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jamais les océans n'oublieront mon prénom - toussaint
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MessageSujet: jamais les océans n'oublieront mon prénom - toussaint   jamais les océans n'oublieront mon prénom - toussaint EmptyMer 2 Oct - 22:09

Tu peux toujours t'embarquer
Mais si la tempête t'enlève
A l'heure où ton rêve s'achève
Arthur était rarement d'un tempérament égal. Une polarité extrême définissait une humeur dont les différents états résidaient tous à des points diamétralement opposés. Avec entre eux, des axes rapides pour les relier, où les sentiments se propulsaient aussi rapidement qu'un train grande vitesse. Et si l'on devinait la présence de ses montagnes russes, Arthur les dissimulait bien derrière les traits de son visage qu'il actionnait comme des machines et une gestuelle rodée avec une précision d'horloger.

Ainsi, malgré la hâte et l'empressement dont il sentait les effusions l'agiter dans de spasmes invisibles, Arthur marchait avec une lenteur délibérée. Il fallait que sur chaque pas, une seconde s'attarde parce qu'il ne souhaitait surtout pas être à l'heure. Si d'ordinaire on s'accordait à le dire d'une ponctualité évidente, lorsqu'il était question de certaines affinités, Arthur faisait du temps un outil social. En faisant subir une attente réfléchie à ses amis, Arthur s'imaginer sculpter un promontoire en haut duquel une hégémonie tacite et implicite réaffirmait sa domination.

Lorsqu'il arriva en face du cinéma, son retard était de cinq minutes, exactement comme il l'avait prévu. Plus tôt dans la journée, il avait intimé à Toussaint de le retrouver ici afin qu'ils puissent voir un des films sortis tout récemment. Arthur n'avait pas encore décidé duquel.

Sur place, la foule étudiante se massait en différents groupes avec des têtes solitaires qui déambulaient, sans doute à la recherche de leurs cercles. Arthur trouva qu'il y avait du monde mais c'était le lot d'un samedi soir. Toujours sans se presser, il prit le temps de répondre aux bonsoir qu'on lui adressait en se fendant d'un sourire chaleureux. Il se mêla aux épanchements enthousiastes qui émanaient partout de l'endroit, dans une grande agitation enthousiaste où il tardait de quitter la réalité pour deux heures de fictions. Ce bouillonnement des coeurs, Arthur en aimait les bruits dont les sons pénétrants lui communiquaient une fièvre dont l'ivresse était addictive.

Arthur était un papillon social qui battait des ailes au dessus de cette marée d'élèves qu'il connaissait si bien. Et le temps se dilata, tandis qu'il se répandait en boutades, en exhortations amicales et micro-conversations qui contribuaient toutes à son image sympathique.

Lorsqu'il eut fini, Arthur se résolut à enfin trouver Toussaint. Il ne pensa même pas à l'attente qu'il avait dû lui faire subir ni à quoique ce soit d'autre. Par contre Arthur comptait à un accueil triomphal, pour lui, qui faisait son arrivée tant attendu.

Il salua Toussaint comme un roi son vassal. Sa main dessina une courbe dans l'air et s'écrasa avec affect sur son épaule.

- Salut Toussaint. T'as pris les popcorns ?


Jones Cole
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Jones Cole

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MessageSujet: Re: jamais les océans n'oublieront mon prénom - toussaint   jamais les océans n'oublieront mon prénom - toussaint EmptyJeu 3 Oct - 1:55

l'attente a plusieurs stades. le premier est celui de la fébrilité, ce moment électrique où l'on s'imagine le déroulement précis des retrouvailles à venir. on se figure les abscisses de l'espérance rencontrant la joie des ordonnées, on ne fait guère cas d'avoir un peu d'avance. et puis le premier stade se délite à la faveur du deuxième, où l'excitation arrive au bout de sa mèche de pétard. il est mouillé, n'a pas trouvé son exutoire ; seulement un petit précipice au bord duquel il faut attendre encore. au début ce n'est pas grave, tout juste surprenant. on spécule. c'est le stade du creux. mais on passe vite du deuxième au troisième stade, celui de la déception. on s'y résout plutôt qu'on l'atteint : on est forcé de constater que le temps a passé, et qu'il se fait long, et qu'on aurait matière à s'inquiéter peut-être, à se renfrogner sans doute ; à revenir sur son premier émoi. mais après la déconfiture, que consolide l'embarras, et toujours sans nouvelles de celui qui est maintenant très en retard, vient le stade de la colère. elle est d'autant plus violente, d'autant plus humiliante qu'on ne la soupçonnait pas. elle fait fomenter tout un tas de gronderies et de pensées basses que l'on pourra sortir, à celui qui vous fait ce coup bas, qui s'obstine à ne pas être là. assez longtemps après il est possible de connaître le dernier stade, où le frein est rongé, où les fruits sont gâtés, où l'on n'a plus pour soi que la lassitude, et où il faudra se contenter d'imaginer l'absent. certains en pleurent. d'autres s'en vont. mais toussaint sourit.

toussaint conférait à l'attente cette charge positive qui la faisait passer pour un moment agréable. il prenait ce temps pour lui, pour ses visions, il convertissait les minutes en images par l'action lente de sa cervelle. plus lente encore qu'arthur, qui, évidemment, ne se présentait pas à lui.

ce n'était pas la première fois qu'il le laissait prendre ainsi racine, car il savait qu'il n'avait pas à s'inquiéter, qu'il ne se retrouverait pas laissé sur la touche, ou conspué par celui qui avait toujours pour lui des trésors de patience. oui, toussaint lui gardait sa constance, l'immobilité de sa foi. il ne souhaitait lui donner rien d'autre. assis sur les marches de l'entrée, toussaint scrutait les alentours et sa population. peut-être avait-il vu, sur la place, les cheveux de son roi se promener dans un ballet persistant. ou peut-être pas. fort de sa capacité d'anticipation, toussaint se leva et entra pour aller acheter du pop-corn. après quoi il revint à sa place comme s'il n'en avait pas bougé.

il ne savait depuis quand il observait les choses, les têtes et les couleurs ; l'agitation sourde peinait à pénétrer ses yeux. toussaint n'avait jamais bronché face à son ami, car il était tendre, ni rompu sa patience, car elle était souple. il n'avait même jamais eu, à son encontre, le plus petit fantôme d'une ténébreuse pensée.

à présent il regardait une foule grondeuse et sans définition qui s'avançait, le dépassait, pour enfin disparaître dans le hall. une séance devait commencer - il espérait que le film qu'arthur voulait voir passait en version originale, car il était souvent gêné par le jeu des doubleurs. alors qu'il se faisait cette réflexion, son comparse apparut.

- bonjour arthur, répondit-il lumineux, laissant la main du garçon saisir son épaule toute offerte.

n'importe qui l'aurait admonesté. toussaint lui présenta la boîte grand format débordante de pop-corn.

- je les ai pris sucrés. est-ce que ça te va ?

il ne percevait ni l'outrage ni l'exagération. un ange aurait pu passer qu'il n'en aurait fait aucun cas. joujou des fantaisies qui lui feraient plaisir, à ce garçon à qui incombaient tous les choix, toussaint ne se défaisait pas de son sourire. un vrai, un beau. car dans son esprit un filtre laissait descendre de cruels arômes qui décantaient à ses dépends. comment nommer ce sentiment ? ce n'en était finalement pas un ; il s'agissait plutôt d'un vœu. oui, c'en était proche. le petit roi qui lui faisait face pouvait être méchant, si cela lui plaisait. toussaint resterait son tributaire, mû par une force qui aveuglait le soleil déjà haut dans les nuées.

- qu'est-ce que nous allons voir ?



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