elle allait devoir lui en parler.

Un sms –elle s’annonçait par politesse– et la voilà partie se prostrée devant la porte de la chambre de Sohan, le cœur battant ; c’était difficile de dire ce qu’elle avait sur le cœur, mais aussi terriblement exaltant.
Trois coups contre la porte.

« Sohan c’est moi, je peux entrer ? »

C’est moi Saada, mais depuis quelques temps, on dit que Saada n’est plus vraiment moi.
Reconnais-moi.

Saada avait attendu d’entendre l’autorisation de Sohan pour poser la main sur la poignée de la porte et s’inviter dans le domaine de son frère aîné –c’était important à ses yeux de respecter son espace privé.

« Quel honneur, un moment rien qu'avec ma soeur. Je ne sais pas si je dois avoir la trouille ou me sentir honoré ? »

Elle haussa un sourcil, perplexe devant ce semblant d’agressivité passive qu’elle n’avait guère l’habitude de voir dirigée contre elle –venant de lui.

« Tu dis ça comme si on ne se voyait jamais. »

S’il était évident que leurs activités et leurs fréquentations respectives les poussaient à passer de plus en plus de temps éloignés l’un de l’autre, ils avaient jusqu’ici toujours réussi à trouver du temps en famille –Saada aimait l’idée de s’émanciper de son frère après tant d’années à se réfugier dans son ombre, mais jamais ne supporterait-elle l’idée de s’éloigner tout à fait de lui.
Se retrouver entre frère et sœur à l’Académie Alice était une chance à ses yeux ; une façon de se sentir moins seule, d’avoir l’impression de ne pas être complètement passée à côté d’une vie de famille normale à cause de ce don qui lui avait volé une partie de son enfance.
Elle n’avait pas envie de se disputer avec Sohan ; elle l’aimait trop pour désirer quoique ce soit d’autre qu’un amour profondément serein entre eux.
Mais elle avait aussi décidé de s’aimer un peu plus elle-même, et cela impliquait de ne plus le laisser agir comme il le désirait quand ça la concernait.

« En plus, je vois que tu t'es annoncé par sms. C'est beaucoup de politesse pour une simple visite de courtoisie, je crois.
— T’as beaucoup de travail, je voulais pas risquer de te déranger. »

Elle inspira et cette fois, n’attendit pas qu’on lui dise quoi faire pour traverser la chambre et s’asseoir sur le lit. Une fois installée, elle leva vers son grand frère un regard plein d’une détermination froide et nouvelle dont elle était fière.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé avec Leonard ? »

Ça semblait lui écorcher encore un peu en dedans de se montrer si directe avec ses proches ; l’envie d’embellir ses mots de douceurs pour en amortir l’effet se faisait constamment ressentir et c’était une vraie bataille interne que de fermer la porte au nez de ses vieilles habitudes façonnées dans le manque de confiance en soi et la peur des avis d’autrui.

« J’ai entendu dire que vous vous êtes battus. C’est vrai ? »

Les couloirs avaient tendances à faire enfler les bruits qui s’y chuchotaient ; c’est pourquoi Saada préférait obtenir la vérité à sa source, persuadée peut-être un peu naïvement que son propre frère n’oserait se montrer moins sincère envers elle que le garçon qu’elle venait de quitter.

« Tu sais bien que tu ne me dérangeras jamais. »

Saada avait beau être venue légèrement remontée à l’idée que Sohan se soit mêlé de ses affaires à nouveau, elle ne pu empêcher une esquisse de sourire tendre se dessiner sur ses lèvres –aussi froid et impressionnant pouvait-il être parfois, elle ne pouvait pas ne pas distinguer la douceur infinie de l’affection qu’il lui portait dans même les plus petits gestes qu’il pouvait avoir envers elle.
De cet amour, contrairement à tous les autres, elle ne douterait jamais.

« Je préfère quand même m’en rassurer moi-même, rétorqua-t-elle en haussant les épaules à sa remarque sur les bruits de couloirs, tu sais comment il peut être parfois. »

Et toi aussi, se retint-elle d’ajouter.
La réponse de Sohan la fit hausser un sourcil ; il est vrai que Leonard et lui entretenaient une amitié particulière et quand bien même elle se doutait que sa rupture avait probablement mis de l’huile sur le feu, elle avait espéré que les tensions entre son frère et son ex ne se soient pas mises à crépiter juste à cause de ça.
L’idée qu’il ait pu perdre un ami à cause d’elle la dérangeait plus que raison.

« Et puis il était hors de question que je le laisse cracher sur toi plus longtemps. »

Saada senti ses muscles se crisper tout à coup ; les sourcils froncés et le corps tendu, elle leva vers son frère un regard qui ne mentait pas. Ce que Leonard avait pu dire sur elle, on le lui avait déjà rapporté et aussi douloureux cela pouvait être  que d’être à son tour la cible de son venin, elle avait décidé de passer outre et faire comme si cela ne l’atteignait pas.
À la fois pour se prouver qu’elle était plus forte que ce qu’il pouvait penser d’elle.
Et à la fois dans l’espoir inconscient que Leonard saura un jour se rattraper s’il devait se confronter constamment à son indifférence, quoi qu’il fasse pour susciter une réaction de sa part.
Elle se pinça les lèvres, hésitante.

« C’est pas juste à cause de moi que vous vous êtes disputés, tu me le jures ? »

Elle était tiraillée entre l’envie de pour une fois ne penser qu’à soi, et le fait que sa décision semblait impacter plus de personnes que les deux seuls concernés.

« T’es pas obligé de te mettre dans des situations délicates pour moi tu sais, j’ai décidé de le laisser dire ce qu’il voulait, ça ne m’atteindra pas. »

Je suis plus forte que ça.

« Vous êtes amis, non ? »

« Si vous n'aviez pas rompu, évidemment, ça n'aurait pas posé ce genre de problèmes tout de suite.
— Aïe, elle se contenta de répondre, dans un ricanement soufflé, l’ironie sans entrain pour toute forme de défense. »

Néanmoins malgré la piqûre, elle voyait bien que son frère faisait de son mieux pour la rassurer. Elle savait que Sohan faisait toujours tout pour la préserver, et ce serait mentir que de dire qu’elle n’appréciait pas de tels efforts fournis rien que pour elle ; sa reconnaissance était tout aussi palpable que sa frustration à ce sujet.
Car dans toute la bonne volonté de Sohan, elle les sentait : les mensonges qu’il lui racontait en la regardant droit dans les yeux pour attendrir sa candeur et étouffer ses angoisses. Ça se traduisait en infimes détails, presque imperceptibles ; un ou deux battements de cœur loupés, une vague sensation de stress, un malaise trouble et si bien dilué qu’elle peinait à en identifier la source –elle ou lui ?
Saada était fatiguée de n’être que poupée de porcelaine dans les yeux des gens qu’elle aimait.

« Rassurée ?
– Hmm. »

Difficile de tirer des conclusions sur une réponse aussi élaborée ; la vérité, c’est que l’adolescente se donnait du temps pour rassembler le courage nécessaire à la formulation de ses pensées.
Les mains légèrement crispées sur les rebords du lit, elle n’osait pas encore le regarder.

« Tu veux vraiment pas me dire la vérité ? fit-elle les yeux rivés au sol avant de venir planter ses yeux dans le regard de son aîné. J’expérience tout ce que tu ressens, Sohan, même si c’est très bref j’arrive à deviner les flottements en toi juste avant que tu mentes. »

Je te connais trop mon frère, et pourtant si peu à la fois.

« Je suis pas qu'une petite chose fragile à ménager, bon sang, elle ajouta dans un souffle dépité, tout en ramenant ses pieds déchaussés sur le matelas avant de croiser les bras sur ses genoux et d’y laisser reposer son menton dans une attitude lasse. »

Son alice lui avait déjà suffisamment fait expérimenter la détresse d’autrui pour qu’elle se force à y faire face et à l’accepter ; s’il voulait tant la protéger, il aurait mieux fait de tout simplement la couper du monde entier afin de lui éviter d’être blessée par procuration.

Saada avait gardé le silence tout le temps que son frère avait pris pour lui répondre ; c’était à croire qu’il avait parfait l’art d’éluder toutes les questions qu’elle pouvait lui poser, et ça avait le don de ronger ses nerfs, petit à petit, lentement mais sûrement.
Elle avait l’impression d’être diminuée, considérée comme moindre, inégale. C’était un sentiment qui lui était bien entendu familier puisqu’il ne l’avait pas quitté de toute son enfance passée à côtoyer des gens qui n’avaient de cesse de la ramener à ses origines comme si le simple fait d’avoir du sang non blanc dans les veines altérait la valeur qu’elle avait à leurs yeux et la rendait subitement moins intelligente, moins avisée, moins tout. Elle avait appris à faire avec, s’était longtemps battue contre elle même avant d’apprendre à s’accepter toute entière et ne plus accorder d’attention aux mots motivés par l’intolérance et la bêtise.
Mais que ces sentiments qu’elle avait mis du temps à taire soient ravivés par son propre frère –pour des raisons certes tout à fait différentes mais dont le résultat restait plus ou moins similaire– ça avait le don d’attiser une colère qu’elle ne pensait même pas couvrir en son sein.

« Déjà je ne fouille rien du tout, ça ne marche pas dans ce sens là, fit-elle quand il eut finit de parler, la bouche sèche et le ton un peu plus froid qu’au début de leur échange. Ce sont vos émotions qui s’immiscent en moi que je le veuille ou non, et je suis la première à avoir hâte de réussir enfin à bloquer tout ça parce que c’est épuisant. »

On néglige souvent le poids du cœur et la fatigue qu’il peut nous infliger ; pourtant les preuves sont multiples. Qui ne s’est jamais écroulé de fatigue après avoir pleuré ?

« Si je me défends contre ses conneries ce serait comme si je lui avouais que ses insultes m’atteignent et j’aurais l’impression de m’abaisser à son niveau. Je préfère le laisser s’épuiser tout seul dans son coin jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’autre choix que de réfléchir un tant soit peu à ses actions –un rictus mauvais qu’on ne lui connaissait pas se dessina sur un coin de ses lèvres– et puis il déteste ça, d’être ignoré. »

Saada considérait qu’elle n’avait rien à se reprocher, et que les rumeurs lancées par Leonard pouvaient avoir leur utilité en tant que filtre à faux-amis prêts à se faire une fausse opinion des autres sans même leur en parler ; faire des efforts que ses détracteurs pouvaient employer à la nuire un tremplin pour sa sérénité, telle était sa défense idéale.
Propre, digne et cruelle d’indifférence.

« Le problème Sohan c’est que tant que je ne ferais pas les choses comme toi tu ne me reconnaîtras jamais autrement. J’ai besoin de trouver mon propre chemin et de faire mes propres erreurs pour me forger et réussir, comment tu veux que j’y parvienne si tu ouates tout ce qui peut me toucher ? »

Tendrement, elle posa sa main sur celle qu’il lui avait tendu plus tôt et qu’elle avait délibérément ignoré, car elle était bien incapable de se priver de ce contact rassurant quand bien même elle était énervée contre lui.

« Je sais que je pourrais toujours demander ton aide quand j’en ai réellement besoin et j’en suis contente, mais tu m’étouffes à trop vouloir m’empêcher de me débrouiller toute seule. »

On est frère et sœur, pas père et fille. Comment je te rends la pareille en étant là pour toi si tu ne me laisses pas l’opportunité de devenir la meilleure version de moi-même possible ?

Saada ne savait décidément pas comment parvenir passer outre le mur qu’avait érigé Sohan entre eux ; c’était comme s’acharner sur une porte fermée à double-tour tout en sentant son regard darder sur elle à travers la fenêtre. Et à ses tentatives de faire passer son message avec la douceur dont elle aimait faire preuve, elle n’avait récolté que le froid soudain de ce foutu mur trop épais qu’elle avait l’impression de se prendre en pleine face une fois encore.
Que lui fallait-il pour comprendre ?
Qu’elle se fâche ?
Qu’elle se dispute avec lui ?
Qu’elle l’envoie bouler à force de cris de rage ?
Saada ne voulait pas se disputer ; les conflits ne lui plaisaient pas, d’autant plus avec ses proches, mais Sohan la poussait si bien à bout qu’elle commençait à songer ne plus avoir beaucoup d’autres options.

« Mais moi je m’en fous de ce qu’on pense de moi, Sohan ! »

Ou plutôt, elle avait décidé de ne plus y accorder d’attention ; c’était encore difficile, c’était encore douloureux, mais c’était déjà mille fois plus supportable qu’à l’époque où l’opinion des autres dictait l’entièreté de son existence, et elle était persuadée que ça ne pouvait qu'aller en s'arrangeant si seulement on lui en laissait l'opportunité.

« Toute ma vie j’ai dû faire attention à l’avis des autres et ça m’étouffait. Je veux pouvoir exister sans avoir à m’excuser d’être moi-même et sans me préoccuper des qu’en dira-t-on mais toi tu veux me façonner à ton image comme si j’étais pas vraiment quelqu’un à part entière ! »

Saada sentait que son visage commençait à chauffer sous le bouillonnement de colère et de frustration qu’elle contenait en-dedans. Parfois, elle aimerait pouvoir se laisser aller à ressentir pleinement ses propres émotions dont elle se distanciait trop souvent par réflexe défensif vis-à-vis de son alice ; mais elle songeait également que si elle craquait devant lui aujourd’hui, peu importe ses mots, il n’en retiendrait que sa faiblesse de l’instant fatidique.
C’était épuisant.

« Je ne te dis pas de rester les bras croisés quand tu l’entends raconter n’importe quoi, moi aussi je suis la première à te défendre si jamais on t’insulte devant moi, mais j’en ai marre que tu refuses de voir ce que je suis à cause de tes idées préconçues à la noix. Si tu t’es battu avec lui c’est ton problème, mais ne me mens pas pour me préserver ou je ne sais quoi ! »

« Moi je ne m'en fous pas. »

Saada n’avait rien répondu, s’était contentée de se mordre l’intérieur de la joue sous le coup de la frustration ; elle le savait, bien sûr qu’elle le savait. Elle l’avait dit, c’était pareil pour elle, personne n’insultait jamais Sohan devant ses yeux sans qu’elle n’intervienne, incapable de supporter qu’on dégrade le nom et l’image de son frère injustement.
Mais ce n’était pas ça le problème.

« On ne peut pas évoluer l'un sans l'autre Saada, pas ici, et tu le sais. Alors arrête de faire des caprices, tu n'es pas en position de me parler comme ça. »

Elle n’aurait su dire si c’était sous l’influence de sa colère montante
ou si elle y songeait réellement
mais elle avait bien faillit lui rétorquer que si, justement, elle pouvait évoluer sans lui.
C’était insidieux et écœurant car cela la forçait à opposer son amour pour lui contre ses convictions, et elle se sentait tiraillée entre le dégoût d’elle-même d’ainsi le rejeter quand il faisant tant d’efforts pour elle, aussi maladroit pouvait les juger, et l’irritation d’être ainsi poussée à faire surgir ses démons cachés.
Saada, en s’émancipant, se découvrait avec une certaine appréhension des part plus sombres et plus cyniques d’elle même dont elle n’avait que trop peu soupçonné l’existence.
Personne n’est indispensable ; pas toi, pas moi. J’aurais excessivement mal mais je saurais me relever quoiqu’il en soit.

« Je sais régler mes problèmes, tu refuses juste de le reconnaître parce que je le fais pas à ta façon, elle insista, bien décidée à ne pas le laisser croire qu’il avait raison, je serais encore avec lui si j’étais aussi dépendante que tu as l’air de le penser. Et puis j’ai jamais dit que t’étais quelqu’un de violent, ne détourne pas mes mots. C’est juste que vu comme tu a fais des mensonges et que tu refuses de répondre honnêtement et simplement tu me donnes l’impression que tu as des choses à me cacher, alors forcément ça me parait louche. »

C’était dramatique ; s’il lui avait répondu sans faire d’histoires dès qu’elle lui avait demandé ce qu’il s’était passé, elle ne lui en aurait pas tenu rigueur parce que comme elle l’avait dit : c’était son problème à lui. Elle savait que Leonard et son frère étaient amis et ne serait pas venue lui faire la morale tout en sachant que leur altercation n’avait peut-être rien à voir avec elle –même si c’était peu probable.
Qu’ils se soient disputés, battus, ou qu’en savait-elle encore, ce n’était pas la source de sa colère.
C’était tout le reste.

« Tu continue de déformer ce que je dis, elle soupira suite à la dernière remarque qui fusa. Elle marqua une pause, se donna le temps d’inspirer un grand coup pour se redonner contenance, et puis se leva à son tour pour faire face à son frère en le regardant dans les yeux avec toute sa détermination nouvelle. Tu crois avoir toujours raison et savoir mieux que les autres alors que t’es incapable de te remettre en question, j’abandonne j’ai l’impression de parler à un mur. »

Je te prouverais que tu t’es trompé à mon sujet, et je le ferais à ma façon.

« Désolée de t’avoir dérangé, bonne soirée, fit-elle d’un ton froid en ramassant ses chaussures avant de s’avancer vers la sortie ; elle hésita à lui lancer un dernier regard, car son cœur encore trop tendre lui faisait mal de se disputer ainsi avec Sohan, mais pour une fois, sa fierté l’emporta sur sa douceur et elle s’en retint –la porte se referma sur son passage sans un bruit. »

Elle s’était remise en question toute sa vie pour plaire aux autres,
à eux maintenant.